Jérusalem - 13 janvier 2005

Loi et Ordre à Jérusalem

Par M

MAIS : comme de chaque "côté", il y a vraiment de nombreux bons éléments, alors, on DOIT y prêter attention, on DOIT donner de l’importance et de l’espace à ces éléments DES DEUX CÔTÉS qui sont radicalement pour la justice sociale.
Et IL Y A ces éléments des deux côtés; j'ai eu le privilège de rencontrer et de parler à certains d'entre eux.
Soutenir et faciliter leur travail et leur discours : C'EST le travail de la solidarité.

Mohammed Mansour est un pacifiste palestinien et organisateur de communauté qui a été frappé par la police en civil alors qu’il participait à une manifestation non-violente contre le Mur à Al-RAM en Juin dernier.

Comme cela se passe si souvent aux Etats-Unis quand un groupe entre en contact avec les flics, Mohammed a été accusé d'assaut, de résistance à arrestation et de jet de pierres.

Dimanche dernier, il avait une audience au tribunal de Jérusalem, et 10-15 ISMers étaient venus pour lui manifester leur soutien.

Quelques personnes ont pu entrer dans la salle d’audience; les autres sont restés à l’extérieur avec des pancartes disant : "Libérez Mohammed Mansour" et "Mohammed est innocent" en Anglais et en Arabe.

En même temps, devant le tribunal, manifestait une délégation d'environ 50 colons d’Hebron. Ils étaient là pour d’autres raisons mais dès qu’ils nous ont vu, ils étaient tout heureux de diriger leur agressivité envers nous.

C’était ma toute première rencontre avec des colons, et je dois dire que tout ce que j'avais entendu à leur sujet est vrai : ils sont FOUS.

Ils ont commencé par reconstituer littéralement la colonisation de l'espace – en nous envahissant délibérément avec force, prenant de plus en plus de place, en se positionnant devant nous afin que nous soyons pas vu, plaçant leurs pancartes sur nos pancartes, jusqu'à ce qu'ils aient fondamentalement dominé le secteur entier.
Ils ont également dominé l'ambiance avec leurs slogans puissants et continuels -- impressionnant, vraiment: Pendant 2 heures, je ne pense pas qu'ils se soient reposés ou qu’ils aient respiré.

Il y avait 3 générations présentes, et on dirait que chaque génération devient plus folle et plus agressive que la précédente, ce qui ne présage rien de bon pour l'avenir!

Certains des plus âgés ont engagé la conversation avec nous. Bien que je pense que leurs idées soient juste totalement fausses, au moins elles semblent être humaines.


Exemple de conversation :

Grand-mère colon : Pourquoi êtes-vous là ?

Moi : Nous sommes là pour soutenir Mohammed Mansour.

Grand-mère colon : Qui est-ce ?

Moi : C’est un pacifiste palestinien qui ..

Grand-mère colon : [se raidissant, incrédule] Palestinien? PACIFISTE ?

Moi : Oui, il a été frappe alors qu’il manifestait contre le Mur.

Grand-mère colon : A quoi vous attendez-vous ? Nous avons besoin que le mur soit là. Il ne peut pas y avoir de paix avec des gens qui nous tirent dessus.

Moi : [passant sur les : qui a fait quoi ? ect..] si vous vouliez vraiment un mur pour des raisons de sécurité, alors il aurait dû être construit sur la Ligne Verte et non pas à l’intérieur des terres palestiniennes, où il détruit leurs fermes et leurs villages.

Grand-mère colon : Pourquoi ne devrions-nous pas prendre leur terre? Ils ont beaucoup de pays musulmans où ils pourraient aller. Nous, nous avons seulement Israël. Les autres, tous les Chrétiens. [ donc, au fond, une demande d'un monde d’exclusivité mutuelle, des Etats séparatistes et théocratiques ?! ]
Quoi qu'il en soit, cette terre est à nous. Le Mandat Britannique nous l'a donnée.
[ Quoi !? Pas Dieu?! ]

La majorité des colons de 30-40 ans nous ont juste ignorés, occupés à tenir leurs propres pancartes et à scander leurs slogans.

Mais les adolescents et ceux d’une vingtaine d’années : ils étaient effrayants.

Une petite clique d'adolescentes était les pires : elles poussaient, elles nous balançaient au visage des choses telles que : "Meurt, Mohamed, Meurt!" et "Je souhaite qu’ils meurent tous!" et elles nous sifflaient dans les oreilles.

En fait, deux fois la police est intervenue pour les éloigner : Ils nous ont vraiment aidés pour une fois!

Quant aux enfants en bas âge, ils ont été encouragés à venir devant nous et à tenir des pancartes au-dessus de leurs têtes de façon à cacher les nôtres, alors que les parents, fiers, prenaient des photos d’eaux.

J'ai appris en reconnaissant quelques visages dans le quotidien Haaretz du lendemain que certains d'entre eux étaient en procès pour avoir mis en danger la vie de leurs enfants en les amenant dans des manifestations; ce qui expliquait les pancartes qui disaient : "Mères Juives contre l’Etat."

Au moins l’une des mères portait un fusil d'assaut en bandoulière sur son épaule tout en poussant une poussette.

Beaucoup portaient les étoiles de David oranges qui sont controversées et qui ont été adoptées par quelques groupes de colons d’Extrème-Droite, qui ont promis de résister au retrait des colonies de Gaza.

Quand Mohammed est sorti du tribunal, nous l'avons salué avec des acclamations; les colons l'ont salué avec des huées. Son audience avait été reportée à dans 3 mois pour une raison technique.

Nous l'avons accompagné tranquillement et les colons nous hurlaient dessus : "Meurt, le nazi Mohammed!" Je n'avais vu jamais auparavant des enfants à qui l’on enseigne systématiquement autant de haine gratuite.


Je pense vraiment qu'aussi longtemps que les deux "côtés" seront identifiés principalement par leurs éléments les plus extrêmes et les plus fanatiques : c’est à dire, aussi longtemps que pour les Palestiniens, l'image des Israéliens sera les colons d’Hébron, et que pour les Israéliens, l'image des Palestiniens sera le Jihad Islamique, il n’y a aucun espoir pour le moindre rapprochement.

MAIS : comme de chaque "côté", il y a vraiment de nombreux bons éléments, alors, on DOIT y prêter attention, on DOIT donner de l’importance et de l’espace à ces éléments DES DEUX CÔTÉS qui sont radicalement pour la justice sociale.

Et IL Y A ces éléments des deux côtés; j'ai eu le privilège de rencontrer et de parler à certains d'entre eux.

Soutenir et faciliter leur travail et leur discours : C'EST le travail de la solidarité.

A plus

Source : www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM-France