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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Violences à Naplouse: un international détenu raconte son histoire

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La situation dans la chambre était terrible: Les femmes pleuraient, les enfants étaient choqués. Ensuite, ils nous ont mis nos chemises sur le visage.
Il faisait incroyablement chaud, j'avais des problèmes de respiration. J'ai presque perdu conscience.
C’est le père de la famille qui m’a aidé en me donnant de l'eau et grâce à qui j’ai pu rester à demi conscient.
Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés dans cet état. Peu avant que les soldats quittent la maison, ils nous ont ôté les chemises de la tête.

Violences à Naplouse: un international détenu raconte son histoire



Le 21 août à 16h, 4 pacifistes internationaux (Aaron/USA, Tom/GB, Uwe/Allemagne, et moi, Franz/Autriche), membres de l’ISM, et un médecin palestinien, membre de l'UPMRC, sont entrés dans une maison du camp de Réfugiés de Balata près de Naplouse.

C'était le 5ème jour de l'invasion militaire israélienne appelée "Nettoyer les Ordures"(un nom qui veut tout dire).
Les soldats occupaient un appartement; la famille étant rassemblée dans une pièce de l’appartement. Nous avons essayé d’apporter de l'eau, de la nourriture, et des médicaments à la famille (selon les Droits de l’Homme, lors d’une occupation militaire, les civils doivent avoir accès aux premières nécessités de base).


Avant d’entrer, nous avons essayé de contacter les soldats en criant ("des internationals non-arméset une équipe médicale. Nous voulons voir la famille. Nous ne sommes pas intéressés par vous."). Ils n’ont pas répondu. Quand nous sommes montés, nous avons répété nos appels. Quand nous sommes parvenus à mi-niveau, en face de l'appartement, deux soldats sont arrivés en courant, leurs armes pointés sur nous.

A ce moment-là, Uwe n'était pas avec nous. Ils nous ont empoignés, poussés dans l'appartement, dans la chambre où la famille était détenue. Nous avons dû vider nos sacs, nos téléphones portables et nos passeports ont été confisqués. Nos mains ont été liées dans le dos avec des attaches en plastique. On ne nous a pas permis de parler. Les soldats étaient très agressifs. ("si vous ne la fermez pas, nous vous aplatirons le visage.")
Quelques minutes plus tard, Uwe a été poussé dans la pièce. (il avait pu descendre pour avertir les autres, remonter et être lui aussi arrêté.)

La situation dans la chambre était terrible: Les femmes pleuraient, les enfants étaient choqués. Ensuite, ils nous ont mis nos chemises sur le visage.
Il faisait incroyablement chaud, j'avais des problèmes de respiration. J'ai presque perdu conscience.
C’est le père de la famille qui m’a aidé en me donnant de l'eau et grâce à qui j’ai pu rester à demi conscient.
Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés dans cet état. Peu avant que les soldats quittent la maison, ils nous ont ôté les chemises de la tête.


Nous avons été emmenés dans la salle de séjour (les soldats avaient utilisé cette pièce comme position de tireur isolé), puis rammené dans l'autre pièce. A ce moment-là, j’ai pu m’amuser avec les gosses en leur faisant des mimiques. Quand les soldats sont partis de la maison, Uwe, Tom et moi avons été emmenés. Aaron (il avait de la chance, il n’avait pas son passeport sur lui) et le médecin ont été laissés avec la famille.

À l'entrée de la maison, les soldats jetaient des bombes et des grenades assourdissantes. La porte fait face à une rue trop étroite pour les véhicules. Dans la rue principale, une jeep militaire nous attendait. Nous avons été poussés à l'intérieur.

Encore une fois, nos visages ont été recouverts à l’aide d’une chemise. Quelques minutes plus tard, la jeep s'est arrêtée. Nous avons dû entrer dans une autre jeep.
Alors que je sortais de la jeep, j’ai reçu des coups de pied par plusieurs soldats. Nous avons été emmenés dans un camp militaire. Quand nous sommes sortis de la jeep, nous avons dû nous tenir en rang.


A travers la chemise, je pouvais voir les silhouettes des soldats. J'ai entendu comment ils jouaient avec leurs fusils. Plutôt effrayant. Quelques soldats ont fait des plaisanteries. L’un d’eau a placé un tissu usé à l'intérieur de mon pantalon. Puis ils nous ont emmenés les yeux bandés et les mains menottées dans le dos à l'intérieur du camp. Un petit mur de pierre fut notre prison pour les heures suivantes.

La chemise a été changée par un bandeau “ordinaire”. Tels des criminels, nous étions assis contre le mur. Après plusieurs requêtes, nous avons été autorisés à aller aux toilettes. Un peu de temps sans menottes.
Un peu plus tard, nous les avons suppliés d’avoir l’autorisation de fumer. Nos mains menottées ont été mises devant. Quand nous avons eu terminé nos cigarettes, nos mains sont restées attachées devant.
D'abord les soldats étaient très peu amicaux. En particulier Uwe qui s'est fait traité de Nazi plusieurs fois. Un soldat faisait des plaisanteries en chantant : « Arrêtez de tuer les enfants de Balata ». Ensuit, ils sont devenus plus gentils.


Vers environ 11 h du soir, la Police des Frontières est arrivée. Finalement, le bandeau et les menottes nous ont été enlevées. Nous avons été emmenés au commissariat de police d’Ariel, la plus grande colonie de Cisjordanie .

Ils nous ont informés des charges contre nous : Obstruction aux soldats dans leur travail et mise en danger de la vie des soldats. Les deux accusations étaient complètement fausses. Les soldats étaient armés, pas nous. Ils ont mis en danger nos vies et celles des autres. Nous n’avons même pas gêné leur travail. Il aurait été facile pour eux de nous inciter à partir. Au lieu de cela, ils nous ont empêché d’accomplir notre devoir en faisant respecter les droits de l'homme.


Nous avons été interrogés (nous n’avons pas répondu). A 3 h du matin, nous avons été emmenés dans notre cellule. Tom, Uwe et moi avons pu la partager. Entre 6 h 30 et 7 h, ils nous ont réveillés. Petit déjeuner: La première fois que nous mangions depuis que nous avons été arrêtés. Un thé, 2 tranches de pain grillé et un peu de fromage. Puis nous avons été emmenés au centre de déportation à l'aéroport Ben Gurion.

Pendant tout ce temps, nous n’avons pas eu le droit de passer un appel téléphonique. Nous avons pu téléphoner à notre avocat seulement vers 11 h. Une heure plus tard, nous étions libres.


La seule raison pour laquelle nous avons été libérés, n'est pas parce qu'ils ont pensé qu’ils avaient fait quelque chose mal, ni parce que nous avons été maltraités, mais parce qu'il y avait une erreur technique : en Palestine, les soldats ont seulement l’autorisation d’arrêter des Palestiniens mais les internationaux doivent être arrêtés par la Police des Frontières.


Quand vous lirez cette histoire, vous devez vous rappeler, que pendant notre arrestation, notre statut d’international nous a particulièrement aidé. Un Palestinien n’aurait jamais été libéré aussi facilement.

Source : www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM-France

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