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ISM France - Archives 2001-2021

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Jénine -

“Ils l’ont tué de sang froid”

Par

L’ International Solidarity Movement est une organisation non-gouvernementale palestinienne regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l’occupation israélienne. Nous utilisons des méthodes de résistance non-violentes et des actions directes pour affronter et défier les Forces illégales d’occupation israélienne et leur politique.

Le père d'Ahmed dit que peut-être il essayera de porter en justice le cas du meutre de son fils devant les Tribunaux israéliens : "Pas pour l'argent mais pour la Justice". Son gendre secoue la tête : "Il n’y a aucun justice de la part des Israéliens… ce qui est arrivé à Ahmed arrive quotidiennement à d'autres"

J'essaye de compter les trous des balles qui criblent le côté, le capot et le toit de la voiture mais je perds le compte à 36. La distraction du sang, les cheveux et le bout de cerveau qui recouvrent le place du passager et le siège arrière en expliquent trop.

Ce qui me frappe à ce moment-là, c’est que cela importe peu, il y a là assez de balles pour tuer un homme.

La voiture a été laissée sur le côté de la route, couverte de sang, criblée de balles, il n’y a plus de fenêtres et les pneus sont à plat : Maintenant, c’est un mémorial sévère et intransigeant, avec des roses placées sur le capot et le toit, l'affiche d’un shaheed collée sur la porte du passager.

Je suis au carrfour Al Shuhada, juste à l’extérieur de Jénine. C'est l’endroit où est mort Ahmed Abdel Qader Ahmed Nazal, 28 ans, tué par des soldats Israëliens alors qu’il rentrait en voiture à la maison, tôt le matin, le vendredi 13 février 2004.

Celui qui me montre la voiture est un employé d’une organisation caritative locale, Ahmed Marshaqa. Sa maison se situe à environ 400 mètres de l’endroit, perchée sur la colline au-dessus du village de Shuhada. Il me dit qu'il avait eu des difficultés à s’endormir cette nuit-là quand un bruit a attiré son attention vers 1 h20 du matin.

Quelques secondes plus tard, quatre ou cinq tirs, puis il a entendu un homme crier et une voiture se renverser. Alors, des tirs massifs ont éclaté, Ahmed les estime à autour d’une centaine au total. Il n’y a plus eu de cris.

Ensuite environ une demi-heure plus tard, il dit que quatre ou cinq jeeps de l’armée israélienne sont arrivées au carrefour. Depuis lors, il a appris que les ambulanciers palestiniens ont fait trois tentatives d’approche du lieu avant d'être autorisés à enlever le corps vers environ 3 h du matin.

Je lui demande s'il savait pourquoi les soldats ont attaqué Ahmed. En haussant les épaules, il me dit : "Même avec toutes les raisons, l'armée n'a aucune excuse pour tirer sur une personne. S'ils le veulent, ils peuvent l'arrêter."

Dans le village de Qabatiya, à un kilomètre au Sud de Shuhada, j'assiste à la veillée d'Ahmed. Les invités défilent devant les parents affligés en serrant les mains et en exprimant leur sympathie avant de s’asseoir sur des chaises en plastique qui sont installées en cercle dans le hall dénudé de la réception.
Aux murs, l'homme décédé est sur les posters de shaheed qui portent sa photographie, son nom, son âge et la date de sa mort.

Le père d'Ahmed vient nous parler pendant que nous buvons du café amer et mangeons les dattes qui sont traditionnelles offertes à ce moment du deuil. Nous parlons en mauvais anglais mais la traduction de sa peine est évidente et sa colère contenue est néanmoins claire.

Nous parlon d’Ahmed. Né en Arabie Saoudite, élevé en Jordanie, il est venu vivre à Qabatiya dans le but de travailler comme mécanicien et fermier. Il avait une famille et des amis ici dont une soeur dans un village voisin mais il vivait seul dans sa propre ferme près de Shuhada.

Il conduisait régulièrement sur les routes principales de Qabatiya à sa ferme, la nuit de sa mort ne fut pas différente des autres. Il avait bu du thé et du café avec des amis après travail avant de rentrer chez lui. Il n'y avait aucun couvre-feu, aucune fermeture de route, aucune indication du risque mortel qu'il prenait cette nuit-là.

"C’était un homme paisible, il n'avait jamais eu aucun problème avec les Israéliens", dit son père. Il nous dit qu'Ahmed travaillait afin d'établir une écurie et un futur paisible mais "ils (l’armée israélienne) ont tué les espoirs qu'il avait…Ils l’ont tué de sang froid".

Nous avons été rejoints par le beau-frère d'Ahmed. Il avait identifié le corps, et me dit le visage blême alors qu’il revivait l'expérience qu'il avait vu plus de 40 blessures par balle,.

Le père d'Ahmed dit que peut-être il essayera de porter en justice le cas du meutre de son fils devant les Tribunaux israéliens : "Pas pour l'argent mais pour la Justice". Son gendre secoue la tête : "Il n’y a aucun justice de la part des Israéliens… ce qui est arrivé à Ahmed arrive quotidiennement à d'autres"

Le choc de cette famille est évident; à plusieurs reprises ils disent qu'Ahmed était un homme pacifique et non impliqué dans la résistance armée à l’occupation. Sa mort est absurde et injustifiable. Ahmed prend finalement congé de nous, d’autres personnes en deuil sont arrivées pour présenter leurs hommages.

Parmi ses derniers mots, une question, "Pourquoi ceci ? Nous parlons d'un monde civilisé, mais où est il ?"

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG

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