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ISM France - Archives 2001-2021

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Tulkarem -

Histoires des Terres Occupées - Partie 1 : Le Martyr

Par

L’ International Solidarity Movement est une organisation non-gouvernementale palestinienne regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l’occupation israélienne. Nous utilisons des méthodes de résistance non-violentes et des actions directes pour affronter et défier les Forces illégales d’occupation israélienne et leur politique.

Nous rencontrons Sab Heya Abdula, une femme âgée, peut-être soixante ans. Son minuscule appartement de deux pièces est noir, tout brûlé et couvert de trous de balles (et je veux dire minuscule : chaque pièce fait environ un mètre carré et demi : pensez un demi-pas dans la penderie). Il n'y a pas d’électricité.
"Je n'ai ni fils, ni filles. Il n'y a personne ici sauf moi. Pourquoi mettre le feu à l’appartement d’une vieille femme ?" nous demande-t’elle par l’intermédiaire de notre guide.
Difficile de répondre. Et naturellement, pas de famille signifie pas d’argent pour faire réparer les fils et rétablir l'électricité.

.... Nous nous demandons si la résistance française à l’incursion et à l’invasion allemande était de la résistance légitime ou du terrorisme ?

Nous interrogeons si l'engagement historique des organisations de résistance des Noirs en Afrique du Sud contre le régime raciste de l’Apartheid était de la résistance légitime ou du terrorisme ?

Qui étaient les terroristes : les Indiens autochtones américains ou Columbus et les envahisseurs blancs de l'Amérique continentale ?

Et qui était le terroriste : George Washington ou l'Armée Britannique de colonisation ?

Nous nous réunissons ici pour défendre les droits de l'homme de la manière la plus honnête, la plus ouverte et la plus objective possible.

Si oui, alors n’est-ce pas un droit de l'homme, basique et essentiel, que de défendre sa maison, sa terre et ses biens, si ce n’est l’un des moyens d’existence et de survie parmi ceux disponibles, ou est-ce que cette forme de défense honorable et légitime doit être considérée comme du terrorisme ?

Le Palestinien dont la terre et la maison a été occupée, et dont la survie a été menacée par l’invasion de personnes qui sont venues du bout du monde avec leurs avions, leurs tanks, et leurs armes biologiques et nucléaires, n'a rien d’autre pour se défendre que de jeter des pierres.

Quand le chemin vers la liberté mène à la mort, la seule arme du Palestinien pour se défendre est parfois de se faire exploser au milieu des envahisseurs et des agresseurs qui l’ont humilié et détruit.
Si un intrus envahit votre maison, n'avez-vous pas le droit de vous défendre par tous les moyens, si nécessaire ?

"Vit libre ou meurt", est gravé sur une pièce de monnaie américaine, est la devise des héros et non des soi-disant terroristes !

À travers l'Histoire, chacun a eu le droit grâce à la Loi de défendre sa maison des intrus et de défendre son pays des envahisseurs tout comme les Palestiniens ont dû se défendre contre les Israéliens même s’ils n'étaient pas habillés en militaires mais se sont transformés en une armée secrète pour la Force Occupante. Pourtant, certains disent que c’est du terrorisme. En effet, quel dommage !...."


Pratiquement chaque maison que nous visitons a perdu quelqu'un : Un père, un frère, un oncle, une soeur, un fils, une fille.

Nous entendons l'histoire de l'un des membres du Comité de l’ISM local qui a perdu un frère. Tariq était membre de la milice du Fatah (l'armée palestinienne) : il a été traqué et tué par les forces spéciales Israëliennes.

L’ "opération chirurgicale" a eu lieu dans un secteur résidentiel entre deux blocs d'appartement à Tulkarem. C’était pendant le Ramadan et Tariq était alors vraisemblablement non-armé. Armé ou pas, les Forces Spéciales israéliennes ont tiré au hazard (Ils ont même tiré sur les oiseaux dans le ciel, m’a-t’on dit) dans le secteur résidentiel bondé afin de l’abattre, blessant 23 personnes et en en tuant 6 autres dont 2 enfants de moins de 12 ans et un chauffeur de taxi qui passait.

Ils étaient après Tariq depuis un certain temps et quatre mois plus tôt, ils avaient bloqué sa famille dans la maison. Un tank était garé dans l’allée. La sortie et l'entrée était refusées à moins qu'ils indiquent où se trouvait Tariq. Le père était alors malade d’un cancer et l'armée a refusé les demandes pour qu'il soit emmené à l'hôpital.
Deux jours plus tard, il est décédé, la maison toujours sous blocus.

Je pense que cela me touche particulièrement parce que mon propre père est mort d’un cancer et avait besoin d’accéder aux services médicaux.

Comment un pays que se dépeint comme un phare éclairé dans une mer de sauvages Moyen-Orientaux ose-t-il fait cela ?

En Australie, quelque soit le crime honteux que j’aurais pu commettre, pouvez-vous imaginer le tapage si la police avait refusé un traitement médical à mon père et qu’il en soit mort ?

Malheureusement la punition collective est endémique ici.
Imaginez que j’aie commis un crime... OK, un autre crime, un pour lequel je me suis fait attraper. Je peux m’arranger de l’aspect brutal et dur de la Justice qui prend tous mes capitaux et détruit ma maison, si j'ai tué un innocent.

Mais qu’en est-il si les forces détruisent également la maison de mes parents, de ma soeur, de mes grandparents, et/ou de mes cousins ? En fait, ils ont détruit VOTRE maison parce qu’il vous est arrivé de partager un appartement dans un immeuble avec moi ?

Même si j'étais le tueur en série le plus monstrueux et le plus dépravé de tous les temps, cela semble-t’il justifié ? Malheureusement, cela se passe ici régulièrement.

Mais pour une raison ou pour une autre, la presse occidentale semble seulement démoniser constamment une partie dans ce conflit : ce sont les pauvres Israéliens qui doivent d’arranger avec ces terroristes Palestiniens, n’est-ce pas ?

Cela vaut la peine de garder cette histoire à l'esprit la prochaine fois que vous aurez connaissance d'une incursion dans Gaza où le reportage expliquera d’une façon anodine que "14 Palestiniens ont été tués".

Selon le taux de réussite obtenu dans le cas de Tariq, cela implique que deux soldats et quatre enfants palestiniens ont été tués. Malheureusement, juste parce que la presse ne le dit pas explicitement, cela ne signifie pas que cela ne se produit pas. Rappelez-vous, pour une raison inconnue dans la démocratie d'Israël, on ne permet pas aux observateurs internationaux d’entrer dans Gaza pour être témoins des incursions de l’armée israélienne...

J’aurais aimé pouvoir dire que cela est teminé, mais ces derniers jours ont été des litanies d’histoires identiques.

J'ai photographié quelques écoliers à côté de l’affiche d’un Martyr, un camarade de classe agé de douze ans (les affiches de Martyr sont des affiches pour les morts : elles s’étalent de façon dérangeante : des jeunes de 18 ans tenant n'importe quoi jusqu'à 6 armes différentes dans diverses poses jusqu’aux poignantes : une mère souriante, un gosse dans son uniforme d'école ou analogues).


Abdul Karim Samai a été tué alors qu’il lançait des pierres vers un tank à l’extérieur de son école à Tulkarem. Des balles réelles sur un enfant de 12 ans.

Pendant notre formation, on nous a donné des conseils sur notre positionnement et de ne pas nous mettre entre les écoliers et l'armée, parce que pour les internationaux habituellement le pire auquel on peut s’attendre ce sont des balles en caoutchouc, il n'y a pas de telles contraintes pour traiter avec une pluie mortelle de pierres provenant des écoliers locaux.


On continue : nous visitons un certain nombre de maisons dans le camp de réfugiés de Nur Shams en périphérie de Tulkarem.

En janvier, l'armée israélienne a évacué les habitants du bloc entier, les forçant à rester à l’extérieur dans l’enceinte du siège de l’Unicef au coin de la rue. Si je ne l’ai pas déjà mentionné, il fait y FROID. Il a neigé à Jérusalem la semaine dernière.

Les hommes, les femmes et les enfants ont passé 48 heures dehors tandis que l'armée évacuait le bloc : essentiellement une fouille pièce par pièce souvent effectuée par les RPGs. Le résultat fut : de nombreux tirs et la destruction des biens. Beaucoup d'appartements ont été vidés, ceux qui ne l’ont pas été, ont été marqués par un tir d’arme de petit calibre. Je vois les vêtements, les TV, les réfrigérateurs, les salles de bains tout rendues inopérables / inutilisables par des trous de balle.

Nous rencontrons Sab Heya Abdula, une femme âgée, peut-être soixante ans. Son minuscule appartement de deux pièces est noir, tout brûlé et couvert de trous de balles (et je veux dire minuscule : chaque pièce fait environ un mètre carré et demi : pensez un demi-pas dans la penderie). Il n'y a pas d’électricité.
"Je n'ai ni fils, ni filles. Il n'y a personne ici sauf moi. Pourquoi mettre le feu à l’appartement d’une vieille femme ?" nous demande-t’elle par l’intermédiaire de notre guide.
Difficile de répondre.
Et naturellement, pas de famille signifie pas d’argent pour faire réparer les fils et rétablir l'électricité.

Nous visitons cinq, six, sept maisons. Histoires identiques : propriétés brûlées, murs endommagés. Ma tête tourne, c’est trop. Je me sens mentalement épuisé et je ne peux rester à en entendre plus. Et j'ai été là seulement une semaine

Et vous savez quoi ? Dans une semaine, je dois laisser tout cela derrière moi...

Les Palestiniens : tellement pas de chance. Est-ce que j'ai mentionné que ce camp de réfugiés a été le premier à être installé en 1948 ?

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG

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