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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Les tanks de retour à Naplouse

Par

L’ International Solidarity Movement est une organisation non-gouvernementale palestinienne regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l’occupation israélienne. Nous utilisons des méthodes de résistance non-violentes et des actions directes pour affronter et défier les Forces illégales d’occupation israélienne et leur politique.

L’ensemble de la zone était bouclé par des jeeps, et un bulldozer blindé de l’armée était présent. Il s’avéra qu’un homme recherché parce qu’il avait pris part à la résistance armée en avril 2002 dans la vieille ville était maintenant caché dans la zone.
Nous avons décidé de pénétrer dans la zone pour voir ce qui s’y passait.

Les tanks de retour à Naplouse


Des Palestiniennes marchent entre les véhicules militaires bloquant une route lors de l'incursion à Naplouse
Photo : Nasser Ishtayeh - AP - jeudi 22 janvier 2004, 16h45


Naplouse est restée relativement calme jusqu’à jeudi et le travail de réparation des routes et des trottoirs a continué. Il y a deux ans, les tanks et les bulldozers ont "déchiré" la route entre le camp de réfugiés d’Askar et le camp de Balata, rendant la route inutilisable.
La municipalité a stabilisé un peu la route entre ma première et ma seconde visite et les voitures pouvaient suivre la route, en ralentissant sur les pires portions.

En ce moment, ils sont en train de refaire le revêtement de cette route avec un nouveau macadam noir et lisse. Sur la voie menant à Naplouse depuis Balata, ils ont une nouvelle fois commencé à réparer les chaussées en redisposant les pierres du trottoir et en reposant des pavés.

Tout ceci avait été réparé une fois depuis 2002 mais a été détruit par les tanks durant la dernière invasion. La croyance des gens qu’il y aurait une suite à cette invasion a été vérifiée

Jeudi et une partie de ce travail a été défait une nouvelle fois. Ici, les gens reconstruisent leurs vies continuellement. Depuis l’ingénieur qui a commandé du combustible d’Italie pour sa fonderie en espérant honorer une commande, jusqu’aux familles pauvres de la vieille ville qui ont fait de leur mieux pour rendre de nouveau leurs maisons habitables après que l’IDF les ait sérieusement endommagées plut tôt ce mois-ci.

A Balata, ils ont nettoyé les gravats d’une des maisons qui a été démolie par l’armée le mois dernier, et ils posent maintenant de nouvelles fondations, partout l’on peut voir les gens qui continuent leurs vies.


Mais les tanks étaient de retour à Naplouse hier (jeudi) et se sont arrangés pour endommager certaines des nouvelles bordures de trottoir. Au moment où nous arrivions depuis Balata, un tank était positionné à un croisement proche du centre ville et beaucoup de jeeps parcouraient le lieu, provoquant les habituelles confrontations.

On nous avait averti qu’il y avait des gens à l’intérieur d’une mosquée dans la zone d’Obaidah près de l’université, et que les soldats les encerclaient.

Quand nous sommes arrivés sur les lieux nous avons appris qu’une école avait aussi été quelque temps détenue mais que les enfants avaient maintenant été relâchés.

L’ensemble de la zone était bouclé par des jeeps, et un bulldozer blindé de l’armée était présent. Il s’avéra qu’un homme recherché parce qu’il avait pris part à la résistance armée en avril 2002 dans la vieille ville était maintenant caché dans la zone.

Nous avons décidé de pénétrer dans la zone pour voir ce qui s’y passait.

Obaidah est sur un versant de la montagne avec les rues principales disposées parallèlement les unes au-dessus des autres. Une volée de marches relie les routes entre elles. Nous avons atteint une rue surplombant la zone encerclée et nous avons ensuite descendu quelques marches et utilisé des petites ruelles pour arriver juste au-dessus de la maison que les soldats encerclaient.

Nous avons posé des questions, pour apprendre que l’homme recherché était Emad Akkobeah, agé de 28 ou 30 ans, et que la maison qui était encerclée appartenait à un oncle de celui-ci, la maison de la famille de l’homme se trouvant à la porte d’à côté.

Nous avons ensuite passé la plus grande partie de la journée à observer. Plus tôt dans la journée, les soldats avaient envoyé un message par haut-parleur : “Emad nous sommes venus pour toi, nous savons que tu es un garçon sympathique qui ne veut pas créer de problèmes à sa famille, alors sors et nous t’emmènerons".

Ils ont dit cela et d’autres choses dans un style moqueur, comme s’ils parlaient à un enfant.

Deux autres hommes recherchés ont été exécutés par les soldats la semaine dernière seulement dans un district proche de Naplouse après qu’ils aient été emmenés en détention.

Finalement, ils ont obligé la mère à parler dans le haut-parleur. Apparemment, elle lui a d’abord dit de ne pas sortir et ensuite elle a dit qu’elle le donnait à Dieu. Plus tard, ils ont passé un enregistrement d’elle lui demandant de se rendre.

Durant ce temps, il y a eu beaucoup d’éclats de feu et le bruit de bombes. Pendant l’après midi nous avons pu entendre le bruit du bulldozer se déplaçant et finalement nous avons entendu le son d’objets cassés.

Nous avons changé de position, de laquelle nous avons pu voir le bulldozer en train de défoncer le devant de la maison en entrant à l’intérieur avec sa pelle en avant.

La pelle pouvait atteindre le second étage et rapidement l’engin a endommagé tous les murs des premiers et seconds étages de cet immeuble de 4 niveaux. Il y avait aussi beaucoup de tirs de mitrailleuse lourde dirigés contre la maison.

Les choses sont redevenues calmes après cela et alors un chien est sorti de la maison occupée en contrebas et est entré par les trous dans le mur de la façade. Le chien est revenu après un moment et a été envoyé à nouveau.

Quand il est ressorti pour la seconde fois? des soldats armés lourdement accompagnés de chiens sont entrés. Nous avons compté 12 hommes et trois chiens.

Après un moment il est apparu évident qu’il n’y avait personne dans la maison, et que les soldats étaient en train d’installer des explosifs dans la maison. Huit familles vivent dans cet immeuble et ils n’ont pas été autorisés à prendre quoi que ce soit quand les soldats les ont fait sortir.

Toutes les maisons adjacentes étaient toujours occupées, sauf celle de la famille Akkobeah qui avait été arrêtée et que nous avons vu plus tard les mains liées. Nous avons alors bougé encore un fois vers un autre point de vue d’où nous pourrions voir ce qui était en train de se passer, mais assez éloigné pour que nous soyons en sécurité quand la maison a été explosée.

L’explosion, quand c’est arrivé a été immense, les murs de la maison ont été projeté vers l’extérieur avant d’être engloutis dans des nuages énormes de poussière qui ont été envoyés haut dans le ciel.


L’onde de choc a endommagé sévèrement toutes les maisons adjacentes, les rendant inhabitables.
Elle a aussi cassé les vitres dans beaucoup de rues autour ; nous avons dû nous retirer en attendant que le plus gros de la poussière soit retombée.

Quand nous avons pu voir à nouveau, il n’y avait plus de signe de la maison, juste un tas de ruines.

Une foule a commencé à se former et il y a eu ensuite un tir et l’homme recherché a émergé et est sorti accompagné par la foule, il n’était visiblement pas dans la maison.

Quelques personnes ont été touchées par l’explosion et ont été évacuées en ambulance. La dévastation des maisons adjacentes a été importante, avec des murs endommagés et tous les encadrements des fenêtres et des portes projetés à l’intérieur, détruisant les meubles et envoyant les fenêtres de l’autre côté de la maison.

Quand nous y sommes retournés aujourd’hui le nettoyage était en bonne voie avec deux JBC enlevant les débris, des électriciens rendant le système électrique sûr et des gens tentant de rendre les maisons autour à nouveau étanches avec des plastiques sur les fenêtres.
Cette démolition ordinaire de tout ce que ces familles possédaient amène seulement plus de ressentiment et de répugnance envers les Israéliens.

Trente familles ont été touchées par cette démolition, et environs 100 personnes se retrouvent sans-abri, de manière permanente pour certains d’entre eux.

Personne n’avait fait quoi que ce soit contre les lois internationales, l’homme recherché avait parfaitement le droit de défendre sa ville contre une armée l’envahissant.

L’armée d’occupation n’a aucun droit à démolir des propriétés appartenant à des civils.

Ce non respect continuel des conventions de la Hague et de Genève doit être jugé, les punitions collectives ne sont pas autorisées.

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