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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Les Palestiniens doivent exiger des réparations de l’Allemagne

Par

Durant les premiers mois de l’Intifada al-Aqçâ contre l’occupation israélienne, un officier israélien en poste dans la région de Naplouse dit à plusieurs dizaines de prisonniers palestiniens auxquels on avait passé les menottes et bandé les yeux : « nous vous traitons comme les nazis nous ont traités, et peut-être, quand vous vous serez débarrassés de notre oppression, allez-vous trouver d’autres personnes, que vous traiterez, à votre tour, de la même façon dont nous sommes en train de vous traiter.»

Ce n’était en rien une facétie. Cet officier manifestait véritablement des symptômes caractérisés d’une psychose collective qui imprègne l’ensemble de la société juive israélienne. C’est cette maladie mentale collective qui fait commettre aux Israéliens les crimes les plus haineux sans en ressentir le moindre frémissement d’un quelconque sentiment de culpabilité.

Dan Halutz, ancien commandant en chef de l’aviation de guerre israélienne, qui devint ensuite chef d’état-major des armées, ne s’est-il pas vanté de dormir à poings fermés comme un bébé et de n’avoir pas le moindre remords après avoir donné l’ordre à un avion de chasse F-16 de lâcher une bombe d’une tonne sur un immeuble résidentiel, en plein centre de Gaza, tuant seize personnes dans leur sommeil, dont onze enfants ?

De fait, il y a une relation ombilicale entre l’holocauste et le comportement d’une cruauté inouïe qui est celui d’Israël à l’encontre des Palestiniens. En fin d’analyse, les Palestiniens sont les victimes des victimes, comme l’avait formulé le regretté intellectuel palestinien Edward Said.

Ce ne serait pas s’aventurer dans le royaume de l’absurde que de dire que n’eussent les juifs été victimes de l’holocauste, les Palestiniens n’auraient pas été brutalisé par des juifs d’une telle manière diabolique, et depuis aussi longtemps.

Dans un certain sens, on peut dire, sans crainte d’exagération, que c’est l’Allemagne nazie qui a créé Israël. Oui, certes, le sionisme est antérieur à l’holocauste ; mais c’est bien l’holocauste qui a donné au sionisme l’argument déterminant en faveur de la création d’un Etat juif.

Non seulement cela ; l’holocauste s’est avéré – et c’est encore le cas, aujourd’hui – comme le dernier filet interdisant toute objection étayée élevée contre les crimes d’Israël à l’encontre des peuples du Moyen-Orient. Cela explique la raison pour laquelle, et de quelle manière, Israël, qui peut être considéré, mutatis mutandis, comme une incarnation de l’Allemagne nazie, est traité par la communauté internationale comme étant au-dessus des lois qui régissent le reste du monde.

Par-dessus le marché, Israël continue à invoquer l’holocauste pour justifier sa répression atroce contre les Palestiniens. Même les appels de colons juifs à « envoyer les Arabes dans les fours » (que tout visiteur de la ville d’Hébron verra barbouillés sur les murs de l’enclave juive de colonisation, en plein centre-ville), sont justifiés au nom de l’holocauste. Toute critique de la criminalité et du suprématisme de l’Etat israélien, toute objection légitime contre la répression arbitraire déchaînée contre les Palestiniens, toute critique des colons en maraude se retrouve, à chaque fois, en butte au mantra de l’holocauste ! Bref : tout homme, toute femme et tout enfant palestinien doit souffrir et mourir, à cause de l’holocauste.

Aujourd’hui, tout(e) conscrit(e) israélien(ne), en particulier ceux (celles) qui sont affecté(e)s à la répression en Cisjordanie , sont tenu(e)s de visiter le musée de l’holocauste Yad va Chem, à Jérusalem, juste avant d’être déployé(e)s dans les centres de population palestiniens pour y réprimer et y harceler ces civils désarmés et impuissants, qui n’ont strictement rien à voir avec l’holocauste.

Inutile d’être un grand psychologue pour compléter les lignes entre les petits points et comprendre les implications réelles et dévastatrices de cette association des nazis, les persécuteurs des juifs, avec les Palestiniens, les victimes des sionistes.

Pour la plupart des militaires israéliens, le message mental est parfaitement clair. Les Palestiniens = les nazis d’aujourd’hui… ; en les tuant et en les brutalisant des façons les plus extrêmes, les juifs ne font que prévenir la récurrence d’un nouvel holocauste. Certains Israéliens ont le sentiment qu’en butant les Palestiniens, ils ne font en réalité que venger l’holocauste par délégation, ce qui leur procure une intense satisfaction psychologique.

Dans leur subconscient, beaucoup de juifs israéliens admirent, en réalité, les nazis et leur brutalité. C’est la raison pour laquelle certains de ces soldats et de ces officiers cherchent, bien souvent à imiter la brutalité nazie, et à la transférer sur les Palestiniens, dès lors qu’à leurs yeux, la force doit toujours avoir le dernier mot.


Cécité morale

Cela m’amène à l’Allemagne de l’après-guerre et à sa capitulation morale devant le chantage sioniste. Depuis, désormais, près de soixante ans, l’Allemagne s’ingénie à essayer de se faire pardonner son holocauste en permettant à Israël de commettre un nouvel holocauste à l’encontre des Palestiniens – et le fait que ce nouvel holocauste n’utilise pas de chambre à gaz ne change strictement rien aux données du problème.

L’Allemagne, de Conrad (Adenauer) à Angie (Merkel) s’est toujours comportée, vis-à-vis d’Israël, d’une manière ignorant grossièrement et totalement l’oppression monumentale déchaînée par Israël contre le peuple palestinien.

Les Allemands, de manière générale, et l’élite politique allemande, en particulier, ont regardé, les bras croisés, Israël perpétrer tous les crimes possibles et imaginables à l’encontre de Palestiniens sans défense. En revanche, ils ont détourné le regard, de peur de déplaîre à leurs puissantes victimes de naguère, après qu’elles eurent pris le contrôle de puissants Etats, comme les Etats-Unis.

L’Allemagne a toujours été effrayée et réticente à l’idée d’appeler une épée une épée, surtout quand ladite épée était entre des mains juives, de peur de s’entendre rappeler l’horreur brutale de son récent passé.

Certes, l’Allemagne est un géant économique et politique, mais c’est, de toute évidence, un nain moral, qui non seulement est demeuré coi devant les crimes israéliens, durant toutes ces années, mais qui a donné à Israël les moyens technologiques d’assassiner des enfants palestiniens. L’Allemagne a aussi donné à Israël, à titre gracieux, est-il rapporté, des sous-marins dernier-cri, capables de transporter des têtes de missiles nucléaires.

Je ne sais pas quand l’Allemagne se réveillera de sa longue léthargie morale, ni quand elle se libérera du sinistre collet sioniste.

Le temps n’est-il pas venu, pour l’Allemagne, de reconnaître que son holocauste était diabolique en lui-même, et non pas nécessairement uniquement parce que ses victimes étaient essentiellement juives ? Un holocauste contre tout autre groupe ethnique ou religieux a-t-il jamais été plus acceptable ? L’Allemagne se serait-elle comportée différemment, eût son holocauste pris pour cible des non-juifs ? Les Allemands sont-ils à ce point absorbés par leur holocauste en raison de son énormité morale, ou simplement en raison du pouvoir juif d’après-guerre ?

Ces questions, vitales, sont parfaitement pertinentes dès lors qu’elles peuvent contribuer à libérer – enfin ! – les Allemands de leur dilemme moral obsédant, consistant à rester moralement engagés à aider leurs victimes d’hier à brutaliser, assassiner et détruire un autre peuple sans défense, qui n’avait strictement rien à voir avec l’holocauste, un peuple dont le seul crime est d’être faible, désarmé, mais déterminé à vivre libre.

Sans doute est-il inutile d’en appeler à l’establishment politique en Allemagne, un pays qui, à l’instar de son pays frère tout aussi maléfique, les Etats-Unis, n’est nullement fondé sur la moralité, mais sur l’intérêt politique le plus immédiat et opportuniste.

Néanmoins, nous sommes confortés par certaines indications récentes selon laquelle l’Allemagne pourrait, enfin, recouvrer sa lucidité, sortant de décennies d’aveuglement moral et d’indifférence criminelle à l’égard des Palestiniens, ses dernières victimes en date.

D’après certaines informations médiatiques, un groupe d’intellectuels allemands a appelé Berlin à abandonner son soutien aveugle à Israël conditionné par sa shoah, invoquant à juste titre l’argument selon lequel la création de l’Etat juif a fait des Palestiniens, aussi, [et pas des seuls juifs], des victimes de l’holocauste nazi.

Ces intellectuels, au nombre desquels figurent vingt-cinq personnalités éminentes, ont avancé l’idée que c’est l’holocauste perpétré par l’Allemagne qui a entraîné les souffrances incessantes, tout au long des six décennies écoulées, au Moyen-Orient, ces souffrances qui sont devenues, ces dernières années, absolument insoutenables.

De plus, ces intellectuels ont déclaré que « sans l’holocauste des juifs, Israël ne se sentirait pas fondé, voire obligé, de fouler aux pieds les droits humains des Palestiniens et des diverses populations du Liban.»

Bien entendu, le langage utilisé ici est extrêmement courtois, car, comme on le sait, les agissements d’Israël en Palestine et au Liban outrepassent, et de très loin, le simple fait de s’essuyer les pieds sur les droits humains des Palestiniens et des Libanais…

Israël, il faut dire les choses telles qu’elles sont, est en train de perpétrer un véritable génocide. Ainsi, le lâchage de deux ou trois millions de bombes à fragmentation sur les zones civiles, dans le Sud du Liban, est constitutif, par excellence, d’un acte de génocide d’une extrême gravité, puisque deux ou trois de ces bombes à sous-munitions suffisent à tuer de deux à trois millions d’enfants. La même peut être dite à propos du blocus en cours de Gaza, qui tue des Palestiniens innocents, par centaines.


Réparations

A la lumière de la relation ombilicale démontrée entre l’holocauste et le calvaire actuel des Palestiniens, on peut dire que le peuple palestinien a un droit moral légitime à exiger des réparations de leur holocauste aux autorités allemandes.

Les Palestiniens ont quasiment tout perdu. Et tout Palestinien, sous le Soleil, a une histoire de souffrances. Tel écrivain, par exemple, qui a perdu trois oncles paternels, tombés sous les balles sionistes, en une seule journée. Et jusqu’à ce jour, il n’y a eu, de la part d’Israël, nulle reconnaissance de sa culpabilité, aucune compensation – rien !

Je sais pertinemment que mes propos vont se faire se soulever force sourcils, en Allemagne. Toutefois, si les Allemands ont le courage moral de procéder à une introspection profonde, ils découvriront, je ne saurais en douter, que les Palestiniens sont plus que fondés à réclamer des réparations adéquates et justes auprès de l’Allemagne, en raison des calamités gigantesques que l’Allemagne nazie nous a infligées.

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