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ISM France - Archives 2001-2021

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Hébron -

Beit Ula : Répression des manifestations non-violentes

Par

Cette terre n’appartient ni à une religion ni à Dieu, elle appartient au peuple.
Si tu penses avec ton cœur et non avec ton arme, tu comprends également que la Paix est une voie. Ton arme est ton ennemi, elle te détruira.
Si tu es attentif à la sécurité de tes enfants, tu dois travailler à une Paix juste.

Le 2 décembre 2004, c’était la deuxième manifestation contre le mur à Beit Ula, un village au sud-est d’Hebron. A la sortie du village, un Palestinien du village de Beit Ula, assis à côté de moi dans la voiture, a montré les anciennes cavernes :


"Il y a longtemps, les Juifs et les Musulmans vivaient ensemble", dit-il.
"Je crois dans la coexistence, je crois qu’il est possible de vivre en paix ensemble. Nous ne sommes pas d’abord des Juifs ou des Musulmans, nous sommes des êtres humains."

Ces mots à l’esprit, nous sommes arrivés sur le lieu de rassemblement. A 500 mètres, j’ai vu l’arme qu’est le bulldozer travailler pour Israël en détruisant la terre palestinienne.

Évidemment, tout le monde ne partage pas les pensées pacifistes et humbles de l'homme dans la voiture. Beit Ula est un village de 10.000 habitants et 5.500 d'entre eux dépendent plus ou moins des 1000 dunums de terres qu'ils perdront si le mur est achevé.

Le village a une forte volonté et une détermination générale pour arrêter la construction aussi rapidement que possible. Ainsi même quand leur première manifestation s’est terminée il y a une semaine avec 20 blessés, ils se sont préparés à continuer. Cette fois-ci, nous étions environ 150 personnes du village, 15 internationaux, 15 Israéliens et de nombreux médias.

La nuit précédent la manifestation, les représentants du village avait convenu d'un objectif principal : atteindre les bulldozers et stopper leur travail.

Aussi, quand nous avons atteint le lieu du rassemblement, certains avaient amené une tente que nous devions porter. Après 2 minutes de marche, nous avons été confrontés à environ 35 soldats.

La manifestation est immédiatement devenue confuse et il semblait que personne ne savait quoi faire de la lourde tente. Nous sommes parvenus à briser la ligne de front des soldats mais alors un homme du Comité Populaire d’Hebron a pris seul l'initiative et a demandé à la foule de s'arrêter. Nous avons terminé en discussions et en petites tentatives d'avancer. Les soldats en ont profité pour tenter d’arrêter et frapper les manifestants. Les ISMers ont couru d'un endroit à un autre pour dé-arrêter ceux qui étaient pris.
Il y avait beaucoup de bousculade et de mauvais traitement de la part des soldats : ils nous donnaient des coups de pied, nous tiraient, nous poussaient et nous empoignaient. Enfin, ils ont réussi à attraper 2 Palestiniens et 1 activiste israélien. Ils ont déclaré le secteur « zone militaire fermée » et après un moment, certains d'entre nous ont commencé à descendre la vallée pour trouver un chemin pour contourner les soldats.


Ils y sont rapidement parvenus mais les soldats ont attrapé l’un des internationaux. Personne n'a réussi à le Dé-arrêter et il a été emmené à la base militaire.

La manifestation avait alors déjà dépassé sa fonction de manifestation, les gens se sont assis en groupes, en parlant et en buvant des jus de fruits. Cinq heures après le début de la manifestation, les villageois ont prié sur la terre. Les soldats se sont assis à 20 mètres quand ils ont compris que personne n’entreprendrait de nouvelle avancée.

Après, il semblait que certains villageois considéraient la manifestation comme réussie, alors que beaucoup d'autres, domt moi, jugeaient que nous aurions pu avancer bien plus loin s'il y avait eu une compréhension commune de ce qu'étaient les objectifs et que les gens auraient cherché à atteindre.


En soirée, nous avons rencontré des personnes du village afin de discuter des stratégies pour les prochains jours. Ils étaient tous convaincus que la lutte devait continuer, jour après jour, jusqu'à ce que la construction du mur soit complètement arrêtée ou au moins déplacée sur la Ligne Verte.


"Il n'y a aucune colonie à proximité de Beit Ula et ni routes pour colons ou pour militaires. Si le mur concernait la sécurité, ils pourraient le contruire sur la ligne verte. Mais ils veulent voler la terre et nous forcer à partir », a expliqué l’un des habitants.

Les deux Palestiniens arrêtés ont été libérés dans la soirée et le pacifiste israélien l’a été plus tard. L’Irlandais sera présenté au tribunal dimanche, et est menacé d’expulsion.

Le lendemain, nous sommes arrivés sur la terre et sur le lieu de rassemblement vers 11 heures et nous nous sommes immédiatement senti un peu nerveux. Il y avait très peu de gens, seulement six ISMers, presque aucun média et nous avons vu sur la colline les soldats se préparer à terminer les travaux d'hier.

Mais les villageois ont décidé de commencer par une prière sur la terre où nous nous tenions et pendant ce temps, d’autres personnes sont arrivées. Quand nous avons bougé, nous étions environ 300 personnes, à marcher en direction des bulldozers. Les enfants étaient à l'avant avec des drapeaux et se sont arrêtés immédiatement quand nous avons rencontré les soldats sur la colline.

Au lieu de rester là, comme qu'hier, la totalité de la marche a tourné sur la gauche et a commencé à avancer plus rapidement. Quelques secondes plus tard, nous courions tous ou marchions très vite autour des soldats qui n’arrivaient pas à aller aussi vite que nous. C'était une jolie vue.

Des centaines de personnes dévalant la vallée, comme un train d'énergie et de détermination. Le vent nous a aidés et les gaz lacrymogène devenaient tel un vent d’une journée froide. Quand nous avons atteint le chantier de construction, le bulldozer était déjà parti. Nous nous sommes assis devant les soldats et Jamal de la municipalité de Beit Ula a fait un discours.


"Cette terre n’appartient ni à une religion ni à Dieu, elle appartient au peuple."
Plus tard, ils s’est retourné vers les soldats et a dit :
"Si tu penses avec ton cœur et non avec ton arme, tu comprends également que la Paix est une voie. Ton arme est ton ennemi, il te détruira. Si tu es attentif à la sécurité de tes enfants, tu dois travailler à une Paix juste."

Les soldats ont essayé de rendre la foule nerveuse en avançant mais tout le monde est resté calme. Encouragé par le succès, les représentants du village ont gardé l'initiative en déclarant aux soldats : "Nous partirons quand nous voudrons partir, pas quand vous nous le direz" et a ajouté : "si le bulldozer est là demain, nous serons également là pour l'arrêter".

Quinze minutes plus tard nous avons commencé à remonter la colline. Un garçon avec un drapeau palestinien était visible de loin, donnant de la couleur au courage de son peuple.


Il y a une partie énorme de symbolisme dans ces manifestations mais ce que Beit Ula est parvenu à faire aujourd'hui est bien plus que cela. Il a arrêté réellement la construction. Et je suis sûr qu'il le fera encore.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM-France

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