Palestine - 19 mai 2005

Nouvelles de Johan

Par ISM

Johan Persson de Gothenburg, en Suède a été emprisonné en Israel depuis le dimanche 15 Mai après avoir participé à une manifestation pacifique.
Johan a été expulsé d'Israel par le Ministère de l'Intérieur israélien à 6h ce matin, le 19 mai.
Il est arrivé à Gothenburg ce soir.
Hier Johan a fait passer cette lettre depuis la prison dans laquelle il explique ce qui s'est passé et pourquoi il agit contre l'occupation israélienne en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.

La lettre de Johan


Depuis trois jours, je suis détenu en prison, attendant d’être expulsé. On m’a ordonné de quitter Israël. Je ne sais pas de quoi je suis accusé.

Il se peut que je sois un danger pour la sécurité de l’état d’Israël.

Il se peut que je sois allé dans des zones interdites à moins que ce ne soit quelque chose de complètement différent.

Mais quoi que ce soit; c’est pour moi totalement sans fondement.
Je ne peux pas respecter un système judiciaire qui entretient l’apartheid et l’occupation.

Je sais ce que j’ai fait et je sais que c’est bien de le faire.


Le mur qu’Israël est en train de construire sur le sol palestinien est un crime contre la loi, la morale et contre les peuples. Quand les Nations Unies et le reste du monde choisissent de fermer les yeux, ou au mieux se bornent à des déclarations qui ne veulent rien dire, il est du devoir de chacun, individuellement, d’agir.



Le mur détruit d’énormes étendues de terres cultivées, un sol vital pour les Palestiniens. Puisque le mur n’est pas construit sur la Ligne Verte, c’est-à-dire sur "la frontière" entre Israël et la Palestine, mais sur le sol palestinien, il annexe encore de la terre.

De plus, le mur vole d’importantes ressources en eau, des haies qui séparent les maisons et tous les villages serrés dans une région qui ressemble à un no man’s land.



La Cour Internationale de la Haye a elle aussi compris les conséquences du mur et l’a déclaré illégal.

La Croix Rouge Internationale a souligné dans plusieurs rapports ce que le mur cause de souffrances aux civils.

Pour moi, il va de soi que je dois agir quand une injustice est commise.

Dimanche dernier, quand avec des amis palestiniens et israéliens nous avons organisé une manifestation absolument pacifique contre le mur, j’avais pour moi toute la connaissance et l’expérience gagnées au cours de mon séjour de presque deux mois en Cisjordanie occupée.

Je suis fier et soulagé d’avoir eu la chance de participer à une résistance pacifique et courageuse contre ce mur de Berlin de notre temps.



Mais ce mur n’est que l’un des aspects de l’occupation israélienne en Cisjordanie et à Gaza. Prises dans leur ensemble, les conséquences de l’occupation créent une oppression importante, sournoise, et systématique, dont l’objectif final est d’empêcher la création d’un état palestinien indépendant.

La liberté de mouvement du peuple est limitée à un degré tel que personne ne peut se déplacer librement en Cisjordanie .

A l’inverse, la plupart des gens sont détenus et bouclés dans leur villages, leurs villes ou dans la région autour de leur quartier ; une manière efficace d’empêcher la scolarité, le travail, la production ou les visites dans les hôpitaux.

C’est une manière cruelle et brutale d’empêcher les gens de vivre en paix et de tuer tout espoir de paix futur.



Aujourd’hui, 8000 palestiniens environ, hommes et femmes, sont dans les prisons israéliennes, et la plupart sont détenus sans procès, sans condamnation et même sans accusation officielle.

Je me sens tout à la fois soulagé et coupable, en tant que citoyen suédois, de ne pas courir le risque d’être torturé physiquement et moralement.

Je sais que je verrai ma famille et mes amis d’ici peu.

Mon temps de détention est limité, et grâce à ma nationalité, les droits de l’homme me sont garantis.

Un luxe dont ne bénéficient pas les Palestiniens.


La colonisation grandissante pose un problème lui aussi croissant au peuple palestinien.

Les colons ont pour habitude de prendre tout ce dont ils ont envie par la violence et par la force : l’eau, les routes, les terrains cultivés ou l’accès à la mer.

Il n’ y a que les rebuts pour les Palestiniens : eau polluée, mauvaises routes de montagnes inadaptées à la circulation automobile et terres infertiles.



C’est tout cela plus la connaissance que j’ai de cruelles conséquences de l’occupation, qui m’ont poussé à m’engager ici.

Je suis venu soutenir un peuple déterminé qui, pacifiquement, livre une dure bataille contre le pouvoir supérieur qui l’occupe.

Je supplie tous mes concitoyens de venir ici et de combattre avec nous contre le mur, contre la violence et l’oppression et pour une Palestine libre.


Lire le reportage de la manifestation à Bil'in où Johan a été arrêté

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : CS pour ISM