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Israël - 6 mai 2007
Par Nadia
Extraits du journal de Nadia, le 3 mai 2007
Ce qui m'est arrivé hier est quelque chose je ne pouvais pas imaginer, non pas parce que je n'avais pas pensé que je pourrais être refusée d'entrer en Israel.
Il y a toujours un rique d'être interrogée, mais pas de la façon dont ils l'ont fait.
J’ai atterri à Tel Aviv à 7 heures du matin, j’ai donné mon passeport au contrôle. Moins de deux minutes plus tard, trois hommes sont arrivés, en disant qu’ils attendaient mon arrivée.
Ils m’ont emmenée dans une grande pièce avec mes affaires où plus de vingt personnes sont commencé à tout vérifier.
D'abord, ils ont pris mon téléphone portable et ils ont noté chaque numéro de téléphone et chaque nom qui y étaient enregistrés, ils ont vérifié mes SMS ainsi que mes derniers appels envoyés ou reçus, puis ils ont regardé les photos dans mon appareil-photo.
Après ça, ils ont contrêlé mon corps, mes vêtements, mes cheveux, mes oreilles, même mes ongles.
Un type s'est présenté comme étant Sami (je ne me souviens pas de son nom).
"Je suis Sami, du Ministère de la Défense, j'attendais votre arrivée depuis quelques jours, je vais travailler sur vous aujourd’hui, nous allons tout mettre sur la table.
Je vais être dur parce que je ne suis pas une personne sympa.
Je suppose que c’est pour ça qu’on m’a choisi. Vous êtes quelqu'un de spécial, Nadia, et nous aurons le meilleur système de sécurité. Si tu collabores avec nous, nous t’aiderons."
Sami m’a emmenée dans une pièce très loin du principal centre de l’aéroport. Le bureau avait le logo du Ministère de la Défense. Une femme était avec nous en permanence (selon lui, c’était pour que je me sente plus à l’aise.
Il m’a dit : "Je sais que les filles arabes ne veulent pas rester seules avec un homme. Nous vous respectons, ne vous inquiétez pas."
Avant toute chose, il a pris plusieurs photos de moi, puis il a ouvert un fichier dans son ordinateur. Il a commencé par m’interroger au sujet de ma famille, les numéros de téléphone, les professions, le nombre d’enfants, les adresses, tout.
Il a fait une copie de ma carte de crédit, en disant qu’il devait vérifier les précédents utilisations, puis il a fait des copies de ma carte d’identité, de mon permis de conduire, des photos de ma famille, tout en écrivant qui était qui.
Après tout ça, il a commencé Ã me poser d'autres questions :
"Je ne suis pas là pour vérifier ce que vous avez fait à Naplouse, ou si vous y avez travaillé ou non, si vous y avez séjourné au-delà de la durée autorisée, si vous y avez fait quelque chose d'illégal. Il y a des gens qu travaillent déjà là -dessus. Mon travail, c’est de vérifier si VOUS AVEZ ETE IMPLIQUEE DANS DES ACTIONS TERRORISTES.
Pour ça, nous avons besoin de vérifier les gens avec qui vous êtes en relation, parce que NOUS SAVONS que vous connaissez 5 personnes, des terroristes, les pires ici. Nous savons qu'ils sont vos proches amis. Si vous ne nous donnez pas leurs noms (malgré le fait que nous les ayons déjà ), vous n'entrerez pas en Israël. Si vous collaborez avec nous, nous t'aiderons, Nadia,
Alors, ça a commencé.
Il a commencé avec les gens enregistrés dans mon portable, un par un, les 163 numéros.
"Qui est-ce, comment avez-vous rencontré cette personne, êtes-vous en contact avec lui, etc. ?"
Il a vérifié sur son ordinateur toutes les personnes enregistrées dans mon portable (les numéros de téléphone palestiniens et jordaniens) et la photo de chaque personne apparaissait sur l'écran de son ordinateur.
J'ai vu la photo de Sam, la photo d’Anita, la photo de Yusra, la photo de Sumaida.
À un moment, il m'a interrogé sur des gens à Balata et au Camp d’Askar, des gens que j’étais supposée connaître, donc il attendait que je les mentionne.
Il m’a dit qu’il faisait des contrêles sur moi depuis des mois.
"De nombreuses personnes que vous connaissez à Naplouse ont été interrogées, et presque tous ont donné les cinq même noms que nous recherchons, en disant que vous êtiez l'une de leurs amis très proches.
Beaucoup de gens à Naplouse vous connaissent, Nadia, et nous les avons tous contactés. Maintenant, vous devez commencer à parler."
Je ne savais pas qui ils recherchaient, comme vous pouvez l'imaginer.
Le type a ensuite appelé quelqu'un au téléphone en lui demandant d'autres choses, et tout de suite, de nouvelles personnes sont apparues sur son ordinateur.
Il m'a ensuite interrogé au sujet de ces personnes mais je ne connaissais pas la majorité d'entre elles.
Cependant, je connaissais certaines d'entre elles et leurs numéros étaient dans mon portable.
Je lui ai répondu que je ne pouvais pas être blâmée pour des choses que d’autres ont fait ou pas fait, que je ne savais pas de quoi il parlait.
Il a continué en disant que je ne lui disais pas la vérité, parce que lui, il connaissait la vérité et que je ne serais plus jamais autorisée à entrer en Israël si je ne collaborais pas avec lui en lui fournissant plus de détails.
Il a à nouveau vérifié mon portable et il m’a demandé pourquoi sur les 163 numéros de téléphone, je n’avais que 13 numéros de gens en Jordanie et que tous les autres étaient des Palestiniens.
"Comment se fait-il que vous, Nadia, une jeune femme élégante, jolie, séduisante, vous n'ayez pas plus de relations avec des gens en Jordanie ?
Qu'avez-vous l'intention de faire, pourquoi insistez-vous à entrer en Israël, de quelle façon êtes-vous liée à ces terroristes ?
Ils vous ont demandé de faire quelque chose, n'est-ce pas ? Ils vous ont demandé de l’argent ? Ils vous ont demandé de vous marier avec eux ?
Qu’avez-vous l'intention de faire avec eux dès que vous serez entrée ici ???
Nous connaissons la vérité, mais nous voulons l’entendre de votre bouche et, encore une fois, si vous ne collaborez pas, nous ne pourrons pas vous aider."
Quelques minutes plus tard, un autre type, Amir, est entré dans la pièce, et il m'a regardé et dit : "Arrêtez de mentir, vous nous cachez quelque chose et nous le savons. Vous avez de mauvais amis et vos relations avec eux vous relient à leurs actions. Je n’ai pas confiance en vous et vous n'entrerez jamais en Israël pour cette raison."
Après qu'il soit parti et que je me sois retrouvée seule avec Sami, j’ai commencé à pleurer, comme un bébé et je lui ait dit que je voulais que cet interrogatoire se termine.
Allez-y, renvoyez-moi en Jordanie, parce que je ne sais pas ce que vous cherchez et que je ne suis impliquée dans rien.
Sami s’est assis à cêté de moi et m’a dit gentiment :
"Vous êtes quelqu’un de gentil, une femme forte comme je peux le voir, bien éduquée, donc ne faites pas d'erreurs, c’est l’occasion de dire la vérité, nous vous aiderons, donnez-moi les trois autres noms et ne pleurez plus.
Pourquoi êtes-vous aussi nerveuse, pourquoi est-ce aussi important pour vous ? Je ne comprends pas et si je ne comprends pas, je ne peux que penser le pire à votre sujet…
JE NE VOUS LAISSERAI PAS ENTRER SI JE NE SAIS PAS TOUT, PARCE QUE JE SERAI RESPONSABLE QUAND VOUS VOUS FEREZ EXPLOSER À TEL AVIV."
L’interrogatoire a continué, il a fait des copies de toutes les photos que j’avais et il a commencé à écrire en bas le nom de chaque personne, puis en regardant dans son ordinateur.
Il a dit : "Nadia, peut-être que vous avez les mains propres mais quand quelqu'un met les mains dans l’eau sale, ses mains deviennent sales et vos mains sont déjà noires."
Finalement, il m’a dit : "Votre situation n'est pas bonne, vous êtes fortement liée à de mauvaises actions. Ce monde n’est plus en sécurité, à cause des MUSULMANS (Nadia, rappelez-vous ce qui est arrivé le 11 Septembre à cause des Musulmans). Vous êtes un gros risque pour la sécurité des Israéliens et de tous les visiteurs dans ce pays. Israël est une démocratie, l'une des meilleurs pays au monde, pas comme les pays arabes, et nous travaillons dur pour empêcher toute action terroriste et vous ne nous aidez pas dans notre mission."
Il m'a laissé en disant : "Mon équipe va décider maintenant ce qu’on va faire de vous mais je ne pense pas que vous serez capable d'entrer de nouveau ici. Vous êtes un risque pour vous-même et pour les autres. Vous pouvez faire ce que vous voulez, vous pouvez aller au TRIBUNAL, si vous voulez le faire. Mais si vous faites ça, je serai heureux d'y aller personnellement et de m’assurer que VOUS N’ENTREREZ PLUS JAMAIS ICI."
Cet interrogatoire a duré de 7h20 à 16h15. En bas des escaliers, le Consul du Chili m’attendait.
J'ai été autorisée à parler avec lui et à sortir, avec des agents de sécurité, pour fumer une cigarette.
Je n’ai jamais revu Sami, il n’est pas revenu pour me dire les résultats de la réunion, mais les gens de la sécurité avaient dit au consul que je n’étais pas autorisée à entrer en Israël, avant même que l’interrogatoire soit terminé.
Ils m’ont demandé de retourner dans la salle des fouilles où ils ont encore contrêlé tous mes bagages et moi, puis ils m’ont mise dans un avion pour Amman à 19h.
Je finirai en vous disant à vous qu'hier, j’ai fait de mon mieux. Je ne pense pas que personne n'est réellement prêt à affronter quelque chose comme ça, en tout cas pas moi, parce que je n’ai pas l’habitude d’être traitée comme une terroriste.
Je suis désolée pour tous les gens avec qui je suis en contact, maintenant ils ont leurs noms et leurs numéros de téléphone, ils peuvent effectuer des vérifications sur eux à cause de moi.
J'ai l'impression d'être la pire collaboratrice au monde et je suis vraiment désolée d'avoir rendu la vie des autres encore plus dure que ce qu’elle est déjà .
Les Palestiniens affrontent assez d'injustices comme ça depuis le jour où ils sont nés.
Salaam à tous
Source : http://www.palsolidarity.org/main/
Traduction : MG pour ISM
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