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Vallée du Jourdain - 4 décembre 2012
Par Jordan Valley Solidarity
Publication du 22 novembre 2012
Résistance déterminée dans la Vallée du Jourdain malgré une présence militaire musclée
Depuis fin octobre, d’importants exercices de défense israéliens, incluant des manœuvres militaires impliquant des blindés lourds, ainsi que des entraînements aériens et de tirs de missiles, ont lieu dans la Vallée du Jourdain. Ils entrent dans le cadre de l’exercice commun israélo-américain « Challenge Austère 2012 » et se situent plus spécialement dans les zones situées au nord de la Vallée, illégalement déclarées « zones de tirs ».
Manoeuvres près de Al-Farisiya en avril 2012, dans le cadre des exercices "réguliers" d'entraînement de l'armée d'occupation sioniste, dans le but de s'emparer de la totalité de la Vallée du Jourdain
Des communautés bédouines expulsées de force
En conséquence de ces manœuvres, les communautés palestiniennes qui habitent dans la Vallée du Jourdain doivent supporter cette présence militaire active à leurs portes, sur leurs terres agricoles, sur les lieux de pacages de leurs bêtes et à travers toute la Vallée. Un trafic militaire continu, avec des blindés lourds, des avions et des hélicoptères, mais aussi d’innombrables troupes, jeeps et camions, ne cesse de passer à portée de vue des habitations familiales. Des collines entières, habituellement occupées par des bergers et leurs bêtes, ont été transformées en camps militaires temporaires accueillant les bases fixes des Forces de l’occupation israéliennes (IOF). De larges zones ont été passées au bulldozer pour créer des routes. Dans la Vallée habituellement tranquille et paisible, résonnent désormais toute la gamme des exercices de tirs, de détonations et autres tests de missiles, l’écho de l’infanterie circulant à travers les terres palestiniennes, et le bruit des allées et venues des hélicoptères et des avions.
L’impact de ces manœuvres militaires sur les communautés palestiniennes bédouines qui vivent dans les zones situées au nord dépasse l’entendement. De nombreuses familles ont été temporairement déplacées, et d’autres de manière plus définitive, suite à des arrêtés d’expulsion de leurs terres pour cause d’entraînement militaire, notifiés par l’IOF, avec des interdictions pouvant aller jusqu’au 31 décembre 2012, et des informations orales parlant d’un entraînement dont la durée serait de 6 mois, jusqu’en avril 2013. Les arrêtés d’expulsion transmis menaçaient également les familles de confiscation de leur propriété et de leurs bêtes, et de lourdes amendes pour les récupérer, au cas où elles ne se plieraient pas aux ordres.
Si de nombreuses familles sont restées sur leurs terres avec détermination, certaines ont préféré envoyer leurs enfants vivre avec dans la famille habitant dans des zones éloignées, tandis que d’autres ont cherché dans les environs de nouveaux espaces où s’installer et vivre ensemble. Toutefois, avec l’arrivée de la saison pluvieuse, il va sans dire que la tâche est ardue pour les familles qui ont fait le choix de déménager leurs affaires et leurs animaux, et de reconstruire de nouveaux logements.
Dans un contexte où les communautés bédouines vivant dans la Zone C sont empêchées d’accéder à l’eau, à l’électricité et à d’autres commodités de base, et se voient refuser éducation et soins médicaux, cette toute dernière attaque constitue une nouvelle étape flagrante du plan israélien plus vaste dont le but est le transfert forcé de ces communautés des terres où elles vivent, cultivent et qui les nourrit depuis des générations.
Surveiller l’impact
Entre le 6 et le 13 novembre, les communautés de Al-Maleh, Ras al-Ahmar, Khirbet Humsa, Khirbet Yarza et Ibziq ont été témoins d’opérations de grande envergure visant à déplacer de nombreuses familles pour de longues périodes, dans le froid et la pluie, et forçant des centaines de personnes à subir des opérations militaires largement déployées sur leurs terres.
Le 6 novembre, des membres de la communauté Ras al-Ahmar se sont vues notifier l’ordre d’évacuer le périmètre du village pour la journée du 11 novembre, avec pour certains d’entre eux, l’obligation de répéter cette évacuation de jour sur une durée de 3 semaines. Ainsi, le 11 novembre à 6 h du matin, les forces de l’IOF sont venues chercher 20 familles pour les escorter hors de leurs terres. Elles ont passé la journée dans les environs du village de Khirbet ‘Atuf, à regarder des exercices militaires se dérouler à proximité de leurs maisons, dont la détonation de gros engins explosifs et des tests de missiles, avant de se voir autoriser à retourner à Ras al Ahmar à la nuit tombée.
Ordre d'évacuation reçu par les familles d'Al-Maleh
Le 7 novembre, la grande majorité des familles de Al-Maleh (30 familles sur 40) a également reçu des arrêtés d’expulsion. Puis, par deux fois, les 8 et 11 novembre, l’IOF est revenu leur donner des ordres similaires, exigeant de la communauté qu’elle évacue la zone, se rende au moins jusque derrière Tayasir, et ne revienne pas. Le 12 novembre, alors que des opérations d’entraînement militaire de grande envergure se déroulaient au travers des terres de la communauté, les familles sont restées cloîtrées dans leurs maisons, à s’interroger sur la suite des évènements.
Al-Jiftlik, 12 novembre 2012
Ces entraînements militaires ont également affecté la communauté de Khirbet Yarza et leurs terres environnantes. Le 11 novembre, des soldats à pied sont arrivés dans le village avec des chiens et de très nombreux véhicules pour un entraînement d’occupation. Ce jour là et le suivant, les routes de Tayasir, Al ‘Aqaba et Tubas ont été fermées, bloquant pratiquement tout accès au village. Depuis, la communauté a connu une présence militaire importante dans cette zone. Même si certains membres se sont vus intimer l’ordre, oralement, de quitter la zone, et ont été informés que la campagne d’entraînement est prévue pour durer 6 mois, toutes les familles restent sur leurs terres et continueront à y demeurer.
Tout l’après-midi du 11 novembre, le théâtre des opérations a été la plaine de Al-Ibqe’a, où se trouve la communauté de Khirbet Humsa, contraignant certains de ses membres à chercher refuge dans le village voisin de Al-Hadidiya pendant la durée des exercices. Des dizaines, si ce ne sont des centaines, de blindés lourds ont sillonné à travers la zone, un avion moyen porteur a atterri, tandis que de nombreux hélicoptères patrouillaient et contrôlaient l’espace aérien, ont rapporté des résidents.
Les 12 et 13 novembre, les exercices d’entraînement ont eu lieu dans les zones entourant ‘Ein al Hilwa. Pour autant, aucune instruction n’a été donnée aux familles qui ont rapporté que l’IOF campait très près de leurs habitations, et que des traces fraîches de véhicules menaient directement aux collines environnantes, à quelques mètres seulement de là où a été démolie la maison de la famille Ali Ahmad Bani Odh, le 31 octobre dernier.
Violation du Droit International
Il est indiscutable que l’IOF utilise l’exercice commun israélo-américain « Challenge Austère 2012 » pour justifier non seulement l’intimidation et le harcèlement des populations palestiniennes de la Vallée du Jourdain, mais aussi leur transfert forcé, en contravention des Conventions de Genève.
Sur cette carte établie par POICA en 2006, on voit les innombrables zones militaires (taches de couleur marron foncé) établies par l'entité sioniste dans la Vallée du Jourdain
L’article 49 de la IVème Convention de Genève relative à la protection des populations civiles stipule que « la Puissance occupante ne peut procéder à la déportation ou au transfert d'une partie de sa population civile dans le territoire occupé par elle » à moins que cette évacuation ne soit rendue nécessaire car des raisons de « sécurité de la population ou d'impérieuses raisons militaires l'exigent ». Il est clair que le transfert forcé n’est justifiable qu’en temps de guerre, et uniquement pendant la durée des hostilités, après quoi, la population doit être autorisée à retourner sur son lieu d’origine.
Les besoins en entraînement militaire de l’IOF ne peuvent pas, et ne doivent pas justifier des transferts forcés de population, et sont contraires au droit s’ils sont imposés.
Le droit des populations palestiniennes à vivre sur leurs terres est primordial – chaque heure où elles en sont chassées est à tous points de vue inacceptable, représente une violation aux obligations internationales des autorités militaires israéliennes qui doit donc être considérée comme tel.
Le projet de colonisation israélienne
Il est clair que, « Challenge Austère 2012 » ou pas, la Vallée du Jourdain ne cesse de servir de terrain d’entraînement militaire pour l’IOF, et des bases militaires y sont disséminées un peu partout.
Il est déplorable de constater que les entraînements militaires, et les dangers et impacts sur la population qui les subit, font partie de la vie quotidienne des Palestiniens de la Vallée du Jourdain. Les périodes de manœuvres intensives comme « Challenge Austère 2012 » viennent s’ajouter aux exercices d’entraînement militaire réguliers, à proximité de zones habitées par des communautés bédouines et dans le plus grand mépris de leur existence. Il va sans dire qu’organiser des entraînements militaires à côté de populations civiles est extrêmement dangereux, et à de nombreuses occasions, des Palestiniens ont été blessés ou même tués par des tirs d’exercice ou des mines oubliées sur leurs terres.
Cette affirmation de contrôle militaire et d’utilisation intensive de la Vallée du Jourdain pour des raisons militaires, à laquelle s’ajoute une multitude d’agressions quotidiennes contre sa population palestinienne, démontre clairement l’intention d’Israël de s’emparer de chaque mètre carré des terres palestiniennes de cette Vallée, de les vider de leurs populations, et de les préparer pour une annexion.
Quoi qui se passe, la détermination des communautés palestiniennes à rester sur leurs terres ne peut pas être, et ne sera jamais entamée.
Source : Jordan Valley Solidarity
Traduction : CR pour ISM
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