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Palestine -

Message à Ariel Sharon : "Libérerez Mon Peuple"

Par

Commentaire paru dans le "Wall Street Journal" le 26 mai 2005 - page 12

Chaque jour Israël fait des pas qui sapent la vision du président Bush et empêchent efficacement de mettre en place une solution à deux états au conflit israélo-palestinien.
L’interminable construction de colonies israéliennes en Cisjordanie, le mur insidieux qui, parce qu’il n’est pas construit sur les frontières de 1967 asphyxie les villes et les villages palestiniens, et les initiatives illégales d’Israël de couper Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie, finira, si on le laisse faire, par rendre impossible la solution à deux états de notre conflit.

J’ai été élu il y a quatre mois président de l’Autorité Palestinienne. Mon élection fait peser sur mes épaules d’énormes responsabilités mais me donne aussi un sentiment de profonde fierté - non par rapport à moi-même, mais par rapport au peuple Palestinien.
Parce que, bien que vivant sous occupation militaire israélienne, avec la présence envahissante des soldats, des colons armés et des barrages routiers, en grande détresse économique, les hommes et les femmes de Palestine ont voté de façon retentissante pour la démocratie.

Comme d’autres leaders démocratiquement élus, j’ai répondu aux attentes du peuple ; j’ai entrepris de réformer sérieusement nos institutions gouvernementales, notre économie et nos services de sécurité ; nous avons tenu compte des appels du peuple à la transparence et à nos responsabilité devant lui.
Nous avons travaillé dur pour instaurer et maintenir un cessez-le feu avec Israël et nous nous sommes mis à reconstruire notre nation martyrisée.

Bien que j’aie une immense confiance dans le peuple palestinien et dans notre démocratie, je suis aussi conscient que la démocratie sans liberté n’aurait, au final, aucun sens.
Une "démocratie occupée" est un oxymore. Je partage le souhait du président Bush de voir la démocratie et la liberté se répandre dans tout le Proche-Orient et je lui suis reconnaissant pour tout ce que lui et son Administration ont fait pour encourager la démocratie palestinienne.

Au nom du peuple palestinien, j’en appelle à lui maintenant pour nous aider dans notre dialogue avec Israël, et réaliser notre rêve de liberté.

Le président Bush a soutenu notre quête de liberté comme il a précisé sa vision d’une solution à deux états au conflit du Proche-Orient. C’est une perspective que nous partageons, et moi et la majorité écrasante des Palestiniens.
Une conception qui m’a permis de me présenter à l’élection présidentielle avec une plate-forme pour mettre fin à la violence et retourner au dialogue avec Israël, avec pour objectif d’apporter l’espoir d’une vie normale, dans la paix, aux Palestiniens comme aux Israéliens. Mais c’est aussi, malgré tout une perspective sous menace.

Chaque jour Israël fait des pas qui sapent la vision du président Bush et empêchent efficacement de mettre en place une solution à deux états au conflit israélo-palestinien. L’interminable construction de colonies israéliennes en Cisjordanie , le mur insidieux qui, parce qu’il n’est pas construit sur les frontières de 1967 asphyxie les villes et les villages palestiniens, et les initiatives illégales d’Israël de couper Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie , finira, si on le laisse faire, par rendre impossible la solution à deux états de notre conflit.

Si la solution à deux états meurt, notre démocratie ne peut pas survivre, car démocratie et liberté s’entremêlent : on ne peut pas avoir l’une sans l’autre.

Au cours des mois à venir; l’attention mondiale se tournera sur le retrait unilatéral de Gaza annoncé par Israël . Les Palestiniens sont sans illusion ; ce n’est pas un geste de paix ; c’est plutôt un moyen de détourner l’attention de l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie .

Et pendant tout le battage autour du retrait israélien des 7300 colons de Gaza, il y a des maisons en construction pour 30 000 autres colons juifs en Cisjordanie .

De plus, même quand il aura retiré ses colons de Gaza, Israël veut continuer à contrôler les frontières de Gaza, son espace aérien et ses côtes. Personne ne pourra entrer ou sortir sans l’accord d’Israël et l’armée israélienne a précisé son intention d’opérer à sa guise à l’intérieur de Gaza.

Les 1,3 millions de Palestiniens de Gaza qui ont vécu sous l’occupation et l’oppression ne seront pas vraiment libérés avec l’évacuation israélienne. Les Palestiniens craignent que Gaza ne devienne une immense prison.

Malgré tout ça, j’ai plaidé pour que l’Autorité Palestinienne se coordonne avec Israël pour réussir l’évacuation et prenne ses responsabilités pour Gaza après le retrait d’Israël. Mon gouvernement est déterminé à tout faire pour le bien-être de tous les Palestiniens et fera tout ce qui est en son pouvoir pour maintenir la paix et la stabilité, et pour améliorer la vie des habitants de Gaza. J’en appelle à Israël pour qu’il ne fasse pas obstacle à nos efforts.

Au cours des quatre dernières années, les incursions quotidiennes de l’armée israélienne, la destruction de nos infrastructures et de nos institutions nous ont transformés en nation nécessiteuse.

Mais nous ne sommes pas faibles ; notre force ne vient pas de notre supériorité militaire ; elle vient de nos convictions. Ma campagne pour la présidence s’est basée sur ma certitude inébranlable que la violence et l’action unilatérale n’apporteront aucune paix durable avec Israël.

La paix ne peut venir que des négociations et du dialogue. Par la persuasion, j’ai réussi en quatre mois à faire ce qu’Israël n’a pas réussi à faire en quatre ans d’incursions militaires et d’assassinats qui n’ont conduit qu’à répandre la mort et la destruction.

Mais cette période de calme se terminera rapidement si les conversations de paix ne s’engagent pas immédiatement, si nous devons sauver le projet de la solution des deux états, on ne peut considérer l’évacuation de Gaza que comme un premier pas. Premier pas qui doit être rapidement suivi d’autres pas en Cisjordanie de même que la reprise des conversations de paix qui doivent avoir pour objectif un accord de paix durable.

Mon élection démontre que le peuple palestinien partage mes convictions et qu’il est prêt à faire les sacrifices douloureux mais nécessaires pour les concrétiser.

Les paramètres que j’envisage pour un accord de paix permanent sont connus : retour d’Israël à ses frontières d’avant 1967, partage de Jérusalem, capitale des deux états ; solution juste et négociée du problème des réfugiés palestiniens et traité de paix permanent entre l’état d’Israël et la Palestine basé sur l’égalité et la réciprocité. Cette vision est partagée par une majorité écrasante de Palestiniens et d’Israéliens.

Malheureusement elle n’est pas partagée par le gouvernement israélien.

Actuellement, la plupart des entreprises du gouvernement israélien contredisent ces données. Plus Israël s’engage dans des actions unilatérales, plus il bloque la route vers une conclusion finale pacifique, et détruit ma vision, et celle du Président Bush.

Le temps, voilà le plus grand ennemi de la paix au Proche-Orient.

L’époque n’est plus aux accords intérimaires et aux accords partiels.

On ne peut plus accepter de gérer simplement ce conflit tandis qu’Israël agit unilatéralement. Au nom de la paix et de la démocratie, il est temps d’en finir avec ce conflit.

Israéliens et Palestiniens ont maintenant une chance de faire simplement ça : mettre une fin définitive à notre conflit tragique. Je suis prêt à m’asseoir immédiatement avec Ariel Sharon pour commencer à négocier une paix permanente.

Quand je rencontrerai le Président Bush, aujourd’hui, je lui demanderai de concrétiser sa vision de deux états souverains, viables et démocratiques, vivant côte-à-côte dans la paix et la sécurité

S’il en est toujours persuadé et s’il est toujours engagé dans sa vision originale, comme j’espère qu’il le sera, s'il est fait pression sur le premier ministre Sharon pour qu’il abandonne sa solution unilatérale, nous pourrons, ensemble, faire que 2005 soit l’année de la paix au Proche-Orient.


M. Abbas est président de l‘Autorité Palestinienne

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