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Palestine - 10 novembre 2007
Par Khaled Amayreh
Peu de temps après avoir été élu comme successeur de feu le dirigeant palestinien Yasser Arafat en janvier 2005, le Président de l'Autorité Palestinien Mahmoud Abbas, également connu sous le nom d'Abu Mazen, s'était engagé à sauvegarder les droits humains et nationaux du peuple palestinien. Cependant, presque trois ans plus tard, il est clair qu'Abbas a complètement failli à ses engagements.
Au niveau national, Abbas a commis une série de bévues impardonnables, suffisantes d'un point de vue légal pour justifier sa démission.
Abbas est allé à l'encontre de la loi constitutionnelle palestinienne lorsqu'il a créé un gouvernement anticonstitutionnel à Ramallah en dehors du cercle de la légitimité législative et juridique palestinienne.
Ce gouvernement, comme chaque Palestinien le sait au plus profond de son cœur, rend des comptes à Israël et à l'administration américaine, qui est, elle aussi, aux ordres d'Israël.
Le problème ne s'est pas arrêté là. Ce gouvernement a commis chaque violation imaginable des droits humains, civils et nationaux de notre peuple, y compris le meurtre, l'arrestation et la détention prolongées sans accusation ni procès, la torture physique et psychologique, le licenciement pour raisons politiques et idéologiques, la promulgation de lois et d'arrêtés en violation de la Législation Fondamentale et la fermeture d'organisations caritatives et non gouvernementales sur des justifications fallacieuses.
En bref, la situation des droits de l'homme, des libertés civiques et de l'autorité de la loi, en Cisjordanie , est aujourd'hui pire que jamais depuis 1967, à cause de ce gouvernement factice.
Dans certains cas, des gens totalement innocents ont été tués en plein jour et ces meurtres n'ont rencontré que l'apathie totale d'Abbas et de son Premier Ministre Salam Fayyadh. En fin de compte, la réaction irresponsable du gouvernement aux attaques flagrantes contre les droits, la dignité et la propriété des citoyens a encouragé l'anarchie et le chaos puisque les gens ont eu recours au système clanique pour se protéger contre l'arrestation arbitraire, les mauvais traitements et la torture.
L'abus de gouvernement partout en Cisjordanie a atteint des niveaux sans précédent lorsque des milliers de partisans du Fatah ont été recrutés, y compris des étudiants, pour travailler comme informateurs, policiers secrets et brutes de rues et qu'ils ont harcelé, mouchardé, arrêté, battu et torturé d'autres palestiniens, par exemple les militants et sympathisants pro-Hamas.
Quelle sorte de gouvernement agirait ainsi, créant la division et la méfiance au sein de notre société ? Est-ce qu'il n'y a pas suffisamment de collaborateurs et d'informateurs d'Israël ?
Abbas justifierait probablement toutes ces violations et ces exactions par le mantra du "coup d'état sanglant" du Hamas à Gaza.
Bon, je ne connais pas beaucoup de Palestiniens, dont des membres du Hamas, qui soient fans de ce qui s'est passé à Gaza.
Mais Abbas lui-même devrait se rappeler qu'il en porte une énorme responsabilité. Sous son nez, et probablement sous sa supervision, l'homme de l'Amérique, Muhammed Dahlan, sur qui George Bush ne tarissait pas d'éloges, a cherché à transformer la Bande de Gaza en mini-république de la CIA, encourageant la terreur et l'anarchie et le meurtre dans chaque rue, chaque quartier et chaque maison partout dans la Bande.
Abbas savait très bien ce qui se passait, mais il s'est tu et n'a jamais pris la peine de dire aux Palestiniens pourquoi la Bande de Gaza était inondée, chargement après chargement, d'armes américaines.
Evidemment, qu'aurait-il fait lui-même, et comment aurait-il agi, à voir les collabos locaux d'une puissance étrangère hostile affûter leurs couteaux, attendant le moment propice pour sauter sur le Hamas et le décapiter une bonne fois pour toutes ?
Mais les péchés d'Abbas vont au-delà de la confrontation avec le Hamas. Lors de son élection à la Présidence de l'Autorité Palestinienne, et en maintes autres occasions, Abbas s'est engagé à coller aux constantes nationales palestiniennes, dont des lignes rouges acceptées nationalement comme le retrait israélien total des territoires occupés en 1967 et un juste règlement du calvaire des réfugiés palestiniennes selon la résolution 194 des Nations Unies.
Aujourd'hui, le Président de l'Autorité Palestinienne semble revenir sur les deux. Au sujet du retrait israélien exigé, Abbas montre maintenant une certaine bonne volonté à troquer les colonies juives illégales à l'intérieur de Jérusalem Est, comme Maale Adumim, contre quelques arpents sablonneux et sans vie dans le désert du Néguev. Oui, la Jérusalem dorée contre du sable !!
Et, au sujet du calvaire des réfugiés, le problème palestinien suprême et le plus sensible, Abu Mazen a en fait chargé Yaser Abed Rabbo de s'occuper de la question. Le même Abed Rabbo qui, il y a quelques années, était arrivé à une "compréhension" avec le chef du Meretz Yossi Belen, selon laquelle les cinq millions de réfugiés palestiniens déracinés de leurs maisons et de leurs villages en 1948 pouvaient dire au-revoir à leur "droit au retour", en échange d'un "Etat" déformé, tronqué et déconnecté en Cisjordanie .
Et comme si la trahison n'était pas suffisante, Abbas et consorts, des gens comme Sa'eb Ereikat, Nabil Amr et autres, creusent le sillon en direction de la grande braderie.
Selon les derniers rapports en provenance de la cour d'Abbas à Ramallah, le Président de l'Autorité Palestinienne a accepté que la mise en œuvre de la "feuille de route" conçue par Israël et adoptée par les USA soit considérée comme l'application des résolutions 242 et 338 des Nations Unies.
Le même Abbas qui, il y a seulement quelques semaines, jurait qu'il ne participerait pas à la prochaine conférence d'Annapolis, Maryland, à moins qu'Israël n'accepte un calendrier pour une solution de statut final au conflit avec Israël.
Il ne fait aucun doute qu'Abbas humilie et insulte des millions de Palestiniens en succombant aux diktats israéliens.
Le peuple palestinien, après tout, n'a jamais autorisé Abbas à se comporter et à agir comme il le fait.
Et il devrait se rendre compte qu'un dirigeant ne vaut que par le soutien de son propre peuple, peu importe sa popularité parmi ses ennemis.
Dans tous les cas, Abbas, les Américains et les Israéliens doivent être sûrs d'une chose : tout accord entre Abbas et Israël ne vaudra rien s'il ne jouit pas du soutien d'une majorité de Palestiniens.
Source : Palestine Info
Traduction : MR pour ISM
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