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Liban - 21 septembre 2009
Par AFP
"Partial", "hypocrite", "dénué de remise en question": le film "Lebanon" de l'Israélien Samuel Maoz sur l'invasion du Liban par l'Etat hébreu en 1982, Lion d'or à Venise le 12 septembre, fait l'unanimité contre lui dans la presse libanaise.
Ce film autobiographique, qui retrace les horreurs de la guerre à travers le viseur d'un tank où sont enfermés quatre soldats, montre "le point de vue israélien", résumait cette semaine l'envoyé spécial à Venise du quotidien An-Nahar, proche de la majorité parlementaire soutenue par l'Occident.
"C'est une opération d'autodéfense où l'Autre n'existe pas, où il n'est qu'un +ennemi+ masqué, absent, que le film traite de +terroriste+", note-t-il.
Le film ne sortira pas au Liban en raison d'une politique de boycottage des produits israéliens, comme ce fut le cas pour le film d'animation à succès sur les massacres de Sabra et Chatila, "Valse avec Bachir", de l'Israélien Ari Folman.
Dans "Lebanon", les soldats israéliens ne voient du Liban que les massacres qu'ils y perpètrent: femme au bord de la démence après la mort de son enfant, vieillard au regard figé par la haine, agonie d'un âne éventré.
Mais ces images ne semblent pas avoir convaincu les journalistes libanais qui ont vu le film durant le festival.
"Beaucoup ont pensé qu'il s'agissait d'un film anti-guerre qui critiquait les guerres menées par l'Etat israélien et son institution militaire, mais en réalité, il ne critique rien", affirme le quotidien Al-Akhbar, proche de la minorité appuyée par la Syrie et l'Iran.
"Il parle d'une crise psychologique vécue par quatre soldats à l'intérieur d'un tank", souligne-t-il.
Samuel Maoz a expliqué que son film n'était pas politique et s'adressait à tous les publics.
Mais pour An-Nahar, "le film tombe, comme on s'y attendait, dans cette logique qui transforme le bourreau en victime ou quasi-victime".
"Vingt-sept ans après avoir tué une personne pour la première fois de sa vie, Maoz remplace le tank par une caméra! Le premier vous tue, le deuxième essaie de vous convaincre... mais la vérité se perd", affirme le journal.
Le quotidien Al-Moustaqbal, également proche de la majorité, va plus loin en estimant que le jury de la Mostra a pleuré sur le sort des "quatre soldats qui ont +trop souffert+" mais pas pour "les victimes de la guerre".
"Le film ne sert qu'à montrer la soi-disant humanité de l'Etat sioniste qui mène des guerres +malgré lui+ et +dans la douleur+", ajoute le quotidien qui estime que ce genre de films sert à effacer 40 ans "d'agression" israélienne.
Les critiques soulignent également que le film s'inscrit dans la lignée de "Valse avec Bachir".
"M. Maoz a profité de la vague lancée par Ari Folman à Cannes et cette mode israélienne d'examiner la conscience torturée se poursuit avec succès", écrit Al-Akhbar, qui titrait son article "Valse avec Samuel Maoz!".
Sur les blogs, le ton n'est pas plus conciliant.
"C'est un film de guerre israélien qui rend hommage aux assassins et aux bouchers de l'armée israélienne spécialisée dans le massacre des femmes et des enfants", affirme un internaute sur le blog "Angry arabs news service", qui avoue toutefois n'avoir pas encore vu le film.
"Encore un film israélien qui humanise les soldats israéliens et pas les victimes libanaises et palestiniennes", affirme un autre sur Twitter, le site internet de micro-blogs.
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