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ISM France - Archives 2001-2021

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Hébron -

A Hébron, le Pouvoir est passé aux mains des Colons

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Nous, Palestiniens connaissons parfaitement bien la vraie raison cachée derrière ces mesures cruelles : c’est de nous forcer à quitter le coeur de notre cité pour rendre ultérieurement possible l’expansion et la consolidation du projet de colonisation illégale de la vieille cité

A Hébron, le Pouvoir est passé aux mains des Colons

Lors du dernier Conseil des Ministres, le 7 décembre 03, le ministre de l’Intérieur Avraham Poraz a demandé au Premier Ministre Sharon : "Pouvez-vous expliquer ce que font quelques dizaines de juifs à Hébron, une ville arabe qui compte un quart de million d' arabes ?"
Le Premier Ministre a répondu : "Vous avez l’audace de croire que des Juifs pourraient ne plus vivre à Hébron ? Comment pourrions-nous quitter Hébron où sont enterrés 700 Juifs ?" et Poraz de répliquer : "Il y a bien 900 juifs enterrés à Prague et ce n'est pas une raison pour que nous allions y combattre" (Ha’aretz, 8 décembre 03).

Cette anecdote est intéressante car il se peut qu'elle montre en quoi la réalité d’Hébron est largement plus catastrophique que les internationaux et les Israéliens ne l’imaginent, a conclu Poraz.

Les visiteurs n'ont pas de mal à remarquer les centaines de boutiques fermées. Les rues sont vides de leur population indigène palestinienne, quelques vieux, hommes et femmes errent. Les portillons de fer et les blocs de ciments ferment l’entrée de toutes les rues dans toutes les directions. Des blindés et des jeeps militaires, et des voitures de colons armés, tournent en nombre au centre de la vieille cité.
De jeunes colons connus pour leur fanatisme utilisent les rues pour traînasser ou jouer au foot.
Leur autre sport favori, c’est de lancer des pierres au hasard et sans raison sur des maisons palestiniennes. Toute cette oppression et cette violence coloniales ont lieu 24 heures sur 24.


Des dizaines de soldats fortement armés patrouillent en groupes dans les rues terrorisant les civils palestiniens. On érige des check points humiliants et inhumains dans les rues, autour d'avant-postes et de colonies illégaux et jusque dans des zones manifestement sous contrôle palestinien. Que les couvre-feux soient ou non officiellement décrétés, les palestiniens d’Hébron préfèrent rester chez eux pour éviter les attaques des colons ou celles de l’armée d’occupation.

L’armée prétend que ces mesures coloniales tyranniques, contre les civils palestiniens sans défense d’Hébron, sont nécessaires pour ce qui est devenu l’éternel prétexte d’Israël : la sécurité. Mais une réalité empirique suggère une autre explication. Il y a déjà six mois qu'aucun acte de résistance (résistance, incidemment, que reconnaît la loi internationale) n’a eu lieu contre les colons armés et les soldats dans le centre ville.

Nous, Palestiniens connaissons parfaitement bien la vraie raison cachée derrière ces mesures cruelles : c’est de nous forcer à quitter le coeur de notre cité pour rendre ultérieurement possible l’expansion et la consolidation du projet de colonisation illégale de la vieille cité.
Des dizaines d’attaques perpétrées par les colons contre les civils palestiniens ont lieu sous les yeux des soldats qui ne font rien pour les arrêter.


La semaine dernière, après les fêtes du Ramadan, des employés de l’Islamic Court se dirigeaient vers leurs bureaux près d’Al-arham. Un groupe de colons armés les a arrêtés et empêchés d’atteindre leur lieu de travail. Les soldats qui étaient stationnés sur place n’ont absolument rien fait pour s’interposer et arrêter cette violence gratuite que rien n’avait provoquée.
L’un des employés témoigne ainsi : "Nous ne savons plus qui détient l’autorité à Hébron, l’armée ou les colons".

Près de la colonie de Tel-Rumeda, on remarque l’avant poste de Beit Yishay. A l’heure actuelle, le travail à l'intérieur du premier bâtiment palestinien dans l'enceinte de la clôture de l’avant-poste est déjà fini.
Les familles palestiniennes qui possèdent des maisons ne peuvent plus ouvrir leurs portes durant la nuit. On les empêche aussi d’utiliser leur propre toit ; leurs proches et leurs amis ne peuvent venir les voir. En plus du checkpoint auquel ils ont à faire face, ces Palestiniens sont constamment attaqués par les colons au sein même de leurs propriétés légales.


Tous les matins et tous les après-midis de la semaine dernière, les colons ont attaqué à coups de pierres de jeunes élèves qui allaient à l’école ou en revenaient.
Hans Abu Haikl pose cette question : "Comment pouvons-nous nous concentrer sur nos études dans des conditions aussi effrayantes ?"

Il est important d'avoir à l¹esprit que ces incidents se déroulent sous les yeux des soldats. Hans ajoute : "Une fois, je me suis approché d’un des soldats, et je l'ai supplié d’arrêter les colons. Y'en a un qui a souri et m’a dit : Tu vois, Hans, ces colons sont jeunes".


Dimanche dernier, l’armée à informé 75 propriétaires de boutiques de la rue Al-Shalala ­ fermées sur ordre militaire durant les derniers 18 mois pour cause de «sécurité» - qu’ils peuvent maintenant les réouvrir.
C’aurait pu être une bonne nouvelle, pour une fois, si plus de 200 boutiques n’avaient pas déjà fermé dans la ville. Les boutiques qui peuvent rouvrir maintenant sont situées sur la frontière qui sépare les zone H1 et H2.
Quand les heureux propriétaires s’amènent pour rouvrir leur boutique, ils découvrent que des clôtures en fer ont été érigées à l’entrée de la petite rue où sont implantées les boutiques. Ce nouveau permis d’ouvrir les boutiques a exclu les 10 boutiques installées près de l’avant-poste (daboyya). de Beit Hadassa. Un poste militaire a été ajouté sur le toit de ces boutiques.


Le maire d’Hébron explique que "la mesure de réouverture est insuffisante en raison de la stricte fermeture imposée à la ville. Ouvrir des boutiques où les clients ne peuvent se rendre n'a pas de sens".

Un des propriétaires de boutique demande ironiquement :
"Que signifie cette boutique ouverte quand toute la rue est fermée ?
Comment suis-je supposé achalander ma boutique ?
Quand des dizaines de soldats et de colons armés marchent librement dans la rue, croit-on vraiment que les Palestiniens oseront venir faire des achats même si les fermetures sont levées ?

Ces deux derniers jours, seuls les officiels et les journalistes étrangers sont entrés dans ma boutique. Voilà le vrai visage de ce grand événement ostentatoire – l’ouverture des boutiques d’Hébron - si bien célébré par les médias israéliens
"


Bien que les partis nationaux et les organisations d’Hébron aient lancé un appel invitant les civils palestiniens à défier la fermeture et à sortir pour aller faire des courses dans les boutiques réouvertes, la réalité concrète est bien plus difficile et complexe.

Il y a une bonne raison à ça : l’autorité absolue et tyrannique sur la ville est toujours entièrement aux mains des Forces d’Occupation et des colons. En fait, la réalité empirique démontre que c’est principalement les colons qui contrôlent Hébron et possèdent le vrai pouvoir de dicter les évènements sur le terrain.
De façon générale, cette réalité est à mille lieux des observateurs sans esprit critique des médias aussi bien israéliens qu’internationaux.

Source : Alternative Information Center

Traduction : CS

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