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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Anatomie d’un conflit irrésolu par nature

Par

D’après Hegel, l’atteinte de la « conscience de soi » est un processus qui implique nécessairement l’autre. Comment puis-je devenir conscient de moi-même, de manière générale ? Ce n’est qu’à travers le désir ou la colère, par exemple.
A la différence des animaux, qui dépassent leurs besoins biologiques en détruisant d’autres entités organiques, le désir humain est un désir de reconnaissance.

Anatomie d’un conflit irrésolu par nature

En termes hégéliens, la reconnaissance s’effectue lorsqu’on se tourne vers un non-être, c’est-à-dire vers un autre désir, vers un autre vide, vers un autre «moi». C’est quelque chose qui ne peut être totalement accomplie.
«L’homme qui désire quelque chose humainement n’agit point tant pour la posséder que pour faire en sorte qu’autrui reconnaisse son droit. C’est seulement le désir d’une telle reconnaissance, c’est seulement l’action qui découle d’un tel désir, qui crée, réalise et révèle un moi humain, non-biologique.» [Kojeve A., Introduction to the Reading of Hegel, 1947, Cornell University Press, 1993, p. 40].

Selon cette orientation de la pensée hégélienne, on doit être confronté à l’autre pour développer la conscience de soi, il faut être placé face à autrui. Si une entité biologique lutte afin d’assurer sa continuité biologique, l’être humain se bat afin d’être reconnu.

Pour mieux comprendre les implications pratiques de cette idée, examinons la « dialectique du maître et de l’esclave ». Le maître est nommé le maître parce qu’il s’efforce de prouver sa supériorité sur la nature et sur l’esclave, qui est contraint à le reconnaître pour maître.

Au premier abord, tout semble indiquer que le maître a atteint le sommet de l’existence humaine, mais, comme nous le verrons, tel n’est pas le cas. Comme cela vient d’être énoncé, ce pour quoi les hommes luttent, c’est pour être reconnus.

Le maître est reconnu par l’esclave en tant que maître, mais la reconnaissance émanant d’un esclave est de piètre valeur. Le maître veut être reconnu par un autre être humain, mais un esclave n’est pas un homme pleinement humain.

Le maître veut être reconnu par un maître, mais un autre maître ne saurait admettre un autre être humain supérieur dans son univers. «En résumé, le maître ne réussit jamais à obtenir son but, ce but pour lequel il risque jusqu’à sa propre vie».

Aussi le maître est-il confronté à une impasse. Mais qu’en est-il de l’esclave ? L’esclave est en train de se transformer, dès lors qu’à la différence du maître, qui ne saurait aller plus loin, l’esclave aspire à tout. L’esclave est à l’avant-garde de la transformation des conditions sociales dans lesquelles il vit. L’esclave est l’incarnation de l’Histoire. Il est l’essence du progrès.


Une leçon de maîtrise

Tentons, maintenant, d’appliquer la dialectique hégélienne du maître et de l’esclave à la notion d’«élection» et d’exclusivisme juifs. Alors que le ‘Maître’ hégélien risque son existence biologique pour devenir un maître, l’enfant juif nouveau-né risque son prépuce.

L’enfant élu est né à l’intérieur du règne de la maîtrise et de l’excellence sans même avoir excellé (pour l’instant) à quoi que ce soit. C’est autrui qui confère au bébé élu son statut prestigieux sans qu’il n’ait besoin d’être confronté à un quelconque processus de reconnaissance. Et, de fait, le titre d’ «élu», les juifs se le décernent eux-mêmes, (en prétendant que c’est Dieu qui le fait), et non par d’autres.

Si nous essayons, par exemple, d’analyser le conflit israélo-palestinien à travers le mécanisme hégélien de la reconnaissance, nous prenons conscience de l’impossibilité d’un quelconque dialogue entre les deux parties. Alors qu’il est absolument évident que le peuple palestinien lutte pour la reconnaissance, comme ils le déclarent dès qu’ils en ont l’opportunité, les Israéliens éludent carrément et globalement la question de la reconnaissance.

Ils sont d’ailleurs convaincus d’être d’ores et déjà totalement reconnus.
Ils savent qui ils sont – ils sont nés maîtres, des maîtres qui se trouvent vivre sur leur «terre promise».

Les Israéliens refusent d’entrer dans le jeu dialectique de la « transformation du sens », et, en lieu et place, ils détournent tous leurs efforts intellectuels, politiques et militaires afin de les consacrer à la démolition de tout sentiment de reconnaissance des Palestiniens.

Pour la société israélienne, le combat à mener consister à détruire tout symbole et tout désir palestiniens, qu’il s’agisse d’un désir matériel, spirituel ou culturel.

Etonnamment, toutefois, les Palestiniens s’en tirent très bien, en matière de combat pour être reconnus. De plus en plus de gens, en dehors de la Palestine, commencent à comprendre la véritable nature de la cause palestinienne et le niveau d’inhumanité intrinsèque du concept de sionisme, en particulier, et de politique juive, de manière générale.

De plus en plus de gens trouvent qu’il est particulièrement aisé d’entrer en empathie avec les Palestiniens et leurs porte-parole.
Même les gens du Hamas, qui étaient méprisés par la plupart des institutions politiques occidentale, réussissent aujourd’hui à faire passer leur message.

Les Israéliens, en revanche, sont très en retard, dans ce genre de manœuvres. L’auditeur occidental moyen trouve qu’il est pratiquement impossible de sympathiser avec eux. Un Palestinien vous téléphonera, pour partager sa douleur et sa misère, s’adressant directement à votre cœur. Le porte-parole israélien, quant à lui, exigera de vous acceptiez son point de vue.

Il insistera pour vous vendre une narration historique fantastique en kit ; un récit répétitif qui commence quelque part autour de l’Abraham biblique, se poursuit avec une série d’holocaustes et nous conduit, pour finir, jusqu’à des bains de sang plus actuels. Tout semble indiquer que les Israéliens, les maîtres, resservent en permanence la même histoire à cent balles.

Abraham et l’Holocauste peuvent-ils justifier le comportement inhumain des Israéliens à Gaza ?
Pas vraiment, et la raison est simple : Abraham, l’Holocauste et les récits historiques, de manière générale, n’évoquent aucune émotion authentique. Et, de fait, le monde politique juif est tellement désespéré de ne pouvoir maintenir son récit que le dernier Holocauste en date a été transformé, désormais, en narratif légal.

Le message est le suivant : «Attention ; si vous doutez de mon narratif, vous finirez derrière des barreaux.» Manifestement, c’est là un comportement totalement désespéré.

Selon Hegel, la reconnaissance est un processus dynamique ; c’est une sorte de compréhension qui s’accroît, en vous.

Alors que les Palestiniens vont utiliser toutes leurs ressources disponibles – quoi que limitées – afin de vous inciter à regarder leur visage, à les regarder dans les yeux, de vous entraîner dans un processus dynamique de reconnaissance mutuelle, les Israéliens attendent de vous que vous acceptiez leur narratif sans discussion. Ils voudraient que vous fermiez les yeux sur le fait que, s’agissant du Moyen-Orient, Israël est un agresseur à nul autre pareil.

Israël est une superpuissance occupante régionale, un petit pays lourdement engagé dans la mise au point de divers arsenaux nucléaire, biologique et chimique. C’est un pays racialement engagé, un Etat d’apartheid qui brutalise et opprime ses minorités quotidiennement.
Mais les Israéliens et leurs lobbies juifs, qui les soutiennent dans le monde entier, attendent de vous que vous ignoriez ces réalités. Ils insistent, disant qu’ils sont les victimes, ils veulent que vous approuviez leur politique inhumaine en faisant référence à l’interminable souffrance juive.

Comment se fait-il que la politique juive soit agressive comme nulle autre ? C’est simplement dû au fait que, d’un point de vue politique juif, « autrui » n’existe pas.

Le soi-disant autre, pour eux, n’est rien d’autre qu’un moyen, plutôt qu’un sujet humain égal à eux. Les affaires étrangères israéliennes et l’activité politique juive doivent être envisagées à la lumière d’une absence totale de «mécanisme de reconnaissance».

Les politiques israéliennes et juives, de gauche, de droite et du centre, sont fondées sur un verrouillage de signification. Ils refusent de voir dans l’histoire un flux, un processus dynamique, un voyage vers «soi-même» ou vers la réalisation de soi. Israël et les Israéliens se considèrent comme extérieurs à l’Histoire. S’ils ne progressent pas vers l’autoréalisation, c’est parce qu’ils ont une identité donnée, déterminée, à conserver.

Dès qu’ils rencontrent une situation complexe avec le monde circonstant, ils créent un modèle qui adapte le monde extérieur à leur système chauviniste de valeurs narcissiques. Le néo-conservatisme n’est pas autre chose que cela, c’est à quoi se résume le discours judéo-chrétien d’émergence récente, un discours fantasmatique, mais néanmoins écœurant.

Aussi triste que cela puisse sembler, des gens qui ne sont pas habitués à reconnaître l’autre sont incapables de se faire reconnaître. La mentalité tribale juive, de gauche, du centre et de droite, place les juifs à part de l’humanité. Elle ne dote pas les adeptes de la mentalité tribale du mécanisme mental indispensable pour reconnaître l’Autre.
Pourquoi le feraient-ils ? Ils s’en sont tellement bien tirés, depuis si longtemps, sans avoir eu à le faire.

L’absence de toute notion de l’Autre, cela vous entraîne bien au-delà de toute forme reconnue de pensée humaniste authentique. Cela vous emmène bien au-delà de la pensée éthique ou de la conscience morale.

Ainsi, en lieu et place de moralité, tout débat est réduit à une simple confrontation politique, avec certains résultats concrets, matériels et pratiques à atteindre.

Hegel permet de mettre un peu mieux en lumière toute cette saga. Si, de fait, l’on devient conscient de soi-même via l’autre, alors le «sujet Elu» est, de toute façon, conscient par soi-même. Il est né dans la maîtrise.

Par conséquent, les Israéliens ne pratiquent aucune forme de dialogue avec l’environnement humain circonstant, dès lors qu’ils sont nés maîtres. Pour être juste avec les Israéliens, je dois reconnaître que l’inexistence de leur mécanisme de reconnaissance n’a rien à voir avec leurs sentiments anti-palestiniens.

De fait, ils sont même incapables de se reconnaître mutuellement – Israël et les Israéliens ont une longue histoire de discrimination contre leur propre peuple (les juifs d’origine non-européenne, comme les Séfarades, sont en butte aux discriminations de l’élite juive, composée quasi exclusivement de juifs d’origine occidentale).

Mais les juifs progressistes sont-ils tellement différents ? Pas vraiment. Comme les Israéliens, et comme toute forme d’idéologie tribale chauvine, ils se retirent, continûment, dans un discours ségrégué et autocentré qui est bien peu fait pour attirer de quiconque, mis à part eux-mêmes.

Par conséquent, comme les Israéliens qui s’entourent de murs, les cellules juives progressistes se sont d’ores et déjà claquemurées dans des cyber-ghettos qui deviennent de plus en plus hostiles au reste de l’humanité, et à ceux qui sont supposés être leurs camarades.


Matérialisme historique

Si l’on est incapable d’établir des relations avec ses voisins, qui soient fondées sur la reconnaissance de l’autre, alors il doit y avoir une autre manière d’instaurer un dialogue. Si l’on est incapable de nouer un dialogue fondé sur l’empathie avec autrui et avec les droits de l’autre, alors on doit bien trouver un autre mode de communication ?

Tout semble indiquer que la méthode dialogique alternative des « élus » réduise toute forme de communication à un langage matérialiste. Presque toutes formes d’activité humaine, y compris l’amour et le plaisir esthétique, peuvent être réduites à une valeur matérielle. Les activistes politiques Elus sont très avertis dans l’utilisation de cette méthode de communication.

Récemment, l’écrivain israélien ultra-sioniste A.B. Yehoshua a réussi à mettre mal à leur aise beaucoup de dirigeants ethniques juifs américains lors du dernier congrès de l’American Jewish Committee, en déclarant : «Vous [les juifs de la diaspora], vous ne faites que changer de chemise… vous changez de pays comme on change de chemise
De fait, Yehoshua a été soumis à beaucoup de pressions à la suite de cette sortie, et il n’a pas tardé à regretter de l’avoir faite. Toutefois, la perception de Yehoshua, même si elle est loin d’être originale, est douloureusement véridique.

Il est parfaitement clair que certains juifs de la diaspora, politiquement orientés, sont engagés dans un dialogue extrêmement fructueux avec tous les noyaux hégémoniques possibles et imaginables. La critique de Yehoshua était particulièrement avisée.
D’après lui, une fois qu’il est devenu évident qu’un nouveau pays est en train de devenir une superpuissance mondiale, il ne faut pas attendre très longtemps avant de voir une vague de juifs assimilés et libérés tenter d’en infiltrer l’élite gouvernante.
«Si, un jour, la Chine devient la première superpuissance mondiale», a-t-il averti, «les juifs américains y émigreront, afin de s’assimiler dans la société chinoise, de préférence à la société américaine» (http://www.amin.org/)


Il y a une dizaine d’années, au plus fort de la bataille juridique entre de grandes institutions juives et les banques suisses, Norman Finkelstein se manifesta pour signaler qu’il ne reste que fort peu de choses de l’Holocauste juif (dans les coffres-forts helvétiques), mis à part diverses formes industrielles de pressions financières en vue d’obtenir des compensations.
D’après Finkelstein, il ne s’agissait de rien d’autre que de profit.

Je me garderai bien de toute critique au sujet des compensations financières en tant que telles, mais apparemment, il y a des gens qui sont très rapides à traduire leur douleur en espèces sonnantes et trébuchantes. (Il importe de mentionner, à ce sujet, que la douleur, tout autant qu’en or, peut être transformée en d’autres valeurs, comme les valeurs morales ou les valeurs esthétiques…)
Toutefois, la possibilité de transformer de la douleur et du sang en cash est au cœur du rêve trompeur israélien, consistant à croire que le conflit israélo-palestinien, et en particulier le problème des réfugiés, aurait une solution.

Nous savons d’où est née cette fausse supposition. Les Israéliens, comme les principales institutions juives, sont entièrement convaincus que, s’ils ont pu parvenir à un règlement financier avec les Allemands (et les Suisses aussi, d’ailleurs), les Palestiniens seraient tout aussi heureux de vendre leurs terres, et leur dignité avec.
Comment les Israéliens parviennent-ils à une conviction aussi étrange ?
Parce qu’ils savent nécessairement mieux que les Palestiniens ce que les Palestiniens veulent, en réalité. Comment ? Parce que les Israéliens sont brillants, intelligents : ils sont le peuple élu.

De plus, le sujet élu ne tente même pas de s’engager dans un dialogue avec l’humain chez autrui. Soixante ans après la Nakba, cette expulsion massive des indigènes palestiniens, l’immense majorité des Israéliens et des juifs du monde entier n’entreprennent même pas de reconnaître la cause palestinienne, quant à faire montre envers les Palestiniens d’une quelconque forme d’empathie, n’en parlons même pas !

Quand on parle du conflit à des Israéliens, un des arguments qu’ils utilisent le plus souvent est celui-ci : «Quand nous (les juifs) sommes venus ici (en Palestine), eux (les Arabes) n’avaient rien. Maintenant, ils ont l’électricité, du travail, des voitures, des services de santé, etc.» C’est là manifestement un échec à reconnaître l’autre.

Il est vraiment typique d’un colonialiste chauvin d’imposer son propre système de valeurs à autrui. Autrement dit, les Israéliens attendent des Palestiniens qu’ils partagent avec eux l’importance qu’eux, ils attachent à l’acquisition de biens matériels.
«Pourquoi l’autre devrait-il partager mes valeurs ? Parce que je sais, moi, ce qui est bien. Pourquoi sais-je ce qui est Bien ? Parce que je suis le meilleur»
Cette approche arrogante et totalement matérialiste est manifestement au cœur de la vision qu’ont de la paix les Israéliens.

Les militaires israéliens appellent cela «la carotte et le bâton». Apparemment, quand ils parlent des Palestiniens, c’est en réalité des lapins, qu’ils ont à l’esprit.
Mais, aussi bizarre, et même tragique, que cela paraisse, le Matzpen, un mouvement d’extrême gauche né en Israël, ne différait pas catégoriquement. Manifestement, ses militants nourrissaient des rêves révolutionnaires de sécularisation du monde arabe.

A l’évidence, ils savaient, eux, ce qui était bon pour les Arabes. Pourquoi le savaient-ils ? Je vous laisse deviner ? Parce qu’ils étaient exclusivement et chauviniquement intelligents.

C’étaient des Marxistes de la variété Elus. Par conséquent, je n’ai pas été extraordinairement surpris qu’avec le temps, le légendaire Matzpen «révolutionnaire» et le néoconservatisme méprisable aient, de fait, fusionné dans un unique message catastrophique : «Nous savons mieux que vous-mêmes ce qui est bon pour vous.»

Tant les sionistes que les juifs de gauche ont un «rêve de Nouveau Moyen-Orient». Dans le vieux fantasme de Peres, la région devient un paradis financier, dont Israël occupe le centre même.

Les Palestiniens (ainsi que d’autres pays arabes) fourniraient aux industries israéliennes (représentant l’Occident) la main-d’œuvre à bon marché dont elles ont besoin. En retour, les Arabes gagneraient de l’argent, et ils dépenseraient cet argent pour acheter des produits israéliens (occidentaux).

Dans le rêve judéo-progressiste, les Arabes laissent tomber l’Islam, ils deviennent des progressistes marxistes cosmopolites (des juifs est-européens), et ils s’embarquent pour une révolution mondiale. Autant le rêve de Peres est sinistre, autant sa version judéo-marxiste presque comique.

Apparemment, dans le rêve sioniste, Israël créerait une coexistence duale dans la région, dans laquelle le peuple palestinien serait un peuple d’esclaves éternels, dont les Israéliens seraient les maîtres.

Dans le rêve cosmopolite judéo-progressiste, la Palestine Rouge créera une coexistence duale dans une région où le peuple palestinien sera constitué des esclaves éternels d’une lointaine idéologie européo-centrée. S’il y a une différence catégorique importante entre les deux idéologies judéocentriques, j’ai bien du mal à l’apercevoir.

Toutefois, d’après Hegel, c’est l’esclave qui fait aller l’histoire de l’avant. C’est l’esclave qui lutte pour conquérir sa liberté. C’est l’esclave qui se transforme lui-même et c’est le maître qui finit par disparaître.

D’après Hegel, nous avons de bonnes raisons de croire que le futur de la région appartient aux Palestiniens, aux Irakiens et au monde musulman, de manière générale. Une des manières d’expliquer pour quelle raison Israël ignore cette compréhension de l’Histoire tient au détachement conditionnant de la mentalité exclusiviste des « Elus ».


Bienvenue au pays du Coucou !

Le Dr. Mustafa Barghouti, un médecin palestinien qui vit et travaille en Cisjordanie occupée, a dit d’Israël qu’il «essayait d’être à la fois David et Goliath» (le Dr. Barghouti s’exprimait lors d’un débat organisé à la Chambre des Communes, à Londres, le 22 novembre 2000).

D’après lui, c’est là quelque chose d’impossible. Il a aussi affirmé qu’«Israël est probablement le seul pays qui ait jamais bombardé un territoire qu’il occupait». Il a trouvé cela très étrange, voire bizarre.

Mais, être en même temps David et Goliath, est-ce aussi étrange que cela ? Détruire votre propre bien, est-ce bizarre ? Non. Pas si vous êtes fou.

L’absence de rétro-vision (là encore, consistant à se voir soi-même à travers autrui) peut amener les gens, ainsi que les nations, dans d’étranges angles obscurs.
L’absence d’un réseau qui soit susceptible de vous permettre de discerner votre propre image à travers autrui, l’absence de mécanisme de correction semble quelque chose d’extrêmement dangereux.

La première génération de dirigeants israéliens (Ben Gourion, Eshkol, Meir, Peres, Begin) a grandi dans la diaspora, principalement en Europe de l’Est. Etre un juif vivant dans un environnement non-juif, cela vous oblige à développer une conscience de soi aiguisée et à imposer une certaine sorte d’examen au miroir.

De plus, le sionisme des origines est légèrement plus développé que d’autres formes de politique tribale juive, pour la simple raison que le sionisme a pour raison d’être de transformer les juifs en «un peuple comme tous les autres peuples».

Cela implique un minimum de vision dans le miroir que constitue autrui. Toutefois, cela n’a pas suffi à réfréner les agissements agressifs d’Israël (comme Deir Yassine, la Nakbah, Kafr-Qassem, la guerre de 1967, etc.), mais cela a été plus que suffisant pour donner aux Israéliens une leçon de diplomatie.

Depuis 1996, les nouveaux dirigeants nés en Israël ont conduit Israël dans l’état de l’«élection» (Rabin, Netanyahu, Sharon, Barak, Olmert). En effet, dans leur jeunesse, ces dirigeants ont été imbus d’une intense anxiété juive, qui fut dépassée, une fois dans l’âge adulte, par le legs du «miracle» de 1967, un événement qui transforma certaines des idéologies «élues» en extravagance messianique.

Cette obsession du pouvoir absolu, exacerbée par l’anxiété sioniste couplée à l’ignorance de l’ «autre» conduit à une schizophrénie collective épidémique, tant dans l’état mental que dans l’action ; une très grave perte de contact avec la réalité, ouvrant la voie à un usage excessif de la force.

La récente «Seconde guerre du Liban» en fut un exemple manifeste. Israël se venge à coups de mitraillette contre des enfants jetant des pierres, avec l’artillerie lourde et des missiles contre des cibles civiles à la suite d’une insurrection sporadique, et au moyen d’une guerre totale après un incident frontalier mineur.

Ce comportement ne devrait pas être expliqué au moyen d’outils analytiques politiques, matérialistes ou sociologiques. Une compréhension bien plus profonde pourrait être acquise en situant le conflit dans un cadre philosophique, qui permet une meilleure compréhension des origines de la paranoïa et de la schizophrénie.

Le Premier ministre israélien, représentant à la fois «David et Goliath», peut parler de la vulnérabilité d’Israël, de la douleur juive et de la misère juive, dans un même souffle, juste avant de lancer une offensive militaire massive contre toute la région, dans la phrase suivante.

Un tel comportement ne peut être expliqué que si l’on y voit une forme de maladie mentale.

L’aspect comique/tragique de ceci, c’est que la plupart des Israéliens ne se rendent même pas compte du fait que quelque chose est en train de terriblement déconner.

Etre maître de naissance, cela conduit à l’absence de «mécanisme de reconnaissance». Inévitablement, cela conduit à la cécité. Cette absence de mécanisme de reconnaissance a pour conséquence une psyché fracturée, étant en même temps celle des antagonistes « David et Goliath ».

Il semble que ni Israël, ni les Israéliens ne soient en mesure de participer plus avant à un quelconque dialogue sensé.

Source : http://palestinethinktank.com/

Traduction : Marcel Charbonnier

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