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ISM France - Archives 2001-2021

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Tulkarem -

Siège de Seida et assassinats ciblés

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Le 18 juillet 2004 vers 3 h du matin, l’armée israélienne a imposé un couvre-feu imposé sur le village de Seida et ses abords. Tout personne des 3 000 habitants de Seida qui osait quitter sa maison pendant le couvre-feu risquait d’être abattue.
Les soldats israéliens avaient des véhicules destinés à la traque des combattants de la résistance palestinienne.
Comme d'habitude, pendant cette opération, l'armée israélienne a utilisé de nombreuses méthodes qui violent le droit international des droits de l'Homme : utilisation de boucliers humains, punition collective des civils, meurtre extrajudiciaire et destruction de propriété.

Siège de Seida et assassinats ciblés


Un membre de l'ISM-Tulkarem négocie sans résultat avec les soldats israéliens le droit d'entrer à Seida

Les habitants de Seida ont été retenus prisonnier dans leurs maisons pendant 11 heures jusqu'à ce que les Forces de l'Occupation Israélienne se retirent de la ville le lendemain.

Le village de Seida se trouve environ à 16 km au nord de la ville de Tulkarem. Les ISMers sont arrivé aux abords de ville à 9 h dans le but d'avancer près du centre de ville, le coeur du siège.
Cependant, les ISMers, les médias et les équipes médicales de secours palestiniennes ont été interdites d'accès à la zone envahie par l'armée israélienne jusqu'à midi. Pendant ce temps, ils recevaient des appels téléphoniques désespérés des habitants qui parlaient de décès, de couvre-feu et de peur. Ils les imploraient de venir pour être témoins et leurs apporter de l’aide.

Lorsqu’à midi, les ISMers ont enfin pu atteindre le centre de la ville, ils ont trouvé les Palestiniens qui étaient emprisonnés à l'intérieur de leurs maisons, les soldats israéliens qui effectuaient des fouilles maison par main à l’aide de chiens, des snipers israéliens placés sur les toits des maisons, une maison en partie démolie par un bulldozer de l'armée et des bâtiments criblés de balles.

Les ISMers ont surveillé les déplacements des soldats à l’intérieur et à l’extérieur des maisons et des magasins, ont estimé les dommages faits aux maisons et ont tenté de rester visibles de l'armée israélienne pour décourager la violence de l'armée sur la population civile. Après l’arrestation de 6 Palestiniens et le meurtre de 2 , les soldats israéliens ont dit qu'ils cherchaient toujours un homme « recherché ».

Les ISMers ont vu un jeune homme palestinien entrer dans une maison suivie de deux soldats israéliens qui pointaient leurs armes sur lui. Un Palestinien plus âgé, Zuhair, a expliqué qu'il avait été reçu l’ordre par les soldats armés de fouiller deux maisons. Un autre témoin a indiqué aux ISMers qu'un garçon de 15 ans a été forcé d'entrer dans une maison partiellement démolie où deux combattants de la résistance avaient auparavant été arrêtés afin de chercher des armes.

En faisant cela, le garçon aurait pu être blessé par des engins qui n’auraient pas explosé. Tous ces civils ont essentiellement servi de boucliers humains aux soldats israéliens fortement armés qui, implicitement ou explicitement, les ont gravement menacés et forcés à effectuer des recherches et à leur servir de protection.

Les Cours Israéliennes et les organisations des Droits de l’Homme ont, à plusieurs reprises, averti l’armée israélienne que l’utilisation des civils en tant que boucliers humains violait la loi internationale et israélienne.

Vers 16 h, alors que le bulldozer militaire D9 et la majorité des jeeps israéliennes quittaient le centre de Seida, les soldats israéliens ont dit aux Palestiniens de retirer des maisons les corps des morts.
La réalité angoissante de la mort est devenue claire quand les Palestiniens ont porté les deux corps et les ont étendus dans la rue.
Les deux jeunes hommes avaient été tués à l’aube. Saher Ajaj, 27 ans, de Seida, appartenait aux Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa et Bassel Abu Shahab, 26 ans, de Tulkarem, appartenait aux Brigades Azzedine Al Qassam.

Les hommes ont été assassinés par des soldats israéliens à des moments différents :
Saher a reçu une balle dans la tête et Bassel a perdu la moitié inférieure de son corps dans une explosion.
Bassel est mort sur le balcon de l’arrière de la maison où il était. Son sang et sa chair ont été pulvérisés sur les murs et ses jambes ont été trouvées à proximité.

Bien que les militaires israéliens indiquaient qu'un tir d'un soldat israélien avait pu déclencher l’explosion d’une ceinture destinée à une attaque-suicide et tuer Bassel, les ISMers ont vu à quelques centimètres de l’endroit où Bassel est mort, une grenade à main qui n’avait pas explosé et qui avait probablement été jetée par des soldats israéliens, soutenant ainsi la possibilité qu'il avait été démembré par l'explosion d'une autre grenade.

Saher s’était, soi-disant, évadé après avoir été capturé par les Forces d’Occupation Israélienne depuis presque trois années et avait reçu le surnom du « Fantôme » de l'armée israélienne. Saher et Bassel étaient des membres des groupes militaires palestiniens, et ils faisaient partie du groupe de jeunes hommes qui avaient été arrêtés cette nuit-là et ils étaient armées.
Ces meurtres sont typiques des assassinats extrajudiciaires de Palestiniens effectués par l'armée israélienne en Cisjordanie et à Gaza, lors desquels des individus sont tout simplement tués et n'ont aucune possibilité de jugement, de présentation de preuves et de défense.

La maison où ils ont été tués, étaient couvertes d’impacts de tirs d’arme à feu, de grenandes et un bulldozer de l’armée israélienne D9 avait abattu un mur.
La propriété personnelle des maisons voisines a été également détruite ou endommagée, mais à un degré moindre. La maison de la famille de Saher avait été démolie par l’armée israélienne ; il y a un an.

Saher s'était caché avec sa famille à Seida où vivaient ses parents et ses cinq frères et soeurs. Bassel avait une femme et deux jeunes fils de 1 et 2 ans.
Quand une jeune femme très affectée s'est jetée sur le corps de Bassel, les ISMers l'ont reconnue. C’était l’une des trois femmes palestiniennes qui les avaient accompagnés dans leur déplacement dangereux de ce matin, des périphéries du village au centre de la ville. Alors qu’elle se frayait un chemin pour entrer dans la ville sous couvre-feu, elle pressentait probablement déjà que son beau-frère Bassel était mort.

Dans le tout petit village de Seida, la peine de la mort de Saher était palpable. Comme tous les véhicules de l’armée israélienne sauf un s’étaient retirés du centre de la ville, les habitants qui avaient été emprisonnés dans leurs maisons pendant 10 h sont tous sortis dans la rue pour regarder les deux corps. Les femmes se sont jetées en larmes sur les corps et ont été soutenues et consolées par des amis et des parents.

Plutôt que de se retirer à ce moment sensible, le véhicule militaire israélien est seulement resté à 30 mètres, devenant ainsi rapidement une cible pour la population en colère et désespérée.

Dans un acte dangereux de défi, des dizaines de jeunes palestiniens et palestiniennes ont commencé à jeter de partout des cailloux sur le véhicule blindé de l’armée israélienne. Les ISMers se sont postés dans un endroit clairement visible de l'armée et près des personnes en dueil afin de décourager l’armée de tirer. Huit autres véhicules militaires israéliens sont alors revenus. Après avoir tiré en l’ai et jeté une grenade assourdissante, les 9 véhicules se sont ensuite retirés du secteur sous une pluie de cailloux.

Peu après que l'armée d'occupation soit parti, un cortège funèbre s’est dirigé jusqu’à la mosquée de la ville, où les ambulances avaient emmené les corps de Saher et de Bassel pour leurs enterrements respectifs. Cette marche a été suivie d'un rassemblement dans les rues de Seida, avec des chants et des pancartes pour les différents groupes politiques palestiniens.

Saher a été décrit par la population de Seida comme un homme compatissant qui avait fait un travail considérable pour l'Autorité Palestinienne, et travaillait avec des organisations caritatives afin d’aider les personnes dans le besoin. Avant, il travaillait comme fermier et il a rejoint les Brigade des Martyrs d'Al-Aqsa lorsqu’il n’a plus pu supporter la situation difficile des gens.

En réfléchissant aux pertes passées et présentes, le père de Saher a partagé ses sentiments intimes concernant l’histoire et la vie de sa famille sous l’occupation et au sujet de son fils, Saher et de la vie qu’il a menée. Il a également parlé de sa profonde inquiétude concernant le futur de sa famille et de la Palestine.

Les événements qui se sont produits à Seida le 18 juillet sont encore un autre désastre pour les gens de Seida. La perte, le traumatisme et la colère marqueront nettement les 3.000 habitants étroitement liés de ce village pour les années à venir. Seida a enduré un bon nombre de sièges semblables au cours des quatre dernières années. Des sièges et des incursions de ce type sont effectués quotidiennement par l'armée israélienne dans de nombreux endroits dans toute la Cisjordanie et la bande de Gaza.

Lors du debriefing qui a suivi les événements de Seida, les volontaires de l’ISM-Tulkarem ont décrit différentes réactions qui va de la torpeur et de la peine face à l'horreur jusqu’au choc face à l'intensité et à l'importance des préjudices humains et physiques infligés par les militaires israéliens.

Source : http://www.palsolidarity.org/reports/writings/18Jul04_08_25_57TulkaremISMTulkarem.htm

Traduction : MG pour ISM-France

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