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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Amour amour amour

Par

De mon ami Molly qui vit dans la ville de Gaza et travaille avec la clinique de santé mentale de la commune de Gaza.

L'un de mes cauchemars récurrents c'est la venue d'un raz de marée. C'est dans mes cauchemars le deuxième de ceux les moins appréciés, les premiers étant celui sur la fin du monde. Dans mes rêves sur le raz de marée, la partie la plus effrayante c'est celle de l'attente. Je sais que cela va arriver, je peux le voir, je sais que cela sera terrible, mais je sais aussi que je ne peux courir assez vite pour m'en sortir. Je suis soit pris au piège ou soit je ne peux pas bouger. Dans les deux cas le rêve est englouti.

Actuellement, dans la ville de Gaza les gens se préparent. Eux aussi ne peuvent aller nul part, et ils savent que quelque chose d'énorme va arriver. La plupart des gens pensent qu'Israël va envahir Gaza, c'est à dire venir jusque dans la ville de Gaza elle même, avec des tanks, des combats de rue, toute la panoplie. Les gens achètent des réserves de nourriture pour un mois. Toutes sortes de préparations se font.

Il y a quelques jours j'ai vu deux gros bateaux de guerre en mer, plutôt assez loin, mais les gens ici étaient vraiment inquiéts.Hier ils ont été rejoints par 4 plus petits bateaux. Hier également, j'ai appris que durant la première intifada des bateaux de ce genre avaient bombardé la ville de Gaza.

La nuit dernière, Husam, le type qui tient le café internet ou je vais habituellement m'a dit " rentre chez toi et reste y. Achètes de la nourriture. Sois prudent les israéliens vont venir ce soir". J'ai ri pensant qu'il était entrain de me taquiner. Mais il était totalement sérieux. Il dit, "si ce n'est cette nuit alors le jour suivant". Je lui demandais ce qu'il entendait par " venir", à quoi cela ressemblerait? Il dit " beaucoup de sang ". "Il y aura - t -il des tanks se déplaçant partout en ribambelle , comme ici sur cette rue?" "Oui, une invasion. Peut être d'une semaine ou de deux."

Alors un ami de Rafah à appelé et dit que je devrais faire mes bagages et rappliquer à Rafah , parce que Rafah serait " plus sûr". quand Rafah devient un refuge, on est dans le pétrin. Ainsi ai-je fait, j'ai fait mes bagages, et pendant tout ce temps je me sentais à la fois surexcité et paralysé comme je le suis dans ces rêves, sachant que je ne pourrais pas y arriver.

Alors que je marchais jusqu'à la station de taxis, la lune se montra énormément pleine et basse, ce qui me fit rire un peu. C'était tellement louche, comme un film ou quelque chose du genre, tout ce côté dramatique. Puis des voitures de police passèrent en trompe les unes apres les autres , girophares allumés. Tout ces évènements ajoutés les uns aux autres augmentaient mon désir de fuir ou de " faire caca ".

J'allais prendre un taxi, mais c'était trop tard. Abu Holy était déjà fermé. Fait plutôt étrange, je me retrouvais mangeant une glace avec mon ami, qui lui-même n'était pas du tout inquiét. Nous eûmes l'une de nos conversations habituelles au dessus d'un shisha à propos de ses chaussures et de son amour pour elles et pourquoi il les aimait.

Ainsi je suis allé travailler comme d'habitude aujourd'hui. Un type avec qui je travaille, nous l'appelerons Fred, avait pris le zoom de mon appareil photo pour le faire réparer il y a quelques jours et nous sommes allés le chercher ensemble aujourd'hui. Je lui demandais ce qu'il pensait qu'il allait arriver. il ne parle pas beaucoup l'anglais, mais je pense qu'il dit une chose du genre " je suis prêt". Pour m'aider à comprendre, il a ouvert la boite à gants de sa jetta rouge- là se trouvait le plus grand révolver que j'ai jamais vu. Puis il me fit voir celui qu'il portait sur lui à l'arrière de son pantalon.

Cet homme, cet homme qui avait conduit trois fois pour mon stupide zoom , cet homme qui m'avait donné un livre sur les crimes de guerre, cet homme marié à une pharmacienne et qui a deux petits garçons, a aussi dans son coffre de voiture , et selon mes meilleures connaissances de lectures de garçon, des explosifs, une bombe et/ ou des grenades, ET une mitraillette, en permanence dans son coffre. Il dit quelque chose comme ne jamais être le premier, il est seulement prêt si quelqu'un veut faire du mal à sa famille ou rentrer dans sa maison.

Conduire vers Sheik Radwan, une zone ou habitent plein de gens du hamas, avec " Fred" et son véhicule chargé de munitions bizarres, dans un endroit ou les apaches surgissent dans le ciel pour bombarder et tout exploser, était certainement l'une des choses les plus déstabilisantes que j'ai faite. Mais, cette fois encore, ce n'est pas arrivé. Fred continua d'expliquer que la nuit précédente, comme presque toutes les nuits précédentes, il a roulé tranquillement tout autour de Gaza et n'est pas rentré à la maison avant 3 heures du matin.Il es recherché pour quelque chose, je ne sais pas quoi, et il a peur que les " jasous" les collaborateurs, disent ou il est à l'armée israélienne.

Il dit qu'il n'avait pas peur pour lui -même, mais pour sa femme et ses enfants , c'est pourquoi il reste loin de la maison.

Ma vision devint un peu bizarre d'un coup. Tout va bien et avant même que chacun pique sa crise, il y a BEAUCOUP de personnes recherchées en Palestine. J'ai entendu parler de personnes qui avaient été arrêtées pour avoir peint des graffitis ici, jeter des pièrres. Et je suppose, parce que je le connais, je me sent mal de le savoir vivre comme cela, lui et sa famille. Sa femme, son fils de 3 ans et le bébé de 14 mois, ne le voient que quelques heures par jour. Lui, ressentant constamment qu'il peut être tué à chaque instant. sur le chemin du retour.

J'essayais d'avoir des conseils de Marwan. Devais-je partir, devais-je rester, devais-je essayer de partir complètement de Gaza? Il dit " ne t'en fait pas, avant c'était pire;. par exemple les rues étaient recouvertes de sable". Je n'avait aucune idée de ce que cela voulait dire. " Nous avions entassé du sable dans les rues pour que les tanks ne puissent pas passer" " Oh, tu veux dire comme ils ont fait dans la rue au dessus de la mienne?" il n'avait plus rien à ajouter apres cela.

La nuit derniere à Rafah 50 tanks ont envahi le camp de réfugiés de Yibna. 15 maisons ont été démolies. 160 personnes qui avaient commençé à penser que le calme de la hudna allait durer pour toujours ont vite déchanté. Mes amis campaient dans une des maisons qui n'a pas été complètement démolie, un mur seulement a été détruit au bulldozer.Ils sont restés assis toute la journée dans une maison avec trois murs. Le mur démoli protégeait la famille, d'une certaine façon, du mirador voisin. Maintenant mes amis et la famille attendent leur raz de marée.

Je veux dire que je sais que cela semble de parti pris, parce que cela l'est. J'ai, bien entendu, appris les attaques terroristes horribles de Tel aviv et Jerusalem. Et je suis presque sûr que vous aussi. Mais je suis également sûr que vous tous n'avez rien entendu sur Rafah ou comment les gens ici achètent pour des mois de nourriture et ont peur d'être bombardé du ciel et de la mer. Je ne m'abstients pas d'écrire sur l'autre côté parce que je souhaite l'humilier ou prétendre qu'il n'existe pas .

En fait, quand j'ai vu les nouvelles sur les attaques, j'ai été influencé en pensant que les gens ici sont surprenant, israéliens et palestiniens, qui vivent cette vie. Ces gens qui ont peur se sentent visés et vulnérables, continuent de combattre pour la paix. Les israéliens et palestiniens qui ont suffisament de force pour espérer alors qu'ils ne devraient plus y avoir d'espoir, sont les vrais constructeurs de paix. J'écris aussi du point de vue qui est le mien parce que je le connais. Si j'essayais de parler de ce qui se passe à Tel Aviv ou Jerusalem, et comment on se sent là bas, je devrai mentir, car je n'en ai aucune idée.

OK, je rentre à la maison maintenant. Il y a des policiers et autres dehors, et je peux sentir mon ventre répondant comme il le fait habituellement quand j'entend des choses effrayantes. Je suis en sécurité à la maison, je le sais, aussi j'y vais. Je pense que j'irai au dessus chez Ali et sa famille.

Amour amour amour

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