Hébron - 4 décembre 2004

Reportage de Beit Ula

Par Robin

J'ai essayé de me rendre utile en veillant sur les Palestiniens qui étaient poussés et empoignés par les soldats, en me mettant entre eux quand c’était possible.
Je dois dire que c’est dur de se faire pousser par un soldat âgé de 18 ou 19 ans qui fait son service militaire, avec une arme presque aussi grande que lui.
À un moment, j'ai parlé à un soldat âgé de 20 ans et je lui ai dit que s'il était mon fils, je le mettrais dans la voiture, je le collerais dans sa chambre pendant un an et j’aurais très honte de lui. Il a trouvé cela très drôle.

Je n'avais pas prévu d’envoyer un nouveau témoignage, mais ces derniers jours ont été mouvementés. Je m’envole dans environ 12 heures.

J'ai laissé tombé mon dernier e-mail parce que j’ai été appelé à 20h40 suite à une incursion militaires dans Naplouse

En partant, nous avons croisé 6 véhicules israéliens qui quittaient un autre camp de réfugiés à proximité de la ville. Le lendemain matin, nous avons appris qu'un garçon âgé de 14 ans avait été touché, mais il est en vie.


La nuit de mardi a été encore pire. Les soldats israéliens sont entré dans le camp de Balata en pleine nuit, ils ont assassiné un chef politique local puis ils ont bombardé une autre maison. Ils ont également démoli des bâtiments dans Naplouse.

Aujourd'hui, nous avons participé à une manifestation à l’extérieur du village de Beit Ula, près d’Hebron.

Beaucoup de Palestiniens, des jeunes et des vieux, des Israéliens qui ne sont pas d'accord avec la politique de leur gouvernement envers les Palestiniens, ainsi que beaucoup d'internationaux.


La protestation devait s'opposer à la construction d'une autre section du mur qui traverse les terres des fermiers locaux. Il y a eu plusieurs arrestations, dont un international, un Irlandais, un Israélien, et des Palestiniens.


J'ai essayé de me rendre utile en veillant sur les Palestiniens qui étaient poussés et empoignés par les soldats, en me mettant entre eux quand c’était possible.


Je dois dire que c’est dur de se faire pousser par un soldat âgé de 18 ou 19 ans qui fait son service militaire, avec une arme presque aussi grande que lui.

À un moment, j'ai parlé à un soldat âgé de 20 ans et je lui ai dit que s'il était mon fils, je le mettrais dans la voiture, je le collerais dans sa chambre pendant un an et j’aurais très honte de lui. Il a trouvé cela très drôle.
John et Simon furent menottés, traînés, puis libérés après avoir protégé un Palestinien des soldats israéliens.



L'autre jour, quand nous quittions Naplouse, nous avons rencontré Adrienne Arsenault de CBC au point de contrôle de Huwwara. Elle a dit qu'elle était là pour documenter le traitement des Palestiniens par les Israéliens et elle a dit qu'elle serait à la protestation aujourd'hui. Il y avait beaucoup de gens des médias aujourd'hui, mais pas de CBC.

Au point de contrôle de Huwwara, un soldat a demandé comment nous étions entrés dans la région de Naplouse car c'est une zone interdite, puis il a plaisanté en disant qu'il donnerait 5.000 $ à John pour son passeport américain, mais qu’il se foutait du Canada.
Je lui ai dit que je n'étais pas étonné qu'il dise cela, parce que l'armée israélienne existe seulement grâce aux fonds américains.


Le voyage entre Naplouse et Jérusalem devrait prendre 20-30 minutes en voiture, mais en raison des points de contrôle cela a pris 3 heures. Je ne vois pas comment je pourrais vivre avec cela au quotidien.

L’autre jour, j'ai acheté un gilet noir. Je pense qu'il est bien adapté à la situation ici. La vie et la mort sont tellement intenses ici, célébrées et sacrées.

Lorsque vous parlez avec un chef de la résistance, un commerçant, un éducateur, la réponse est unanime :
"Nous voulons la paix. Nous ne voulons pas plus être occupés que les Irakiens . Pourquoi Israël ne peut pas respecter le droit international et nous laisser notre terre ?"

Beaucoup d’adieux ces derniers jours, bien sûr parfois des pleurs (et des gaz lacrymogène), beaucoup d'impressions colorées au cours des dernières semaines, et quelques stéréotypes brisés.


Je comprend ce qui a inspiré Rachel Corrie et d'autres à donner leurs vies pour cette lutte.

C’est tellement clair que cela vous aveugle presque.

A bientôt

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM-France