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ISM France - Archives 2001-2021

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Jérusalem -

Résistance au Mur à Biddu

Par

La résistance au Mur dont j’ai été témoin à Jayyous était très encourageante et courageuse, mais ce dont j’ai été témoin à Biddu n'est pas moins prometteur.
Le 7 janvier une action de plantation d'oliviers était prévue. Plusieurs pacifistes de l’ISM sont venus nous rejoindre dans la manifestation qui était organisée par les Palestiniens locaux. D’autres internationaux et des Israéliens dont le groupe "Rabbins pour les Droits de l’Homme" y assistaient.

Dans cette région, les comités populaires résistent très activement au mur et ont obtenu quelques succès.

Mohammed Mansour (un pacifiste palestinien dont j’ai couvert l'audience au tribunal dans mon premier rapport) m'en a indiqué que la raison : les Israéliens et les internationaux avaient agi ensemble "comme s’ils n’étaient qu’un".
Il m'a rappelé que "Nous ne détestons pas les Israéliens, mais seulement le gouvernement israélien".


Certains d'entre nous sont arrivés la nuit précédent l'action et sont allés à un rassemblement pour Tayseer Khalid - le candidat de gauche du DFLP à la présidence.

Son programme électoral était plus ou moins ce à quoi on pouvait s’attendre : justice sociale, droits pour les femmes, poursuite de l'Intifada (pacifique et armée) etc. etc... À la fin, il a même mentionné Hugo Chavez comme bon exemple à avoir face à l'impérialisme étranger. C'était une expérience extrêmement intéressante - très différente des rassemblements politiques au Royaume-Uni.
C'était un forum beaucoup plus libre.


Bien que légèrement contrôlée, la session de Questions-Réponses à la fin était assez libre, avec la présence de supporters du Fatah qui critiquaient fortement ce qu'ils voyaient comme des contradictions et des problèmes dans son programme électoral.

Parmi les sujets discutés, il y a eu la lutte armée, la corruption dans l'Autorité Palestinienne (et l’absence de débat à ce sujet de la part de Khalid quand il faisait partie de l'Autorité Palestinienne) et les imperfections des Accord d'Oslo. Le moment le plus drôle de la nuit fut quand l'orangeade est réapparu.


Alors qu'ils installaient la table du haut-parleur, son équipe avait apporté hors des bouteilles d'une orangeade israélienne, clairement identifiées par ses étiquettes en hébreu. Cela a été immédiatement critiqué et les bouteilles ont été enlevées - mais elles ont réapparu plus tard avec les étiquettes enlevées !

Cela m'a fait le rire, en particulier quand Khalid a critiqué l'Autorité Palestinienne parce qu'elle ne faisait pas assez pour soutenir et encourager les marchandises palestiniennes locales, en important trop de produits d'autres pays.


De façon générale, ce que j’ai retenu de la réunion, c’est le côté bien plus populaire que dans les autres réunions politiques auxquelles j’ai assisté ici.
Cet esprit populaire fut évident dans l'action le jour suivant.


Cette nuit nous avons été invités dans la maison du coordinateur local de l’ISM, qui nous a très bien accueilli. Le matin, on nous a offert le meilleur petit déjeuner que j'ai mangé depuis des années.

D’autres ISMers venant de Naplouse nous ont rejoints, et nous sommes partis ensemble pour le bureau local du PPP (un autre parti politique de gauche).
Cela ressemblait plus à un centre social qu'à un bureau politique de parti : il y a un véritable esprit de coopération entre les membres et les partisans de tous les partis politiques à Biddu.

Alors que nous attendions l'autobus qui amenait des personnes en provenance de Jérusalem, le représentant local du PPP nous a parlé des efforts pour encourager des fermiers de la région et des produits locaux.
La Village Development Society pour le Nord-Ouest de Jérusalem aide les fermiers à vendre leurs propres produits à perte pour la Société.

Elle subventionne des achats de terres, d'arbres et d'équipements. C’est financé en totalité par des donateurs internationaux, tels que le MPA en Norvège. La société distribue des arbres aux fermiers en fonction de la surface de terre qu’ils cultivent. Il semble également qu’il y a une certaine sorte de propriété communale de la terre dans la région.

Est-ce une tradition dans la région ou un développement politique plus moderne, je n’en suis pas sûr.


L'homme du PPP, le coordinateur de l'ISM et d'autres Palestiniens nous ont expliqués les problèmes rencontrés ici.

Dans ce secteur, les problèmes provoqués par le mur ne sont pas encore aussi graves qu’à Jayyous en raison de la réussite de la résistance non-violente.
Cependant, il y a des problèmes graves, avec la menace d’augmentation de l'oppression et de la confiscation des terres.

Le mur est prévu là parce que c'est une importante zone stratégique que l'Etat israélien veut posséder.
2000 à 2500 oliviers ont été détruits dans cette région afin de dégager la terre pour le mur.
Des maisons ont été démolies, reconstruites et à nouveau détruites.
Une maison a été reconstruite deux fois.
Ici, presque la totalité des 6 à 7000 villageois, sont des fermiers dont les revenus dépendent des oliviers, aussi, la même grande menace sur leur existence est suspendue au-dessus de leurs têtes comme à Jayyous.


C’est devenu beaucoup plus clair pour moi : l'annexation progressive de la terre à Israël via le mécanisme du mur est un Projet d'Etat.

Les colons sionistes extrémistes existent et sont une menace très réelle, mais finalement, ils sont manipulés par le gouvernement.

De plus, ils ne sont pas le courant principal des colons.
Les colonies dans lesTerritoires Occupés sont un projet gouvernemental.

Les subventions de logement et les nombreuses autres incitations du gouvernement destinées aux classes les plus basses de la société israélienne encouragent l’installation dans les colonies.

Quelques uns des colons près de Biddu ont réellement soutenu la population de Biddu dans l’un de leurs cas contre le mur devant le tribunal, en disant qu'ilss n'avaient aucun problème avec eux.

Le mur n'a rien à voir avec la sécurité et tout à voir avec l’expansion d'Israël. A Biddu, le site actuellement dégagé des oliviers et des maisons se situe à 6 kilomètres de la colonie la plus proche.
L'homme du PPA lui-même a fait la remarque que si le mur est vraiment censé fournir la sécurité aux colons, pourquoi n'est il pas établi à proximité des colonies ?
La réponse est évidente.
Les personnes de la région ont appris des expériences antérieures d'autres Palestiniens que ces plans signifient que de nouvelles colonies seront bientôt établis sur la terre confisquée.

Ce n'est même pas en abordant la question que les colonies israéliens en Cisjordanie sont un acte illégal du colonialisme (le droit international interdit à une puissance occupante d’installer des civils dans les régions occupées).


Nous sommes allés jusqu'à l’oliveraie et nous avons vu la destruction : elle avait été transformée en chantier de construction.

Un bande énorme de terre avait été dégagée et de nombreux arbres avaient été enlevés pour tracer le chemin du mur prévu. Des machines Caterpillar sont garées dans une sorte de chantier orné du drapeau israélien et gardé par la sécurité privée - des mercenaires- que j’ai supposé plus tard être la police des frontières.
Un moment drôle est survenu quand leur camion s'est embourbé et qu’ils ont essayé, en plaisantant, de nous convaincre de venir les aider à le dégager !

Le moment le plus émouvant de la journée futquand nous avons trouvé par hasard une pauvre femme qui vivait à côté des oliverais. Sa famille avait commencé à créer un jardin pour cultiver des produits sur le petit bout de terre près de la tombe de sa fille. Les soldats israéliens leur ont dit qu'ils devraient le démanteler eux-mêmes ou le coût de la destruction par le bulldozer leur serait facturé.

A écouter une telle histoire, je me suis sentie impuissant face à une telle oppression, aussi j’était content de passer à l’action juste après cela.


Les Palestiniens avaient apporté des plants d'oliviers de la ville et nous avons commencé à les planter sur la terre qui sera annexée à Israël si le mur est construit ici, ce qui était une très forte déclaration que la population n’acceptera pas de céder leur terre et leur moyen d’existence.

Ensuite, nous sommes allés sur le tracé actuel qui a été dégagé où le mur sera construit et nous avons commencé à en planter aussi. Puis, la police des frontières nous a finalement donné l’autorisation. Elle n'a pas commencé à nous créer de problème, mais elle a limité la plantation à une certaine distance du site Caterpillar.

De toute façon, il y avait près de 2 heures que nous étions là. Aussi, après avoir planté quelques arbres à la suite de la destruction, il y a eu quelques courts discours de Palestiniens et d'ISMers et une courte prière d'un Rabbin, puis nous sommes rentrés.


Voir la carte de la région de Jérusalem

Source : www.winstanleys.org/

Traduction : MG pour ISM

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