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Israël - 26 décembre 2008
Par Khaled Amayreh
Alors que les parties et factions politiques choisissent les listes de candidats qui participeront aux élections du 10 février, le discours extrémiste et anti-palestinien est en train de devenir la règle du jeu. La semaine dernière, le parti Likud a élu une liste de 41 candidats, dont Moshe Feiglin, un fanatique religieux d'extrême droite, qui appelle ouvertement au nettoyage ethnique par la violence des non Juifs en Israël-Palestine.
Feiglin est en 20ème position sur la liste, provoquant pas mal d'anxiété au sein de la direction du Likud, en particulier après que les médias israéliens aient commencé à dire que le parti dérivait vers l'extrême droite.
Sentant que l'image du parti pouvait être écornée, en particulier aux Etats-Unis où la nouvelle administration US est vue ici avec une certaine prudence et même un peu de suspicion, Benyamin Netanyahu, le chef du Likud, a usé d’entourloupes légales pour repousser Feiglin de la 20ème à la 36ème place.
Feiglin a protesté devant la "prouesse non démocratique", mais il finalement s'est retenu d'exposer ses griefs devant un tribunal, disant qu'il ne faisait pas confiance au système juridique israélien.
Malgré tout, même avec le recul de Feiglin, le Likud reste un parti d'extrême droite puisque la plupart des "nouveaux arrivants" et des soi-disant "revenants" épousent avec détermination les positions politiques extrêmes vis-à -vis de la question palestinienne et du processus de paix.
Ceux que le Likud avait qualifié de "rebelles" (c'est-à -dire ceux qui étaient à la droite de l'ancien premier ministre israélien Ariel Sharon et qui ont démissionné du parti pour protester contre la décision de Sharon de retirer l'armée israélienne de la Bande de Gaza en 2005) occupent les 10 premières places sur la liste du Likud. Il est certain que Netanyahu a fait d'énormes efforts pour que ses alliés proches – comme Assaf Hefetz et Uzi Dayan – soient élus aux 10 premières places de la liste du parti, mais en vain.
Aujourd’hui, avec des extrémistes avérés comme Gideon Saar, Gilad Erdan, Beni Begin, Silvan Shalom, Moshe (Bogi) Yalon et Yisrael Karts, et des hommes à la même mentalité que les likoudistes aux 10 premières places, il y a de réelles craintes que tout gouvernement formé par Netanyahu poursuive inévitablement les politiques extrémistes vis-à -vis du processus de paix avec les Palestiniens.
Voulant apparaître comme le chef d'un parti modéré, Netanyahu a rencontré des ambassadeurs et autres diplomates étrangers en Israël, et il a également fait une pléthore de déclarations et donné des interviews soulignant que son éventuel gouvernement s'engagerait dans le processus de paix avec les Palestiniens.
Netanyahu a aussi dit que le Likud tout entier était derrière lui et que lui, et personne d'autre, serait aux commandes.
Très peu d'observateurs palestiniens donnent à Netanyahu le bénéfice du doute, en particulier au sujet du thème ressassé de "la paix par l'économie", dont Netanyahu dit maintenant qu'elle augmentera et complètera, et non remplacera le processus de paix.
La journaliste chevronnée Akiva Eldar rappelait cette semaine qu'en 1996, à la veille de sa victoire électorale, Netanyahu avait promis que le Likud reconnaîtrait les faits créés par les Accords d'Oslo et reconduirait les négociations pour parvenir à un accord de statut final avec les Palestiniens. "On sait ce qui s'est passé après. Netanyahu s'est servi du 'terrorisme' palestinien comme excuse pour refuser de négocier un accord de statut final après que les discussions aient officiellement commencé au printemps 1996. Aujourd'hui, on peut parier que les Qassam [roquettes] feront le même boulot."
Le propre site web de Netaniyahu semble donner raison a prophétie d'Eldar, où le chef du Likud déclare : "Les pourparlers de paix actuels sur un règlement rapide sont complètement à côté de la plaque. Nous ne croyons pas que les Palestiniens soient prêts à un quelconque compromis historique qui mettrait réellement fin au conflit. Il n'y a aucune preuve que les Palestiniens soient prêts à accepter même la moindre des demandes israéliennes proposées par ses dirigeants."
En d'autres mots, les Palestiniens, selon Netanyahu, ne seront des partenaires de paix valables que si et quand ils accepteront les demandes israéliennes, y compris abandonner la masse des territoires occupés en 1967 au contrôle militaire israélien perpétuel et la liquidation du droit au retour primordial pour des millions de réfugiés palestiniens déracinés de leurs maisons lorsqu'Israël a été créé il y a 60 ans. En d'autres termes, Netanyahu espère une totale capitulation palestinienne au sionisme qui, selon lui, montrera qu'ils sont prêts à la paix.
Tzipi Livni, chef de Kadima et ministre des affaires étrangères israéliennes est la principale rivale de Benyamin Netanyahu aux prochaines élections. Elle a essayé de projeter d'elle-même et de son parti une image de modération et de pragmatisme, en particulier en comparaison au chauvinisme du Likud et à sa direction de faucon. Cependant, la semaine dernière, Livni a révélé, et ce n'est pas la première fois, sa propre tendance et sa mentalité belliciste lorsqu'elle a dit aux étudiants d'une faculté juive israélienne de Tel Aviv que les environ 1,5 million de Palestiniens qui sont citoyens israéliens devraient chercher leurs "aspirations nationales" dans un futur Etat palestinien en Cisjordanie .
Livni n'a pas utilisé les termes "déracinement" et "expulsion" mais le ton sur lequel furent prononcés les mots fut suffisamment clair pour comprendre que c'est exactement cela qu'elle voulait dire. Alors que l'opinion publique juive réagissait par un silence absolu aux propos scandaleux de Livni, les Palestiniens des deux côtés de la Ligne Verte ont condamné avec colère les déclarations d'une femme qui essaie d'acquérir une image de "pacifiste".
"Avec des modérés comme Livni, pourquoi avoir besoin de gens comme Feiglin ?", a remarqué Ahmed Teibi, membre palestinien de la Knesset. Teibi a défié Livni de "se démasquer" et de dire au public qu'elle plaide pour le nettoyage ethnique de la minorité arabe d'Israël. "Je veux rappeler à Livni que nous étions ici des centaines d'années avant que sa famille n'émigre dans ce pays il y a quelques décennies, et je peux l'assurer que nous resterons ici longtemps après qu'elle parte."
Une réaction plus forte est venue d'Ismail Haniyeh, premier ministre du gouvernement dirigé par le Hamas dans la Bande de Gaza, qui se demandait comment la direction de l'Autorité Palestinienne basée à Ramallah pouvait continuer à négocier avec une femme qui veut finir ce que les gangs de la Haganah et de l'Irgun ont commencé en 1948. "Je veux dire à mes frères sur les terres occupés en 1948 que vous ne viendrez pas à nous, c'est nous qui irons à vous."
Face aux réactions de colère de la communauté arabe d'Israël et craignant que ses remarques ne provoquent un désastre dans les relations publiques, en particulier concernant les projets d'élection de son parti dans le secteur arabe israélien, Livni a déclaré plus tard de façon laconique que ses remarques avaient été mal comprises et qu'elle n'appelait pas au nettoyage ethnique des citoyens arabes israéliens.
Cherchant à promouvoir l'image d'un dirigeant dur, principalement pour contrer la réputation de faucon de Netanyahu, Livni a aussi appelé à "écraser le régime du Hamas" et à "répondre avec force à chaque projectile tiré sur Israël depuis la Bande de Gaza."
Cependant, ses déclarations, en particulier sur l'écrasement du Hamas, ne sont pas prises au sérieux par son autre moindre rival, le chef du Parti Travailliste et Ministre israélien de la Défense Ehud Barak. Ce dernier a dit cette semaine que ceux qui appelaient à conquérir Gaza savaient peut-être comment entrer dans l'enclave côtière, mais n'avaient aucune idée de comment en sortir une fois dedans.
Source : Al Ahram
Traduction : MR pour ISM
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