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ISM France - Archives 2001-2021

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USA -

Commémoration onusienne : La Palestine hante la commémoration de la libération des camps nazis

Par

> qumsi001@hotmail.com

[* Auteur de : Partager la Terre de Canaan : Les Droits de l’homme et le conflit israélo-palestinien (en anglais) -Sharing the Land of Canaan : Human Rights and the Israeli Palestinian Struggle - lien : Sharing the Land of Canaan - mazin@al-awda.org

Au cours d’une session spéciale destinée à commémorer la libération des camps de concentration nazis, (le secrétaire général) Kofi Annan a rappelé qu’il s’agissait en l’occurrence de la raison même pour laquelle l’ONU avait été instituée et que des documents tels la Déclaration universelle des Droits de l’Homme avait été adoptée.
Il a omis de mentionner qu’un haut responsable de l’ONU avait été démis de ses fonctions pour avoir défendu les droits humains des Palestiniens. Il s’agit de Peter Hansen.

Les orateurs sionistes qui prirent la parole à la suite d’Annan ont prétendu que soutenir le sionisme était la belle manière de soutenir les victimes des nazis.

Confondre la souffrance historique des juifs avec les intérêts du gouvernement israélien et le sionisme équivaut à faire l’amalgame entre les souffrances des autochtones amérindiens avec les intérêts du gouvernement des Etats-Unis et le capitalisme.

Mais l’histoire n’est pas tendre pour ce genre de fiction. L’influence sioniste a été utilisée afin de briser le boycott imposé à l’Allemagne nazie, dans les années 1930 (boycott initié par les socialistes juifs), tout en assénant l’idée que la seule issue laissée ouverte devant les juifs européens était celle de la colonisation de la Palestine.

David Ben Gourion, le père de l’Etat d’Israël et son Premier Ministre, a déclaré : « Si je savais possible de sauver tous les enfants (juifs) d’Allemagne en les faisant venir en Angleterre, mais seulement la moitié d’entre eux en les amenant en Eretz Yisrael, alors, oui : j’aurais opté pour la seconde solution.
Car nous ne devons pas nous arrêter au prix de la vie de ces enfants : il nous faut prendre en considération le prix historique du « peuple d’Israël » [Am Yisrael] ».


Pour quelle raison les juifs non-sionistes ont-ils été tenus à l’écart de cette conférence ?

Il y a tellement d’auteurs (juifs) qui ont écrit des ouvrages traitant du sionisme : « Les Scandales de Ben Gourion » (Naeim Giladi) ; « L’Industrie de l’Holocauste » (Norman Finkelstein » ; « Les Mythes du sionisme » (Rose) ; « 51 Documents concernant la collaboration des sionistes avec les nazis » (Brenner), pour ne citer que quelques titres parmi des centaines.

J’affirme que les sionistes sont les produits d’une ère révolue, et je laisse les lecteurs évaluer ces ouvrages. Mais, en tant que Palestino-Américain, je déplore que les orateurs sionistes aient manqué l’opportunité qui se présentait à eux, à l’ONU, de reconnaître leurs victimes et d’entamer sincèrement un processus de réconciliation.

Le théologien juif Marc Ellis explique dans son livre « Sortis des cendres » pourquoi une cicatrisation des plaies béantes est absolument indispensable, après les atrocités perpétrées par les nazis.
Mais il explique aussi pour quelles raisons cette cicatrisation implique la reconnaissance des atrocités commises, depuis plus de soixante ans, contre les Palestiniens.


Dans le concret, le sionisme s’est traduit par la transformation de la Palestine, d’un pays à 94 % musulman et chrétien, en un « état juif » exclusiviste autoproclamé, aujourd’hui aux prises avec une grave crise d’identité et, dit-on, une « menace démographique ».

Les 20 % de Palestiniens qui sont restés en Palestine, devenue Israël, après la guerre de 1947 – 1949, et qui étaient au nombre de 220 000, sont aujourd’hui près d’1,3 millions (ce qui représente 20 % de la population d’Israël). 3,5 millions de Palestiniens vivent, également, dans les 22 % du territoire palestinien occupé en 1967.

La loi israélienne stipule que tout juif (y compris, converti) est un citoyen de l’état d’Israël et qu’il peut, sur simple demande, acquérir la citoyenneté israélienne automatique, alors que les Palestiniens nés sur le territoire aujourd’hui israélien ne peuvent y retourner au motif qu’ils ne sont pas juifs. Près de cinq millions de Palestiniens sont, de ce fait, des réfugiés ou des personnes déplacées.

C’est la raison pour laquelle les sionistes sont de plus en plus nombreux à promouvoir l’idée d’un mini-état (en fait : une réserve) destiné aux Palestiniens.

Ce projet est contesté par un mouvement pour la justice et l’égalité, à la fois juif israélien et palestinien, qui prend de plus en plus d’ampleur. Il est possible d’inscrire dans la réalité une paix juste et durable, bénéfique pour tous, en substituant aux concepts du nationalisme ethnocentrique et / ou religieux ceux de l’égalité et de la citoyenneté. Tous les problèmes, y compris celui des réfugiés, peuvent être résolus, dès lors qu’on se fonde sur l’égalité et les droits de l’homme.

Grâce à des milliards de dollars payés par le contribuable américain, et grâce à l’impunité que lui assure, à l’ONU, l’unique superpuissance restante, les dirigeants sionistes ignorent le droit international et persistent à perpétrer de grossières violations des droits de l’homme fondamentaux (ce sont toutes les associations de protection des droits de l’homme qui ont étudié la situation qui l’affirment).

La Déclaration universelle des droits de l’homme, mentionnée par Kofi Annan, telle est la véritable voie royale vers la paix.

Ce n’est en aucun cas le chiffon de papier appelé « feuille de route » par les Américains. Bien que comportant exactement 2 218 mots, celle-ci ne mentionne nulle part ni les « droits de l’homme », ni le « droit international ». Le mot « droits » n’y figure même pas !


Un changement, dans la politique étrangère des Etats-Unis, dans le sens d’une réelle promotion de la liberté et de la démocratie, s’impose, et nous devons commencer avec nos alliés liges aux Etats-Unis : la Jordanie, l’Egypte, et Israël. Il y faut des dirigeants courageux.
Mandela n’aurait rien pu faire sans un DeKlerk, lequel sut reconnaître que l’apartheid, en Afrique du Sud, était incompatible tant avec une paix durable qu’avec la sécurité des Sud-Africains.


Faire des deux tiers des Palestiniens des réfugiés ou des personnes déplacées n’équivaut certes pas aux horreurs perpétrées durant la Seconde guerre mondiale.

Mais la session solennelle de l’ONU aurait pu fournir la meilleure des opportunités d’adopter une déclaration affirmant que lorsque nous disons « jamais plus ! », nous pensons ce que nous disons, et nous nous engageons à ce qu’une telle souffrance ne soit plus jamais infligée à aucun peuple. Fût-ce le peuple palestinien.

Source : http://www.qumsiyeh.org/UNcommemoration/

Traduction : Marcel Charbonnier

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