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ISM France - Archives 2001-2021

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Jénine -

Un enfant de 5 ans détenu par les forces israéliennes

Par

Basé sur le témoignage de Samer Saleh Qahba

En début d’après-midi, le 17 avril dernier, Samer Qabha, 33 ans, était assis, son fils Montaz de 5 ans sur les genoux, discutant avec son voisin en face de sa maison, dans le village de Tura al-Gharbiya.
Pendant qu’ils parlaient, ils remarquèrent une jeep Hummer de l’armée israélienne remontant et descendant plusieurs fois la rue devant eux. Samer et son voisin firent peu attention au véhicule – la vision de l’armée israélienne dans la ville n’a rien de nouveau.

Les forces israéliennes entrent souvent ostensiblement à Tura al-Ghargiya et dans les villages environnants, pour patrouiller le long du Mur de Séparation qui serpente dans la partie ouest du village, le coupant de ses terres et des 9.000 habitants des bourgs voisins dans l’enclave Barta’a Ash Sharqiya.


Au cinquième passage, le Hummer s’est arrêté, trois soldats sont descendus et ont marché vers Samer. Pointant Motaz, les soldats ont demandé s’il était le fils de Samer et ont dit qu’il avait jeté des pierres sur la jeep. Samer a commencé à protester, disant que son fils n’avait que cinq ans.

D’autres soldats sont alors sortis de l’oliveraie derrière la maison. Se dirigeant vers Samer et Motaz, l’un d’entre eux a dit aux soldats qui se tenaient là : "Ce garçons a jeté des pierres".


Devant Samer et son voisin horrifiés, les soldats ont annoncé qu’ils allaient arrêter Motaz. Samer les a supplié de laisser son fils tranquille, mais un des soldats s’est penché et a commencé à tirer l’enfant terrifié des bras de son père.

Pendant une demi-heure, Samer a bataillé avec les soldats, disant que Motaz n’était qu’un enfant et qu’ils ne pouvaient pas l’arrêter.

Quand il est devenu clair que les soldats n’allaient pas abandonner, Samer leur a dit que s’ils prenaient son fils, ils devraient aussi le prendre, lui.


Le soldat a donné un appel téléphonique au cours duquel, d’après Samer, il a demandé la permission d’arrêter le père avec le fils. Les soldats ont alors arraché Motaz à son père, lui criant dessus parce qu’il hurlait et suppliait son père de l’aider.

Samer a essayé de reprendre son fils pour le protéger, mais ses efforts n’ont fait qu’accroître la colère des soldats.

Ils ont battu Samer, le séparant de Motaz qu’ils ont giflé en lui criant dessus.

Les soldats ont menotté Samer et l’ont bâillonné avant de le pousser dans la jeep, poussant Motaz après lui.


Le père et le fils ont été transférés à la base militaire proche de Shakeed et enfermés dans une pièce du rez-de-chaussée en attendant l’arrivée d’un officier.

Une demi-heure après, Motaz, qui tremblait de peur, a dit à son père qu’il voulait boire. Samer a demandé à un soldat de lui porter un verre d’eau mais lorsqu’il est revenu, une heure après, l’eau était si chaude que le petit garçon a dû attendre avant de pouvoir la boire.

Un moment après, Motaz a demandé à aller aux toilettes. Les soldats ont d’abord refusé de le laisser sortir de la cellule mais après une discussion longue et orageuse, ils ont fini par accepter et laisser Samer, les mains toujours attachées, quitter la pièce pour aller aux toilettes, avec Motaz cramponné à sa jambe.


Vers 8h30, un officier est arrivé et a dit à Samer que Motaz avait jeté des pierres aux soldats. Samer a demandé que l’officier lui en donne la preuve ; l’officier a alors appelé un autre soldat qui a montré Motaz et a déclaré à Samer et à l’officier : "Ce garçon a jeté des pierres".

L’officier a téléphoné puis a dit à Samer que lui et son fils allaient être emmenés au centre de détention de Salem, au nord de Jénine, où Samer devrait payer une amende de 2.000 shekels (445$).

Samer a protesté à nouveau, disant qu’on ne devait rien lui faire payer et que son fils n’était qu’un enfant. "Israël ne fait pas de différence entre les enfants et les adultes", a rétorqué l’officier. "Tous les Palestiniens sont des terroristes !"

L’officier a quitté la pièce et, se retournant, a dit à Samer que lui et Motaz pouvaient partir.

Il a conseillé à Samer de dire à tout le village qu’ils devaient cesser de jeter des pierres aux forces israéliennes en patrouille dans les rues. "C’est notre dernier avertissement", a-t-il ajouté.


Vers 9h30, plus de six heures après que les soldats se soient approchés pour la première fois de Samer et de Motaz devant leur maison, ils étaient libérés. On les a laissés à la porte du camp de Shakeed, et on leur a dit de rentrer chez eux.

Ce n’est que vers 10h30 qu’ils ont pu rejoindre la relative sécurité de leur maison à Tura al-Gharbiya, après une heure de marche terrifiante dans la nuit noire, sur une petite route, courant le risque d’être attaqués par les colons juifs ou à nouveau arrêtés par les forces israéliennes.

Source : http://www.dci-pal.org

Traduction : MR pour ISM

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