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Algérie -

Ahmed Ben Bella, une figure arabe des luttes de libération nationale

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Ahmed Ben Bella est né officiellement le 25 décembre 1916 à Maghnia dans une famille marocaine originaire de la région de Marrakech. Parallèlement à ses études, il adhéra au Parti du peuple algérien (PPA) à Tlemcen et pratiqua le football ce qui le conduisit à signer à l'Olympique de Marseille pour la saison 1939-1940.

Ahmed Ben Bella, une figure arabe des luttes de libération nationale

En 1944, Ahmed Ben Bella participa à la bataille de Monte Cassino au sein du corps expéditionnaire français en Italie puis à la libération de la France et à la campagne d'Allemagne en 1945. Promu adjudant, il est cité quatre fois dont deux fois à l'ordre de l'Armée et décoré de la Médaille militaire par le général de Gaulle en avril 1944 en Italie.

Militant du PPA, il devint membre de l’Organisation spéciale (OS), l'organisation paramilitaire du Parti qui devait préparer le déclenchement de l'insurrection. Arrêté en mai 1950 dans le cadre du démantèlement de l'OS dont il avait pris le commandement, il fut condamné à sept ans de prison. En 1952, il s'évada de la prison de Blida en compagnie d'Ahmed Mahsas et se réfugia au Caire où se trouvaient déjà Hocine Aït Ahmed et Mohamed Khider.

Avec ces deux derniers, il forma la délégation extérieure du Front de Libération Nationale (FLN) au moment du déclenchement de la Révolution algérienne, le 1ier novembre 1954. Il fut le principal artisan du soutien de l'Égypte de Gamal Abdel-Nasser à la Révolution algérienne.

Il fut arrêté une deuxième fois le 22 octobre 1956, en compagnie de Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider et Mostefa Lacheraf, lors du détournement par l'armée française de l'avion qui les transportait du Maroc vers la Tunisie. Au même moment, Ahmed Ben Bella s’opposa aux décisions du Congrès de la Soummam auquel la délégation extérieure qu’il dirigeait, n’avait pas participé. Écarté avec Mohamed Boudiaf de la direction exécutive, il contesta la validité du Congrès et de ses décisions. Dans une lettre destinée aux cadres du FLN, Ahmed Ben Bella dénonçait la « gravité de certaines de ces décisions escamotant soit intentionnellement, soit par omission certains points doctrinaux contenus dans la charte rendue publique le 1er novembre 1954 ». Il condamnait notamment des décisions qui remettaient « en cause des points doctrinaux aussi fondamentaux que celui du caractère islamique de nos futures institutions politiques » (1).

Panarabiste convaincu, Ahmed Ben Bella condamnait également la volonté de rompre l’axe stratégique reliant l’Égypte nassérienne et la Révolution algérienne qui avait été formulée dans la Plateforme de la Soummam. Cet axe donnait à la Révolution algérienne une profondeur stratégique indispensable pour vaincre la puissance coloniale. La participation française à l’agression tripartite, aux côtés du Royaume-Uni et d’Israël, contre l’Égypte nassérienne après la nationalisation du canal de Suez en 1956 confirmait totalement l’analyse d’Ahmed Ben Bella. En effet, la France avait participé à cette agression principalement dans le but d’affaiblir l’Égypte et de couper le FLN de son principal soutien.

Libéré en mars 1962, après six ans d'emprisonnement et de résidence surveillée en France, Ahmed Ben Bella désapprouva publiquement les accords d'Évian et critiqua en effet la légitimité du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) dirigé par Benyoucef Ben Khedda. Du 27 mai au 7 juin 1962, il participa au Congrès de Tripoli du FLN où il s'opposa aux orientations du GPRA. Après des affrontements durant l'été 1962, Ahmed Ben Bella, soutenu par l'armée des frontières, prit le pouvoir en septembre de la même année dans une Algérie qui venait de se libérer de 132 ans de colonisation française.

Élu président de la République algérienne un an plus tard, en septembre 1963, Ahmed Ben Bella avait pour objectif de mettre en place un socialisme spécifique à la culture arabo-musulmane en organisant notamment la révolution agraire.

Panarabiste et proche de Gamal Abdel-Nasser, Ahmed Ben Bella organisa une aide concrète aux révolutionnaires anticolonialistes africains ou palestiniens. L’Algérie fournit ainsi ses premières armes au Fatah de Yasser Arafat.

Il fut finalement renversé par le coup d'État de Houari Boumédiène le 19 juin 1965 à Alger, emprisonné jusqu'en juillet 1979, puis assigné à résidence jusqu'à sa libération en octobre 1980. Gracié par Chadli Bendjedid, il s'exila en Suisse à partir de l'année 1981. En exil, il créa le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA). Légalisé après l’ouverture au multipartisme en 1988, le MDA fut finalement dissous par le tribunal d’Alger en juin 1997 pour refus de se conformer à la loi interdisant aux partis de faire référence à l'Islam.

Après son retour à Alger le 27 septembre 1990, Ahmed Ben Bella se retira de la vie politique et se consacra à des dossiers internationaux tels que la Palestine, l'Irak ou la lutte des Amérindiens. Il se rapprocha également des mouvements altermondialistes pour lutter contre « la mondialisation capitaliste ».

En Algérie, durant la décennie noire, Ahmed Ben Bella défendit l'idée d'une réconciliation nationale et d'une sortie de crise par une négociation politique.

Finalement, Ahmed Ben Bella s’est éteint le 11 avril 2012 à Alger après une vie consacrée à combattre la colonisation et à lutter pour l’Algérie, la nation arabe et l’ensemble des peuples opprimés par l’Occident impérialiste.


(1) Mohammed Harbi, Les Archives de la révolution algérienne, Paris, Ed. Jeune Afrique, 1981, page 168


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