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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Quelques mots sur le Droit au Retour

Par

Tom Pessah est diplômé de Sociologie à l'Université de Californie à Berkeley.

Qu'ils soient damnés, ces voisins !
C'est un mois d'août chaud et humide à Tel Aviv, et je n'ai aucune envie de quitter ma vieille chambre dans la maison de mes parents. Au cours de mes deux années d'études aux Etats-Unis, j'avais oublié à quel point le mois d'août était désagréable ici.
Rien que traverser la rue et j'aurai besoin d'une grosse douche quand je reviendrai.

Mais je ne peux pas rester ici, non plus. Il ya un horrible bruit à l'étage, des gens sont en train de percer des murs et ils font trembler toute la maison.

Au petit déjeuner, mon père se demandait si ce n'était pas la troisième fois que l'appartement était rénové en deux ans. Pour quoi faire? Pourquoi ont-ils acheté le lieu s'ils ne l'aiment tel qu'il est ? N'y a-t-il rien que nous puissions faire? Il suppose que non, c'est leur appartement, après tout.

C'est leur appartement, explique ma mère, mais pas le bâtiment. Nous louons tous le terrain sur lequel la maison a été construite.

A qui le louons-nous ?

Au Fonds National Juif.

Comme tout le monde : soit on leur loue, soit à l'Etat. Presque personne en Israël ne possède les terrains sur lequels sont construites leurs maisons.

"Et auprès de qui le Fonds National Juif les a-t'il obtenus ?" Je me le demande. Mes parents sont passés à des sujets plus agréables.

Mais je peux deviner la réponse : Je sais que les maisons d'un village palestinien, Sumeil, étaient situées juste à quelques pâtés de maisons au sud de celle de mes parents, jusqu'en 1948.
Et bien que j'ai toujours aimé penser : "C'est là où se trouvait le village", en fait, c'est seulement où se trouvaient les maisons. Les terres appartenaient aux villageois. Toutes les terres du pays étaient réparties entre ses habitants, aucune n'était vide. Et cette terre, celle sur laquelle la maison de mes parents est construite, devait leur appartenir.

J'ai grandi en Israël en pensant que j'étais de Gauche. Je suis allé à toutes les manifestations contre l'occupation. Le Ministère de la Défense est situé dans le centre de Tel Aviv, à quelques arrêts de bus. Vous pouvez également aller manifester et ensuite aller dans un café.

Alors, on y allait et on scandait les bons slogans : "ahat, shtaim, shalosh, arba ', teforak Kiryat Arba'" - "Un, deux, trois, quatre, démantelons Kiryat Arba" (l'un des plus célèbres colonies près d'Hébron/Al-Khalil).

S'installer sur les terres appartenant à d'autres gens est injuste, pensais-je, donc ce que nous devons, c'est déplacer les colons en Israël et alors nous aurons la paix. Et nous sommes allés scander ces slogans au même endroit, pendant le première Intifada, pendant les années d'Oslo, après le choc de l'assassinat de Rabin et à l'arrivée de Netanyahou, jusqu'au deuxième Intifada.


Ce fut à peu près à ce moment-là que j'ai rencontré des étudiants de Naplouse. La rencontre entre étudiants israéliens et palestiniens avait été organisée par Neve Shalom/Wahat al Salam, une communauté qui cherche à promouvoir la coexistence entre Juifs et Arabes.

Contrairement à d'autres groupes, leur idée n'était pas de nous aider à trouver des amis, pour réaliser que l'"Autre" n'était pas si mauvais, en vue de créer une croyance partagée dans une sorte de paix vague, insipide et apolitique. C'était tout à fait le contraire : ils ont tenté de nous pousser à affronter certaines des questions les plus difficiles, sans garantir qu'un accord serait trouvé.

Je m'étais plutôt bien débrouillé avec les étudiants palestiniens, en faisant étalage de ma tolérance soigneusement préparée, en me différençiant des colons, des autres Israéliens dans le groupe, des Israéliens en général : je pensais que j'étais simplement trop ouvert pour être comme eux. Et comme je comprenais un peu l'Arabe, donc j'ai pu écouter un peu les histoires des Palestiniens, au sujet des checkpoints qu'ils évitaient et des coups qu'ils avaient reçus, juste pour venir nous rencontrer.

Les organisateurs nous ont demandé de nous scinder en groupes pour discuter de certains des sujets les plus importants. Je voulais être dans le groupe de discussion sur le droit au retour. Nous, les Israéliens, sommes arrivés avec une proposition particulièrement tolérante : nous autoriserions une centaine de milliers de Palestiniens à revenir !
C'était bien plus que le reste du consensus israélien et nous avions l'impression d'être très généreux.

A notre grande surprise, les Palestiniens n'ont pas été surpris par notre grande largesse. Ils ont même semblé s'offusquer de nos propos concernant le fait de les autoriser à entrer dans notre pays !

Mais comment devait-on en parler, me demandais-je ? Quelle est leur solution ? Veulent-ils vraiment vivre parmi nous ? Mais comment est-ce possible ? Israël est un Etat juif, après tout. Que se passera-t-il pour nous, les Juifs ? Deviendrions-nous une minorité ?

Cinq ans se sont écoulés depuis. J'ai beaucoup appris, et j'ai eu la chance d'étudier à l'Université de Californie à Berkeley. Comme le dit un célèbre chanson israélienne, les choses que vous voyez d'ici, vous ne voyez pas de la même façon là-bas.
Cela me semble maintenant beaucoup plus simple : Palestine/Israël, ce n'est pas à moi de le donner. Les Palestiniens ont beaucoup plus le droit de le faire que moi.

Les anciens habitants de Sumeil n'ont pas besoin de ma grande générosité :

Ils ont besoin que je reconnaisse l'injustice qui a été commise à leur égard quand ils ont été expulsés de leurs foyers en 1948.

Ils ont besoin que je rappelle aux gens que la majeure partie d'Israël est construite sur des terres qui appartenaient à des Palestiniens.

Ils ont besoin que je les invite ainsi que leurs enfants à venir vivre avec nous. (ndt : malheureusement, cette phrase n'est pas une erreur de traduction !!*)

À Berkeley, je vis à deux blocs de certains de mes plus proches amis palestiniens. Cela pourrait se produire à Tel Aviv. Inch Allah.


NOTE DE L'ISM :

*Bien que ce texte montre l'évolution dans la position d'un jeune colon sioniste de "Gauche", il ne peut s'empêcher de dire que c'est à lui d'inviter les Palestiniens à venir vivre dans leur pays !!

Source : http://a-rab.net/

Traduction : MG pour ISM

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