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Egypte - 7 juillet 2013
Par Collectif Egypte
Les insurgés de la « dialectique » et les sophistes de la « révolution permanente » pourront éternellement construire de fumeux raisonnements pour nous expliquer que « la révolution ne fait que commencer » ou que le « processus révolutionnaire se poursuit » en Égypte et dans les pays arabes. Ils pourront toujours s’enthousiasmer sur le « Grand soir » des casernes du Caire, qui fera « table rase » d’un passé impur, parce que pas assez occidentalisé. Ils pourront toujours revêtir tous les masques interchangeables qu’ils souhaitent, le « démocrate » ou le « révolutionnaire », le « libéral» ou l’« anticapitaliste ». Ils pourront... mais « les faits sont têtus ».
Soldats égyptiens devant l'université le 3 juillet 2013 au Caire (Mahmoud Khaled/AFP)
L'armée égyptienne vient de renverser un président élu démocratiquement au nom d’une soi-disant prise en compte des « revendications du peuple ». Comment peut-on tolérer que l’armée de la dictature du général Hosni Moubarak puisse renverser un président élu ? Comment peut-on encore maintenir l’illusion que cette armée défend la démocratie et les revendications populaires ? Comment peut-on faire croire que l’armée de la soumission aux États-Unis et à l’entité sioniste va réaliser les revendications d’indépendance nationale ? Comment peut-on imaginer un seul instant que l’armée, qui s’accapare plus d’un tiers des richesses de l'Égypte, va satisfaire les revendications de justice sociale ? Comment peut-on laisser entendre qu’un coup d’État soutenu par l’Arabie « saoudite », les Émirats arabes unis ou l’« Autorité » collaborationniste de Ramallah, représente un quelconque espoir de libération nationale pour la nation arabe ? « Sourds, muets, aveugles, ils ne raisonnent point (1) ».
Évidemment, il y aurait certainement beaucoup à dire de l’action de Mohamed Morsi et des Frères musulmans, dont nous ne défendrons ni le bilan, ni les projets. Ils payent indubitablement leurs atermoiements et leurs compromissions avec un pouvoir comprador – l’armée et les « décideurs » économiques – et un Occident impérialiste qui n’est pas prêt à renoncer à sa domination néocoloniale sur la nation arabe. « Tout malheur qui vous atteint est dû à ce que vos mains ont acquis (2) ». Mais la question n’est plus de savoir si nous approuvons ou non telle ou telle action ou tel ou tel point du programme des Frères musulmans. La véritable question est : acceptons-nous un coup d’État mis en œuvre par les généraux égyptiens, avec le soutien des anciens bénéficiaires du régime d’Hosni Moubarak, de l’Occident impérialiste et des régimes arabes qui lui sont inféodés ?
D’ores et déjà, la répression a commencé à s’abattre sur l’Égypte. Plusieurs centaines de cadres des Frères musulmans ont été arrêtés arbitrairement par la junte. Des centaines de journalistes ont également été arrêtés et plusieurs chaines de télévision fermées. Ces manœuvres mettent clairement en lumière le caractère contre-révolutionnaire de ce coup d’État, qui vise à rétablir l’autorité des forces de l’ancien régime.
Contre le coup d’État militaire, nous appelons tous les individus épris de justice à manifester et à agir pour dénoncer les généraux égyptiens et leurs complices. Nous les appelons également à dénoncer les arrestations arbitraires de dirigeants élus démocratiquement et des simples citoyens égyptiens en raison de leurs opinions politiques. Nous apportons notre soutien à toutes les forces sociales et politiques égyptiennes qui s’opposent à ce coup d’État militaire.
De même, nous appelons tous les individus épris de justice à dénoncer les impérialistes occidentaux et leurs laquais musulmans, qui sont les complices silencieux ou actifs des généraux égyptiens. Nous les appelons également à dénoncer tous les soutiens français à ce coup d’État, qu’ils se prétendent défenseurs de la « démocratie », « révolutionnaires », « anticapitalistes » ou même « anticolonialistes ».
Le coup de force des généraux égyptiens a emporté avec lui les derniers oripeaux de « démocratie » dont se drapaient les partisans de la dissimulation. Le roi est nu.
Signataires :
Gamal Abina, Association pour la Mémoire Algérienne (AMAL), Nadjib Achour, historien, Belkacem Adda, militant, Lounès Adi, architecte, Sakina Amira, assistante pédagogique en maternelle, Nemane Amraoui, membre du Groupe des Associations de Bagnolet, Islam Awad-Abdou, militant associatif franco-égyptien, Sabrina Benali, étudiante, Nora Benameur, militante, Farida Benmerabet, Collectif Pour le Droit et le Respect des Parents d’Élèves, Rida Benotman, militant marocain, Mohamed Tahar Bensaada, enseignant-chercheur, Florian Boucher, militant, Naïma Bouteldja, journaliste, Chamseddine Bouzghaïa, étudiant en journalisme, Youcef Brakni, membre du Groupe des Associations de Bagnolet, Youcef Chaita, militant, Nouh Chebbaï, militant, Rafik Chekkat, militant, Hocine Chougui, journaliste, Liliane Cordova Kaczerginski, militante internationaliste antisioniste, Adel El Atlassi, professeur, Jamel El Hamri, enseignant, Salem Elkotamy, militant égyptien pour l'unité arabe, Mohamed Errammach, journaliste-reporter, Youssef Girard, historien, Samir Hachani, enseignant à l’Université Alger 2, Amin Karker, Jeunes Tunisiens de France, Ammar Khababa, avocat au Barreau d'Alger, Souad Khaldi, traductrice, Amira Larabi, étudiante en histoire, Wajdi Limam, formateur et associatif de l’immigration tunisienne, Farhat Maghlaoui, ingénieur, Dante Ibrahim Matta, militant, Issah Al Mawali, étudiant, Foued Medjabri, militant associatif, Abdennacer Nadji, enseignant retraité et collaborateur du Jeune Musulman, Mohamed Ouzar, universitaire, Nouredine Rachedi, militant, Jorge Sanchez Jimenez, militant de Izquierda Anticapitalista, Marion Shayma Renaud, étudiante, Mohammed Sharqawi, membre du Palestinian Youth Movement, Abdelatif Sifaoui, ex-magistrat, Farid Taalba, militant politique, Mahi Tabet Aoul, expert climat – environnement-développement durable, Faudil Ziani, président de Bouge qui bouge, Mathilde Soukeyna Baraka, militante, Mostafa Brahami, Dr. Economie, Mourad Boudabbouz, militant associatif, Dr. Boumédiène Djellali, universitaire, Karim Sayad, militant.
(1) Coran 2 : 171
(2) Coran 42 : 30
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