Fermer

S'inscrire à la mailing list ISM-France

Recevez par email les titres des derniers articles publiés sur ISM-France.

Votre adresse courriel

Fermer

Envoyer cet article

Votre adresse courriel
Envoyer l'article à
Votre message
Je profite de l'occasion pour m'abonner à la newsletter ISM France.
ISM France - Archives 2001-2021

Imprimer cet article Envoyer cet article
Article lu 10679 fois

Palestine -

22 mars, Journée Mondiale de l’Eau… mais Israël a transformé la Palestine en « pays de la soif »

Par

Aujourd’hui, Gaza est hélas ! littéralement réduite à l’état de pierres par la barbare et criminelle agression sioniste. La journée mondiale de l’eau du 22 mars permet de mettre opportunément le doigt sur une autre des indicibles souffrances qu’Israël s’ingénie à faire subir à tous les Palestiniens : le manque d’eau… en toute illégalité car l’occupant est tenu d’assurer la desserte en eau de la population occupée.

22 mars, Journée Mondiale de l’Eau… mais Israël a transformé la Palestine en « pays de la soif »


Dessin d'Enzo Apicella pour la Journée Mondiale de l'Eau

« Sans eau
Je suis moins qu’une mouche
Un amas de pierres
»
chantait l’immense poète Louis Aragon.

Aujourd’hui, Gaza est hélas ! littéralement réduite à l’état de pierres par la barbare et criminelle agression sioniste. La journée mondiale de l’eau du 22 mars permet de mettre opportunément le doigt sur une autre des indicibles souffrances qu’Israël s’ingénie à faire subir à tous les Palestiniens : le manque d’eau… en toute illégalité car l’occupant est tenu d’assurer la desserte en eau de la population occupée ; de plus, les accords d’Oslo de septembre 1995 ont reconnu le droit des Palestiniens sur l’eau du pays dans le cadre d’un « partage équitable et raisonnable de la ressource », comme le veut du reste le droit international traditionnel de l’eau ainsi que la Conférence de Madrid, les Règles d’Helsinski et le Plan Johnston, comme nous l’a affirmé M. Rabah Echeïkh, vice-président de l’Autorité Palestinienne de l’Eau à Gaza.

L’eau, instrument de punition collective

Israël veut être le maître de l’eau et poursuit depuis longtemps une politique systématique qui consiste à en priver les Palestiniens. Dans Le Monde du 24 avril 2001, Sharon déclarait on ne peut plus clairement : "Ce n’est pas par hasard que les colonies se trouvent là où elles sont. Il faut conserver la zone de sécurité ouest en Cisjordanie , la zone de sécurité est, les routes qui relient Jérusalem et, bien entendu, la nappe phréatique d’où vient le tiers de notre eau."

En 1974 déjà, Eric Rouleau, reporter au journal Le Monde (et ancien ambassadeur de France dans notre pays) mentionnait déjà le fait qu’Israël déversait des pesticides dans les canalisations d’eau et bouchait les puits des villages palestiniens. Lors de la guerre des Six Jours, en 1967, Israël n’a pas hésité à bombarder le barrage du Yarmouk édifié, au pied du Golan, par la Syrie et la Jordanie sur cet affluent du Jourdain. Or, le bombardement de tels ouvrages est interdit par les Conventions de Genève.

En 2002, Israël a menacé le Liban afin qu’il cesse d’alimenter des villages palestiniens avec l’eau du Hasbani (affluent du Jourdain) et du Litani.

Auparavant, Avigdor Lieberman, ex-videur de boîte de nuit né en Moldavie, conseiller de Sharon lors de la première Intifada de 1987, a menacé l’Egypte de bombarder le barrage d’Assouan si elle prêtait main forte aux lanceurs de pierre et aux résistants palestiniens. On imagine les terribles conséquences d’un tel acte qui libérerait des milliards de mètres cubes d’eau dans la vallée du Nil ! On peut craindre le pire maintenant que cet extrémiste enragé va redevenir membre du gouvernement de Netanyahou.

En fait, l’eau est utilisée pour punir collectivement les Palestiniens.

L’ancien ministre Yitzhak Rabin, à la suite de l’Intifada, en a fait une pratique courante : après chaque attentat, Israël prive d’eau le village dont est originaire le kamikaze et mitraille les réservoirs recueillant l’eau de pluie sur ses toits. Quand cela se produit en mai par exemple, les Palestiniens se retrouvent privés d’eau jusqu’au début de l’hiver… s’il pleut. Amira Hass, journaliste israélienne à Ha’aretz, a dénoncé, en 2002, cette politique inhumaine à Naplouse- où elle vivait. Elle a aussi publié un livre au titre révélateur : « Boire la mer à Gaza, chronique 1993-1996 ».

S’en prendre à l’eau des Palestiniens de manière discriminatoire, c’est de la part d’Israël, une autre manœuvre pour porter atteinte à leur développement social et économique et les empêcher d’atteindre un niveau de vie décent. De plus, le manque d’eau et l’absence de gestion des eaux usées – car l’occupant interdit les travaux sur le réseau et ne permet pas l’entrée du fuel pour les pompes- génèrent de graves problèmes de santé au point que, depuis août 2006, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a prépositionné les équipements et les médicaments pour traiter une éventuelle épidémie de choléra.

Injustice et discrimination

La politique constante de démolition des infrastructures : adductions, centrale électrique, réservoirs, pompes… est minutieusement planifiée pour rendre impossible la vie aux Palestiniens et les amener à quitter leur terre au bénéfice des colons sionistes et à se soumettre à l’occupation.

A Gaza, au cours des trois dernières années, le siège inhumain décrété par les sionistes a exacerbé la pénurie d’eau. Du fait du délabrement du réseau, l’eau potable de la Bande n’est pas saine dans la proportion de 80% selon Amnesty International. La récente agression a, bien évidemment, aggravé ces terribles conditions puisque les bombardements ont gravement endommagé le réseau dans les zones urbaines, au camp de réfugiés de Nassirat et détruit les puits à Jabalia.

De même, le réseau d’eaux usées a été fortement atteint avec les conséquences sanitaires qu’on imagine.

Depuis janvier 2009, un demi-million de personnes- soit le tiers des habitants de Gaza- est privé d’eau potable.

Et alors que, quand une colonie sioniste s’installe en Cisjordanie , le premier élément qui sort de terre est un château d’eau- généralement protégé par des barbelés- 500 communautés villageoises palestiniennes de Cisjordanie ne sont pas desservies en eau potable. Seul recours : les camions-citernes dont le prix a atteint des sommets suite aux innombrables check points et aux tracasseries de toute sorte qui sont le lot de la circulation des véhicules aux plaques palestiniennes.

Reste l’eau de pluie pour répondre aux multiples usages pour la boisson, l’hygiène, les animaux domestiques, l’arrosage des potagers… mais huit années de sécheresse consécutives ont bien évidemment aggravé le calvaire des gens… qui voient les colons parlant russe arroser le vert gazon de leur villa et déverser sur eux, dans de nombreux cas, leurs eaux usées.

Le journal Ha’aretz fustige ces colons qui « consomment l’eau comme si Israël était la Norvège ». Pour sa part, Amnesty International rapporte que le 15 janvier 2008, à Beït Ala, près de Bethléem, l’armée israélienne a arraché les arbres des vergers palestiniens et détruit de manière systématique et planifiée neuf réservoirs rendus irréparables – construits par des ONG locales financés par l’Union Européenne- privant ainsi d’eau neuf familles.

De tels actes avaient déjà été perpétrés par les militaires sionistes en 1999 et 2001, plus au sud, à Soussia.

Rappelons à ce propos que l’eau des Palestiniens est entièrement sous la férule des militaires par la grâce de l’infâme ordonnance militaire n° 158 du 30 octobre 1967 qui dispose qu’ « il est interdit à quiconque de mettre en œuvre ou de détenir des installations hydrauliques sans avoir préalablement obtenu l’autorisation du commandement militaire ». C’est ainsi qu’aucun village palestinien ne peut forer de puits dépassant 18 mètres de profondeur. Il va de soi que cette limitation ne s’applique pas aux colonies et dès que l’une d’elles s’installe près d’un village, ses puits tarissent du fait de la profondeur de son forage et de la puissance de ses motopompes.

L’injustice et la discrimination font qu’un Palestinien ne dispose aujourd’hui que de 60 à 90 litres d’eau par jour dans le meilleur des cas alors qu’un Israélien dispose d’une moyenne de 280 litres quotidiennement, d’après le New York Times du 02 septembre 2001. Or, la grande majorité des nappes d’eau douce alimentant la Palestine se trouve en Cisjordanie et se recharge grâce à l’eau de pluie qui y tombe. Pourtant, Israël s’adjuge la part du lion et puise 340 millions de mètres cubes dans ces aquifères et ne permet aux Palestiniens que l’usage de 22 millions de mètres cubes seulement.

On comprend que les Palestiniens voient aujourd’hui leur pays comme « le pays de la soif ». Tewfik Abou Wael, le talentueux cinéaste palestinien, a signé un beau film au titre éloquent : « Atash » qui a remporté le Prix de la Critique Internationale à Cannes en 2006.

Face à leur déni flagrant des droits vitaux des Palestiniens, les Israéliens et leurs soutiens aux Etats Unis, dans l’Union Européenne et ailleurs, seraient bien inspirés d’entendre la voix du regretté Mahmoud Darwich quand il déclamait :

« Enregistre en première page :
Je ne déteste pas les gens
Ni n’empiète personne
Mais quand on m’affame
Je mange la chair de mes spoliateurs
Prenez garde
Prenez garde
A ma faim et à ma colère
»



Mohamed Larbi BOUGUERRA a fait une carrière d’enseignant-chercheur des deux côtés de la Méditerranée. Après une thèse de doctorat d’Etat en sciences physiques soutenue à la Sorbonne en 1967, il a été assistant à la Faculté de Médecine de Paris et chargé de recherche à l’INSERM.

Avant d’opter pour les sciences physiques, il avait été admis à la section géographie de l’ENS de Tunis et avait fait un séjour au département de psychopédagogie de l’Université Southern California à Los Angeles et à l’Université George Washington à Washington, D.C. Par la suite, il a été professeur à la Faculté d’Agronomie de Tunis puis à la Faculté des Sciences de Tunis ensuite directeur de l’Institut National d’Art, d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis (1977-1981) et enfin directeur de l’Institut National de la recherche scientifique et technique de Tunisie (équivalent du CNRS français) de 1987- 1991.

Il a été professeur invité à l’Ecole Polytechnique fédérale de Lausanne en 1994. En 1994-95, il a été directeur de recherche associé au CNRS (Université Paris VI). Il a présenté, en juin 2002, une communication à la commission spécialisée du Parlement Européen, à Bruxelles, sur la problématique Eau et sur les usages des pesticides dans les pays du Sud.

Larbi BOUGUERRA a été consultant de l’OMS, de l’ALECSO et de l’UNESCO. Il a effectué diverses missions portant sur les produits toxiques pour l’OMS au Koweït, au Maroc (deux missions), en Tunisie, en Jordanie. Il a été président du Comité pour l’avancement de la chimie dans le monde arabe de l’UNESCO et, à ce titre, a visité les laboratoires et les universités d’Arabie Saoudite, du Koweït, d’Egypte, d’Irak, du Maroc, de Jordanie …

Il a siégé au comité d’éthique de l’OMS en 1995 et est actuellement membre du Conseil du Futur de l’UNESCO à Paris, et administrateur de la Fondation des Générations Futures de Namur (Belgique), responsable du Programme Eau de la Fondation Charles-Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme et membre du Prix de la recherche scientifique du journal le Monde.

La carrière de Larbi Bouguerra a été consacrée d’abord à la chimie de l’environnement, puis à son économie et à la didactique de la chimie. Parallèlement, il a mené une réflexion sur les retombées de la science dans les pays du Sud. Il a assuré pendant une dizaine d’année une émission scientifique hebdomadaire à Radio-Tunis Internationale « Le charme discret de la Science ». Il est membre de l’American Chemical Society (ACS) depuis 1976. Il a participé au Groupe de Lisbonne (Président Mario Soares) sur la problématique Eau. Il a assuré, en 2002, des cours de formation sur l’environnement ( problématique Eau) pour les journalistes des pays d’Asie ex-soviétiques à Alma-Ati au Kazakhstan à la demande de la Coopération suisse et à Kiev, en Ukraine à la demande de l’ambassade de France. En décembre 2003, à la demande de l’Ambassade de France aux Etats Unis, il a présenté, à Washington, à diverses institutions ainsi qu’à l’Université Columbia, son livre « Les batailles de l’eau. Pour un bien commun de l’Humanité.»

Il est actuellement professeur associé (Département Gestion de l’Environnement) à l’Université Internationale francophone Senghor à Alexandrie (Egypte).

Larbi Bouguerra est l’auteur (avec ses élèves) d’un grand nombre d’articles dans des revues scientifiques internationales spécialisées avec referees (Analysis, J. of Chromatography, J. of Electrochemical Society, J. Société Française d’Hématologie, Blood, J. de la Société Chimique de France, Annales de Chimie, Comptes Rendus de l’Académie des Sciences de Paris, Fresinius, Acta Biologica Hungarica, J . Société Française d’Ecologie, J. de la Société Chimique de Tunisie, Trends in Analytical Chemistry, ...). Il a dirigé, au cours de sa carrière, près d’une cinquantaine de DEA, thèses du 3ème cycle et thèses d’Etat.

Ouvrages grand public :

« Les poisons du Tiers Monde » traitant de l’emploi des pesticides dans les pays du Sud, La Découverte, Paris, 1985 (épuisé)
« L’Etat de l’environnement dans le monde », sous la direction de M. et C. Beaud et M.L. Bouguerra ; La Découverte, Paris, 1988 (traduit en portugais et en vietnamien)
« Chimie et développement », Editions de l’ACCT, Paris, 1998 (en cours de traduction en farsi à Téhéran)
Chimie appliquée à l’usage des Universités (en langue arabe et en collaboration), Publications de l’ALECSO, Tunis /Le Caire, 1989
« La recherche contre le Tiers Monde », Presses Universitaires de France, Paris, 1993 (traduit en arabe, Editions Dar El Farabi, Beyrouth, 2000)
« Environnement en milieu tropical », sous la direction de Jean Coudray et M.L. Bouguerra, Collection Universités francophones, Editions ESTEM, Paris, 1994.
«Indépendances. Parcours d’un scientifique tunisien », en collaboration avec Bernard Verfaillie, Editions Descartes et Cie, Paris, 1998 (traduit en arabe, Editions Dar El Farabi, Beyrouth, 2000)
« La pollution invisible », Presses Universitaires de France, Paris, 1997 (traduit en portugais, Editions Instituto Piaget, Lisboa, 1999)
« Linus Pauling, l’Einstein de la chimie, savant rebelle et humaniste », Editions Belin/Pour la Science, 2002, Paris (Traduction en portugais au Brésil)
« Les batailles de l’eau. Pour un bien commun de l’Humanité», Editions de l’Atelier, Paris, septembre 2003. Ce livre est simultanément publié à Montréal, Bruxelles, Lausanne et dans plusieurs pays du Sud (Maroc, Tunisie, Mali, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée...) (traduit en portugais, en arabe, en anglais et en espagnol)
Traduction-adaptation : State of the World 2004 (Worldwatch Institute, Washington, D.C.) traduit en français sous le titre « La consommation assassine. Comment les modes de vie des uns nuisent à ceux des autres. Pistes pour une consommation responsable », janvier 2005 aux Editions Charles-Léopold Mayer, Paris.

Faire un don

Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.

Oui ! Je soutiens ISM-France.


Contacter ISM France

contact@ism-france.org

Suivre ISM France

S'abonner à ISMFRANCE sur Twitter RSS

Avertissement

L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.

Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.

D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.

A lire également...
Même lieu

Palestine

Même sujet

Nettoyage ethnique

Même auteur

Mohamed Larbi Bouguerra

Même date

25 mars 2009