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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Lettre à mon proche dans le camp

Par

Traduit de l'Arabe

Aujourd'hui commence et je commence avec toi à dénombrer les jours de la 57ème année.
Mon parent, j'espère que ma lettre t'arrivera alors qu'il restera encore en toi un souffle de vie, des yeux qui peuvent encore lire les mots ou un coeur où ils auraient laissé quelques artères et qui batte pour enraciner ne serait-ce que le rêve dans la mémoire des générations et leur transmettre la clef que mange la rouille et qui est dans la poche du vieux pantalon.

Hier, je t'ai vu dans les visages de milliers de Palestiniens, dans les villes de Cisjordanie et de Gaza, ainsi que dans les camps de la misère, portant une banderole colorée, une keffieh ou un morceau de papier sur lequel était écrit l'un de ces slogans que tu t'es épuisé et que nous nous sommes épuisés à répéter : « Le Droit au Retour est un droit sacré ».
Tu le dis et je le dis.
Mais eux, là-bas, à « Yéroushalaim », là-bas, dans cette maison close qui impose sa domination au monde et qu'on appelle « la Maison Blanche », ils disent que ton Droit au Retour à la terre dont tu as été façonné et à la tombe est plus proche de toi que ton Droit au Retour à la terre où tu as appris à marcher enfant, dans ton pays, dans ta patrie, et dans le lopin de terre de ton grand-père que s'est appropriée l'administration des « biens des absents ». Elle l'a vendu à tes petits enfants, eux aussi considérés absents par elle qui n'a pas reconnu leur droit à l'héritage.



Hier, je t'ai regardé pour la millionième fois, sur les écrans de toutes les TV arabes et sur certaines occidentales, portant ton sac sur ton dos, allant vers le Nord ou vers l'Orient, après que leurs camions t'aient emporté et jeté avec tous les réfugiés aux frontières, dans les champs, dans les fossés, partout où ils pouvaient surveiller tes pas qui allaient dans une seule direction. vers cet exil qu'ils t'imposaient par le feu et par la Déclaration Balfour, avec le silence et la complicité de la Grande- Bretagne et des Etats-Unis.. et avec un silence et une complicité arabe.Ils t'ont tiré de ta maison, de la mienne, ils t'ont jeté là -bas, derrière les frontières.

Et lorsque tu leur as demandé, cinquante ans plus tard, pourquoi ils t'avaient chassé, ils ont répondu : « Ton parent a choisi de partir, nous n'avons chassé personne, nous n'avons sorti personne de sa maison. C'est pourquoi nous refusons de porter la responsabilité morale de la décision des tiens et nous refusons de leur ouvrir à nouveau la porte. Car par la porte ne rentrent que les juifs, parce que la maison ne peut nous contenir, vous et nous, mais seulement nous, ainsi que les enfants de notre peuple juif, en tout temps et en tout lieu ».

Et ne t'étonne pas, mon parent, il y en a parmi nous, de nos arabes , de notre Palestine qui leur accordent un certificat de pardon et qui apposent leur signatures sur de tels propos.



56 ans se sont achevés hier, et nous commençons aujourd'hui la 57ème année. Et celui-là qui a envoyé ses soldats et ses putes en Irak pour détruire ce qui restait de la civilisation de Babylone, pour souiller le pays de l'entre deux fleuves, pour organiser des orgies et reproduire les « gloires » des Mille et Une Nuits accorde à ceux qui n'ont aucun lien avec cette terre, le droit d'y venir, de s'y installer, d'y construire, de s'y marier, de s'accroître et de se reproduire. Quant à toi, il t'empêche de revenir au figuier que tu as laissé dans la cour de la maison, au dalhia qui attend tes mains pour le cajoler et l'arroser de ta sueur.aux oliviers qui attendent la récolte.



56 ans que tu macères dans la boue du camp, mangeant la terre quand tu ne trouves pas de pain, buvant l'eau polluée des marécages nés du long hiver. Et quand tu lèves la tête et que tu t'enfonces dans le rêve du retour, le bourreau arabe est le premier à te lacérer le dos avec un fouet américain, ou même israélien.



56 ans ont passé, mais la Nakba n'a pas disparu de ta conscience, au contraire, leurs actions visaient à te la faire revivre à nouveau tous les jours. Et ce n'est pas par hasard, ce n'est pas par hasard, ce n'est pas par hasard que le jour de la 56ème célébration ait été le jour choisi par Sharon pour poursuivre la destruction, avec ses bulldozers, des maisons de tes frères dans le camp de réfugiés de Rafah, exactement comme les chars de son peuple et les bandes armées de son pays avaient détruit ta maison et celles de tes frères en 1948. Hier, nous avions rendez-vous avec le souvenir mais nous n'avons cessé de vivre une Nakba continue et renouvelée, année après année.



En 1948, ils ont détruit les maisons, ils ont tué les gens, ils les ont brûlé et ont prétendu : « Ceci est notre guerre en vue de récupérer une terre où ont vécu les juifs, il y a des siècles et des siècles.. » et ils ont déclaré : « Nous n'oublierons pas, même si mille siècles passent sur la prise de Babylone ».

Quant à toi, mon parent, ils veulent que tu oublies ta mère qui t'a donné le sein, et est montée sur leur croix, lorsqu'ils ont tiré sur elle, par derrière, alors qu'elle te portait sur sa poitrine, tentant de te sauver. Leurs tirs ont été plus rapides et elle s'est jetée sur toi pour te protéger..

Ils veulent que tu portes des bouquets de roses et que tu les jettes à leurs soldats et à leurs chars lorsqu'ils envahissent le camp pour en détruire les maisons.

Ils veulent que tu étales le tapis rouge et que tu leur lances du riz et des amandes quand ils envahissent ton espace privé, qu'ils troublent le calme de tes jours, qu'ils torturent tes enfants, violent ton honneur et te tuent.


Mais si tu leur tiens tête, si tu les affrontes, si tu leur lances un mot, une pierre, une balle, alors tu es terroriste. C'est toi qu'il faut tuer car tu as empêché le char de planter la mort et la destruction dans le quartier Zeitoun et dans le camp de Yebna. Et quand tu as causé la mort d'un de leurs soldats venus te tuer, tu perds toute image d'être humain et tu deviens antisémite et nazi.

C'est ce que déclare celui qui tient la maison close international(e) entre ses doigts, aux bords de la piscine relaxante de la Maison Blanche ou des parcs de délassement de Camp David, alors que son armée n'hésite pas à inventer multiples types de tortures et d'avilissements..

Dernière en date, la torture de l'organe sexuel lui-même du prisonnier irakien que l'on oblige à regarder les soldates pratiquer la prostitution, en public et collectivement, à se masturber pour que la soldate se repaisse dans sa débauche sexuelle.

Et si c'est ce qui se passe dans la prison d'Abou Ghreib dont sont sortis quelques survivants pour raconter cela qui tente d'être nié, avec l'appui arabe, alors, que se passe-t-il dans cette île cubaine, dans ce campement dont ne sortent ceux qui y pénètrent que sur un brancard ou le cerveau éteint.. Malgré tout cela, ils se donnent eux-même le nom de civilisés, ramenant l'histoire à un seul mot : terroriste.

C'est toi le terroriste, ô fils de mon oncle, car tu combats le char et que tu rêves de devenir oiseau ou aigle planant dans les airs pour affronter l'avion qui ne cesse de planter les épines rouges dans ta terre.


Ô mon proche...56 ans ont passé et vont suivre autant d'années ou plus. Pardonne-moi car je ne peux espérer qu'il en passera moins. Je ne me représente pas cela dans un monde arabe qui ne s'accorde pas sur les dates et l'ordre du jour d'un sommet alors qu'il s'accorde à rencontrer le président d'un Etat et à accueillir le ministre d'un Etat dont les mains sont souillées du sang de ton peuple et du sang de ton arabité...



Mon parent, le chemin du retour va continuer jusqu'à ce que tu reviennes... mais j'ai peur de t'avoir rejoint avant ton retour..et ce n'est pas impossible, alors que même la chaîne satellite arabe que combattent les Etats-Unis et Israël nuit et jour, offre deux tribunes à deux voix sionistes refusant le droit au retour contre une tribune à une voix palestinienne qui revendique le minimum du droit au retour et le minimum de la Palestine historique.. Ne t'étonne pas de cela, mon parent, c'est ce qui est arrivé sur une chaîne satellite arabe, non pas un jour normal, mais le jour même de la Nakba...



Mon parent, j'espère que ma lettre t'arrivera alors qu'il restera encore en toi un souffle de vie, des yeux qui peuvent encore lire les mots ou un coeur où ils auraient laissé quelques artères et qui batte pour enraciner ne serait-ce que le rêve dans la mémoire des générations et leur transmettre la clef que mange la rouille et qui est dans la poche du vieux pantalon.

Peut-être que viendra le jour où ton fils ou ton petit-fils ou le petit-fils de ton petit-fils trouvera une goutte d'huile arabe dans laquelle il plongera la clef avant de la rentrer dans la porte de la maison imaginaire..

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