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Cisjordanie occupée -

Une journée dans la vie d'une équipe d'ambulanciers palestiniens

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04.12.2015 - Depuis le début de cette période de violence et d'instabilité qui affecte le Cisjordanie, la Société du Croissant-Rouge palestinien (CRP) a enregistré 306 attaques (1) de l'armée et des colons israéliens contre ses ambulances et ses ambulanciers, ainsi que de nombreux incidents où ils ont été empêchés ou retardés d'accéder aux blessés ou de les transférer vers les hôpitaux. La semaine dernière, une chargée de programme de soutien de Medical Aid for Palestinians (MAP) en Cisjordanie s'est jointe à une équipe d'ambulanciers du Croissant-Rouge palestinien pour témoigner des défis quotidiens auxquels ils sont confrontés lorsqu'ils transfèrent des patients nécessitant un traitement vital à travers le territoire palestinien occupé, même en dehors du contexte des affrontements. Voici ce qu'elle a vu :

Une journée dans la vie d'une équipe d'ambulanciers palestiniens

L'ambulancier Mohamed remplit les papiers pour Anwar and Samah à l'arrière de l'ambulance
Mohamed, Ahmed et Khalil commencent leur journée de travail à 9h30 avec une tasse de café au siège du CRP - le principal fournisseur de services ambulanciers pour les Palestiniens - à Jérusalem. Ils sont censés finir à 15h, mais Ahmed dit qu'il fait 24 heures d'affilée pour éviter le trajet quotidien depuis Naplouse, où il vit. Dans la période actuelle d'instabilité, les checkpoints militaires israéliens sur la route peuvent allonger considérablement le temps de trajet.

La première tâche de la journée est d'aller chercher Anwar, 55 ans, à l'hôpital Makassed, à Jérusalem, où il a été hospitalisé pendant une semaine pour une affection pulmonaire, et de le ramener à Gaza. Sa femme, Samah, explique : "Mon mari souffre de problèmes respiratoires depuis trois ans, mais il n'a jamais été aussi mal. Son asthme s'est rapidement aggravé. Heureusement nous avons obtenu le permis de quitter Gaza en trois jours. Je suis convaincue que la situation là-bas le rend malade : le stress de la pauvreté, le conflit et le blocus." Samah l'a accompagné dans son voyage à Makassed, mais c'est tout ce qu'elle a vu de Jérusalem - le permis d'accompagnant que lui ont délivré les autorités israéliennes lui interdit de quitter l'hôpital pour aller visiter la ville.

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Après que l'infirmière des soins intensifs a préparé les papiers de sortie d'Anwar, les ambulanciers l'installent sur un fauteuil roulant pour le transférer sur la civière de l'ambulance. Toutes sirènes hurlantes, ils partent pour le passage d'Erez, à Gaza. Ils se dépêchent parce qu'il leur faut également prendre à Gaza Rania, un bébé de 6 jours, pour l'emmener à Naplouse pour traitement. Au bureau du CRP, on les a informés que Rania a été intubée pour recevoir de l'oxygène, et ils ne peuvent donc pas la faire attendre à Erez. Sur la route, plusieurs véhicules ignorent les sirènes et une voiture ralentit délibérément devant l'ambulance, laissant le temps à un passager de secouer un doigt en disant : "tu ne vas pas pouvoir passer."

Arrivé enfin à Erez, Khalil sort de l'ambulance pour montrer les documents au soldat qui contrôle la première barrière, puis il va garer l'ambulance en face du carrefour et un autre soldat vient chercher les papiers des passagers Anwar et Samah. Les trois secouristes doivent aussi remplir des formulaires avec leurs données personnelles.

Il semble y avoir un problème de coordination, et un retard de quinze minutes s'ensuit avant que l'ambulance puisse continuer jusqu'au passage pour les véhicules réservé habituellement aux voitures diplomatiques.

Des chars et des véhicules militaires sont en ligne d'un côté, le terminal principal se trouve derrière, et en face des gardes privés de sécurité équipés d'armes automatiques bloquent l'entrée à Gaza. Sur la gauche il y a une barrière de séparation, d'environ 5m de haut. Nous attendons encore dix minutes qu'un membre du personnel du passage frontalier sorte et commence le processus. Quand quelqu'un arrive enfin, il est revêtu des pieds à la tête d'un vêtement de protection, après avoir été informé qu'Anwar a une infection.

Il faut encore que le commandant du passage frontalier donne le feu vert. Un employé du poste frontalier d'Erez arrive avec une civière vide et une boite en plastique pour le bébé Rania. Mohamed n'est pas content : l'employé était censé prendre Anwar et Samah avec lui de l'autre côté - par la passerelle longue d'un kilomètre à travers le no-mans'-land de Gaza - donnant ainsi à l'équipe de secouristes le temps de désinfecter l'ambulance avant l'arrivée du bébé.

Trente minutes après, l"employé revient avec Rania et sa tante Mariam. Avant de pouvoir s'approcher de l'ambulance, elles doivent passer par un scanner et à la fouille de leurs effets personnels. La civière sur laquelle est allongé Anwar doit rester avec l'ambulance, aussi, pour libérer une civière pour qu'il puisse être transféré dans Gaza, le bébé Rania et la bouteille d'oxygène à laquelle elle est reliée sont placées sur un banc à proximité. On sort alors Anwar de l'ambulance sur sa civière, mais il faut attendre un peu jusqu'à ce que suffisamment d'hommes soient réunis pour le soulever et l'installer sur la civière de transfert.

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Finalement, Anwar et son épouse entrent à pied à Gaza par le long couloir, et il sera soigné à l'hôpital Nasser. Khalil et Ahmed commencent à nettoyer la civière avec un désinfectant. Enfin, après avoir attendu dehors dans la boite en plastique pendant plus de trente minutes, Rania est placée en toute sécurité dans l'ambulance.

Entretemps, Mariam explique que Rania est le premier bébé dans la famille depuis seize ans. Au huitième mois de grossesse, le sœur de Mariam a commencé à saigner et elle a été transportée en urgence au service de l'hôpital qui s'occupe des césariennes. Les médecins ont remarqué que la petite Rania était inconscience et qu'elle ne respirait pas bien. Tandis que la mère de Rania se remettait de l'opération, et comme les hommes ne sont pas autorisés à entrer dans les maternités des hôpitaux, c'est à Mariam qu'a incombé la mission de voyager avec le bébé Rania, bien qu'elle-même soit handicapée après avoir perdu un bras dans un accident.

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Nous sommes partis vers Naplouse où Rania sera soignée pour une jaunisse et stabilisée. Comme le PRC n'a qu'un nombre limité d'ambulances comme celle-ci, qui est autorisée à circuler à l'intérieur de la Ligne Verte et à Jérusalem Est, une rencontre a été organisée, à mi-chemin, avec une autre ambulance de Naplouse. Faire toute la route jusqu'à Naplouse prendrait trop de temps car l'ambulance est attendue à Jérusalem. C'est par radio que les deux ambulances se coordonnent pour se retrouver sur une route secondaire et transférer Rania et Mariam.

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Rania est placée dans un porte-bébé spécial et, toujours sous oxygène, elle part vers les soins dont elle a besoin de toute urgence à Naplouse.


Les noms des patients ont été changés pour protéger leur identité.


(1) Palestine Red Crescent Society

Source : Medical Aid for Palestinians

Traduction : MR pour ISM

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