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Gaza - 6 juillet 2013
Par Uruba Othman
Les habitants de la Bande de Gaza observent avec attention les événements qui se déroulent en Egypte, mais en spectateurs. Les réactions restent dans le flou à Gaza, où l'on ne peut ni pleurer le départ d'un président appartenant au même groupe islamique que ses propres dirigeants, ni le fêter. Seul le temps dira si Gaza bénéficiera ou souffrira de l'éviction de Mohamed Morsi par l'armée égyptienne. En ces temps incertains, les Palestiniens de Gaza se sont abstenus d'exprimer leurs opinions publiquement, étant donné le soutien apporté au régime égyptien par leurs dirigeants.
Une fillette palestinienne attend au terminal frontalier de Rafah, au sud de la bande de Gaza, pour passer en Egypte, le 4 Juillet 2013, après l'ouverture du passage pour des raisons humanitaires et pour permettre aux patients de traverser. (Photo: AFP - Said Khatib)
La dernière chose que veut le Hamas, c'est se mettre à dos le nouveu président égyptien - ou les médias anti-Fraternité, d'ailleurs - de peur que ces derniers n'en fassent des choux-gras contre le Hamas.
De nombreuses préoccupations talonnent le Hamas à Gaza, qui craint la résurgence des associés du régime Moubarak et de sa politique, y compris le blocus brutal sur Gaza et ses habitants. Certes, le régime dirigé par les Frères n'a pas aboli le traité de Camp David ni les accords gaziers avec Israël, ni fermé l'ambassade israélienne, ni mis fin au blocus sur Gaza, mais il avait assoupli les restrictions sur l'enclave en ouvrant le passage de Rafah, qui était fermé sous Moubarak.
Des observateurs affirment que le Hamas - ce même parti qui est resté aux côtés de l'administration de la Fraternité, même après qu'elle ait inondé les tunnels Egypte-Gaza d'eau usée - souffrira de l'effondrement de ce régime. D'une part, la liberté de mouvement en Egypte pour les Palestiniens vivant à Gaza, accordée par les Frères musulmans l'an dernier, pourrait maintenant n'être que du passé.
Des rapports fuités du Caire ont affirmé que les autorités égyptiennes ont l'intention d'arrêter tout leader du Hamas qui entrera sur le territoire égyptien. Entretemps, l'armée égyptienne a renforcé sa présence le long de la frontière avec Gaza. Les tunnels ont été fermés presque complètement et le passage de Rafah est actuellement non-opérationnel.
Tous ces signes sont inquiétants pour le Hamas. Des personnalités proches du groupe islamiste palestinien redoutent le jour où une nouvelle guerre israélienne sur Gaza sera à nouveau déclaré depuis le Caire, comme cela s'est produit en 2008 quand la ministre israélienne des Affaires étrangères de l'époque, Tzipi Livni, a fait allusion à l'opération Plomb Durci avant une rencontre avec Moubarak.
Beaucoup trouvent également que l'attaque israélienne de l'année dernière sur Gaza a eu un autre goût que l'opération Plomb Durci. En 2012, le Hamas n'a pas eu l'impression de combattre Israël seul. Les Frères lui ont apporté un soutien moral et matériel, avec le Premier ministre Hisham Quandil qui a même insisté pour entrer à Gaza sous le feu.
Le Hamas a tout ceci à l'esprit tandis qu'il regarde avec inquiétude la chute de Morsi. Pour le Hamas, cela peut signifier que l'hostilité des médias égyptiens déjà réelle ne va faire que s'aiguiser et qu'ils pourraient demander son renversement. Les opposants politiques du Hamas voient l'éviction des Frères comme une aubaine qui pourrait sonner comme le début de la fin de tous les mouvements islamistes.
Rahab Mhanna, leader du Front populaire pour la Libération de la Palestine, a parlé à Al-Akhbar. "Nous, au FPLP, soutenons le choix de la majorité écrasante de la population égyptienne, qui a décidé de renverser le régime des Frères," dit-il.
Mhanna est optimiste quant à une Egypte post-Confrérie. Dès que l'Egypte récupèrera, affirme-t-il, le pays sera en mesure de répondre à des questions telles que le blocus de Gaza. Peut-être ouvrira-t-elle un nouveau chapitre du soutien à la cause palestinienne.
Wissam Afifeh, analyste politique, a déclaré qu'il était peu probable que les relations Egypte-Gaza reviennent à leur état antérieur sous Moubarak. "Les forces politiques égyptiennes opposées à la Confrérie n'ont pas intérêt à reproduire le blocus et à ranimer les images des patients bloqués incapables de voyager en dehors de Gaza," a-t-il expliqué.
Selon Afifeh, il est probable que les nouveaux dirigeants d'Egypte fassent pression sur le Hamas pour qu'il accepte quelques concessions par rapport à la réconciliation avec le Fatah, mais il écarte toute escalade sérieuse contre le Hamas.
L'analyste politique nie également que les Frères aient apporté un quelconque changement radical dans la situation à Gaza, en particulier le blocus. "Il nous faut attendre que la stabilité intérieure soit restorée en Egypte avant que l'attention soit portée sur les affaires étrangères," a-t-il dit.
Afifeh a estimé que le Hamas ne se précipiterait pas pour exprimer sa solidarité avec les Frères en ce moment difficile. "Le Hamas va traiter avec les dirigeants de facto comme il a traité jadis avec le régime Moubarak," a-t-il dit. "Le Hamas n'est plus seulement une faction résistante, mais aussi une entité dirigeante liée par la logique des intérêts lorsqu'il aura à traiter avec tout futur régime égyptien."
Source : Al Akhbar
Traduction : MR pour ISM
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