Gaza - 3 janvier 2012

Des instants inoubliables, rencontre avec un prisonnier libéré

Par Club francophone du collège Ramla

> collegeramla@yahoo.fr

Témoignage et photos envoyés par Bassem Abou Draz, professeur de français au Collège Ramla, Gaza.

Une nouvelle élève venue pour étudier avec nous en troisième année du collège était un peu étrange, elle ne parlait que lorsqu'on s'adressait à elle. On a compris enfin qu'elle est la fille d'un prisonnier libéré, c'est pourquoi nous avons décidé de rencontrer son père qui l'a quittée à l'âge d'un an. Il nous a raconté son histoire en répondant aux questions que nous lui avons posées. Il s'agit de M. Mahmoud Talab Idriss, de Jérusalem, il avait été condamné par Israël à 99 ans de prison (la perpétuité) parce qu'il a défendu la mosquée Al Aqsa contre les colons sionistes.

MM. Talah Idriss et Abou Draz lors de la rencontre avec les élèves du Collège Ramla, à Gaza.
En prison, chaque détenu doit subir 3 mois de torture physique et psychologique, l'étape la plus choquante et la plus dure pour tous les prisonniers, et également les chocs électriques qui conduisent certains à la mort, en plus des mauvais traitements médicaux.

Parmi les prisonniers, il y en a quelques-uns qui ont continué leurs études universitaires en droit hébreu, parce que c'est la seule branche autorisé. Quant à M. Mahmoud, il a étudié la grammaire et l'histoire arabe, les maths et a appris le coran. La vie était dure à cause de la routine, faire du sport, prendre une douche, manger, étudier, regarder la télévision, seulement 13 chaînes sélectionnées par la direction du prison.

Après 13 ans de prison dans les geôles sionistes, il a entendu parler de l'accord négocié entre le Hamas et Israël, alors il a eu l'espoir que son nom soit parmi ceux qui allaient sortir. Les soldats israéliens ont fouillé toute la prison pour ne laisser aucun moyen médiatique, sauf qu'un prisonnier qui avait caché sa petite radio et là, il a entendu son nom dans le premier contingent des détenus qui allaient quitter le prison pour toujours. A ce moment là, il était en grève de la faim.

Le jour de départ est venu mais ce qui a gâché sa joie, ce qu'il ne pouvait voir ni sa famille ni sa région, il a été banni avec 162 d'autres qui ne peuvent pas quitter Gaza.

L'instant le plus marquant de sa vie, c'est quand il a rencontré les membres de sa famille quelques jours après, ils sont venus par les tunnels à cause des difficultés de déplacement ; son fils est arrivé avant-hier.

Même s'il a déjà vu sa famille derrière les vitres de la prison et qu'ils communiquaient par connexion Internet, voir ses enfants en réalité est une autre chose et un sentiment indescriptible, les serrer dans ses bras, c'est très émouvants. C'est à cet instant qu'il a senti le goût de la liberté.

Pendant les vacances d'hiver, sa famille va rentrer à Jérusalem mais lui, il restera à Gaza comme un étranger qui va reconstruire sa vie, il doit trouver un travail et c'est dur surtout qu'il est âgé.

M. Mahmoud espère redonner à sa famille l'amour et l'affection perdues pendant 13 ans du prison, rentrer un jour dans sa ville natale -Jérusalem-, rencontrer ses proches et ses amis qui sont en prison et qu'il considère comme plus que ses frères, et il souhaite que leur libération des geôles sionistes soit la plus proche possible, pour eux et pour tous les prisonniers.