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USA - 28 octobre 2005
Par Anton La Guardia
Anton La Guardia est le rédacteur diplomatique du Daily Telegraph et l'auteur de Holy Land, Unholy War: Israelis and Palestinians
Qui a fourni l'avion de chasse et les autres armes que les Juifs ont utilisé pour s'attribuer un Etat en Palestine en 1948? Vous pourriez dire l'Amérique. Faux. C'était le bloc soviétique.
Qui a construit le réacteur de Dimona qui a permis à Israel de devenir la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient ? Les Etats-Unis, sûrement. Non, la France.
Qui a conspiré avec Israel pour envahir l'Egypte et virer Gamal Abdel Nasser, l'agitateur anti-colonial Arabe de l'époque ?
Avancez la Grande-Bretagne et la France.
C'était le président des Etats-Unis, Dwight Eisenhower, qui a exigé et a obtenu le retrait d'Israël de l'ensemble du territoire qu'il avait occupé pendant la crise de Suez en 1956.
Une lecture rapide de l'histoire du Moyen-Orient montre que les Etats-Unis n'ont pas toujours été le meilleur ami d'Israël, pas toujours le banquier et le protecteur diplomatique et armé qu'ils sont aujourd'hui.
En fait l'alliance entre Washington et Israël (ndt : Jérusalem dans le texte original) s'est forgée pendant la guerre froide, bien qu'elle ait été renforcée par "guerre globale contre le terrorisme" de George W Bush.
Après les attaques du 11 septembre, Israël a convaincu beaucoup d'Américains que sa guerre contre les kamikazes palestiniens n'était pas différente de la guerre des Etats-Unis contre ceux qui ont envoyé des pilotes-kamikazes s'écraser contre les tours jumelles, et que Yasser Arafat était comparable à Osama Bin Laden avec un foulard palestinien sur la tête.
C'est un exploit remarquable qu'un pays de presque sept millions d'habitants puisse convaincre un pays 50 fois plus grand et beaucoup plus puissant de voir le monde selon sa vision, d'arracher des sommes disproportionnées de subventions au contribuable américain et d'utiliser la force politique d'une superpuissance pour ses propres besoins.
"Israël dépend des Etats-Unis comme aucun pays ne dépend d'une puissance amie." écrivait Henry Kissinger dans les années 80.
"C'est un genre spécial d'héroisme que de transformer une totale dépendance en défi, d'insister pour obtenir de l'aide comme un droit plutêt que comme une faveur."
La relation est née pendant la Guerre des Six Jours de 1967, quand les chétives frontières d'Israël se sont étendues au canal de Suez, au fleuve du Jourdain et aux abords de Damas. Cela a positionné Israël aux yeux de l'Amérique comme un rempart contre l'influence soviétique dans le monde Arabe.
Donc, bien que l'Etat Juif se soit battu dans cette guerre avec des armes françaises, il a défendu ses conquêtes avec des armes américaines.
Israël a été aidé généreusement dans ses guerres avec les Etats Arabes, et encore plus après qu'il ait fait la paix avec l'Egypte. Au cours des deux dernières décennies, il a reçu 3 milliards de dollars par an en aide civile et militaire de la part des Etats-Unis, en gros l'équivalent de toute l'aide au développement donnée actuellement par les Etats-Unis à l'Afrique sub-Saharienne.
Le lien dépasse les considérations stratégiques. Au cours des années, aider Israël est devenu une obligation morale parmi la classe politique américaine. Le lobby pro-Israélien peut être légendaire pour sa capacité Ã faire plier le Capitole, les votes juifs sont importants dans les principaux états tels que l'Etat de New York et la Floride, et les néo-conservateurs de l'administration Bush peuvent être des supporters du parti du Likud, mais le véritable secret de l'influence d'Israël est qu'elle a un écho parmi le public.
Beaucoup d'Américains voient en Israël le reflet d'eux-mêmes, une société de colons née d'idées de liberté et établie sur le roman des pionniers avec un destin donné par Dieu. Pour les libéraux, Israël est une île de démocratie dans une mer d'autocratie Arabe, et pour les faucons, c'est le pays qui montre comment le terrorisme doit être combattu.
Beaucoup d'Américains, plus religieux et plus érudits des écritures bibliques que les Européens, pensent que protèger les "enfants d'Israël" est une bonne action, si ce n'est pas directement ordonné par Dieu.
Pour la droite Chrétienne fondamentaliste, le regroupement des Juifs doit être soutenu en tant qu'élément du plan divin pour le retour du Messie (bien que les Juifs et les Chrétiens sont en désaccord sur ce qui se produira quand le Messie viendra).
Mais, alors que le soutien des Etats-Unis à Israël est sans doute inébranlable, il n'est pas sans conditions.
Les intérêts américains au Moyen-Orient s'étendent bien au delà de la question d'Israël et de la Palestine, dont le moindre est le pétrole dans le Golfe. Plusieurs des ennemis d'Israël sont des amis importants des Etats-Unis.
C'est plus facile pour Washington d'embrasser Israël quand Israël essaye de faire la paix et renonce au territoire occupé que quand il est obstiné.
Même l'administration Bush comprend que, dans une certaine mesure, il faudrait essayer de guérir la plaie ouverte de la Palestine. Une des premières réponses du Président Bush au 9/11 a été de déclarer sa "vision" d'un Etat palestinien à cêté d'Israël. Bien qu'il ait plus tard écarté Arafat, il s'est également assuré qu'Ariel Sharon ne le tue pas ou ne tente pas de l'envoyer en exil. Ainsi, alors que l'Amérique a protégé Israël de la colère du monde Arabe, elle a également sauvé Arafat de la colère d'Israël.
Tout comme ses commentaires privés largement raillés sur le fait que Dieu lui avait dit d'envahir l'Irak (ce que la Maison Blanche nie), il a également été dit que Bush avait annoncé avoir une mission divine pour établir un Etat palestinien.
C'est le genre de propos qui pertube les responsables israéliens. Ils savent que les électeurs israéliens peuvent adopter une position dure envers les premiers ministres qui empoisonnent les relations avec le grand protecteur.
Le désaccord de Yitzhak Shamir avec le père du Président Bush après la guerre contre l'Irak de 1991 au sujet de la conférence de paix de Madrid et de la construction des colonies fut l'une des principales causes de sa chute aux élections de 1992.
Après la dernière guerre en Irak, les responsables israéliens sont heureux que les Etats-Unis aient destitué Saddam Hussein et que ses forces encerclent maintenant ce qu'ils considèrent comme étant la plus grande menace, l'Iran.
Mais ils s'inquiètent que le jeune Bush puisse feuilleter le livre de son père.
"Si les Américains échouent en Irak et ne peuvent pas vaincre l'insurrection," a déclaré un haut responsable israélien, "Bush pourrait essayer de chercher le succès ailleurs au Moyen-Orient et forcer un règlement de la question palestinienne."
Source : www.newstatesman.co.uk/
Traduction : MG pour ISM
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