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ISM France - Archives 2001-2021

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Bethléem -

Les Palestiniens au quotidien; on n’en sait jamais assez

Par

Une fois au contact des Palestiniens, que ce soit en Israël où ils vivent une discrimination d’un autre siècle, une oppression qui semble invisible mais pourtant bien présente ou dans les Territoires occupés, on comprend vite que toute l’info, tous les témoignages ne remplaceront jamais ce que ce peuple peut vous exprimer de vive voix a propos de son quotidien.

Bonjour a tous.

Mes impressions du moment.

Les Palestiniens au quotidien; on n’en sait jamais assez

Nos médias nous parlent souvent, parfois trop peut être ou en tous cas rarement de façon très objective, du conflit israélo-palestinien. D’autres peuples vivent aussi une tragédie, mais elle se passe en silence, il suffit de penser aux Tchétchènes.

Une fois au contact des Palestiniens, que ce soit en Israël où ils vivent une discrimination d’un autre siècle, une oppression qui semble invisible mais pourtant bien présente ou dans les Territoires occupés, on comprend vite que toute l’info, tous les témoignages ne remplaceront jamais ce que ce peuple peut vous exprimer de vive voix a propos de son quotidien.

J’avais découvert Jérusalem, Hébron et Bethlehem trois jours avant l’opération « Rempart » en mars 2002;
J’ai vu Jenine presque six mois après les exactions connues dans le camp de réfugiés. Cette fois j’ai choisi de rester plus longtemps et de vivre le quotidien à Bethlehem tout en discutant avec les gens au hasard des rencontres.

A la nouvelle de l’attentat de Haïfa, tout le monde me disait ici sa tristesse pour le sort des morts et des blesses, pour leurs familles et leurs amis. Tous veulent la paix sur le morceau de terre qu’il est censé leur rester et ils condamnent les actes inacceptables des deux cotes.

Franchement sur place il est très difficile de rester neutre après avoir discuté avec des Palestiniens d’Israël ;
Quand je vois qu’il faut au moins 4h a un Palestinien (il faut un maximum de 3h pour faire Haïfa Jérusalem via Tel Avive) pour faire les quelques Km de Ramallah a Bethlehem ;
Quand je vois des convois de l’armée d’occupation sur des routes sous la responsabilité de l’Autorité palestinienne ; quand je vois la vitesse a laquelle les colons roulent sur les routes de contournement ;
Quand je vois que je peux assez facilement aller d’une ville a l’autre a l’intérieur des Territoires occupes- au moins 2 heures de Bethlehem a Hébron et au moins 3 transports en franchissant des talus de terre (il ne pleut pas encore) dans le meilleur des cas- aller à Jérusalem avec mon passeport européen alors que beaucoup ici n’ont même pas pu quitter leur ville depuis 3 ans ;
Quand je vois ce Mur ou ses prémices sortir de terre presque partout où l’on regarde l’horizon

Imaginez que vous ne savez rien du conflit, de la situation actuelle. La vie pourrait paraître normale dans la ville qui a vu naître le Christ. On peut faire son marche- qui regorge de produits israéliens dont beaucoup ici pensent qu’ils sont meilleurs que les palestiniens. Septembre octobre c’est la saison des fiançailles et des mariages, les fêtes sont plus courtes qu’avant mais les youyous retentissent en fin de semaine.
On perçoit l’impact psychologique de la situation en voyant les cafés Internet pleins à craquer après 14 h jusque tard le soir ou des dizaines de jeunes (parfois ils ont a peine 10 ans) passent des heures a jouer à des jeux violents, en réalisant que beaucoup de foyers reposent sur les femmes parce que le mari n’a pas de travail,
Qu’il a été tué ou qu’il fait partie des quelques 8 000 prisonniers/ déportés.

On se rend compte aussi très vite que le tourisme bat de l’aile : oubliées les longues heures d’attente pour entrer dans l’église de la Nativité, les échoppes de souvenirs ne font plus recette, les marchands sont désespérés que le rare « touriste » achète quelque chose. Le marché du travail n’est pas en meilleure santé. Beaucoup d’hommes travaillaient avant en Israël et sont au chômage aujourd’hui, d’autres travaillent dans d’autres villes des Territoires occupés et ne savent jamais s’ils pourront se rendre au travail demain ou en rentrer ce soir, si les forces d’occupation ont décidé soudainement d'un bouclage.

Les étudiants vivent aussi au rythme de ce bouclage. Les Territoires Occupés sont fermés l’université de Bethlehem aussi puisque beaucoup d’étudiants viennent de Jérusalem et des alentours. Se rendre à l’université d’Al Quods (Jérusalem) n’est pas non plus des exercices les plus simples. Si en temps normal il faut 15 minutes pour s’y rendre depuis Bethlehem, il faut actuellement près d’une heure avec un détour de 15 km sur des petites routes se terminant par des collines, des talus à franchir et des interrogatoires des soldats. Pour rejoindre cette université depuis Jérusalem 5 à 10 minutes sont en principe suffisantes, aujourd’hui il faut au moins 30 minutes et un détour de 20 km.

Car aujourd’hui il y a une nouvelle réalité : le « MUR de séparation », la « barrière de sécurité », l’ignominie de ce début de 21eme siècle, alors que dans quelques jours nous célébrons la chute du Mur de Berlin.

Ce Mur on le ressent fortement dans cette partie de la Cisjordanie , même s’il n’est pas encore visible partout parce qu’Israël, les colonies revoient son tracé a chaque avancée, parce qu’il faut voir si ici il y aura de hautes plaques de béton (entre 2 et 8 mètres actuellement), si là il y aura deux à trois lignes de grillages sophistiqués. Autour de Bethlehem, on voit souvent de larges chemins de terre défigurer le paysage. IL est là et grignote goulûment la terre à l’Est de la Ligne Verte de 1967 et sur les rives du Jourdain.

Vendredi dernier, j’ai assisté a une conférence de Taayush, une organisation israelo-palestinienne, qui lançait une campagne contre ce Mur avec PENGON, le réseau des ONG palestiniennes pour l’environnement et l’ICADH, l’association israélienne contre la destruction des maisons. Nous avons eu un expose très bien présenté sur la situation par Jamal Juma, coordinateur de PENGON (je conseille vivement qu’il soit invité pour tourner en France, il sera fin novembre en Belgique, Italie et Espagne par exemple). L’exposé était effrayant, terrifiant, tant il semble difficile d’avoir de l’espoir pour l’avenir, tant nos politiques font mine d’ignorer la situation.

PENGON vient d’éditer un livre très bien fait (et bon marché : 40 NIS sur place, il est disponible a l’« educational library » a Jérusalem et probablement ailleurs) pour présenter la situation avec des analyses, des cartes, des photos, des études de cas. Voyez sur le site http://www.pengon.org à droite sous « STOP the wall » - "publication on the wall".

Le second exposé de Menachem Klein, spécialiste de la situation a Jérusalem, a laissé plusieurs d’entre nous dubitatifs. M. Klein était dans la délégation israélienne pour l’accord de Genève peu de jours auparavant et dans son expose qui tirait la sonnette d’alarme sur la situation de Jérusalem Est qui aura aussi des implications sur Jérusalem Ouest, sur une ville qui
sera à terme en perpétuels conflits si la situation continue, il a aussi mentionné « les promesses de Barak », le « mauvais mur actuel issu d’une bonne idée du parti travailliste »

La suite de la journée s’est déroulée sur le terrain sur les hauteurs au dessus de l’université d’Abou Dis. Spectacle surréaliste : 3 grands cars débarquent avec des activistes de diverses origines (jeunes mais aussi de la génération de l’Holocauste/ après guerre) pour voir les dégâts dans le paysage, discuter avec les habitants. L’armée et les bulldozers jouent les comites d’accueil, poignées de mains entre les organisateurs et les soldats qui nous laissent voir alors que des enfants courent partout. Ici on prépare le terrain : de larges chemins de terre parfaitement aplanis, que l’on voit se dessiner a 200 mètres sous nos yeux et ici ou là à l’horizon. Le Mur a faillit couper le terrain de sport de l’université en contre bas en deux, après négociations il s’en écartera... Nous avons terminé la visite par un bout du Mur dans Abou Dis : des plaques de béton de 2 a 3 mètres de haut au pied de ce qui aurait pu être le Parlement palestinien. Les courageux (souvent ils n’ont pas le choix) escaladent et franchissent le Mur avec leurs courses, leurs cartables sous les yeux des soldats. Il semble que bientôt le Mur ici fera 8 mètres de haut comme à Qalqilya.

Je croyais en rester là pour cette fois des images du Mur. Mais j’ai eu l’occasion de voir des préparatifs de plus près, de voir la « barrière électrique » terminée ici a Bethlehem. D’abord dans le camp de Aida. En arrivant aux abords du camp des hommes coupent des branches d’oliviers à la tronçonneuse sous la surveillance d’un soldat et d’un homme en civil, M16 a la ceinture.
Que font là ces hommes armés, qui sont ceux qui coupent les branches ?
En montant plus haut un bulldozer prépare le terrain, deux soldats surveillent l’entrée du terrain couvert d’oliviers, des jeeps sont plus bas sur les terres. Ici ce sont les terres de l’église arménienne, de l’église orthodoxe grecque et d’une centaine de particuliers qui pâtissent. Personne n’est épargné !

La « barrière électrique » c’est en allant a la sortie de Beit Sahour vers Alobadia. La, 2 a 3 lignes de barbelés et grillages prennent entre 50 et 100 mètres de large- je suis un peu surprise de cette vision, parce que c’est ce genre de « barrière » que j’ai vu il y a un an en descendant de Jenine sur le Jourdain, que j’ai revu il y a quelques semaines en descendant de Nazareth.

Sur au moins 20 km avant Jéricho, il est là bien installé quelque part où la frontière ne devrait être qu’une histoire entre la Jordanie et la Palestine. Des jeeps et des hommes patrouillent, plus bas des bulldozers s’activent pour préparer la suite, déversant le surplus de terres dans les champs plus bas.

A ce point on peut se demander quelle direction va prendre ce chemin, le Mur. Ce qui est certain c’est qu’il va continuer à défigurer le paysage.

Dans ce coin, il n’y a pas un endroit à l’horizon où l’on ne voit pas l’emplacement du futur Mur, à moins que ce ne soient de nouvelles routes de contournement en préparation.



NOTE : Voir notre traduction en français du dossier PENGON

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