Gaza - 7 novembre 2010

Les Gazaouis manifestent lors de l’anniversaire de la Déclaration Balfour (vidéo)

Par ISM Gaza

Sous le regard des snipers depuis la tour de contrpole du carrefour d’Erez, Saber Al-Za’anim, coordonnateur général du groupe Initiative Locale, a parlé avec passion de la résistance palestinienne pour l’anniversaire de la Déclaration Balfour du 3 novembre 1917. « Nous poursuivons la lutte de nos arrières grands-parents qui ont rejeté la promesse scandaleuse et injuste que le secrétaire des affaires étrangères de Grande-Bretagne a faite aux sionistes de créer un Etat au milieu de la Palestine, il y a 93 ans. Nous sommes ici, la génération actuelle palestinienne, et nous continuons à défendre avec force les principes de nos ancêtres et la lutte qu’ils nous ont transmis et que nous poursuivons aujourd’hui. »

C’était le 93ème anniversaire de la promesse Balfour, et les bénévoles locaux du groupe Initiative locale de Beit Hanoun et des activistes de l’International Solidarity Movement ont manifesté près de la frontière israélienne à Beit Hanoun, au nord de Gaza. La foule a marché jusqu’à 100 mètres du mur israélien, où des manifestations précédentes non violentes ont été accueillies par des tirs à balles réelles. Les protestataires ont attiré l’attention sur les injustices terribles qu’ils ont subies depuis la promesse des occupants britanniques de créer un foyer juif sur un territoire qui était arabe palestinien à plus de 90%.

La manifestation a eu lieu près de la frontière d'Erez, près de la « zone tampon » imposée par Israël - une étendue de terre à 300 mètres de la clôture qui longe toute la frontière. Une enquête des Nations Unies a constaté que les agriculteurs, les collecteurs de gravats, des civils et des manifestants ont été abattus jusqu'à 1500 mètres de la clôture, ce qui transforme 35% des terres les plus agricoles de Gaza en zone à haut risque, provoque une perte importante de la production alimentaire et des moyens de subsistance.

Les manifestants se sont approchés du mur israélien, s’arrêtant à la grille de barbelés et au fossé créé par un bulldozer pendant l’incursion israélienne d’il y a un mois au cours de laquelle 3 agriculteurs palestiniens ont été tués. Après avoir planté un drapeau palestinienne sur la grille, ils ont entonné des slogans et brandi des drapeaux avant que certains parlent de l’héritage épouvantable de la Déclaration Balfour.

Abzel Al Baseony, fermier du secteur, a raconté de la situation terrible à laquelle il est confronté ; il risque de perdre encore davantage de sa terre qui est située près de la frontière. Il est agriculteur depuis 1984, prenant la suite de son père. Il a expliqué comme l’armée israélienne a détruit au bulldozer la plus grande partie de sa terre, qui était couverte d’arbres, et combien les gens ont peur de travailler la terre à cet endroit maintenant. Comme la plupart des Palestiniens, il est aussi très au courant du rôle historique de la Grande-Bretagne dans la facilitation de la création d’Israël sur la terre palestinienne.

« Ce sont les Britanniques qui ont créé ce problème en permettant qu’un Etat israélien soit créé sur les ruines de nos réfugiés, et vous avez vu ce qu’ils nous ont fait depuis. Pendant le mandat britannique, avant 1947, les attaques contre nous ont fait beaucoup de morts civils, et aujourd’hui, comme les gouvernements américains et européens, ils continuent de soutenir Israël lorsqu’il prend nos terres et bombarde nos familles. Mais nous continuerons à cultiver nos terres pendant les 93 prochaines années, si c’est le temps qu’il faut pour que justice soit rendue à notre peuple. »

Comme plus de 80% des Gazaouis, la plupart des manifestants étaient des réfugiés de différents villes et villages palestiniens comme Faluja, Min Dimra, Askelaan ou Majdel, des villages arabes situés dans ce qui est maintenant Israël. Au total, 531 villages ont été effacés et démolis en 1948 par l’armée israélienne après que leurs habitants palestiniens étaient forcés de partir, par la violence. Depuis, leur droit au retour leur est refusé.

Adie Mormech, activiste britannique d’ISM, croit que les gens de son pays ont le devoir de redresser les torts de l’implication britannique en Palestine, qui continue aujourd’hui avec le soutien politique, commercial et militaire à Israël.

« Le rôle du gouvernement britannique au Moyen-Orient est un triste rôle, comme ce fut le cas de l’Empire britannique pour les habitants des pays qu’il a colonisés. La Grande-Bretagne a contribué de façon similaire au système d’apartheid d’Afrique du Sud. Heureusement, beaucoup de citoyens britanniques se sont opposés au régime d’apartheid et ont boycotté le gouvernement sud-africain jusqu’à qu’il soit mis fin à sa politique raciste.
Aujourd’hui, en Grande-Bretagne et partout dans le monde, les actions de boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël prennent de l’ampleur tandis que la « communauté internationale » continue de permettre qu’Israël maintienne son siège médiaval de Gaza, son occupation militaire de la Cisjordanie et de Jérusalem, sa discrimination continue et le nettoyage ethnique. Comme ce fut le cas pour l’Afrique du Sud, c’est aux gens de conscience du monde entier de se joindre au mouvement jusqu’à ce qu’Israël se conforme au droit international et garantisse aux Palestiniens les mêmes droits que n’importe quel autre peuple. »

La manifestation s’est terminée sans incident, sur la résolution de l’organisateur, Saber Al-Za’anim :

« Nous sortons des décombres de l’oppression israélienne pour prouver à nouveau au monde entièr que le peuple palestinien n’acceptera jamais le nettoyage ethnique et le meurtre. Nous resterons vigilants pour défendre nos droits, notre liberté et notre terre. »

Source : Palsolidarity

Traduction : MR pour ISM