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Cisjordanie - 27 septembre 2007
Par David
Nous arrivons enfin dans la vieille ville d'Hébron. Nous y rejoignons Nawal, une Palestinienne qui possède une boutique d'articles artisanaux. Nawal est une femme débordante d'énergie. C'est entre autres grâce à elle que rouvrent peu à peu les magasins de la vieille ville.
Photo ISM : Des Palestiniens courageux comme Nawal ouvrent à nouveau des boutiques dans la Vieille Ville d'Hébron malgré les patrouilles fréquentes des soldats sionistes et les agressions des colons fanatiques
Dimanche 01/07/07
Départ pour Hébron. Chose surprenante, on nous arrête à l'aller au check point. Le contrôle est bref. Nous croisons énormément de militaires sur la route. Nous avons rendez-vous dans la vieille ville. Nous traversons le marché, certains nous souhaitent la bienvenue avec un grand sourire :
- Where are you from ?
- France.
- France ? Zinédine Zidane !!!
D'autres sont beaucoup plus méfiants et viennent parfois nous saluer d'un shalom afin de savoir si nous sommes des Israéliens. C'est vraiment frustrant de se sentir rejeté alors qu'on a fait quatre milles kilomètres. Mais je suppose que ces tensions ne sont que le reflet de la situation et des altercations entre les Palestiniens et les colons.
Nous arrivons enfin dans la vieille ville. Nous y rejoignons Nawal, une Palestinienne qui possède une boutique d'articles artisanaux. Nawal est une femme débordante d'énergie. C'est entre autres grâce à elle que rouvrent peu à peu les magasins de la vieille ville. "The old city" est surprenante, la plupart des maisons ont été rachetées par les colons et quelques palestiniens irréductibles refusent de voir leur demeure habitée par les Israéliens.
C'est le cas d'un homme que nous rencontrons. Son histoire est incroyable. Agressé en permanence par les colons qui veulent acquérir sa maison, on lui a même proposé des millions pour le faire partir et il n'a jamais cédé. Lui et les siens ont été victimes de violences terribles de la part des colons. Sa femme a même perdu par deux fois les bébés qu'elle attendait quand elle était enceinte, une fois parce que les soldats n'ont pas voulu laisser passer l'ambulance qui la menait à l'hôpital, et une autre fois à cause d'une attaque de gaz lacrymogène. C'est effroyable de pouvoir en arriver à de telles extrémités.
Hébron a la particularité d'être occupée en grande partie par les colons et les Palestiniens ont dû, pour se protéger des projectiles des colons, placer des grillages au-dessus des ruelles. Mais cela ne les protège malheureusement pas des produits acides jetés par les fenêtres.
Nous rencontrons Jamal, un jeune garçon qui nous amène faire un tour complet de la ville, mosquée comprise. Je suis complètement consterné de voir que même pour entrer dans la mosquée, il faut se justifier à des contrôles de soldats israéliens. Après la visite, Jamal. nous amène chez lui et nous offre du café.
En retournant voir Nawal, nous passons devant des commerces. Les gens sont tellement dans le besoin que nous leur achetons des objets. Nous faisons de même chez notre amie. Les gens sont vraiment extraordinaires. Ils n'ont rien, à peine de quoi nourrir leurs enfants, mais ils nous offrent du thé et du café. Les gens d'Hébron sont vraiment accueillants.
Cette journée aura été la plus enrichissante et la plus marquante depuis mon arrivée. J'ai vu de mes yeux les destructions perpétrées par les Israéliens, j'ai vu tout le mal qu'ils ont fait et qu'ils font à des familles palestiniennes qui ne baissent pas les bras. Quel courage !
Lundi 02/07/07
De retour à Jérusalem, mais je n'ai rien de prévu pour la journée. Je vais avec Nils aux Nations Unies pour récupérer des cartes de la Palestine. Au retour, nous passons devant le "Museum of Seam". Nous y entrons et assistons à une exposition intitulée "Equal or less equal", qui a pour thème les inégalités entre les peuples, le tout sur fond d’art contemporain. Il est vrai qu’en terme d’inégalité ethnique, les Israéliens sont une référence depuis cinquante ans !
L'après-midi, je vais dans la vieille ville pour acheter des T-shirts "Free Palestine" car je ne sais pas si j'aurais le temps d'y aller la prochaine fois que je reviendrai à Jérusalem. Je mets tout dans un colis direction la France afin de ne pas avoir d'ennuis à l'aéroport. La poste est fermée, je l'enverrai demain.
Mardi 03/07/07
Formation à Ramallah avec Hisham et des membres de l'ISM, c'est vraiment intéressant ! On apprend beaucoup sur ce qu'il est bon de faire ou de ne pas faire afin de ne pas avoir trop d'ennuis avec les soldats et de ne pas choquer les Palestiniens. On nous enseigne également quoi faire en cas de problème.
Nous sommes huit volontaires dans le groupe : deux Américains, une Canadienne, une Allemande, une Suédoise, une Espagnole, une Sud-africaine et moi. L'ambiance est détendue et c'est assez drôle de voir comme tout le monde se parle, alors qu'on ne se connaît que depuis le matin. Demain, fin du training, j'irai sûrement à Naplouse en fin de journée. Mon travail va donc enfin commencer.
Mercredi 04/07/07
La formation est toujours intéressante bien qu'intensive, et à la longue ennuyeuse. Cela fait deux jours que je n'ai pas entendu un mot de français, c'est étrange mais je commence à m'y faire. Cela dit, c'est assez fatigant d'écouter en permanence des gens parler anglais. La session finit beaucoup plus tard que prévu et à cette heure-ci, il n'y a plus de service.
Micheline, Camila la Suédoise et moi devons nous rendre à Naplouse. Nous irons demain et ce soir nous passerons la nuit au media office de l'ISM à Ramallah. Nick et Johanna, deux des membres du media office, nous accueillent. Pour l'instant, tous les volontaires que je rencontre sont vraiment très gentils et prêts à rendre service. Nous avons beau être tous de nationalités différentes, tout le monde communique, bien qu'avec plus ou moins de facilité, et c'est très intéressant.
Jeudi 05/07/07
Départ de Ramallah pour Naplouse. Je dois rencontrer des gens de l'Université pour continuer avec eux une campagne d'ISM France. Jamal nous accompagne jusqu’à la station de taxi. Sur le trajet, nous ne rencontrons pas de problème particulier. Pas de check point (enfin si, mais nous ne nous y arrêtons pas). Camila et moi rejoignons l'appartement de l'ISM, où trois autres Suédoises et un Américain nous attendent. Ils viennent avec moi à l'hôtel lieu de mon rendez-vous. Ça tombe bien, ils doivent y aller aussi. Je dois y retrouver Mohammed, c'est lui qui a arrangé la rencontre. Son ami Saddam nous rejoint. Nous discutons du projet, tout se passe bien. Il enverra les informations à ISM. Tout s'est bien passé, je suis soulagé. Voilà une bonne chose de faite.
Le reste de l'après-midi défile très... très lentement. J'ai fini ce que j'avais à faire, mais maintenant, je ne fais qu'attendre. Deux des Suédoises sont restées, elles rédigent des rapports. À la fin de l'après-midi reviennent ceux qui étaient partis et apparemment tout s'est bien passé. Nous rentrons à l'appartement. Nous allons sur le toit. Samir nous y rejoint. Il nous raconte des anecdotes, il parle d'amour, de femmes. Ses idées sont à l'opposé des stéréotypes que nous avons en France sur la condition féminine dans l'islam et pourtant, Samir est bel et bien musulman.
Mon agenda commence à se charger, je dois revenir à Naplouse samedi prochain pour visiter l'université et finir de régler les derniers détails pour la campagne d'ISM. J'aimerais réussir à faire venir Michel, l'ami français de Micheline qui fait partie d'ISM. Un homme de Ramallah m'a également appelé, il veut que je lui donne un coup de main pour faire connaître sa campagne en France, si j'ai bien compris. Enfin Mohammed veut que je revienne à Naplouse au sujet d'un autre projet qu'il a élaboré avec Micheline, axé sur le boycott des produits israéliens.
Vendredi 06/07/07
Aujourd'hui repos. Ça fait du bien de rester dans un appartement et de buller. De toutes façons, le vendredi en Palestine, il n'y a pas grand-chose à faire, à part dans le sud où se produisent hebdomadairement des manifestations contre le mur, mais je me trouve à Naplouse, et demain, je monte à Jénine, donc je laisse tomber l'idée. Je regarde la télé : Euronews et TV5. Deux jours que je n'avais pas entendu un mot de français, ça me manquait un peu, mine de rien.
Samedi 07/07/07
Je quitte Naplouse et des gens vraiment adorables pour aller découvrir de nouveaux visages et de nouveaux lieux. Je viens de passer le check point, j'attends que le taxi se remplisse pour que l'on puisse partir. Il m'en coûtera vingt shekels, mais au moins je suis prévenu. Samir a parlé avec le chauffeur, donc, tout va bien. J'espère juste que l'on ne va pas attendre trop longtemps avant de partir. C'est qu'il fait chaud, au soleil !
Drôle d'ambiance dans les check points, une file interminable de voitures qui veulent le traverser, des soldats à l'intérieur dont le principal objectif est d'emmerder le monde. La plupart des soldats ont probablement mon âge. Contrôle du visa, du sac. Je comprends vraiment qu'à la longue, les Palestiniens soient frustrés, surtout que moi en tant qu'international, je suis bien traité et il est peu probable que l'on me refuse le passage, ce qui est loin d'être le cas pour les Palestiniens... Le trajet se passe bien, mais il fait vraiment chaud. Il parait d'ailleurs que l’on n’a jamais vu de telles températures en cette saison.
J'arrive enfin à Jénine. Je passe un coup de fil à Youssef pour savoir où aller. Je retrouve finalement Lina, une jeune fille qui travaille au Centre (Jenin Creative Cultural Center) et qui m'y conduit. Là, je rencontre au bout de quelques minutes Ahmed et Youssef.
Youssef m'explique les différentes activités qui sont et ont été menées ici. On me montre ma chambre. Je suis directement hébergé dans le Centre, ce qui est une bonne chose, compte tenu de mon sens aigue de la ponctualité (quoique les Palestiniens soient également très performants dans ce domaine !).
Qui plus est, je suis, du moins pour le moment, le seul volontaire dans le Centre et de ce fait, je dispose de toutes les installations pour moi seul : télé, Internet et, à ma grande surprise, guitare. Youssef évoque également la venue d'un autre Français, un juge.
Dimanche 08/07/07
Aujourd'hui, premier jour de "travail". J'espère que tout va bien se passer. Les enfants commencent à arriver, ils ont l'air gentil. Pour l'instant, ils ne savent pas qui je suis. Youssef arrive et fait les présentations, les enfants sont ravis. Finalement nous commencerons les activités seulement demain.
Avec Youssef, nous allons à l'université et plus précisément au "Community Center". Il me présente afin que les gens de ce Centre puissent communiquer l'information aux enfants qui seraient susceptibles d'être intéressés par les "cours" que je vais dispenser à savoir : jonglerie, guitare et français.
Au retour, nous allons boire un thé et nous discutons (en anglais bien sûr). Youssef me parle de l'ISM, me dit que ce n’est plus ce que c'était, qu'ils privilégient l'action directe alors qu'il faudrait, selon lui, développer également la culture et l'artisanat palestinien, que ce soit en Palestine et à l'étranger. Il m'explique que le Centre a des liens avec des associations à l'étranger. Il me parle de Jénine, du camp de réfugiés où il m'amènera.
Sur le chemin du retour, Youssef me présente à beaucoup de gens et leur parle de mon rôle au Centre, où nous arrivons. Il me confie que le bouche à oreille fonctionne très bien ici et que juste avec le petit tour que nous venons de faire, la moitie de la ville va être au courant de ma venue. Ça me fait beaucoup rire, téléphone arabe ?
Un peu plus tard, je l'aide à rédiger des documents en anglais. Les Palestiniens parlent en général mieux l'anglais qu'ils ne l'écrivent. Pour me souhaiter la bienvenue, il m'offre un petit drapeau palestinien fait au point de croix. Encore une chose à mettre dans un colis direction la France !
Lundi 09/07/07
Montrer qu'il y a de la vie derrière ce mur, que les gens sont toujours là et ne sont pas près de se résigner, tel est l'objectif du Centre. Il faut former les nouvelles générations car tous ces jeunes sont le futur de la Palestine.
Les enfants ont une vraie envie d'apprendre. Quand je leur donne des cours de français, ils me posent des tas de questions, ils s'entraident et ceux qui ont compris mon explication la traduisent aux plus jeunes dont l'anglais est plus limité. Même chose pour le cours de guitare.
Il n'y a pas de chamaillerie, et même les plus jeunes font preuve de maturité. Ils ont de l'assurance et ne sont en aucun cas timides. Le bilan du premier cours est assez positif, je pense ne pas m'en être trop mal sorti pour un début.
Mes cours sont finis. Je rejoins Youssef dans son bureau. Nous bavardons et je lui demande quelle est selon lui la meilleure façon de résoudre le conflit. Il me répond "un seul Etat où tout le monde vivrait en paix". Je m'y attendais. Je sens à la fois en lui de l'espoir et de l'amertume.
Hier encore, les Israéliens ont tué un jeune membre des brigades d'Al Aqsa. Il avait mon âge. Youssef m'explique que les soldats lui ont tiré dans la jambe et l'ont laissé se vider de son sang jusqu’à ce qu'il meure. La première chose que Youssef a donc vue ce matin, en arrivant à Jénine, c'était les funérailles de ce jeune.
Comment ne pas être dégoûté ? Il doit falloir faire preuve d'une force extraordinaire pour vouloir continuer à oeuvrer pour la paix.
J'ai également rencontré un homme dont le fils a été assassiné en 2005. Les soldats lui ont tiré dessus et ont ensuite retenu l'ambulance qui devait l'amener à l'hôpital. Hôpital où il mourra quelques jours plus tard. Malgré tout ça, les parents ont décidé de léguer les organes de leur fils à des enfants israéliens et six ont pu en bénéficier. Comment font ces gens qui souffrent tant pour faire preuve d'un tel courage et d'une telle humanité ? Je ne sais pas...
Mardi 10/07/07
Je continue les cours de français et de guitare. Le bouche à oreille fonctionne en effet très bien et il y a de plus en plus de jeunes pour assister à mes leçons. D'ailleurs on doit séparer la classe en plusieurs groupes pour pouvoir travailler dans de meilleures conditions. Je montre ensuite à Youssef comment fabriquer des balles de jonglage avec le peu de matériel que j'ai ramené. Quelques enfants sont restés et ça a l'air de leur plaire.
Une fois ceci fait, nous retournons avec Youssef dans le bureau. Un ami à lui, du Ministère de l'Agriculture nous rejoint. Youssef met de la musique sur son ordinateur. Oum Kalsoum, bien évidemment. À les entendre parler, il s'agit là de la "vraie musique". Ils ont l'air ému à chaque chanson. Je savais que la chanteuse égyptienne tenait une place importante dans leur culture mais je n'imaginais pas que c'était à ce point. Nous discutons.
Youssef émet l'hypothèse d'immigrer aux Etats-Unis ou à Chypre à cause du conflit. Selon eux, il existe deux protocoles ici : "Soit on tourne en rond et on devient fou, soit on devient fou et on tourne en rond". La démarche change, mais le résultat lui est le même. C'est une façon humoristique de concevoir les choses.
Tout le monde part, je suis à nouveau seul au Centre. Je m'apprête à aller sur Internet, mais il n'y a plus de réseau. J'espérais vraiment me connecter... C'est fou comme on s'attache à de petites choses. Je me sens seul en l'absence de réseau. D'habitude je peux parler à mes amis le soir, mais là, ça semble mal barré. Enfin au bout de deux heures, le réseau est rétabli. Je suis soulagé.
Le soir, j'hésite à sortir en ville tout seul, donc au moins, avec Internet, je trouve de quoi m'occuper. On ne sait pas trop à quoi s'attendre en sortant le soir ici. La plupart du temps, il ne m'arriverait rien, mais on ne sait jamais. Souvent, le soir, les soldats entrent dans la ville. Même si c'est en général tard, je préfère limiter les risques.
En avril 2003, un volontaire américain d'ISM, Brian Avery, a été blessé juste au coin de la rue où se trouve le Centre par un sniper israélien, ça refroidit !
De plus, quand je sors seul, je ne sais jamais vraiment ce que les Palestiniens de la ville pensent de moi, peut-être certains d'entre eux me prennent-ils pour un Israélien ? Ce doute là subsiste toujours.
Pour la première fois depuis mon départ, j'ai ma mère au téléphone. Ça fait du bien, je suis vraiment content et elle aussi, je crois. Grâce à l'adsl, les tarifs des communications sont bien moindres, donc on va pouvoir communiquer de vive voix.
Hier soir, Youssef aurait dû venir me chercher pour m'amener à Birkine, le village dans lequel il vit, mais il s'avère que l'armée a débarqué dans un cyber café et a arrêté treize personnes, sans raison apparente.
Mercredi 11/07/07
Une journée bien remplie aujourd'hui ! Ce matin, j'ai fait tous mes cours en double car vu le grand nombre d'élèves, on a préféré scinder la classe en deux groupes.
Cet après-midi, Youssef m'a amené dans le camp de réfugiés. Réfugié est un statut, il s'agit en fait des gens qui, à l'origine (avant 1948), habitaient sur ce qu'on appelle aujourd'hui Israël. Les gens ont été déportés, et eux et leurs descendants vivent donc là, 15.000 personnes sur un peu plus d'un kilomètre carré !
Une partie du camp est neuve, elle a été reconstruite, après avoir été totalement détruite, grâce aux dons d'un Cheikh saoudien (25 millions de dollars). Le reste du camp est vétuste. La plupart des gens qui y vivent ont perdu soit quelqu'un de leur famille, soit un ami proche. Youssef et un ami à lui me font visiter le camp. Je les sens bouleversés. Je suis gêné qu'ils fassent ça pour moi. Ce n'est pas tant les conditions de vie, disons sanitaires, qui sont dures, mais c'est l'oppression que subissent tous les jours les habitants. Presque tous les soirs, les soldats viennent dans le camp, soit pour tuer, soit pour arrêter, soit pour détruire, mais dans tous les cas, pour entretenir le sentiment de peur qu'ils ont réussi à installer.
Dans la soirée, un de mes "élèves" vient me chercher pour m'amener en ville de nuit. Il m'offre un café, deux falafels et un coca, j'essaie de refuser mais il ne veut rien savoir. Je suis terriblement gêné. Je rentre ensuite au Centre et je prépare les cours de français pour le lendemain.
Jeudi 12/07/07
Aujourd'hui, petit cours de géographie en français. Les élèves ont vraiment l'air intéressé, je suis content d'avoir eu cette idée, d'autant plus que leurs connaissances sur la France sont assez restreintes. Après deux cours de guitare et deux cours de français, nous passons pour la première fois à la confection de balles de jonglage. Ça a l'air de leur plaire et ça les amuse d'essayer de jongler.
La journée se termine. J'ai des nouvelles de Nils, ainsi que de Mohammed à Naplouse. Il m'appelle concernant la visite de l'université de samedi. En attendant, demain c'est vendredi, repos !
Vendredi 13/07/07
Aujourd'hui... rien ! Je me repose et me détends. Grasse matinée, dessins animés en streaming. Je réalise également des vidéos de Jénine du haut du toit de l'immeuble. Youssef aurait dû venir me chercher pour me montrer un village des environs, mais il n'est pas venu...
Samedi 14/07/07
Je pars vers 9h30 pour Naplouse. Je dois me rendre à l'université, toujours dans le cadre de la campagne d'aide aux étudiants. J'ai rendez-vous à 11h ; j'aimerais donc y être vers midi, pour d'être en avance (arabic time). Je me rends à la station de taxi. J'attends une quarantaine de minutes que le service se remplisse et nous partons. Sur la route, il y a de nombreux "flying check points" (points de contrôle mobiles) ce qui cause, bien entendu, de ralentissements conséquents.
J'arrive enfin à Naplouse au bout d'une heure et quart de route environ. Je rejoins sans trop de mal l'hôtel. J'y retrouve Mohammed, Woody et Pauline que j'avais précédemment rencontrés à Naplouse. Je fais la connaissance d'un français, professeur d'histoire-géographie. Au bout d'un moment, Saddam finit par nous rejoindre. Nous partons pour l'université où nous devons rencontrer certaines personnes. Celles-ci ne pouvant finalement pas se libérer, nous réglons les derniers détails par l'intermédiaire d'une secrétaire informée du projet. Je rentre ensuite à l'hôtel, je récupère quelques adresses mail et je repars pour Jénine.
Il est environ 14h30. Je prends un taxi jusqu'au check point de Beit Ibah. Jusque-là, pas de problème (mush mushkil). De nombreuses personnes attendent pour traverser le check point. En tant qu'international, je pourrais m'insérer dans la file "prioritaire" réservée aux femmes, enfants et handicapés. Je préfère me diriger vers la file des hommes où l'attente est plus longue et les contrôles plus rudes, afin de leur montrer mon soutien. J'attends une bonne heure. Les soldats font traverser les gens au compte-gouttes. Ils sont agressifs pour montrer leur autorité. Il y a une douzaine de soldats en tout. Ils annoncent que les gens de Jénine, Naplouse et Tulkarem et Qalqiliya ne sont pas autorisés à passer. Quelle honte ! La plupart des gens qui sont présents ici résident dans l'une de ces villes puisque c'est le check point obligatoire pour pouvoir y accéder.
Une fois de l'autre côté du check point, j'attends environ cinquante minutes avant que le taxi soit plein. Il fait très chaud, nous partons enfin. Sur la route, nous subissons de nombreux check point volants. Il y en a encore plus qu'à l'aller, et ils retiennent même les ambulances ! Nous avançons très lentement. Nous arrivons enfin à Jénine, il est 18h30. Quatre heures pour faire une quarantaine de kilomètres, pas mal.
Dimanche 15/07/07
Début de journée habituel, si ce n'est que je donne des cours de jonglerie à des tout petits. Dans l'après-midi, Youssef me confie qu'il est content de tout ce que je fais avec les enfants, et qu'il est ravi de voir les enfants constamment avec le sourire, chose qui n'est pas facile ici. Le soir, deux jeunes, Mahmoud et Odai, viennent me chercher et m'amènent faire une balade dans Jénine. Nous rencontrons également d'autres jeunes du Centre. Nous continuons la promenade et nous nous installons à la terrasse d'un salon de thé où nous buvons un verre en fumant un narghileh. Le premier de mon voyage, je suis content que ce soit à Jénine. Nous allons prendre une glace et nous rentrons.
Je dois préparer la leçon de français de demain, et relire quelques mots d'arabe car une jeune fille du Centre veut m'interroger demain.
Lundi 16/07/07
La journée se déroule comme à l’accoutumée, à ceci près que j’ai des nouvelles de Michel et qu’il arrivera demain dans la matinée. J’en suis très content et Youssef est aux anges. J’espère que Michel restera plusieurs jours. Une fille du Centre veut que j’aille manger chez elle un soir, peut-être demain mais je ne pense pas, car je ne voudrais pas laisser Michel tout seul pour son premier soir à Jénine.
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