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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

La Poule et l'Oeuf

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Ce mois-ci, Israël a accepté de laisser l'Autorité Palestinienne (AP) ouvrir 20 commissariats de police en Cisjordanie.
Pour la première fois depuis le début du second Intifada violent des Palestiniens il y a huit ans, ils seront installés dans les zones rurales, là où Israël, et non l'Autorité Palestinienne, est responsable de la sécurité.

La Poule et l'Oeuf

Le mois dernier, Israël a également donné l'autorisation à l'Autorité Palestinienne de déployer 620 forces spéciales dans la ville de Jénine, au nord de la Cisjordanie , où vivent certains des plus durs militants palestiniens.

Cela fait partie du plan de 5,4 milliards de dollars destiné à accélérer l'apparition d'un État palestinien. Israël est en train de négocier un "accord-cadre" (qui n'est plus un accord de paix à part entière, comme prévu à l'automne dernier) avec le président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas. Mais il a toujours insisté sur le fait que M. Abbas devait d'abord démontrer que ses forces de sécurité étaient en mesure de prendre la place de l'armée israélienne dans la lutte contre les Palestiniens armés.

C'est beaucoup demander. L'Autorité Palestinienne n'a jamais eu un contrôle total de la Cisjordanie , de nombreux membres de la sécurité sont d'anciens militants, et la résistance armée à Israël est populaire. En outre, la réforme des forces de sécurité de l'Autorité Palestinienne a une longue histoire compliquée.

Les nombreuses forces, toutes fidèles à des commandants et des hommes politiques, étaient gérées grâce à la méthode de diviser pour régner grâce à laquelle le défunt Yasser Arafat, le prédécesseur de M. Abbas, conservait le pouvoir.

Les deux hommes les ont utilisées comme moyen d’influence et pour absorber le chômage, et ils les ont laissées grossir jusqu’à environ 85.000 membres, ce qui était bien au-delà de la limite des 30.000 hommes envisagée dans les accords de paix d'Oslo des années 1990. Des donateurs étrangers ont essayé en vain de faire baisser leur nombre à l’époque d’Arafat. Au cours de l'Intifada, Israël a détruit la plupart de leurs bâtiments et de leurs installations.

Après la mort de Yasser Arafat en 2004, la réforme des services de sécurité est venue à l'ordre du jour, mais elle a été abandonnée après que le mouvement islamique Hamas ait battu le parti de M. Abbas, le Fatah, aux élections parlementaires en 2006. Une lutte de pouvoir a éclaté entre le Hamas et le Fatah.

A l’initiative des Américains, des tentatives de fragilisation du Hamas, par l'équipement et la formation des forces de l'Autorité Palestinienne, qui demeuraient le plus souvent fidèles au Fatah, ont exacerbé le conflit, jusqu'à la défaite du Fatah dans la Bande de Gaza en juin dernier. Après cela, les donateurs se sont concentrés sur la Cisjordanie et, afin d’y conforter l’autorité de M. Abbas, ils ont relancé les projets de réforme.

Une équipe américaine dirigée par le lieutenant-général Keith Dayton et une mission de police de l'Union Européenne ont élargi leurs programmes de formation, tandis que divers forces spéciales étrangères, dont l’un venant même de Moscou, donnent des formations de lutte contre le terrorisme. Mais l'approche a énormément de défauts.

Un plan détaillé présenté à l'automne dernier par le général Dayton fixait des objectifs raisonnables à long terme : unifier, diminuer et rajeunir les forces de sécurité, et remplacer leurs allégeances politiques par une obéissance à la personne qui dirige l'Autorité Palestinienne.

Cela inclut la création de nouvelles chaînes de commandement, le remplacement de l'équipement, la reconstruction de bases, la création d'organismes pour surveiller la performance et ainsi de suite.

Mais cela est beaucoup trop ambitieux.

Sur le coût estimé à 5.4 milliards de dollars – pour les seules trois premières années, sans les salaires et ni les retraites – seuls 230 milliards de dollars ont été obtenus pour la sécurité lors de la grande conférence des donateurs à l’Autorité Palestinienne à Paris en Décembre, lorsqu'ils ont été dans l’ensemble, et contre toute attente, généreux dans leurs promesses.

Mais cela n’est pas allé bien loin. Actuellement, selon les estimations d’un responsable étranger, même les services des prisons de l'Autorité Palestinienne ne subviennent qu’à un dixième de leurs besoins.

En outre, il existe un conflit entre les propres cadres de M. Abbas : entre les réformistes technocrates comme son premier ministre, Salam Fayyad, et les fidèles du Fatah.

Ayant au mieux peur de la confrontation, M. Abbas ne veut pas se mettre à dos les membres du Fatah en affaiblissant leur influence sur les forces de sécurité, et M. Fayyad ne peut pas faire passer ses réformes sans son soutien. Mis à part une première série de limogeages, il n'a pas été en mesure de réduire la masse salariale.

Enfin, Israël a entravé les propres efforts de l'Autorité Palestinienne.

Comme à Jénine ce mois-ci, au début de cette année, Israël a autorisé l'Autorité Palestinienne à placer des troupes dans la ville de Naplouse. Ils ont nettoyé "les gangs de criminels" et mis en place une amnistie, en accord avec Israël, contre la remise des armes des militants fidèles au Fatah. Ils ont obtenu des résultats ; les responsables israéliens ont été impressionnés.

Mais ils n’ont de l’autorité que pendant la journée, la nuit, l'armée israélienne continue de faire des incursions meurtrières contre d'autres groupes armés, comme le Jihad Islamique. Elle mène des incursions à Jénine, parfois même contre ceux qui ont été amnistiés.

Pendant ce temps, les raids israéliens contre les combattants dans la bande de Gaza, qui tuent aussi un grand nombre de civils, ajoutent de la tension en Cisjordanie . Cette semaine, il y a eu rumeurs que les tentatives égyptiennes dans la négociation d’un cessez-le-feu à Gaza pourraient porter leurs fruits. Mais lorsque ces trêves ont été conclues dans le passé, les groupes de Gaza ont rapidement abandonné, en citant la poursuite des raids israéliens en en Cisjordanie .

Tout cela "discrédite l'Autorité palestinienne," dit Shami Shami, un représentant politique du Fatah du camp de réfugiés de Jénine.

Les responsables israéliens affirment qu'ils ne peuvent prendre le risque de laisser passer un éventuel kamikaze, mais certains dans l'Autorité Palestinienne sont convaincus qu’Israël sabote délibérément les efforts de l'Autorité Palestinienne. Il est certainement peu enclin à lui remettre toute responsabilité.

Le feu vert pour les nouveaux commissariats de police et le déploiement à Jénine n’est survenu qu’après beaucoup de pression des Américains sur Israël pour donner une chance à M. Abbas de faire ses preuves.

La réforme de la sécurité est victime du succès de l'armée israélienne. Les Israéliens se sont habitués à une vie pratiquement sans kamikazes. Il n'est pas possible pour eux de compter sur la même efficacité de la part des forces de l'Autorité Palestinienne.

Mais ces forces ne peuvent pas arriver au même niveau si Israël ne leur donne pas la possibilité d’y arriver. Comme si souvent dans le puzzle israélo-palestinien, c’est encore l’histoire de la poule et l'œuf.

Source : http://www.economist.com/

Traduction : MG pour ISM

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