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Cisjordanie - 22 septembre 2004
Par Lorna
Une des femmes qui nous a accueilli dimanche soir m’a parle de son expérience d’étudiante à l’Université de Naplouse. C’est tellement difficile de passer les checkpoints que les gens passent à travers les collines.
Une nuit précédant son examen, elle portait ses livres et ses papiers et, comme il n’y avait pas de lumière, c’était difficile de voir s’il y avait un soldat endormi ou un groupe de soldats – et là, elle a été arrêtée et a dû sortir tous les documents de son sac.
"Je sais que j’ai appris beaucoup de choses…"
Après deux jours de formation intense avec l’International Solidarity Movement (ISM) j’ai rejoint la Marche de l’Eté de la Liberté avec des Palestiniens, des Israéliens et des internationaux le long du mur de l’Apartheid.
Dimanche après-midi nous nous sommes joints à la manifestation et sommes arrivés au check point de Beit Amin, où nous avons été témoins de l’arrestation de 15 Palestiniens dans un champ sur le bord de la route.
Nous avons demandé aux soldats pourquoi et pour combien de temps et nous avons demandé qu’ils leur rendent leur carte d’identité et les laissent partir. Des Palestiniens qui s’approchaient pour nous accueillir en provenance du village voisin ont été stoppés par les soldats.
Nous avons dit aux jeunes soldats que nous continuerions notre route quand ils relâcheraient les Palestiniens. Comme nous chantions et scandions des slogans, les soldats ont soudain attrapé et bousculé des membres de l’ISM et nous nous sommes rapidement entassés les uns sur les autres pour nous accrocher à ceux qui étaient trainés.
Quatre personnes ont été empoignées, trois sont retournées vers le groupe et une a été arrêtée (les soldats ne n’ont pas le droit légalement de le faire, ce doit être la police ; mais comme on le voit et on le comprend vite en Palestine que les droits de l’homme et les lois comptent peu.)
En tant qu’internationaux nous avions le privilège de proférer des insultes tandis que les Palestiniens ont été insultés et dans ce cas, il vaut toujours mieux que ce soit nous qui soyons arrêtés plutôt que les Palestiniens.
Nous avons continué de demander à ce que les Palestiniens et les internationaux arrêtés soient relâchés et ils ont continué à nous dire que nous avions cinq minutes pour déguerpir.
Nous nous sommes assis, nos bras enlacés, nous préparant à recevoir du gaz lacrymogène et des bombes assourdissantes tandis que les soldats s’éloignaient de nous.
Après avoir été retenus au checkpoint pendant peut-être une heure et demi, tous les Palestiniens sauf un ont été relâchés avec leur carte d’identité (celui qui restait a été emmené – les soldats nous ont dit qu’ils allaient le raccompagner, mais nos négociateurs n’ont pas pu obtenir le nom et le numéro de carte d’identité de cet homme)
Deux d’entre eux étaient arrêtés depuis la veille au matin. Ils ont déclaré que, comme d’habitude, 100 personnes sont arrêtées en même temps et ils pensent que comme l’armée connaissait notre chemin, elle en limite le nombre et fait passer les gens plus rapidement par le check point.
Les locaux partent au travail à 5 h mais ils sont régulièrement détenus jusqu’à midi – l’impact économique, social et psychologique de l’occupation est écoeurant. . Je n’ai pas de mots pour en parler.
Les villageois d’Azzun Atma (le village voisin que nous avons traversé) ont été emprisonnés jusqu’à ce qu’ils aient signé un document indiquant que leur terre ne leur appartenait pas.
Le mur est en train de séparer les Palestiniens des Palestiniens, les communautés et les familles seront séparéës, une énorme surface de terre est confisquée, et des milliers d’oliviers ont déjà été détruits.
La Cour Internationale de Justice a déclaré le mur illégal mais pour les occupants et les oppresseurs de la Palestine ça ne compte pas.
Si le mur a quelque rapport avec la sécurité israélienne alors pourquoi n’est-il pas sur (ce qui est considéré comme) la terre israélienne ?
Une des femmes qui nous a accueilli dimanche soir m’a parle de son expérience d’étudiante à l’Université de Naplouse. C’est tellement difficile de passer les checkpoints que les gens passent à travers les collines.
Une nuit précédant son examen, elle portait ses livres et ses papiers et, comme il n’y avait pas de lumière, c’était difficile de voir s’il y avait un soldat endormi ou un groupe de soldats – et là, elle a été arrêtée et a dû sortir tous les documents de son sac.
Elle explique qu’elle avait un examen et qu’elle devait passer mais ils ne l’ont pas autorisée. Elle est maintenant diplômée et enseignante en math. et sciences.
La manifestation longe maintenant le tracé du mur pas encore construit. Les fermiers du village et des villes nous montrent comment le mur va déchirer leur terre.
Les gens se sentent encouragés et pleins de force grâce à notre présence dans leur lutte et la générosité de leur hospitalité est étonnante.
Lundi nous avons marché pendant neuf heures avec, de temps à autre, les soldats qui nous bloquaient la route avant de nous laisser passer, ou de nous faire faire demi tour - faisant naître l’hostilité générale, ce qui est évidemment si frustrant à la longue pour les Palestiniens.
Nous avons été rejoints par beaucoup de sœurs musulmanes et de groupes de femmes pour la paix et c’était formidable de marcher , de parler, et de manifester avec elles.
Aujourd’hui j’ai passé un peu de temps avec Save the Children Summer Camp (camp de vacances américain pour les 6-12 ans).
Les enfants sont rodés aux slogans et aux applaudissements qu’ils pratiquent en raison de leur envie de retourner sur leur terre et de leur espoir, de leur force et des questions qu’ils se posent sur leur enfance et la paix.
Tous les jours, ils ont une heure de ce qui est appelé (Curriculum) Based Intervention (CBI) développé à l’université de Boston. Nous avons vu les enfants dans une pièce créative et collective, qui utilise la relaxation, la visualisation, l’art et le mouvement. Après la visualisation on leur a demandé de dessiner ce qu’ils avaient vu. Pas un d’entre eux n’a jamais vu la mer et presque tous les dessins représentaient la mer ou des rivières, - ils rêvent d’y aller un jour.
Aussi pour moi, ma première impression est celle d’un peuple fort qui a la détermination de rester dans ce qui lui reste de terre en dépit de toutes les pressions pour qu’il en parte.
D’un peuple qui, comme moi, se bat pour imaginer comment la situation peut changer alors que les Etats-Unis sont derrière le projet israélien sioniste.
Un peuple qui essaie de garder l’espoir après 56 ans d’occupation. (Depuis que nous, anglais, avons donné leur terre à un autre peuple)
Encore merci pour votre soutien
Paix
Lorna
Depuis que je vous ai envoyé mon dernier mail de Deir Ballut, nous avons continué nos manifestations dans les villes et les villages de Cisjordanie .
Nous marchons sur des chemins chauds, poussiéreux, caillouteux, sur une terre superbe où nous ramassions des figues, du raisin et des fruits de cactus (…)
Nous sommes accueillis comme des Palestiniens et les communautés espèrent que le monde connaîtra la vérité et les rejoindra dans leur combat pour la paix, la justice et la liberté.
J’ai été choquée de voir les cartes montrant l’étendue des colonies illégales israéliennes. 40% de la Cisjordanie dépassent les frontières palestiniennes.
Les colonies ont des routes pour Israéliens seulement et entourées de « zones de sécurité ». Les colons sont connus pour leur fondamentalisme extrémiste et leur violence (ils ont souvent des fusils avec eux)
Ils dominent du haut des collines les secteurs palestiniens que nous visitons.
Ils prennent l’eau (pour leurs piscines et leurs systèmes d’arrosage) et ils la revendent aux palestiniens (à Deir Ballut, elle coûte presque vingt fois plus que les colons la paient)
Leurs eaux usées polluent les installations d’eau palestinienne. Les enfants des colons fréquentent des écoles et des collèges séparés escortés par l’armée tandis que les Palestiniens sont empêchés de développer leurs capacités éducatives, leur potentiel touristique, leurs systèmes d’évacuation des eaux usées…
Il y a 380000 Israéliens dans les colonies de Cisjordanie , dont l’établissement et l’expansion ont été jugés illégaux par le Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Les colonies violent les droits à l’auto détermination, à l’égalité, au logement, au travail, à un niveau de vie correct, et à la liberté de circuler.
"La Puissance occupante ne pourra procéder à la déportation ou au transfert d'une partie de sa propre population civile dans le territoire occupé par elle." - Article 49 de la Quatrième Convention de Genève de 1949
Israël a créé dans les Territoires Occupés un régime de séparation basé sur la discrimination, appliquant deux systèmes séparés de loi dans la même région, basant les droits des individus sur leur nationalité.
Les changements drastiques qu’Israël a opérés sur la carte de Cisjordanie empêchent toute possibilité réelle d’établir un état palestinien indépendant et viable autorisant le droit des Palestiniens à l’autodétermination.
Voir ces cartes et l’impact des colonies sur la vie des Palestiniens est terriblement décourageant – si on réfléchit à la manière dont ils tuent les possibilités de paix… le sentiment d’injustice vous envahit.
C’est l’essentiel de ce que je veux partager. Je resterai en contact
Je vous aime
Lorna
Source : www.palsolidarity.org/
Traduction : CS pour ISM-France
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