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Naplouse - 4 janvier 2005
Par D
Noel 2004, dans le village d'Asira, au sud de Naplouse, à côté d'une école, quatre internationaux se tiennent à l’extérieur d'une petite maison blanche de quatre étages où vit une famille de dix personnes.
Les internationaux sont là, parce que l'armée israélienne occupe cette maison et l'école voisine depuis minuit le 24 décembre 2004.
Comme l’un des quatre internationaux à l’extérieur de la maison, je suis inquiète pour la famille.
Nous savons que les soldats ont emprisonné les dix membres de la famille dans une chambre au dernier étage de la maison et que le plus jeune détenu est un bébé âgé de trois mois.
Au moment où nous approchons de la maison, vers 16 h le 25 décembre, la famille est emprisonnée depuis presque 18 heures avec un soldat homme qui les surveille en permanence.
Nous espérons entrer dans la maison et juger de l’état de la famille ainsi que montrer notre solidarité et offrir notre aide. Entrer dans une maison occupée est potentiellement un délit qui peut entrainer l’arrestation aussi nous décidons rapidement qui de nous quatre est prêt à prendre ce risque. Deux d’entre nous acceptent d'essayer d'entrer.
Nous voulons apporter à famille de la nourriture, de l'eau et des couches pour bébé, élément indispensable au cas où l'armée les empêche d'utiliser la salle de bains.
Deux activistes femmes s’approchent de la maison en espérant que peut-être que les voix suaves de femmes pourraient adoucir le dur comportement du soldat. Nous appelons aux fenêtres en suppliant l'armée de parler avec nous et de nous tenir au courant de la santé de la famille. Cinq minutes après avoir appelé, une jeep de l'armée se gare et nous fait signe d’approcher.
Nous nous dirigeons vers le conducteur, qui nous informe courtoisement que la famille va très bien, qu'ils ont tout ce dont ils ont besoin : de l'eau, de la nourriture et des médicaments et qu'ils seront libérés dans les deux heures.
Nous les prions de nous autoriser à entrer pour rendre visite à la famille en tant qu'observateurs indépendants mais la réponse est non.
Le conducteur, fatigué de nous, ferme la porte et s’éloigne.
Nous nous éloignons de la maison pour l'instant afin de ne pas aggraver la situation et causer plus d'éventuels problèmes à la famille à l'intérieur. Une heure plus tard, nous sommes retournés à la maison mais nous nous sommes postés à environ 100 mètres en bas de la route, en face l'école occupée.
Nous sommes moins préoccupés par le fait d'être à l'extérieur de l'école, bien que l'armée l'ait envahie, le bâtiment est vide et c'est probablement une bonne chose d'avoir des internationaux bien visibles sur la rue au cas où l'armée se mettrait à tirer au hasard sur des passants.
Nous décidons une fois de plus de nous approcher de la maison et de communiquer avec les soldats.
Nous n'obtenons toujours aucune réponse de l'intérieur mais nous voyons les soldats se déplacer dans les escaliers en essayant sans succès de rester cachés.
Toutes les lumières sont éteintes dans la maison. Je me sens mal pour la famille qui reste assise dans l'obscurité sous la surveillance permanente d'un soldat.
Les shebab (les jeunes) se rassemblent au bout de la route alors que nous appelons aux fenêtres. C'est une bonne chose puisque l'un de nos objectifs était d'alerter la population d'Asira que l'armée occupait clandestinement une maison dans leur village.
Cette opération avait été très discrète puisque la maison semblait vide de l'extérieur, toutes les lumières étaient éteintes, et aucunes jeeps ou véhicules de soutien de l'armée étaient postés à l'extérieur de la maison.
Nous revenons vers l'école alors qu'une jeep de l'armée patrouille le village et passe deux fois devant la maison. Deux heures se sont passé, il est maintenant l'heure puisque l'armée avait indiqué que l'occupation se terminerait à 18h15.
Rien ne semble se produire sur le devant de la maison mais le shebab nous indique qu'une jeep et un hummer sont de l'autre côté de la maison. Nous marchons jusqu'à l'arrière de la maison, il y a des marques de pneus dans l'herbe boueuse et je note qu'une porte au sous-sol est ouverte.
L'autre femme activiste et moi décidons d'entrer dans la maison, nous pensons qu'il vaut mieux que ce soit deux femmes qui entrent et que cela sera moins perçu comme une menace par l'armée et la famille.
Nous entrons et je suis étonné de voir que le sous-sol soit réellement une écurie avec un âne blanc installé calmement dans la pièce.
Nous crions, que nous sommes deux femmes internationales entrant seules dans la maison parce que nous sommes inquiètes de l'état de santé de la famille mais immédiatement entre derrière la totalité des shebab d'Asira, beaucoup trop pour deux femmes internationales seules!
Dans un cortège bruyant, nous nous déplaçons dans la maison en appelant la famille. A l'étage supérieur, leurs visages effrayés apparaissent sortant d'une pièce sombre.
L'armée était déjà sortie en rampant une heure auparavant mais les soldats avaient menacé de revenir et de tuer la famille s'ils bougeaient avant une heure. Ils avaient également menacé de tirer, si l'un d'entre eux entreprenait toute démarche de communiquer avec nous quand nous avons crié mais ils nous ont dit plus tard que nos cris leur avaient donné de l'espoir.
La famille était apeurée et traumatisée; les soldats leur avaient volé 400 shekels, des bijoux en or et toutes leurs cartes d'identités.
Nous sommes revenus le jour suivant pour interviewer la famille et ils nous ont expliqué pourquoi, d'après eux, l'occupation de leur maison avait eu lieu.
Deux nuits auparavant, un hummer et une jeep ont patrouillé dans Asira. Le Hummer a freiné de façon soudaine et la jeep s'est écrasée à l'arrière du Hummer. Les soldats ont semblé penser qu'ils étaient attaqués et ils ont tiré en l'air au hasard, un Molotov a été jeté en provenance de la direction de l'école.
Les soldats sont partis et ont expliqué à leurs commandants qu'ils avaient été pris dans une embuscade tendue par les jeunes d'Asira ce qui a entraîné l'occupation des bâtiments sur les lieux de l'accident.
Encore une autre illustration typique du fascisme et de la stupidité militaires, qui aurait pu être mortelle.
Cela nous amène à la question, quand donnerons-nous au peuple Palestinien une protection contre de tels actes habituels de terrorisme d'Etat et quand les pays du monde pénaliseront-ils Israël au lieu de le récompenser pour le viol des droits de l'homme aux familles qui luttent juste pour vivre leurs vies.
Source : www.palsolidarity.org
Traduction : MG pour ISM-France
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