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Jérusalem -

Refus d'entrée : une autre étape du processus de nettoyage ethnique de Jérusalem

Par

Entretien réalisé par téléphone par Kristen Ess, en exclusivité pour PNN.

Ziad Sad est l'un des millions de Palestiniens vivant maintenant en diaspora. C'est un habitant de Jérusalem actuellement interdit d'entrée dans son propre pays et sa propre ville. Pour être exact, il est aux Etats Unis, à San Francisco, Californie. Il est séparé de sa femme et de leurs deux enfants.

Refus d'entrée : une autre étape du processus de nettoyage ethnique de Jérusalem


Depuis la Cisjordanie occupée, PNN a discuté avec Sad à 2h du matin (PST).

"Merci beaucoup pour cet entretien. Mes problèmes ont commencé en 2005, lorsque je suis allé au Consulat d'Israël à San Francisco, Californie, et là, au Consulat, ils ont confisqué mon document de voyage israélien et m'ont demandé de quitter immédiatement le Consulat."

"J'ai dit, 'je viens renouveler mes papiers, ou demander des extensions' ; mais ils m'ont répondu, 'non, nous avons reçu des ordres du Ministère de l'Intérieur israélien de confisquer ces papiers et de ne pas vous les rendre."

"Ca m'a mis en colère, et j'ai décidé de rester dans le Consulat jusqu'à ce qu'ils me les rendent. Les gens du Consulat m'ont dit, 'Non, nous ne vous les rendrons pas, et si vous ne partez pas tout de suite, nous vous accuserons de terrorisme. Nous appellerons le FBI et ils vous jetteront en prison.' J'ai eu peur et je suis parti, et c'est comme ça [la confiscation de mon Document de Voyage] que j'ai perdu mon droit de résidence à Jérusalem."

"J'ai pensé néanmoins que si je pouvais obtenir la citoyenneté américaine, que je n'ai pas pour le moment, en tant que citoyen des Etats Unis, je serai en mesure de revenir chez moi à Jérusalem et de voir ma famille. J'ai attendu 2008, lorsque je suis devenu citoyen US, et j'ai pris immédiatement un avion pour Amman, Jordanie ; de là je suis allé au carrefour frontalier du Jourdain, au point Sheikh Hussein. Je suis entré en Israël, et j'ai subi des vérifications sécuritaires très humiliantes, plus humiliantes même que n'importe quelle autre inspection par le passé."

Le Pont Sheik Hussein est utilisé par les étrangers et les voyageurs qui ont un passeport israélien, mais pour ceux qui ne sont pas Israéliens, par rapport à ceux qui sont titulaires de passeports israéliens mais sont Palestiniens, la réalité est très différente.

L'expérience de Sad fut horrible. Il a décrit quelques-unes des mesures sécuritaires qu'il a dû subir, mais n'a pas voulu en donner les détails exacts, parce que, comme il le dit, "c'était trop humiliant". Mais il a quand même expliqué comment s'est passé sa tentative de revenir chez lui.

"C'était la première fois que je rentrais avec un passeport US. Je pensais que je serais mieux traité, avec ce passeport, que je ne l'ai été par le passé, mais je me trompais. J'ai subi un traitement encore plus humiliant ; c'était comme si les Israéliens me considéraient toujours comme un Palestinien. Peu importe quels papiers étrangers j'ai, ils me voient comme un Palestinien."

Beaucoup d'études de cas et de témoignages montrent clairement que "c'est un crime d'être palestinien."

Sad continue. "Ils vous passent une machine le long de mon corps, ça arrive à tout le monde, bien sûr, mais cette fois, ils ont appuyé très fort sur les parties sensibles de mon corps. Je leur ai demandé d'arrêter, mais ils ont dit, 'nous devons le faire, si ça ne vous plaît pas, nous vous renvoyons en Jordanie.'"

"J'ai dit, 'je veux aller voir ma famille, et vous n'avez pas à appuyer sur mon corps de cette façon', et ils m'ont répondu, 'si vous n'aimez pas ça, repartez en Jordanie.' Ils ont fait ce qu'ils ont fait, puis ils m'ont donné un visa de visite d'une semaine pour aller voir ma famille."

La plupart des gens obtiennent un visa de trois mois à ce carrefour frontalier particulier, mais on ne leur met pas, de force, des objets étrangers dans le corps.

Comme expliqué plus haut, le passage est utilisé par les étrangers, les Juifs et les Palestiniens détenteurs de passeports israéliens. Les autres Palestiniens n'ont qu'une seule option pour entrer en Cisjordanie : c'est le Carrefour King Hussein, appelé également Pont Allenby, qui n'est qu'à une demi-heure d'Amman, Jordanie, et a juste cinq minutes de Jéricho, à l'est de la Cisjordanie . Mais le temps que cela prend est loin d'être court.

Pour les Palestiniens le processus d'entrée ou de sortie, sous contrôle israélien, dure du matin à la nuit. Des témoins ont rapporté avoir passé des heures, assis dans des autobus surchauffés, sans être autorisés à en descendre, et d'autres heures a être interrogés par les forces israéliennes, ou n'ayant aucune idée de ce qui les attend une fois que le soldat israélien a pris leurs papiers d'identité et leur a dit, "Attendez". Sad est passé par le carrefour nord, Sheikh Hussein, à cause de son passeport US. Pour lui, les démarches n'ont pas été plus simples, comme il continue à les décrire.

"En réalité, ils ont mis un tampon 'visa de trois mois' sur mon passeport, mais ils l'ont effacé pour écrire à la place 'une semaine'. De toutes façons, pendant l'inspection de sécurité, ils m'ont volé. Ils ont pris 500 US$, dans une veste qui se trouvait dans ma valise. Dès que je suis entré en Israël, je suis allé au poste de police et j'ai raconté l'incident. J'ai une copie du rapport de police montrant qu'ils m'ont volé 500 US$."

"Je suis resté avec ma famille pendant sept jours et j'ai décidé de ne pas dépasser la durée de mon visa, parce que je ne voulais pas me priver de la possibilité de revenir. Je savais que si je débordais ne serait-ce que d'un seul jour, ils ne me laisseraient plus revenir. J'ai décidé de partir le septième jour et de rester deux jours à Amman, puis d'essayer de revenir. J'espérais que la deuxième fois, en étant gentil avec eux, en d'autres termes en les suppliant, ils me donneraient un visa de séjour plus long."

"Je suis donc allé deux jours à Amman, puis je suis revenu au Pont, et j'ai subi à nouveau les mêmes choses – les vérifications de sécurité et tout ça, puis ils m'ont fait attendre pendant quelques heures, puis ils sont venus me dire qu'ils avaient des ordres du Ministère de l'Intérieur de ne pas me laisser entrer en Israël."

"J'ai demandé pourquoi, et ils m'ont dit qu'ils ne savaient pas. Ils ont dit, 'C'est un ordre et vous devez partir maintenant.' Ils m'ont accompagné à l'autobus qui m'a ramené du côté jordanien de la frontière. Je me suis senti très déprimé, j'étais bouleversé, et j'ai réalisé combien la vie est injuste. A l'époque, il y avait un programme à la télévision sur les efforts d'Israël pour faire venir davantage d'immigrants juifs en Israël. Ils font venir des gens qui n'ont aucun lien avec la Palestine ou Israël, ils encouragent ces gens en leur donnant des milliers de dollars pour les convaincre de quitter leur travail, leur vie et leur pays et de venir en Israël."

"De l'autre côté, il y a des individus comme moi. Leur capitale – comme ils l'appellent, est Jérusalem. Et les gens de cette capitale sont chassés, nettoyés, simplement parce qu'ils ne sont pas juifs. Les Israéliens se nomment eux-mêmes "un oasis de démocratie" au Moyen Orient. C'est ridicule, c'est une honte qu'ils se qualifient de démocratie au Moyen Orient."

Ziad Sad est aux USA, natif de Jérusalem, et l'un des milliers d'habitants de Jérusalem qui ont été ethniquement nettoyés de la capitale de la Palestine. Selon la législation internationale, ce que font les Israéliens à Jérusalem est illégal, et c'est bien connu de tout ceux qui ont étudié les lois ou qui ont vu la situation ici. Les résolutions des Nations Unies condamnent ces pratiques ; cependant, encore faut-il que les Israéliens en tiennent compte.

La femme de Sad a essayé de venir retrouver son mari à Amman après que les Israéliens l'aient obligé à repartir en Jordanie.

"Quand ma femme a réalisé que je ne pourrais pas revenir habiter avec elle et nos enfants à Jérusalem, elle a décidé au moins de venir me voir et de me rejoindre à Amman. Mais lorsqu'elle est arrivée au Pont, les forces israéliennes lui ont dit qu'ils savaient qu'elle avait l'intention de venir me rejoindre, et ils lui ont donné deux options. Ils ont dit, 'soit tu viens avec vos enfants et tu abandonnes ta vie à Jérusalem pour toujours, soit tu ne traverses pas aujourd'hui et tu repars à Jérusalem.'"

"Ma femme était très inquiète au sujet de son droit de résidence et de sa vie à Jérusalem ; toute notre famille y vit, c'est là qu'est notre maison. Oui, je suis maintenant citoyen américain, mais mon véritable lien, c'est avec Jérusalem, pas avec les Etats-Unis ou aucun autre pays au monde. Ma femme m'a dit qu'elle avait réfléchi sur ce qu'elle devait faire, et elle a décidé de rentrer à Jérusalem."

"Alors maintenant, nous sommes séparés. Elle est à Jérusalem et ne peut pas en partir sans perdre son droit à résidence, et je suis en Amérique et je ne peux pas aller en Israël. Alors la famille est séparée. Je ne sais pas quelle sera la solution. J'aime ma femme et j'aime mes gamins – nous avons besoin d'être ensemble, mais cela semble impossible dans le futur proche."

"J'en appelle à ceux qui liront cette histoire, s'il vous plaît, faites quelque chose pour nous aider, moi et ma famille."

Voilà ce qu'est l'occupation israélienne. PNN remercie sincèrement Ziad Sad de nous avoir raconté son histoire et nous espérons que son Droit au Retour, comme statué par la Résolution 194 des Nations Unies, vers sa famille et sa maison à Jérusalem, la capitale du futur Etat palestinien, se réalise un jour.

Source : Palestine News Network

Traduction : MR pour ISM

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