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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Traitement toxique

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"Mais lorsque j'ai entendu cette histoire, je pouvais à peine y croire. C'est à vous glacer le sang. Après, j'ai commencé à l'étudier, j'étais consterné.
Il semble qu'à l'hopital Assuta, il y a un circuit médical séparé pour les Palestiniens, et ils reçoivent des soins de moins bonne qualité que les Israéliens. Et ce n'est que la partie visible de l'iceberg.
Se faire de l'argent sur le dos de quelqu'un pour ça. Et nous parlons d'enfants atteints d'un cancer."

Traitement toxique

Jamal Harma est assis dans un café dans le village de Hawara, près de Naplouse. Il vient du camp de réfugiés de Balata. Son apparence sympathique, son sourire et sa courtoisie dissimulent un homme brisé.
Sa fille Farah est morte d'un cancer. Maintenant, lui et sa femme tentent de recoller les morceaux de leur vie. Le couple a deux autres enfants, un garçon de 15 ans et une fille de 2 ans.

Au cours de notre conversation, il avait parfois du mal à garder son calme. "Je ne souhaite à personne la perte d'un enfant", dit-il

En janvier 2005, Farah, 10 ans, a été diagnostiquée d'un cancer des os. La tumeur a été découverte au genou droit après une biopsie à l'hôpital Rafidiya à Naplouse.
De là, elle a été envoyée à l'hôpital Al Watani de Naplouse, et de là vers l'hopital Assuta à Tel Aviv pour une radiothérapie. Malgré la gravité de la maladie de sa fille, son père était très optimiste.

Et même si les médecins de Naplouse ont proposé qu'elle aille en Jordanie pour se faire soigner, il a préféré qu'elle aille à Assuta, dans le cadre d'un accord entre l'Autorité Palestinienne et l'hôpital, qui stipule qu'Assuta acceptera, en contrepartie d'un paiement, les malades de cancer ayant besoin d'une radiothérapie qui ne peut pas être effectuée en Cisjordanie ou à Gaza.
Harma dit qu'il savait qu'il y avait de bons médecins là-bas.

"Quand je suis allé à l'hôpital de Naplouse pour chercher les résultats de la biopsie, je me suis dit que quelque chose n'allait pas", poursuit-il. "Lorsque j'ai demandé à la secrétaire si les résultats étaient arrivés, elle a dit oui, et j'ai pu voir sur son visage que c'était une mauvaise nouvelle.

Le médecin m'a demandé de venir dans son bureau et je lui ai dit : "Docteur, est-ce que c'est ce à quoi je pense?"
Et il a dit : " Oui, c'est un cancer. Ostéosarcome. L'un des genres de cancer les plus coriaces. "

"Après avoir appris la nouvelle, ils ont dû me mettre de l'eau sur le visage. J'ai appelé mon épouse de l'hôpital. Nous pleurions tous. La bonne nouvelle était que les cellules étaient encore petites. Microscopiques.
À l'hôpital Al Watani, on nous a dit qu'elle n'aurait pas besoin de chimiothérapie, seulement des radiations. Que la tumeur commençait tout juste à se développer."


Le 24 février 2005, Sarah et sa grand-mère ont pris le minibus qui emmène tous les jours les malades de Naplouse à Tel Aviv, et elles sont parties pour l'hôpital Assuta.

Jamal n'avait pas les autorisations nécessaires pour quitter Naplouse, alors il est resté à la maison, inquiet.

Lorsque Farah est rentrée chez eux, un grand cercle était dessiné sur sa jambe au marqueur noir, de la cuisse au mollet - la zone que le médecin avait déterminée comme cible pour les radiations.

La jeune fille et sa grand-mère ont dit qu'il les avait vues pendant quelques minutes, il avait dessiné au marqueur sur la jambe de Farah et il l'avait envoyée en radiothérapie.

Selon la plainte civile déposée il y a deux mois devant le tribunal de Première Instance de Tel Aviv, le professeur Natalio Walach, un oncologue qui dirige l'unité de chimiothérapie à l'hôpital Assaf Harofeh et assume également les fonctions de directeur du service de radiothérapie à Assuta, a envoyé Farah en radiothérapie sans examiner les raisons médicales et sans procéder à un nouvel examen afin de déterminer le type exact de cancer dont était atteinte la jeune fille. Il a regardé la jambe de Farah, et en se basant sur la lettre de consultation du Ministère palestinien de la Santé, il a décidé du traitement.

La plainte accuse Walach d'avoir agi sans suivre une procédure normale connue sous le nom de planification de traitement, qui est conçue pour s'assurer de l'obtention des meilleurs résultats des traitements dangereux aux radiations : en d'autres termes, le maximum de radiations pour la tumeur et le minimum de radiations pour les tissus sains.

Ce processus comporte un entretien préalable avec le patient, une simulation des radiations au moyen d'un simulateur qui absorbe les rayons X et scanne la zone à traiter.

En outre, selon l'avis d'un expert (celui du Prof Yitzhak Meller, un éminent oncologue orthopédique dans le domaine du cancer pédiatrique) participant au procès, il aurait dû y avoir une consultation avec un oncologue pédiatrique.

"En fait", explique l'avocat Michael Sfard, qui a déposé la plainte, "à partir du moment où le diagnostic est établi, le médecin doit régulièrement prendre part à des débats de procédure et les décisions devraient être prises par une équipe d'experts interdisciplines qui comprend un oncologue et un oncologue pédiatrique. Dans ce cas, Walach n'a consulté personne d'autre. "

La plainte prétend que, lors de la brève rencontre avec le médecin, Farah et son escorte n'ont pas posé une seule question et n'ont reçu aucune explication sur la méthode de traitement. Il n'y a pas eu d'examen physique. Cette semaine, Walach a déclaré : "Je ne me souviens pas bien de l'affaire".


"Pourquoi venez-vous si tard ?"

"Nous ne lui avions pas dit que c'était un cancer", explique Jamal Harma. "Nous lui avions dit qu'il y avait une tumeur, mais pas de cancer. Et que tout irait bien. Qu'elle irait bien." La seule chose qu'ils ont dite à Assuta, c'était qu'elle devrait avoir 20 traitements aux rayons.

Personne n'a expliqué quoi que ce soit sur la procédure. Ma fille s'est rendue 14 fois à Assuta, pendant deux semaines d'affilée. Elle est partie tous les jours de Naplouse avec sa grand-mère à sept heures du matin, elles ont franchi les checkpoints et sont arrivées à Tel-Aviv. "

Mais son père était inquiet. De temps à autre, il appelait Maskit Bendel, la directrice des projets dans les Territoires Occupés de Médecins pour les Droits de l'Homme.
Avec l'aide de l'organisation, Bendel s'est arrangée pour déposer une demande de laissez-passer pour Harma et sa fille auprès de l'administration civile en Cisjordanie .

Quand elle a reçu le dossier médical de Farah Harma, pour l'obtention des laissez-passer, elle s'est dit que quelque chose n'allait pas.

D'après son expérience au sein de l'organisation, elle savait que de nombreux enfants de la Bande de Gaza et de Cisjordanie ayant un cancer des os sont envoyés au département d'oncologie orthopédique de l'hôpital Ichilov.
C'est le département qui coordonne tous les cas de cancer des os dans le pays. Il jouit d'une excellente réputation et des malades du monde entier y viennent pour se faire soigner.

Dans l'une de ses conversations avec Harma, il lui avait demandé si les plus grands experts dans le cancer des os se trouvaient en Italie. "J'ai dit à Jamal qu'il y avait ici le Professeur Yitzhak Meller qui était un expert dans le domaine et qu'il devrait le consulter," a rappelé Bendel cette semaine.
"J'ai appelé Meller le même jour et il a dit :" C'est exactement mon domaine. Envoyez le moi. "Et nous avons pris un rendez-vous."

Le 16 mars, Harma a envoyé sa fille pour une nouvelle scéance de rayons à Assuta, et après, ils sont partis pour l'hôpital Ichilov, où ils ont rencontré le Dr. Yehuda Kollender, le chef en second du Département d'oncologie orthopédique.

"Quand nous avons rencontré Kollender," dit Jamal, "il m'a demandé : 'Pourquoi venez-vous si tard ?'
Je lui ai dit : 'Elle est soignée à Assuta.'
Il m'a demandé : 'Que faites-vous là-bas à Assuta?'
J'ai dit: 'Que voulez-vous dire? Des radiations."

Kollender a enlevé ses lunettes, il m'a regardé en se prenant la tête entre les mains. Il a dit à sa secrétaire de ne laisser entrer personne dans la chambre.

"Nous avons un gros problème," m'a-t'il dit. Je n'ai pas compris ce qui se passait. Il a appelé l'hôpital Assuta, alors que j'étais assis.
Je ne sais pas à qui il a parlé. "Comment une telle chose a-t'elle pu se produire?", leur a-t'il demandé.
"Vous serez responsable. Ce ne serait pas arrivé à un enfant d'Israël"."

Cette semaine, Kollender a rappelé : "Une petite fille est venue me voir avec une tumeur avancée et peu soignée, et lorsque son père m'a dit que la fillette recevait des rayons à Assuta, mes cheveux se sont dressés sur la tête. Tout expert en oncologie, en fait tout spécialiste en Oncologie ou en Orthopédie, sait que le traitement normal dans le monde entier pour un tel cas, c'est la chimiothérapie, suivie d'une chirurgie conservatrice et ensuite d'une autre série de chimiothérapie.

J'ai appelé immédiatement Assuta et j'ai commencé à crier et à chercher l'oncologue qui avait envoyé cette fillette aux rayons.
Quand il m'a rappelé, il a dit : "On me l'avait envoyée pour des rayons, alors je l'ai envoyée aux rayons."

Harma a compris que sa fille avait reçu un mauvais traitement et que de graves dégâts avaient été causés.


A la demande de Médecins pour les Droits de l'Homme, Bendel a reçu le dossier médical de Farah Harma. "Nous avons été stupéfaits de découvrir que le dossier d'une jeune fille qui était malade d'une forme agressive de cancer ne comptait que deux pages", explique Bendel.

"La première page contenait un diagnostic de Walach, que Farah avait un ostéosarcome, et la deuxième page documentait les quantités de radiations. Vous avez une fille avec une tumeur aussi dangereuse et c'est l'ensemble de son dossier médical ?"



Pour les Palestiniens seulement !

Les documents montraient que Farah avait reçu des rayons sur une machine au Cobalt 60. Le procès affirme qu'il s'agit d'un instrument de radiation obsolète qui n'a pas été utilisé à des fins médicales dans les hôpitaux israéliens depuis des années.

Aujourd'hui, il y a des machines plus modernes que le Cobalt 60, mais elles sont utilisées de façon limitée, et uniquement à des fins très spécifiques.

"A ce que l'on sait", explique Sfard," la méthode normale de traitement aux radiations se fait avec un accélérateur linéaire. En fait, l'hôpital Assuta est le seul établissement médical qui administre toujours des radiations au Cobalt 60, et il ne les administre pas aux Israéliens. La seule utilisation qui est faite de cette machine à Assuta, c'est pour les traitements que l'hôpital donne aux Palestiniens dans le cadre de l'accord avec l'Autorité Palestinienne."

Sfard, l'avocat de Yesh Din - Volontaires pour les Droits de l'Homme, dit qu'il entend tous les jours des choses terribles qui arrivent aux Palestiniens.

"Mais lorsque j'ai entendu cette histoire, je pouvais à peine y croire. C'est à vous glacer le sang. Après, j'ai commencé à l'étudier, j'étais consterné. Il semble qu'à Assuta, il y a un circuit médical séparé pour les Palestiniens, et ils reçoivent des soins de moins bonne qualité. Et ce n'est que la partie visible de l'iceberg. Se faire de l'argent sur le dos de quelqu'un pour ça. Et nous parlons d'enfants atteints d'un cancer."

Cette semaine, à l'hôpital d'Assuta, ils n'ont pas nié l'utilisation d'équipements vétustes.

"Une machine au Cobalt 60 était autrefois en service à Assuta," a déclaré l'hôpital : "pour les utilisations médicales limitées qui ont été approuvées par les plus grands médecins spécialisés en Israël, et, par le passé, les Israéliens et les Palestiniens étaient traités avec cette machine, comme c'était le cas dans les pays occidentaux comme la France, l'Italie, la Belgique, l'Angleterre, l'Espagne et dans les principales unités médicales reconnues et en Amérique."

Meller et Bendel ont décidé de ne pas ignorer la question. Ils ont demandé une réunion avec le directeur médical d'Assuta, le Dr Orna Ophir. Les deux sont sortis de cette réunion, en mai 2005, en secouant la tête d'incrédulité.

Selon la plainte, lors de la réunion, Ophir a admis que les machines au Cobalt 60 ne répondaient pas aux normes acceptées en Israël, et que l'utilisation qui en était faite à Assuta était uniquement pour répondre aux besoins de l'Autorité Palestinienne.

Lors de la réunion, Bendel a fait des reproches à Ophir , en affirmant qu'Assuta avait trouvé un moyen de gagner de l'argent avec un service qu'il ne pouvait vendre aux Israéliens. Bendel dit qu'Ophir avait confirmé cela et qu'elle avait même ajouté, selon les termes de la plainte, qu'elle ne voyait pas de problème d'éthique dans la vente d'un traitement désuet aux Palestiniens.
"Ce n'est pas mon problème", a-t-elle déclaré à Bendel choquée et à Meller.

Ophir a reconnu que, dans le cas d'Harma, "une terrible erreur avait été commise", mais elle a soutenu Walach, en affirmant qu'"il avait fait ce que le médecin palestinien lui avait dit de faire."

L'action en justice fait également valoir qu'Ophir a fait observer : "Les parents de Farah n'attendaient plus rien d'elle avant qu'ils viennent nous voir. Ils ont des médecins de quatrième niveau, et ils veulent que je leur donne un traitement de première classe."

Bendel a été horrifié par la réaction d'Ophir : "Où est l'éthique et la responsabilité morale que vous attendez d'un établissement médical et des gens qui le dirigent ?"

Assuta dit que le Dr Ophir "ne se rappelle pas avoir dit les choses qui lui sont attribuées et que quiconque connaît bien ses efforts en la matière sait que lui attribuer de telles intentions ne reflètent pas du tout ses efforts."



Un enfant est un enfant

Au procès, Sfard affirme que l'hôpital d'Assuta a agi en fonction d'une norme discriminatoire et qu'il a fourni un traitement médical de bien moins bonne qualité que lorsqu'il soigne des Israéliens. "L'hôpital a violé son obligation constitutionnelle qui est de préserver la dignité humaine."

Sfard ajoute que "lorsque Assuta a été invité à clarifier ses nombreux défauts, ce qui a été découvert, c'est un système médiocre et raciste motivé par des considérations financières, au point que l'importance primordiale de l'hôpital et le rôle central du traitement de la maladie semblaient avoir été oubliés."

C'est un procès unique. "C'est un procès constitutionnel", explique Sfard. "C'est une action en justice sur les injustices constitutionnelles quand une organisation ou une personne porte atteinte aux droits d'une autre personne. Il y a toute une série de droits de l'homme, tels que l'égalité et la dignité, qui ont été violés."

L'accusation demande 2 millions de Sheckels en dommages et intérêts. "Mais il est difficile de déterminer le montant de la compensation dans un cas comme ça", dit Sfard.

L'avis d'expert du Professeur Meller est joint au procès. "Il s'agit d'une histoire tragique", a déclaré Meller cette semaine. "Si quelque chose comme cela devait arriver à un enfant israélien, qui sait jusqu'où aurait été cette affaire. Aux États-Unis, un procès de ce genre demanderait des millions de dollars. Il y a des violations éthiques ici, et les violations de la plupart des minima de règles minimales de comportement médical."

L'hôpital Assuta affirme que Farah Harma a été envoyée là par un hôpital palestinien pour des radiations.

Meller glousse : "C'est comme si vous étiez envoyés à Assuta avec une lettre de consultation disant : "Coupez la tête."
Devraient-ils alors couper la tête ? Ce n'est pas sérieux.

Si une petite fille venait dans mon département aujourd'hui, peu importe l'endroit d'où elle vient, nous ne la toucherions pas avant d'avoir étudié l'ensemble de la pathologie et fait tous les examens possibles, y compris une biopsie. Non pas que je ne fasse pas confiance aux autres médecins. C'est un nouvel examen pour des besoins de défense juridique qui est normal dans le monde entier.

Et ils ne l'ont pas fait, alors ils ont aggravé l'erreur en administrant des radiations avec un appareil désuet qu'ils n'oseraient pas utiliser sur un malade israélien.

La troisième chose, c'est qu'un enfant est un enfant. On ne peut pas traiter une petite fille atteinte d'ostéosarcome sans l'intervention précise d'un pédiatre oncologue et d'une équipe pluridisciplinaire. Le professeur Walach est un oncologue à la retraite qui est employé par Assuta. Ce n'est pas un oncologue pédiatrique
."

Quels sont les effets des radiations inutiles ?

"La radiation détruit les cellules. Elle entraîne des dommages localisés et entrave la croissance locale d'un membre. Les traitements aux radiations augmentent les chances de tumeurs quelques années plus tard, ce qui est une conséquence des radiations."



"Nous n'avons pas abandonné"

Le jour dramatique où Harma a rencontré M. Yehuda Kollender fut le dernier jour où Farah a reçu un traitement aux radiations. Kollender et Meller ont ordonné que les radiations à Assuta soient arrêtées et ils ont commencé à soigner la jeune fille dans leur département, afin de tenter de lui sauver la vie.

Jamal Harma a cessé de travailler et a vendu sa voiture qu'il utilisait comme taxi, afin d'être en mesure de rester à Tel Aviv aux côtés de sa fille. Il ne s'est jamais éloigné de son lit.

"Pendant deux mois, nous avons été à l'hôpital pendant une semaine, puis deux ou trois jours à la maison. Je savais que la situation était mauvaise. Dr. Kollender disait toujours : "Avec l'aide de Dieu, avec l'aide de Dieu."
C'était aussi l'époque où il y avait un bouclage et ils ont fermé les checkpoints. Parfois, ils ne me laissaient pas passer.

Je portais Farah dans mes bras, ou sur mon dos, et je marchais péniblement à travers la montagne pour contourner les checkpoints. Puis je prenais un taxi pour Taibe, de là, je prenais un taxi pour Kfar Saba et de là j'allais à la gare routière de Tel-Aviv. Nous n'avons pas abandonné.

"Lorsque ses cheveux ont commencé à tomber, en raison de la chimiothérapie, le médecin nous a recommandés de tout raser. Je lui ai dit : "La petite fille de son papa, tes cheveux vont tomber, il vaut mieux que je les rase et ensuite des nouveaux cheveux vont repousser qui seront plus beaux et plus forts et après tu pourras revenir jouer avec tes amis."
Nous sommes allés dans la douche à l'hôpital et je lui ai rasé la tête. C'était très dur. Elle pleurait et je pleurais."

Mais la bataille a été perdue. "L'état de Farah était très grave et elle n'a pas répondu aux traitements", explique le professeur Meller.

"Nous sommes restés à Ichilov pendant 10 mois, et même si la situation était mauvaise, pour la première fois de ma vie, j'ai eu le sentiment d'être considéré comme un égal", déclare Harma.

"Je n'ai jamais senti que j'étais un Palestinien, ou un Musulman, dans un hôpital pour Juifs. Les femmes de l'équipe médicale se sont occupées de Farah comme si elle était leur soeur."

Finalement, les médecins ont dit qu'ils avaient fait tout ce qu'ils pouvaient. Farah était très malade. La tumeur s'était propagée à ses poumons. Elle avait du mal à respirer et elle était reliée à un bouteille d'oxygène.

"Je suis un homme pieux. En tant que Musulman, je crois que tout est entre les mains de Dieu. À ce moment-là, j'ai compris que son sort était entre les mains de Dieu, et nous sommes revenus."


Rentrez à la maison, c'est mieux ainsi

Azam Abou Qabatya, le père de Hayah, s'est associé à l'action en justice d'Harma. Les deux hommes ne s'étaient jamais rencontrés, mais le destin a amené leurs filles entre les mains du Professeur Walach.
Abou Qabatya, de Yata, près d'Hébron, est très réservé, mais quand il prend des photos de sa fille dans une petite boîte, ses yeux se remplissent de larmes. "C'est difficile," chuchote-t'il.

En juin 2004, Hayah a été diagnostiquée d'un cancer. Le Dr Mahmoud Alian, un oncologue de l'Hôpital Al-Husseini, a diagnostiqué un cancer des os et a nommé trois possibilités quant au type exact de cancer. Il a recommandé des rayons, et Abou Qabatya a été envoyé à l'hôpital Assuta, conformément à l'accord conclu entre l'hôpital et l'Autorité Palestinienne.

"Elle s'est rendue à l'hôpital avec mon fils aîné, Ala, qui a 22 ans", dit Abou Qabatya.
"Ils ne leur ont rien dit, ils n'ont effectué aucun examen, aucun. Le médecin a dessiné l'aide d'un marqueur autour de l'endroit où elle avait été opérée, et ce fut terminé.

Ma fille est allée recevoir des rayons pendant 28 jours . Tous les jours. Il est difficile d'expliquer le genre d'efforts qu'il nous faut pour arriver dans un endroit comme Assuta.

Grâce aux organisations des droits de l'homme, j'ai rencontré une dame à Jérusalem qui a fait en sorte que chaque jour, il y ait un bénévole israélien pour prendre ma fille à l'un des checkpoints. Parfois, ma fille dormait dans la maison de ces bénévoles."


Abou Qabatya sort des photos montrant sa fille avec des bénévoles avec qui elle était restée à Tel-Aviv et à Jérusalem. "Je suis encore en contact avec ces gens", dit-il, avec une reconnaissance évidente. Abou Qabatya pensait qu'il faisait tout son possible pour sauver la vie de sa fille.

Selon l'action en justice, même si la lettre de consultation de l'hôpital Al-Husseini proposait trois autres tests pour déterminer la forme exacte du cancer, Walach n'a effectué aucun des examens complémentaires. Pour des raisons qui ne sont pas claires, il a déterminé que Abou Qabatya souffrait d'ostéosarcome.

Comme dans le cas de Farah Harma, il a regardé sa jambe et a dessiné au marqueur la zone destinée à recevoir des radiations. L'accusation dit qu'il l'a ensuite envoyée à son traitement de rayons sans faire aucun test médical pour obtenir un diagnostic plus précis sur le type de cancer et l'état de santé de la jeune fille.

Dans ce cas également, il n'a pas suivi la procédure normale de planification de traitement ou consulté un pédiatre oncologue.

Selon le procès, Hayah Abou Qabatya a été vue par le Prof Walach pendant quelques minutes et il n'a pas posé une seule question. Aucun examen physique n'a été réalisé et elle a également reçu des radiation de la machine au Cobalt 60.
"Quand ma fille a terminé les traitements, ils nous ont demandé de revenir dans deux mois", dit le père.

"Une semaine plus tard, ma fille a dit qu'elle avait mal à l'estomac. Je l'ai emmenée à l'hôpital Al-Husseini. Elle a passé une radio. Lorsque le médecin a vu le film, il est devenu fou.
Il a dit :" Je ne comprends pas, je ne comprends pas ! Comment la maladie peut-elle se répandre comme ça ?"

Un examen plus poussé a révélé que le cancer s'était propagé à la cavité abdominale et aux poumons de la fillette. Hayah a commencé une chimiothérapie à l'hôpital Al-Husseini, mais son état s'est détérioré rapidement, et les traitements ont été interrompus."

À l'hôpital, ils m'ont dit : "Ramenez là chez vous, c'est mieux comme ça", dit Abou Qabatya.

"Quand ma fille a commencé le traitement à Assuta, j'avais commencé à entendre des rumeurs. On disait qu'ils utilisaient des vieilles machines à radiations. Des machines qui n'étaient pas bonnes. Les gens qui avaient eu des radiations là-bas et les parents des personnes qui avaient été soignées là-bas étaient décédées plus tard, disait-on. Je disais que ce n'était pas possible. Je ne sais pas grand chose sur les machines, mais je ne pouvais pas le croire.
Et puis regardez ce qui s'est passé."


Comment a-t'il la force maintenant de poursuivre l'hôpital ?

"Regardez", dit Abou Qabatya, "personne ne va me ramener ma fille. J'ai décidé d'engager des poursuites pour le bien des autres enfants malades. C'est pour eux. Je ne peux pas dire d'une façon certaine que si ma fille avait reçu le bon traitement, elle serait encore en vie. Parce qu'elle avait un grave cancer.

Mais au moins, je me sentirais mieux si je savais qu'elle avait reçu le traitement qu'elle méritait en tant qu'être humain et que, en tant que père, j'avais tout fait. Mais elle n'a pas eu ce qu'elle méritait. Elle a eu un mauvais traitement. Qui aurait cru qu'ils vous diraient de venir pour un traitement et qu'ensuite ils vous soigneraient avec une machine qui ne fonctionne pas ?"

Hayah Abou Qabatya est décédée chez elle dans le village de Yata, le jeudi 13 octobre 2005. Elle n'avait que 12 ans. Au cours des derniers jours de sa vie, elle dormait en permanence en raison des puissants antalgiques qu'elle prenait.

"Pendant toute la période où elle a été en traitement à Assuta, j'ai essayé de lui cacher que c'était un cancer, pour ne pas la briser", explique son père.

"Mais elle a vite compris ce qui se passait. Quelques jours après que nous soyons revenus de l'hôpital, elle m'a demandé : 'Papa, est-ce que je vais mourir ?", et je ne savais pas quoi répondre.

Le vendredi de la fête du Ramadan, je revenais des prières et je me suis assis à côté d'elle. Il était midi. Elle a ouvert les yeux pendant un moment, m'a regardé, puis elle les a fermés."

Source : http://www.haaretz.com/

Traduction : MG pour ISM

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