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Israël - 19 juillet 2019
Par Asa Winstanley
Asa Winstanley est journaliste d’investigation. Il vit à Londres et écrit sur la Palestine et le Moyen-Orient. Il fait des séjours en Palestine depuis 2004 et est originaire de Galles du Sud. Il écrit pour The Electronic Intifada, dont il est rédacteur adjoint, et chroniqueur hebdomadaire à Middle East Monitor.
28.06.2019 – Le groupe palestinien de défense des droits de l'homme Adalah, basé à Haïfa, a accompli un travail important au fil des ans. Son nom est « justice » en arabe. Une grande partie du travail d'Adalah se concentre sur les droits des citoyens palestiniens d'Israël, ou « Palestiniens des territoires de 1948 », comme ils se décrivent souvent.
L’armée d’occupation en embuscade, à la frontière entre la Palestine 48 et Gaza
Le groupe gère une importante base de données qui recense plus de 65 lois en vigueur en Israël qui discriminent systématiquement 20% de la population. C’est un fait qu'Israël a toujours été un État d'apartheid, pas seulement depuis que la Knesset a adopté la « loi sur l'État de la nation juive », ouvertement raciste, l'été dernier.
Cette nouvelle mesure n'a pas changé grand chose en termes de lettre de la loi israélienne. Ce qu’elle a fait par contre, c’est expliquer clairement, noir sur blanc, les motifs qui sous-tendent les lois racistes israéliennes existantes. En d'autres termes, elle a clarifié les choses, envoyant au peuple palestinien le message que la terre historique de la Palestine - ce que la loi appelle la « Terre d'Israël » - n'appartient qu'aux Juifs et à personne d’autre.
Cette clarification explique certains des désaccords tactiques qu'ont de nombreux libéraux pro-sionistes avec la loi. Les sionistes libéraux ne sont pas en désaccord avec le principe raciste selon lequel « le droit à l'autodétermination nationale dans l'État d'Israël ne concerne que le peuple juif », comme l’affirme la nouvelle loi. Ils désapprouvent que ce soit énoncé en termes aussi hardis, qui ont conduit à une publicité internationale défavorable et au déclin du soutien politique à long terme qui en résulte.
Cependant, le racisme cru de la loi sur la nation juive n'est en réalité que la dernière mesure de ce type. Comme Adalah le documente en détail dans sa base de données, la trace de ces lois racistes remonte au fondement même de l'État.
Prenons l'exemple de la « loi du retour » d'Israël de 1950. Cette loi confère à toute personne juive dans le monde le droit d'émigrer vers la terre de Palestine et de devenir automatiquement citoyen d'Israël. Cela s'applique aux enfants et petits-enfants de juifs, ainsi qu'à leurs conjoints et aux conjoints de leurs enfants et petits-enfants.
Il n'existe pas de loi israélienne comparable garantissant les mêmes droits aux Palestiniens, qui sont après tout le peuple autochtone du pays. Au contraire, les réfugiés palestiniens - expulsés de force par les milices sionistes pendant plusieurs années à partir de 1947 - sont toujours exclus, bien qu'ils aient le droit de rentrer chez eux en vertu des lois et conventions internationales.
En Israël, cependant, des lois ont été adoptées pour garantir que les réfugiés ne rentrent jamais ou ne puissent jamais revenir, à commencer par la loi de 1950 relative aux biens des absents. Cela a essentiellement fourni un artifice légal pour le vol de masse et à grande échelle de terres, de maisons, de comptes bancaires et d’autres biens palestiniens. Les quelques 800.000 réfugiés palestiniens - qui ont été expulsés de force, rappelez-vous - ont été déclarés « absents » en vertu de la loi israélienne et leurs terres et leurs biens ont été confisqués. De toute façon, des centaines de villages palestiniens avaient déjà été passés au bulldozer et dynamités, et effacés de la carte. Israël a toujours été et reste un État d'apartheid intrinsèquement raciste (*).
Adalah fait également de nombreux et importants travaux de documentation sur les violations des droits de l'homme commises par Israël en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, dans les parties de la Palestine historique envahies et occupées illégalement par Israël depuis 1967. Certains de ces travaux sont détaillés dans la base de données sur les lois racistes mentionnée plus haut, qui répertorie également les lois israéliennes discriminatoires à l’encontre des Palestiniens vivant sous occupation israélienne depuis la guerre de juin 1967.
Adalah s’est récemment procuré des documents officiels israéliens révélant les « règles d'engagement » de l'armée qu'elle utilise pour justifier ses actes violents à l'encontre de manifestants palestiniens, notamment à Gaza dans le cas présent. Les règles montrent que l'armée israélienne s'est officiellement octroyé le droit de tirer dans le dos des manifestants palestiniens non armés, qu'elle diffame et calomnie sous le terme d’ « émeutiers ».
Ceux qui organisent les manifestations de la Grande Marche du Retour depuis mars dernier peuvent être pris pour cibles même s'ils ne représentent aucune menace pour les soldats israéliens, même lorsqu’ils s’éloignent. Comme le souligne Adalah, « les tireurs isolés israéliens (…) peuvent ouvrir le feu à balles réelles sur les ‘principaux instigateurs’ ou les ‘principaux émeutiers’ même lorsqu'ils ne participent plus à la manifestation ou qu’ils se reposent. »
Beaucoup de manifestants à Gaza sont des enfants. Adalah dit que depuis le début des marches l'année dernière, Israël a tué 207 Palestiniens lors de manifestations, dont 44 enfants. 16.831 Palestiniens ont également été blessés, dont 3.905 enfants.
Les documents ont été présentés lors d'audiences devant la haute cour israélienne. L'année dernière, dans une décision répugnante, le tribunal a statué que l'armée était autorisée à utiliser des balles réelles contre des manifestants non armés. C'est une mesure qu'il ne prendra jamais contre des manifestants juifs.
L'avocat d'Adalah, Suhad Bishara, a expliqué que la catégorie fictive d'Israël de « principaux instigateurs » a été « créée rétroactivement pour justifier les tirs dirigés contre des personnes ne présentant aucun danger réel et immédiat pour les soldats ou les civils israéliens. Le document de l'armée tente d'expliquer les tirs aveugles contre des manifestants non armés qui résultent d'un mépris total pour la vie humaine. »
L’État d’apartheid d’Israël doit être tenu pour responsable de tels crimes contre l’humanité.
(*) Les crimes perpétrés pendant la Nakba, avant la création de l’Etat d’Israël, par des terroristes sionistes, furent un nettoyage ethnique délibéré et systématique, caractéristique de la colonisation, un crime contre l’humanité. (Note ISM-France)
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM
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Asa Winstanley