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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Antoine Shalhat et l'oasis de la Shabak

Par

Nous n'avions pas besoin de la signature du premier ministre par intérim, Ehud Olmert, de l'ordre d'interdiction de voyager pendant un an pour l'écrivain et critique, notre collègue Antoine Shalhat, pour être certains du mensonge de la prétendue démocratie israélienne, et du mensonge de la phrase "la seule oasis dans le Moyen-Orient que les Israéliens vantent sur toutes les tribunes.

La signature d'Olmert et celle de Sharon avant lui, ont prouvé ce fait, d'une part, que la démocratie israélienne, si elle existe, n'est que pour une catégorie des habitants de ce pays, et d'autre part, qu'elle n'est qu'un slogan mensonger par lequel Israël défend sa politique de discrimination raciale pratiquée envers la minorité arabe palestinienne à l'intérieur depuis plus d'un demi-siècle.


L'ordre d'interdire au collègue Shalhat de quitter le pays rappelle la politique de gouvernement militaire qui fut imposé sur la minorité arabe palestinienne à l'intérieur, pendant près de 20 ans, après la Nakba, lorsque les Palestiniens ont été interdits de se déplacer, même d'un village à un autre, sans autorisation du gouverneur militaire, tout comme il rappelle la sinistre politique de la censure, où le censeur avait la liberté d'interdire la publication d'un auteur ou même d'un morceau littéraire, ou un journal sous prétexte d'un prétendu danger sécuritaire, tel que c'est le cas actuellement pour le collègue Antoine Shalhat.

En réalité, nous n'avons jamais entendu, depuis la création de l'Etat d'Israël, de l'émission d'un ordre semblable à celui paru contre le collègue Antoine Shalhat contre un écrivain ou un auteur juif, ni même contre un citoyen juif, à l'exception de quelques-uns desquels Israël craint qu'ils ne dévoilent ce qu'ils ont dans le coeur à propos de la démocratie et de sa politique d'agression, comme cela s'est passé pour le savant nucléaire Mordechaï Vanunu, par exemple.

Prétendre que l'ordre d'interdire au collègue Antoine Shalhat de voyager est justifié parce que son voyage pourrait porter atteinte à la sécurité de l'Etat n'est qu'un grossier mensonge, qui devient vite ridicule lorsque nous savons qu'il s'agit d'un écrivain qui a consacré à sa vie à ses écrits, à ses traductions littéraires, politiques et théoriques, traduisant de grands auteurs israéliens comme Amos Oz, par exemple.

De quel danger sécuritaire, parlent Olmert , et avant lui Sharon et les hommes des appareils de la Shabak sur lesquels s'est appuyé cet ordre ?

La campagne contre le collègue Antoine Shalhat ne le vise pas personnellement, et ne s'arrête pas à lui. Nous avons été témoins au cours des années précédentes d'autres campagnes organisées contre les auteurs palestiniens en Israël, leur interdisant de se rendre dans les régions palestiniennes occupées après 1967, leur interdisant de se rendre à l'étranger, leur interdisant de publier des oeuvres libbéraires, des articles de presse, pour les prétextes mensongers.

Au cours des derniers mois, plusieurs journalistes arabes ont été soumis à des interrogatoires menés par les appareils de la Shabak et de la police israélienne, également pour des prétextes mensongers, comme la relation avec des parties hostiles ou la publication de matières qu'Israël juge incitatrices.

Plusieurs rédacteurs du site arabs48 furent soumis à ce genre d'interrogatoires, le dernier en date étant le président administrateur du site, l'écrivain Ahmad Abu Hussayn.

Il ne faut pas non plus oublier le jugement au tribunal actuel du rédacteur en chef de la revue Sawt al-Haqq wal Hurriya et de l'un de ses rédacteurs, accusés d'incitation lorsqu'ils ont publié une explication d'un verset du saint Coran.

L'interrogatoire a même touché l'un des journalistes correspondant d'une revue arabe, un autre écrivain qui a publié un article sur l'Intifada palestinienne à ses débuts.

Il faut également rappeler les poursuites auxquelles furent soumis plusieurs écrivains et poètes palestiniens de l'intérieur au temps du gouvernement militaire, lorsqu'ils ont été emprisonnés parce qu'ils avaient publié des poèmes et d'autres oeuvres littéraires que la censure a jugée incitateurs.

Par conséquent, l'ordre d'interdiction visant le collègue Antoine Shalhat et la poursuite engagée contre les collègues journalistes visent l'ensemble du mouvement littéraire palestinien de l'intérieur, ils visent la liberté de parole et d'expression qu'Israël prétend appliquer, tout comme ils visent toutes les plumes dans le monde censés être protégés par les accords des droits de l'homme signés par Israël qui prétend les appliquer.


Dans un Etat démocratique réel, il serait possible d'avancer des prétentions telles que celles avancées par le Shabak, concernant le "danger sécuritaire" que représente "le voyage à l'étranger", seulement si cette prétention est prouvée, par les preuves et les indices, et au tribunal de décreter si ces prétentiosn sont justes ou fausses.

Mais dans un Etat dirigé par le Shabak, l'accusation de "rencontre avec une partie hostile" peut être lancée contre toute personne sans qu'il soit nécessaire de le prouver, la loi et la justice sont uniquement des masques levés par l'oasis de la démocratie pour cacher ses crimes contre le droit à la parole écrite.

Lorsque le premier ministre s'appuie sur de telles prétentions, et refuse de les dévoiler, arguant du "secret", il se met lui aussi dans le box du doute et de l'accusation.

La Cour suprême israélienne ne nous a pas étonnés lorsqu'elle a décidé de rejeter l'appel concernant le collègue Antoine Shalhat, préférant écouter les prétentions des hiboux de l'obscurité au lieu d'écouter la voix de la raison et de la logique, représentée par les lettres de l'écrivain

Sami Mikha'il et le professeur Sassoun Soumig, accompagnant l'appel.

Il est probable que les mots de l'écrivain Sami Mikha'il, considérant l'écrivain Antoine Shalhat "l'un des ponts importants reliant les cultures israélienne et arabe" demeurera un cri dans une profonde vallée, tout comme d'autres cris perdus dans l'"oasis de la démocratie de la Shabak".



Revenons sur cette interdiction de se rendre à l'étranger, prononcée contre l'écrivain Antoine Shalhat.

C'est le 25 décembre dernier que le premier ministre Sharon envoie pour cadeau de noël à l'écrivain Shalhat un ordre d'interdiction de se déplacer à l'étranger, pour une semaine.

Le prétexte invoqué étant que son départ "met en danger la sécurité de l'Etat". La note au bas de l'ordre précise que cet ordre pourrait être renouvelé.

Antoine Shalhat a reçu cet ordre par la poste, en recommandé.

Antoine Shalhat est rédacteur de "la scène israélienne" au centre palestinien pour les études israéliennes, "Madar", et avait été rédacteur en chef du journal Fasl al-Maqal, organe du Rassemblement National démocratique.


Le 2 janvier 2006, L'écrivain Shalhat reçoit une prolongation de l'interdiction, jusqu'au 15 janvier, par la poste ordinaire. Ce qui étrange dans l'affaire, c'est que Shalhat n'avais pas du tout l'intention de sortir du pays.

L'avocat à l'association Adalah, Marwan Dallal, envoie une lettre à Katsir, du département dépendant du ministère de l'Intérieur, une lettre notifiant que le renouvellement est nul étant donné qu'il viole les droits fondamentaux touchant à la dignité et la liberté de la personne, et que les motifs ne sont pas précisés.

En réponse, l'écrivain reçoit une lettre le 17 janvier lui signifiant l'interdiction de voyager pendant un an, signé par le premier ministre par intérim, Ehud Olmert. Cette lettre lui fut remise au bureau du ministre de l'intérieur à Akka, au lieu de résidence de l'écrivain.

Dans la lettre, Olmert écrit : "En vertu de mes prérogatives basées sur les lois d'urgence de 1948, et après avoir été convaincu du danger représenté par tout déplacement à l'étranger d'Antoine Shalhat, pour la sécurité de l'Etat, j'émets l'ordre de prolonger l'ordre d'interdiction de quitter le pays jusqu'au 31 décembre 2006".


Suite à ces menaces sur la liberté de déplacement de l'écrivain, l'Union des associations civiles arabes, Ittijah, basée à Haïfa, adresse une lettre explicative à la responsable dans l'ONU de la défense des droits de l'homme.

La réponse est rapide : le département de l'ONU décide de s'occuper de la question et de considérer tout le dossier des interdictions administratives dans l'Etat d'Israël.

Fida Abu Ata, responsable dans Ittijah, a déclaré qu'Israël essaie de paraître dans les instances internationales comme un système démocratique et un Etat de droit, en cachant toutes les violations des droits de l'homme palestinien et les violations des accords internationaux.

Pour Fida Abu Ata, il n'est pas possible de considérer cette affaire comme individuelle, il s'agit de la même politique des poursuites politiques et de la grave tentative de délégitimer l'expression et l'action politique des Palestiniens.


Source : www.arabs48.com

Traduction : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine

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