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ISM France - Archives 2001-2021

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Grande Bretagne -

Dissuader ceux qui dissuadent

Par

Jonathan Power est spécialiste des affaires étrangères.

Plus l’armement nucléaire se répand et plus augmentent les risques qu’il soit utilisé augmentent. C’est pourquoi persuader l’Iran de renoncer à l’arme nucléaire est un objectif louable. Mais l’insistance là dessus des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France est hypocrite.
Où est la source de la menace qui fait de l’Iran, pays qui n’a jamais déclaré de guerre en deux cents ans, un pays si inquiet qu’il doit maintenant s’embarquer dans le nucléaire ?

Plus l’armement nucléaire se répand et plus augmentent les risques qu’il soit utilisé augmentent. C’est pourquoi persuader l’Iran de renoncer à l’arme nucléaire est un objectif louable. Mais l’insistance là dessus des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France est hypocrite.

Ces puissances occidentales ont soutenu avec conviction pendant des décennies que la dissuasion nucléaire pouvait garantir la paix – et elles-mêmes continuent de maintenir leurs arsenal nucléaire bien après la fin de la guerre froide. Alors pourquoi l’Iran qui est dans l’une des régions du monde les plus dangereuses, n’aurait pas non plus d’arme dissuasive ?


Où est la source de la menace qui fait de l’Iran, pays qui n’a jamais déclaré de guerre en deux cents ans, un pays si inquiet qu’il doit maintenant s’embarquer dans le nucléaire ?

Si la première raison est l’Irak de Saddam Hussein, avec ses ambitions nucléaires, l’autre raison est certainement Israël, le pays que les extrémistes des Etats-Unis encouragent à monter une frappe préventive contre l’industrie nucléaire de l’Iran avant qu’il ne produise de bombes.

Les Etats-Unis refusent de reconnaître officiellement qu’Israël détient les armes nucléaires même si les plus hauts responsables vous disent en privé que qu’il détient 200 têtes nucléaires. Tant que le problème ne sera pas ouvertement posé, l’Amérique, la Grande Bretagne et la France perdront sans doute leur temps à vouloir persuader l’Iran de renoncer aux armes nucléaires.

On présuppose qu’Israël vit dans un environnement encore plus dangereux que l’Iran.On dit que c’est une nation menacée en permanence d’être éliminée par la puissance combinée de ses adversaires arabes.

Pourtant rien ne prouve que les états arabes ont investi dans les ressources financières et humaines nécessaires pour combattre dans un type de guerre qui serait catastrophique pour Israël. Et rien ne prouve que les armes nucléaires d’Israël aient dissuadé les Arabes de limiter les guerres ou aient empêché l’Intifada palestinienne et les attentats suicides.

Ni que les armes nucléaires d’Israël aient influencé l’attitude des Arabes à l’égard de la paix. Lors de la guerre de 1973 contre Israël et en 1991 lors de la guerre du Golf, leur capacité de dissuasion a clairement échoué. Les Arabes savaient comme les nord vietnamiens le savaient lors de la Guerre du Vietnam, que leurs adversaires n’oseraient pas utiliser leurs armes nucléaires.

Les Israéliens disent qu’ils ont besoin des armes nucléaires pour le jour où l’Egypte et la Syrie saisiraient l’occasion qu’Israël baisse la garde, et reprendraient leur vieille position d’hostilité totale et attaquerait Israël.

Mais comme Zeev Maoz l’a affirmé dans le journal international de la Sécurité, ces pays ont continué à respecter les obligations de leur accord de paix avec Israël.

L’Egypte n’a pas violé son traité de paix avec Israël quand Israël a attaqué la Syrie et le Liban en 1982. La Syrie n’a pas violé le traité de retrait de 1974 quand la seconde Intifada a éclaté en septembre 2000.


Depuis son traité de paix de 1979 avec Israël, l’Egypte a réduit sa défense, passant de 22% de son produit intérieur national brut de 1974 en matière de défense à à simplement 2,75% en 2002. La Syrie est passée de 26% à 6,7%. Les dépenses combinées de l’Egypte, de la Syrie, de la Jordanie et du Liban ne représentent que 58% de celles d’Israël. Ce sont les Arabes qui pourraient s’inquiéter du pouvoir d’Israël plutôt que l’inverse.


Les armes nucléaires d’Israël sont politiquement inutilisables et militairement hors de propos étant donné la vraie menace à laquelle il fait face. Mais elles ont été très efficaces pour autoriser l’Inde, le Pakistan, la Lybie, l’Afrique du Sud, le Brésil, l’Argentine et la Corée du Nord et maintenant l’Iran à considérer qu’ils ont de bonnes raisons pour construire leur dissuasion nucléaire.


Quatre de ces nations ont démantelé leurs industries d’armes nucléaires ce qui montre que les politiques nucléaires ne sont pas gravées dans le marbre. La façon de négocier avec l’Iran c’est de prouver à son leadership que les armes nucléaires n’ajouteront rien à sa sécurité, exactement comme ça n’a rien ajouté à celle d’Israël.


Cette manière réclame une énorme négociation ce qui signifierait que les Etats-Unis proposent un pacte de non agression mutuelle, en terminent avec son embargo sur l’accès au Fond Monétaire International et autorisent les investissements américains en Iran. Ce qui signifierait aussi que l’Amérique devienne claire quant à l’arsenal nucléaire d’Israël et fasse pression sur Israël pour qu’ils renoncent à sa force dissuasive nucléaire.


Si les pouvoirs occidentaux veulent prendre le taureau par les cornes concernant la prolifération nucléaire, ils doivent maîtriser l’arbre entier et pas seulement une feuille.

Source : International Herald Tribune

Traduction : CS pour ISM-France

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