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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Franchir la ligne - Susan Nathan

Par

Désillusionnée par la politique ségrégationniste de son nouveau pays, une Britannique immigrée en Israël décide d’aller vivre chez les musulmans.

C’est un personnage un peu incongru qui m’attend devant la grande mosquée centrale de la ville de Tamra, dans le Nord d’Israël. Aucun danger que je ne la remarque pas.
Elle est blonde (cheveux courts), et tranche sur les autres femmes, qui se couvrent la tête d’un foulard.
Elle porte une robe d’été à fleurs qui serait sans doute moins déplacée dans les rues de Wimbledon, au sud de Londres, son ancienne ville, qu’ici, au Moyen-Orient…

Franchir la ligne - Susan Nathan

Mais la différence est bien plus profonde. Susan Nathan est la seule juive à habiter Tamra, au milieu de 25 000 musulmans, une ville gérée par une municipalité islamiste.

Mieux : elle est l’une des deux seuls juifs israéliens connus pour avoir traversé le grand fossé ethnique qui divise Israël et être allés vivre dans une des dizaines de localités arabes du pays.

L’autre, c’est l’universitaire et écrivain controversé Uri Davis, le fondateur du Mouvement Contre l’Apartheid Israélien en Palestine, fort peu connu, qui habite tout près d’ici, à Sakhnin.

Mme Nathan, enseignante de 54 ans, ancienne humanitaire de l’association Aids, est venue en Israël voici quatre ans de cela, après son divorce, afin de faire son "aliyah" (ce terme hébreu désignant la "montée" de ceux qui immigrent en Israël en vertu de la Loi dite du Retour).

Elle a choisi la manière dure, en se soumettant à l’"Expérience de l’Immigrant", en vivant dans ce qui n’était guère plus qu’une cellule de prison durant cinq mois, dans un centre d’assimilation près de Tel-Aviv.

"Je suis arrivée pleine d’enthousiasme sioniste", me dit-elle. "Le responsable de l’Agence juive pour le Nord de Londres avait plein de photos séduisantes accrochées aux murs de son bureau – toutes représentaient des juifs israéliens et des localités juives. Il ne m’a jamais dit qu’il y avait aussi plein d’Arabes, dans le pays où j’allais m’établir bientôt…"

Le gouffre béant entre l’image d’Israël et sa réalité allait être le fil conducteur de toute notre conversation…

Depuis qu’elle a quitté son appartement à Tel-Aviv, voici sept mois, et qu’elle est venue vivre à Tamra, elle a perdu la quasi-totalité de ses amis israéliens juifs.

Même ses amis juifs, en Angleterre, l’accusent d’avoir trahi. "Au début, ils pensèrent que je voulais simplement jouer la provocation", m’explique-t-elle.
"Ensuite, ils ont pensé que j’avais perdu la tête, que je souffrais d’une forme ou d’une autre de dépression nerveuse, et que j’avais besoin qu’on m’aide. Maintenant qu’ils ont compris que je sais ce que je fais, ils m’ont tourné le dos. Ce que j’ai fait est bien trop déstabilisant… Menaçant, même…"

Assise dans son appartement au premier étage, à Tamra, décoré de cotonnades africaines imprimées, avec une collection de CD de musique classique et des étagères garnies de livres d’art et d’histoire juive, il est pourtant bien difficile d’imaginer quel genre de menace Mme Nathan pourrait bien incarner ?

Elle est gracile, car elle ne s’est pas encore entièrement remise d’une opération d’une forme rare et très dangereuse de cancer de l’œil, et sa voix fluette est immédiatement couverte par l’appel à la prière de midi lancé par le muezzin du quartier. Bien qu’elle refuse de s’exprimer en hébreu à Tamra, elle continue à porter une Etoile de David au cou.

Paradoxalement, son attitude lui a également voulu l’inimitié des ténors de la gauche juive, y compris de personnes tel Uri Avnery du mouvement pacifiste Gush Shalom.

"La gauche juive est totalement imbue de l’idée de deux pays, pour deux peuples. Ce que je fais, en démontrant que les juifs et les Arabes peuvent vivre ensemble, ça leur casse la baraque !"

Ce ne sont pas seulement ses ex-amis et la gauche israélienne qui voient en elle une menace ; il en va apparemment de même, pour les autorités.

Beaucoup des méls qu’elle expédie n’aboutissent jamais ; on a mis son téléphone sur écoutes et elle est soumise à des fouilles en règle à l’aéroport à chaque fois qu’elle part d’Israël ou qu’elle y revient.

Son méfait, dit-elle, c’est de mettre en évidence, à travers ses actions, l’existence d’un apartheid de facto dans son pays. Et il ne s’agit pas, en l’occurrence, de la ségrégation contre les Palestiniens des territoires occupés, même si elle tient à rappeler que cette ségrégation existe bel et bien, elle aussi, et qu’elle est rendue plus qu’évidente par la construction d’une barrière de séparation de 350 kilomètres de longueur, tout autour de la Cisjordanie .

Non. La ségrégation qu’elle s’efforce de dénoncer, c’est celle qui existe entre les juifs et les citoyens arabes d’Israël, au nombre d’un million ; ce sont les descendants des Palestiniens restés en Israël après que l’énorme majorité d’entre eux furent chassés, au cours de la guerre de 1948 qui aboutit à la création de l’Etat juif.

Aujourd’hui, la plupart de ces Arabes vivent aux pourtours du pays, en Galilée, au Nord, ou dans la région semi-désertique du Néguev, au Sud.

Bien que pratiquement rien, dans la législation, n’interdisent aux juifs et aux Arabes de vivre ensemble, dans la pratique, cela n’arrive pour ainsi dire jamais. Les Israéliens juifs sont éduqués à voir dans en leurs voisins arabes soit des gens primitifs, soit des gens dangereux, m’explique Mme Nathan.

Il est si rare que des juifs et des Arabes se marient entre eux, en Israël, que ce phénomène n’est même pas débattu ; la poignée de ceux qui ont brisé ce tabou vivent incognito, généralement à Tel-Aviv ou dans une de ces villes abusivement qualifiées de "mixtes", telles Lod, Saint-Jean d’Acre ou Haïfa (en réalité, il s’agit tout simplement de villes juives comportant des quartiers arabes, déshérités et ségrégués).

Les Arabes israéliens sont en butte à de multiples vexations qui leur interdisent de s’intégrer dans des communes juives. Près de 93% du territoire qui sont détenus par l’Etat ou par des organismes du Fonds national juif et ne peuvent être vendus à des Arabes.

Quiconque tente de donner en location ces lots de "terres juives" est sanctionné par des comités chargés d’éliminer les indésirables comme de mauvaises herbes, dont, bien entendu, les Arabes.

Un couple arabe, Adel et Iman Kaadan, exclus d’une riche localité juive de la Basse Galilée, Katzir, luttent contre cette discrimination devant les tribunaux israéliens depuis sept ans.

Bien qu’ils aient remporté un procès, voici de cela quatre ans, le verdict en leur faveur n’a jamais été mis en application, et le gouvernement envisage depuis quelque temps de modifier la loi afin de s’assurer qu’il n’en sera jamais question.

Face à ce contexte, Mme Nathan a commencé à s’interroger sur son propre sionisme et sur la direction prise par l’Etat juif depuis sa fondation, voici un peu plus d’un demi-siècle.

"J’ai sucé le sionisme à la mamelle. Mes parents étaient des membres éminents de la communauté juive libérale de Londres ; Abba Eban était leur grand ami", me dit-elle, faisant allusion au célèbre orateur et ministre des Affaires étrangères israélien durant l’époque charnière de la guerre des Six jours, en juin 1967, au cours de laquelle Israël a conquis la Cisjordanie et la bande de Gaza respectivement sur la Jordanie et l’Egypte.

"A l’âge de dix ou onze ans – je m’en souviens bien –, je disais à mes parents qu’un jour, j’allais vivre en Israël".

Durant les années 1990, elle était venue régulièrement passer ses vacances en Israël. Mais, dit-elle, il était facile, à l’époque, d’ignorer l’existence des Arabes.
"Il ne m’était jamais venu à l’idée d’aller voir où ils vivaient, et de quelle manière ? Tout simplement, je ne les "imprimais" pas. Comme la plupart des sionistes, je ne me suis jamais préoccupée de gratter un peu la surface des choses. Je croyais aveuglément tout ce qu’on me racontait, de tout mon cœur !"

Sa foi, cependant, fut ébranlée par l’explosion de l’Intifada, voici près de trois ans de cela. Accro de télévision et de journaux, elle eut le sentiment qu’on ne lui disait jamais tout.

Désillusionnée, elle adhéra à une association sociale radicale, un des rares groupes juifs dont le message de coexistence avec la population arabe du pays avait survécu à l’Intifada. Elle refuse d’en donner le nom, toutefois, de peur que la révélation de ce qu’elle en pense ne mette en danger les financements que cette association reçoit des Etats-Unis.

Mme Nathan s’est vu confier la mise en place d’un projet éducatif à Tamra. Les week-ends, elle visite les quartiers de la ville, elle va voir les familles et elle parcourt les rues pour s’imprégner de la vie locale. "C’était comme si j’étais un spécimen de zoo", dit-elle. "Les gens me dévisageaient comme si je me trouvais là par un accident extraordinaire, comme si, m’étant perdue, je ne savais pas où j’étais."

Fortuitement, elle fit la connaissance d’Asad Ghanem, un professeur de science politique de l’Université de Haïfa, qui habite également Tamra. "Il était courtois, mais très froid et réservé. Il me dit simplement que la coexistence, ça n’existait pas."

Son épouse, Akhlab, toutefois, cherchait un professeur d’anglais pour la ville et Nathan lui promit de l’aider à trouver quelqu’un pour enseigner l’anglais à Tamra, pour une première période de trois mois.

Tous les professeurs qu’elle approcha à Tel-Aviv avaient trop peur d’y venir. "Finalement, j’ai pensé : ‘Et pourquoi pas moi ?’ Quand j’ai fait cette proposition à Asad et à Akhlab, ils furent très surpris."

Elle explique avoir été surprise de la rapidité avec laquelle les gens l’ont acceptée parmi eux.

"Une fois qu’ils se sont rendu compte que je venais avec un esprit ouvert, pour les aider, ils ont été immédiatement très accueillant", explique-t-elle.

Ses six mois de vie dans une ville arabe musulmane, loin de l’avoir modérée, l’ont amenée à pester encore plus fortement contre ce qu’elle considère comme l’intolérance et le racisme de la majorité juive. Tout indique que son histoire d’amour avec le sionisme a tourné au vinaigre.

"La question, c’est d’être capables de faire face à notre histoire et de prendre nos responsabilités, en tant que juifs et qu’êtres humains. On ne peut tout simplement pas chasser des centaines de milliers de Palestiniens de chez eux, comme nous l’avons fait en 1948, et puis décider d’oublier.
Comme en Afrique du Sud, il faut qu’il y ait une Commission de la Vérité et de la Réconciliation.
On dira que je suis une juive se haïssant à moitié elle-même, que je suis percluse de culpabilité, parce que je dis cela ; mais Israël doit être jugé avec les mêmes critères que n’importe quel autre pays dans le monde. Nous devons faire d’Israël un pays dont nous ayons de quoi être fiers."


Pour Mme Nathan, la manière dont les Israéliens juifs voient les Arabes, en général, et les Palestiniens en particulier n’a rien de rationnel.

"Quand je suis partie vivre à Tamra, mes amis m’ont dit qu’ils avaient peur pour moi. Je leur ai demandé s’ils avaient un quelconque ami arabe, sur lequel fonder leur jugement. Aucun n’en avait : des Arabes, ils n’en rencontraient que quand on leur servait du hommos* au restaurant ou quand ils menaient leur voiture chez un garagiste.
Quand je leur demandais de quoi j’étais censée avoir peur, ils étaient incapables de me le dire. Tout cela, c’est purement émotionnel
."

Elle a aussi une position particulière quant à la manière dont le conflit entre Israël et les Palestiniens pourrait être résolu. Avec quelques centaines d’Israéliens juifs antisionistes, elle pense qu’il n’y aura de paix que lorsqu’existera un seul Etat, commun aux juifs et aux Palestiniens.

"Je ne pense pas que, moi vivante, cela arrivera. Mais il doit y avoir un seul Etat, binational. Cela finira bien par arriver un jour. Je suis en train de rapprocher ce moment en vivant exactement cette situation, aujourd’hui, quotidiennement."

Les parallèles que Mme Nathan trace entre Israël et l’ancienne Afrique du Sud sont basées sur de longues périodes de sa jeunesse, qu’elle a passées dans ce pays, chez des parents.

C’est aussi le pays où ses parents sont partis passer leur retraite, au milieu des années 1970. Elle explique qu’elle a pris conscience du fait que le plus gros de son problème avec le sionisme dérive de son expérience précoce de témoin du régime d’apartheid.

"Je me rappelle ; j’étais adolescente, et je lisais l’article d’un journal, dans un hôtel de Durban, qui relatait une rixe entre deux Noirs. L’un d’entre eux était en train de se vider de son sang. Une ambulance passa à proximité, mais elle ne s’arrêta pas, car elle était "réservée aux Blancs" ! Cela me semblait d’une telle stupidité, même à l’époque !"

Elle reconnaît qu’Israël en fait pas régner une discrimination aussi brutale que l’apartheid sud-africain. De fait, elle fait même observer que ses premières rencontres avec des Palestiniens se produisirent à l’Hôpital Hadassah de Jérusalem, où on la soignait pour son cancer. Avant l’Intifada, les patients juifs et arabes partageaient souvent une même chambre.

Bien sûr, les juifs et les Arabes prennent les mêmes bus, ils fréquentent les mêmes cinémas. En Israël, l’apartheid n’est pas formalisé ni légalisé comme en Afrique du Sud ; c’est un apartheid sophistiqué, dissimulé et émotionnel. Il est basé sur une culture de la peur de l’autre entretenue par la propagande sioniste.

Le vrai problème, dit-elle, est inhérent à la nature différente de la citoyenneté, entre les juifs et les Arabes. Cela commence par les principes fondateurs de l’Etat, comme la Loi du Retour, qui permet aux juifs où qu’ils se trouvent dans le monde de revendiquer un droit à émigrer vers Israël, tout en déniant aux Palestiniens le droit de récupérer les maisons dont leurs parents et eux-mêmes ont été dépossédés, voici de cela cinquante-cinq ans.

Et cela continue dans la discrimination en matière d’emploi, de budgets municipaux, d’accès aux médias et de contrôle exercé par le gouvernement.

"Où sont les Arabes directeurs de banque, fonctionnaires, recteurs d’universités ?
Dans bien des cas, où sont les Arabes, y compris parmi les emplois les plus subalternes de ces organisations ?"


Même dans le cadre du système d’éducation séparé pour les Arabes, justifié officiellement par le besoin qu’a la minorité arabe d’être formée en arabe, elle explique que les enseignants sont menacés d’être limogés au cas où ils offriraient à leurs étudiants une alternative, un discours non-sioniste sur la création d’Israël – un discours qui comporte le roman national palestinien.

Mais, par-dessus tout, dit-elle, l’apartheid est déterminé par la bataille pour les terres.

"Cela est mis en évidence par le fait que l’Etat israélien peut confisquer des centaines de milliers d’hectares de terres possédées par des Arabes, puis refuser ne serait-ce que de les relouer aux propriétaires initiaux ; cet Etat a refusé de construire ne serait-ce qu’un seul quartier arabe, en cinquante-cinq ans d’existence, bien que la population ait été multipliée par 8 et bien que des centaines de communes juives aient été construites ; et aussi par le fait que l’Etat menace de démolir des dizaines de milliers de maisons arabes au motif qu’elles ont été construites sans permis de construire, tout en "oubliant" de mentionner qu’il refuse tout permis de construire aux Arabes !"

Elle fait observer qu’en tant que juive, elle peut acheter ou louer un appartement n’importe où en Israël ; elle peut aller à la banque et obtenir immédiatement un prêt immobilier.

Si elle décide d’aller s’installer en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza, on lui offrira une liste interminable d’incitations financières pour rendre son déménagement plus aisé.

"En tant que juifs, nous sommes privilégiés. Mais la surpopulation des quartiers arabes, non seulement en terme du nombre de maisons qui semblent compressées dans toutes les rues, mais à l’intérieur de ces maisons, aussi, est horrifiante. Ils n’ont plus de terrains disponibles pour leur croissance naturelle."

La raison est simple, explique Mme Nathan : tout autour de Tamra, le paysage est parsemé de fermes collectives boulimiques de terres (les kibboutz), et de propriétés de luxe réservées exclusivement aux juifs. "Où les habitants de Tamra sont-ils supposés vivre ?"

Tous, ils disent leur sentiment d’être prisonniers, et je le ressens aussi. C’est comme être physiquement étouffé. En rendant la vie impossible ici, l’Etat ne cherche-t-il pas tout simplement à entraîner une forme de transfert à bas bruit, de purification ethnique ?

Les gens qui ont l’argent, ou les relations qui leur permettent d’aller s’installer à l’étranger, le font : ils partent.

Mme Nathan réfléchit à des projets permettant de dénoncer les similarités entre l’apartheid sud-africain de sinistre mémoire et l’apartheid israélien, avec notamment des déplacements réguliers en Afrique du Sud en vue d’une coopération avec la Fondation Tutu, mise sur pied par le dirigeant religieux et militant anti-apartheid Desmond Tutu.

Mais elle demeure pessimiste, en ce qui concerne le futur. "Il est impossible de gérer un pays sans offrir aux gens un futur, un peu d’espoir. Ici, la voie en avant est bloquée. Et, tôt ou tard, ça va chauffer –, exactement comme en Afrique du Sud."


Note :

*hommos : délicieuse purée de pois chiches, plat populaire au Moyen-Orient, ndt



Je recommande vivement la lecture de l’ouvrage de Susan Nathan L’autre côté d’Israël (ndt)

Broché: 330 pages, 19 €
Editeur : Presses de la Cité (4 mai 2006)
Collection : Document
Langue : Français
ISBN-10: 225806760X
ISBN-13: 978-2258067608

Présentation de l'éditeur

A cinquante-six ans, Susan Nathan décide de quitter son Angleterre natale pour s'installer en Israël. Juive, elle a été élevée dans des convictions sionistes et a d'Israël une image résolument positive.

La réalité qu'elle découvre est toute différente. L'Etat hébreu comprend une minorité d'un million de Palestiniens qui, bien que citoyens israéliens, ne bénéficient pas des mêmes droits que le reste de la population.

Pour en savoir plus sur ceux qu'on appelle les " Arabes israéliens ", Susan Nathan s'installe à Tamra, ville de 25 000 âmes, où elle est la seule de confession juive.

Les liens qu'elle noue avec la famille qui l'accueille, les rencontres qu'elle fait lui révèlent que les Arabes sont en Israël des " citoyens de seconde classe ". Education, logement, emploi : tout est difficile pour eux, et ils ne peuvent espérer retourner dans les villages d'où ils ont été chassés en 1948 puisque leurs terres ont été confisquées.

Tamra est en fait un camp de réfugiés " de l'intérieur "... Juive installée dans une communauté arabe, Susan Nathan veut être la preuve vivante que la coexistence est indispensable, et réalisable pour peu que chacun reconnaisse ses responsabilités. Vaste programme... Mais ce témoignage passionnant peut y apporter sa pierre.

Source : Al-Ahram Weekly, 21-27 août 2003, n° 652

Traduction : Marcel Charbonnier

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