Salfit - 25 août 2004

Le village de Mardah et autres histoires

Par Damian

La nuit dernière, j’ai passé ma 3ème nuit à Mardah. C’était également la troisième de nuit de suite que les Forces d’Occupation Israéliennes dérangeaient la tranquillité de la nuit avec des bombes assourdissantes. La nuit dernière, une jeep est entrée dans le village et a fait explosé une bombe assourdissante à 21h40, la nuit précédente, ce fut deux jeeps et une bombe assourdissante à 2h50 du matin. Mais pour les locaux, ce n'était pas seulement la troisième nuit de suite.

Je commence à avoir une image plus claire des motivations pour certaines des choses qui se déroulent à Mardah. Cela pourrait avoir quelque chose à voir avec le mur de l’Apartheid prévu.

La version officielle est que le mur passera entre Mardah, au pied de la colline et Ariel (la plus grande colonie israélienne en Cisjordanie ) en haut de la colline.


Pourtant, il y a également une carte qui montre le tracé du mur passant bien par Mardah. Il couperait la ville en deux.


Il existe une troisième possibilité pour le tracé du mur : en bas de l'autoroute qui passe près de Mardah. Le gouvernement israélien avait déraciné des arbres à côté de cette autoroute en expliquant qu’il avait l’intention d'élargir la route.
Cette route est déjà large et n'est pas très fréquentée.

Si le mur prend cet itinéraire, alors Mardah sera du même côté du mur qu'Ariel et sera coupé des autres villes palestiniennes de Cisjordanie

.
La nuit dernière, nous étions invités à prendre le café dans une maison proche de l’endroit où nous habitons. Les Palestiniens semblent très hospitaliers et nous buvons beaucoup de thé et de café. Un des jeunes hommes est étudiant à l'université de Naplouse. Il a une cicatrice sur le bras suite à 17 points de suture qu’on a dû lui faire, il y a un an.


Il a eu besoin de points parce que son bras avait été cassé par la crosse d’une arme. Il a maintenant du plastique dans le bras pour remplacer un bout d’os.
Son crime était qu'il avait oublié sa carte d'étudiant. Il avait pourtant sa carte d'identité, mais ce n'était apparemment pas suffisant.
Son ami qui étudie également dans la même université en est à sa troisième carte d'étudiant.
A chaque fois, un soldat lui a dit que sa carte n'était pas l’original. Elles lui ont été toutes prises et déchirées en deux.


Aujourd'hui, je suis allé visiter un village appelé Az-Zawiya. Nous y étions pour utiliser internet et s’asseoir avec les Palestiniens dans la tente de solidarité. Ils sont là pour montrer leur soutien avec les prisonniers en grève de la faim depuis 11 jours. Quatre grévistes ont déjà été hospitalisés.


Quand j’étais petit, j'avais l'habitude de jouer à un jeu avec mes frères et soeurs.
Je m’allongeais sur le sol et un de mes frères ou soeurs faisait tomber de l’eau lentement sur mon front avec un tissu humide.
D'abord on se sent un peu humide, mais au bout d’un moment, on a l’impression que les gouttes d'eau sont beaucoup plus lourdes et plus dures qu'elles le sont réellement.
Le jeu se termine quand je ne peux plus tenir, alors nous échangeons nos places.
Juste une pensée.

Source : www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM-France