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ISM France - Archives 2001-2021

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Jénine -

Prisonnier administratif, Wasfi Qubbaha témoigne

Par

Ali Samoudi est le correspondant à Jénine de Reuters et d'Al Jazeera. Il est également le coordinateur local de l'ISM.

Le prisonnier libéré Wasfi Qubbaha témoigne au quotidien al-Quds des souffrances des prisonniers administratifs
La direction de la prison du Naqab construit de nouvelles cages élevées pour y enfermer les prisonniers
Pas une minute l'ingénieur Wasfi Izat Qubbaha n'a oublié les soucis et les lamentations de ses compagnons prisonniers, qu'il a décidé de porter malgré sa libération. Il avait été prisonnier pendant trois ans, passés entre les prisons de Meggido, de Ofer et du Naqab (et ces déplacements privent les prisonniers de stabilité).

Qubbaha dit :
"Même le bonheur d'être libre, je ne peux le ressentir tant que mon peuple est enfermé dans les dédales des prisons israéliennes, dans l'enfer des souffrances et des mesures quotidiennes de la répression, privés de leurs droits les plus simples. Tout Palestinien doit se consacrer et consacrer sa vie à soutenir les prisonniers et à réclamer leur libération, avant la signature de tout accord."


Alors que les visiteurs viennent encore chez lui, à Jénine, le félicitant à l'occasion de sa libération après avoir été arrêté sans aucune accusation ou sans procès, pendant trois ans, à peine le libéré Qubbaha a-t-il entendu la nouvelle que les autorités de l'occupation ont l'intention de libérer quelques-uns de ses frères qu'il se précipite à son ordinateur pour sortir les noms et les traduire de l'hébreu en arabe avant de contacter les familles dont les enfants allaient être bientôt libérés.

"La liberté est la chose la plus chère dans la vie de l'être humain, malgré le désir de mes enfants et de ma famille de me voir auprès d'eux, j'ai ressenti une joie encore plus grande pendant que je traduisais les noms et que j'annonçais aux familles la libération de mes frères et de mes amis.
L'espoir est grand et m'inonde car je sens que le jour de la liberté est proche, ces prisons doivent être fermées, les tortures dans ces prisons prendre fin. La paix ne peut se réaliser alors que les Israéliens intensifient leurs mesures répressives contre les prisonniers, et surtout dans la prison du Naqab.



La forme la plus terrible de la détention

Dans ce centre de détention, l'ingénieur Qubbaha, qui est directeur du département d'ingénierie dans la municipalité de Jénine, a passé les derniers mois dans le cadre du refus de sa libération par les autorités de l'occupation sur les recommandations de l'appareil sécuritaire israélien qui a utilisé le dossier secret pour prolonger la durée de sa détention.

"Ce dossier a été utilisé pour prolonger ma détention et m'imposer les privations de toutes sortes. J'ai été arrêté en juin 2002 dans le cadre d'une campagne qui a touché les dirigeants et cadres du mouvement Hamas, et bien qu'il n'y ait aucune preuve ou confirmation ou chef d'accusation à mon égard, ma détention a été renouvelée plus de 6 mois. C'est le sort de centaines de prisonniers administratifs".

Il ajoute "la détention administrative est la pire forme de détention, car on ne sait jamais quand s'achève la durée, l'appareil sécuritaire contrôle tout, les tribunaux n'ont aucun rôle. Beaucoup de prisonniers ont vu leur détention renouvelée automatiquement, sans passer par les tribunaux.
Des dizaines ont même terminé leur condamnation, et ne sont quand même pas libérés, mais ils passent à la détention administrative, comme le prisonnier cheikh Salih Arouri.
Lorsqu'il a terminé sa peine de 12 ans, il a reçu une décision de détention administrative, il en est de même pour cheikh Ibrahim Jabr.
C'est une mesure de punition, il s'agit de casser le moral, les opinions et les croyances des détenus qui résistent et s'accrochent malgré les conditions difficiles."



Qubbaha a déclaré que les forces de l'occupation ont arrêté depuis l'opération d'avril 2002 plus de 1200 prisonniers administratifs, sans aucune charge ou condamnation. Il ajoute que les données ont montré que ce sont les dossiers secrets qui sont utilisés pour prolonger la détention.

Ces dossiers ne comprennent aucune accusation précise, ce ne sont que des informations des services de renseignements qui s'appuient en fait sur les prévisions des appareils sécuritaires concernant le danger possible représenté par un individu sur la sécurité de l'Etat de l'occupation.

Parce que ces dossiers sont illégaux et qu'ils constituent une preuve de l'innocence des détenus, les autorités de l'occupation ont recours à la détention administrative décidée par les services de renseignements qui prolongent la détention.

Quant aux tribunaux spécifiques aux détenus administratifs, ils sont utilisés comme couverture pour les appareils de la sécurité, qui veulent maintenir le plus grand nombre de prisonniers en détention.

Ces détentions touchent les couches les plus larges de la population, les vieillards, les malades, les enfants, et mêmes les femmes et les mineures.

Ce qui prouve que les tribunaux ne sont qu'une couverture pour les services de renseignements, ils n'ont émis aucune mesure de libération ces dernières années, ce qui a obligé les détenus à les boycotter pour ne pas leur donner un semblant de légalité. Mais la décision du boycott a été faite après l'annonce de l'accalmie, mais la réalité amère se poursuit, rien n'a changé, et les tribunaux continuent à fonctionner sous les ordres des services de renseignements.

Les détenus vont probablement revenir sur leur décision et de nouveau boycotter les tribunaux prochainement.



Qubbaha a également expliqué que les autorités israéliennes sont en train de construire de nouvelles sections dans la prison du Naqab, appelées les cages, et les prisonniers parlent aussi du "mur raciste du Naqab" semblable à celui qui est construit dans les territoires occupés.

Une grande colère gronde chez les prisoniers actuellement, après l'achèvement par la direction des prisons de deux sections, complètement encerclées par des blocs de ciment de tous les côtés. Ces sections, les cages, ont été conçues d'après des critères de sécurité renforcés pour empêcher la liaison entre les prisonniers d'une même prison, et la direction a mis en place des appareils de brouillage pour empêcher les prisonniers de communiquer entre eux et avec l'extérieur.

Chaque section peut contenir 120 prisonniers, qui seront entièrement isolés des autres et du monde extérieur. Qubbaha a précisé que le nombre des cages que la direction a achevé de construire est de 10, chaque cage est séparée de l'autre, et à l'intérieur de chaque cage, une porte électronique qui expose les prisonniers à des rayons susceptibles d'influer sur leur santé.



Refus et résistance

Qubbaha affirme que les prisonniers réalisent l'immense danger représenté par ces mesures, qu'ils considèrent comme faisant partie du plan israélien de transformer la prison du Naqab, dont l'existence est une violation des accords de Genève, en une multitude de cages où les prisonniers seront privés de tout. Ils ont déclaré à la prison qu'ils refusaient d'être transférés dans ces cages, et avant que Qubbaha ne soit libéré, les prisonniers ont organisé plusieurs protestations, comme un sit-in dans les cours.

La direction a alors pris des mesures répressives contre eux, mais les prisonniers sont déterminés à affirmer leur position, et ils lancent un appel à toutes les institutions locales, nationales et internationales pour agir et faire pression pour supprimer ces cages-sections qui manquent du minimum vital pour une vie humaine.

Qubbaha a finalement avancé les chiffres concernant les prisonniers administratifs. Pour lui, il y a actuellement 6000 prisonniers administratifs, répartis dans les prisons de Ofer et du Naqab, dont 15 sont isolés à l'intérieur de leur centre de détention, et privés de tous leurs droits.

Pour les autorités de l'occupation, Qubbaha est, selon le dossier secret, un des plus importants dirigeants du mouvement Hamas en Cisjordanie , alors qu'il a passé de longues périodes en prisons.

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