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USA - 1 juin 2005
Par Justine McCabe
Justine McCabe, Ph.D., est anthropologue culturel et psychologue qui habite à New Milford.
En effet, la dépossession des indiens américains est plus ancienne que celle des Palestiniens.
Mais le même acte de formation nationale -- et son déni -- constitue un élément significatif "du lien spécial" raccoleur entre les Etats-Unis et Israël.
Comme les Américains, les Israéliens "savent" ce que leurs propres historiens ont amplement documenté : La dépossession palestinienne est la base de leur état.
Au Connecticut, une polémique sur les droits des Indiens s'est récemment intensifiée quand le gouvernement fédéral est revenu sur sa reconnaissance des tribus Pequots orientales de Stonington et des Schaghticoke basées au Kent.
Dans l'ensemble, l'administration et le public semblaient contents. Le Procureur Général Richard Blumenthal a dit : "Une raison pour laquelle cela est aussi historique, c'est parce qu'on n'était jamais revenu auparavant sur une décision de reconnaissance indéniable. C'est une première pour la nation, ce qui l'a rend plus significative et satisfaisante, "selon le Litchfield County Times.
En clair, ce n'est pas satisfaisant pour le peuple autochtone du Connecticut puisque leurs droits et leur attachement à la terre continuent d'être remis en question des siècles après le premier contact avec les colons européens.
Les arguments du processus ont mis en évidence l'ironie endurée par les indigènes d'Amérique pour obtenir une reconnaissance : Ils doivent prouver qu'ils existent. Ils doivent prouver que leur peuple et leur culture ont réellement survécu aux intentions du gouvernement de les supprimer et de saisir la terre dont ils dépendent pour leur survie.
En attendant, l'injustice initiale est noyée dans un système bureaucratique organisé pour la désavouer : Même demander une reconnaissance coûte des millions, ce qui encourage beaucoup de tribus à recourir aux investisseurs de casino en dépit de leur corruption des valeurs autochtones traditionnelles.
La participation indienne (à elle seule, un succès) à ce processus évidemment suspect réveille seulement l'insécurité et l'hostilité parmi mes voisins non-Indiens du Kent. De façon significative, les références à la dépossession initiale et à l'impact traumatique subis du contact avec les Européens sont évitées. Les formules de la responsabilité ou les excuses collectives sont absentes.
La plupart des Américains éprouvent une sorte de refus collectif au sujet de notre histoire honteuse. Pourtant notre héritage est basé dangereusement dessus : pas seulement à l'intérieur du pays mais également dans notre politique étrangère.
Quand le Procureur Général Blumenthal a commencé à remettre en question la reconnaissance des Schaghticoke, le candidat à la présidence palestinienne d'alors, Mahmoud Abbas rendait visitait certains des 400.000 réfugiés palestiniens dans les camps du Liban, en les rassurant que leur droit au retour dans ce qui est maintenant Israël ne serait pas abandonné dans les futures négociations.
Il y a plus de 6 millions de réfugiés palestiniens qui attendent de rentrer chez eux depuis la Naqba ("catastrophe") de 1947-49. La plupart des réfugiés vivent à moins de 100 Km de leurs anciennes maisons, certains en sont assez proches pour voir et pleurer les vergers et les champs perdus.
Comme les autochtones d'Amérique, les Palestiniens souffrent de devoir prouver leur existence et leur droit à leurs terres ancestrales.
La possession des clefs et des actes de propriété, ou l'enregistrement officiel en tant que réfugiés par l'ONU n'ont pas réussi. Ni non plus le droit international.
En fait, en accord avec plusieurs institutions légales, l'ONU a explicitement conditionné l'entrée d'Israël aux Nations Unies en 1949 à la mise en application de sa Résolution 194 affirmant le droit inaliénable des Palestiniens à rentrer chez eux. Malgré cela, Israël a refusé d'autoriser le retour des autochtones. Les Etats-Unis l'ont implicitement soutenu depuis l'administration Truman.
En effet, la dépossession des indiens américains est plus ancienne que celle des Palestiniens.
Mais le même acte de formation nationale -- et son déni -- constitue un élément significatif "du lien spécial" raccoleur entre les Etats-Unis et Israël.
Ce déni demande de l'attention pour expliquer entièrement la satisfaction de la politique étrangère américaine face à l'antipathie indéniable envers les Etats-Unis qui s'est seulement développée depuis l'invasion et l'occupation de l'Irak.
Comme les Américains, les Israéliens "savent" ce que leurs propres historiens ont amplement documenté : La dépossession palestinienne est la base de leur état.
Entre 1947 et 1949, plus de 75 % de la population autochtone a été expulsée par les forces Sionistes qui ont saisi leurs terres pour l'usage exclusif des Juifs Israéliens.
Puis, en 1967, 35 % de la population palestinienne de Gaza et de Cisjordanie a été expulsée, certains sont devenus des réfugiés deux fois en une génération.
Mais pour les Palestiniens et les Israéliens, ce passé colonial est présent.
Chaque jour depuis 1967, 3,3 millions de Palestiniens dans les territoires occupés continuent à expérimenter la version post-moderne du triste sort : 400.000 colons juifs facilitent la saisie de terre permanente israélienne -- 200.000 pendant la période de la "paix" d'Oslo.
Ces quatre dernières années seulement, Israël a confisqué plus de 22.400 hectares de terre palestinienne, rasé 7.000 hectares de champs, déraciné plus de 1,1 millions d'arbres.
Plus de 400 kilomètres de routes de contournement pour Israéliens seulement et des centaines de points de contrôle ont créé plus de 200 réserves palestiniennes séparées.
Même si Israël évacue Gaza, le premier ministre Sharon insiste sur le fait que les énormes colonies (illégales) de Cisjordanie resteront. Son intention est accentuée par le mur de "séparation" bientôt achevé, qui saisira 15 autres pour cent de terre de la Cisjordanie et laissera 600.000 Palestiniens dans une prison à ciel ouvert entre la Cisjordanie et la ligne verte.
Pendant ce temps, les citoyens non-Juifs d'Israël ne peuvent pas louer, posséder ou vivre sur les terres de “l'Etat” réservées exclusivement aux Juifs : 93 % du pays. En vertu de la loi du retour israélienne, tout Juif né dans n'importe quel pays peut immigrer en Israël et devenir citoyen, pourtant les réfugiés autochtones ne peuvent rentrer chez eux.
Pourquoi Israël continue-t-il de violer le droit international ? La réponse contient l'affirmation historiquement familière mais non moins ethnocentrique : pour maintenir son caractère "juif".
Pourtant même à l'intérieur de la Ligne Verte, Israël est maintenant, et a toujours été, une terre multiculturelle où environ 28 % de ses citoyens sont des non-juifs, dont au moins 20 % sont palestiniens.
Mais pour les peuples autrefois colonisés dans le monde -- la grande majorité de la population mondiale -- il y a une forte identification avec l'injustice envers les Palestiniens qui entretient l'hostilité envers Israël et les Etats-Unis, et menace la sécurité des Américains ainsi que celle des Israéliens.
Au niveau psychologique, les Indiens américains et les Palestiniens témoignent du fait que l'attachement humain à la patrie et à la terre ne peut être ni écarté ni séparé par les politiciens en toute impunité.
Mais il n'est pas trop tard. Israël n'a pas atteint la situation bien établie des Etats-Unis qui a réduit les Indiens américains à moins de 1 % de notre population (environ un tiers d'entre eux vivent dans les réserves dans lesquelles ils ont été confinés il y a plus d'un siècle).
Au lieu de cela, 78 % des Juifs-Israéliens occupent seulement 15% du pays, ce qui rend possible le retour des réfugiés palestiniens sur la terre en grande partie inoccupée avec peu de déplacement des Israéliens qui y vivent actuellement. Le partage de la terre est une question d'équitabilité et de volonté internationale, pas de viabilité.
Comme la colonisation européenne de l'Amérique, la colonisation de la Palestine a commencé avec l'approche impérialiste qui s'est en particulier éveloppée au 19ème siècle.
Nous donnons annuellement des milliards de dollars à Israël en aide, en armes et en soutien politique pour appuyer ces pratiques coloniales du 19ème siècle dont, certainement, la plupart des Américains et des Européens du 21ème siècle ont honte et aimeraient bien les oublier.
Nous ne pouvons pas revenir à l'Amérique coloniale pour gommer l'avilissement de nos propres autochtones.
Mais nous pouvons agir pour nous assurer que le nettoyage ethnique ne continue pas en Palestine, maintenant, en notre nom et avec notre argent.
Source : www.theday.com/
Traduction : MG pour ISM
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