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Salfit - 17 septembre 2004
Par Bilal Ghayth
Petit à petit, et malgré la douleur et les pleurs, j'ai réussi à ramper sur les épines jusqu'à un caroubier dont les feuilles couvraient le sol. Rapidement, et avant le retour des soldats, je me suis couvert avec les feuilles de peur qu'ils ne se remettent à me battre. Heureusement, à leur retour ils n'ont pas réussi à me trouver malgré leurs lampes-torches. C'était une nuit terrible, j'avais peur, j'avais mal et je ne pouvais pas m'arrêter de pleurer. Je n'ai pas osé me débarrasser du feuillage qui me couvrait de crainte des chiens et des loups qui n'arrêter de hurler.
J'ai du uriner dans mes habits pour éviter de faire du bruit pouvant attirer des visiteurs indésirables.
A l'aube, les soldats sont encore passé par-là à la recherche de je ne sais quoi
Frappé avec des crosses de fusils, la jambe fracturée, il passe la nuit caché.
Un enfant palestinien raconte l'histoire de sa torture par 8 soldats de l'occupation.
Son blouson et les paroles qu'il lance reflètent la détermination à résister du petit Wissam Abdelkarim Souleiman âgé de 14 ans qui a subi la brutalité des soldats de l'occupation.
Avec sa petite main, il montre son blouson décoré d'un petit drapeau palestinien, et dont les manches sont tissées avec des dessins du Keffieh palestinien. Le ton de sa voix n'a pas baissé, même après la torture qui lui a fracturé la jambe gauche et lui laissé des nombreuses contusions, selon sa mère.
Dans une des salles de soins de l'hôpital du Cheikh Zayed à Ramallah, les membres de la famille Souleiman se sont rassemblés, ce jeudi 16 septembre, heureux de la décision des médecins d'autoriser leur petit à quitter l'hôpital après 3 jours de souffrance à la suite d'une histoire qui ressemble à un scénario de film d'horreur.
Ils peuvent enfin rentrer dans leur village de "Kafr Al-Dik" qui se trouve dans le département de Salfit en Cisjordanie .
Il est certain que Wissam n'oubliera jamais ce soir où il a été torturé.
Il se promenait en compagnie de 3 de ses copains avec qui il s'est amusé un long moment.
Ils étaient heureux de ne trouver sur leur chemin les soldats de l'occupation qui ont l'habitude d'investir leur village à partir d'une colonie juive toute-proche. Ils ont alors décidé, avant de rentrer chez eux au couché du soleil, de se reposer sous un olivier.
Leur joie a tourné court lorsque 4 soldats ont surgi d'entre les arbres qui entourent le village. 4 autres soldats sont partis en courant de la colonie vers les enfants qui, prenant peur pour leurs vies, ont refusé d'exécuter les ordres de s'arrêter.
Un soldat a tiré une balle de son fusil mitrailleur en faisant éclater un rocher sous une forte explosion.
Un autre soldat a réussi à attraper un des enfants avant qu'il ne lui échappe.
Wissam qui était terrorisé par le coup de feu est resté figé sur place.
Il tombe alors entre les mains de ses bourreaux habitués à humilier les habitants du village de Kafr Al-Dik.
Quatre des soldats se sont mis à tabasser le gamin qui hurlait, pendant que les quatre autres attendaient leur tour dans ce jeu sadique qu'ils ont l'habitude d'exercer contre les civils palestiniens, qui n'ont d'autres torts que d'être encore sur leur terre volée par un groupe de colons qui y ont construit une colonie devenue aujourd'hui un cauchemar pour les gens du village.
Après avoir été longuement battu à coup de crosses, le petit garçon a été terrorisé par les coups de feu tirés au-dessus de sa tête et menacé de mort s'il ne quittait pas le lieu dans les quelques minutes où les soldats devaient finir leur ratissage pour s'assurer qu'il n'y avait plus de Palestiniens à l'approche de la nuit.
L'enfant qui avait une jambe cassée n'avait de solution de se débarrasser des coups et des cris des huit soldats que de quitter l'endroit.
Il raconte : "Petit à petit, et malgré la douleur et les pleurs, j'ai réussi à ramper sur les épines jusqu'à un caroubier dont les feuilles couvraient le sol. Rapidement, et avant le retour des soldats, je me suis couvert avec les feuilles de peur qu'ils ne se remettent à me battre. Heureusement, à leur retour ils n'ont pas réussi à me trouver malgré leurs lampes-torches. C'était une nuit terrible, j'avais peur, j'avais mal et je ne pouvais pas m'arrêter de pleurer. Je n'ai pas osé me débarrasser du feuillage qui me couvrait de crainte des chiens et des loups qui n'arrêter de hurler. J'ai du uriner dans mes habits pour éviter de faire du bruit pouvant attirer des visiteurs indésirables. A l'aube, les soldats sont encore passé par-là à la recherche de je ne sais quoi."
Pendant ce temps là, une grande angoisse s'est emparée du village. D'aucun disait que Wissam était mort suite aux coups de feux, d'autres qu'il s'était fait prisonnier par les soldats qui l'aurait conduit à la colonie.
Sa mère elle, ne cessait de pleurer en tentant de retrouver la race de son fils chez des proches.
C'est alors que le parent d'un des enfants qui accompagnaient Wissam était venu raconter l'incident avec les soldats, ce qui n'a pas rassuré la famille qui voulait se convaincre qu'il a été arrêté et conduit à la prison de la colonie, comme se fût le cas auparavant avec d'autres enfants du village.
Au petit matin, le garçon a décidé de sortir de sa cachette de fortune dans l'espoir de croiser quelqu'un du village pouvant le secourir. Mais aucun des travailleurs se dirigeant vers la colonie n'a répondu à ses appels, de peur que ce ne soit un piège des soldats. Il a décidé alors de ramper jusqu'à la route principale.
C'est là qu'un habitant du village qui l'a aperçu de sa fenêtre a couru prévenir la famille.
De nombreux habitants se sont déplacés pour transporter l'enfant à l'hôpital du Cheik Zayed mettant fin à un cauchemar qui a duré toute une nuit.
Une nuit inoubliable pour Wissam et sa famille.
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