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Hébron - 23 décembre 2004
Par Palestine en Marche
Radio al-Hurriya (liberté) est une radio pas comme les autres, dans la ville d’al-Khalil. C’est une radio privée qui émet en direction des prisonniers, en faisant passer les messages des familles.
Pourquoi une telle radio ?
Dans la région d’al-Khalil, se trouvent plus de 1200 prisonniers, des mineurs (garçons et filles), des femmes, des adultes, des prisonniers condamnés à de lourdes peines (plusieurs perpétuité) ou à quelques années de prison et des prisonniers administratifs.
Lorsque la Radio al-Hurriya a commencé ses émissions il y a quelques années, elle ne consacrait qu’une seule soirée par semaine, le mardi, pendant deux heures, pour accueillir les messages des familles adressées aux prisonniers.
Depuis, l’émission est passée à trois heures, puis tous les mardis et vendredis, et depuis quelques mois, les dimanches aussi.
Neuf heures par semaine consacrées aux familles des prisonniers qui peuvent s’adresser à leurs fils, filles, pères, mères, sœurs et frères, dans les prisons situées au sud de la Palestine occupée : Nafha, Beer Saba’, Naqab, Ascalan et Ramleh.
Il est vrai que la télévision nationale palestinienne et la radio nationale palestinienne émettent des émissions en direction des prisonniers, mais elles sont insuffisantes pour le nombre croissant de prisonniers, et de plus, les émissions nationales ne permettent pas aux familles de parler longuement.
Pour Radio al-Hurriya, le principe est de laisser la famille s’exprimer librement, le temps qu’elle souhaite.
Et ce ne sont plus les seules familles de la région d’al-Khalil qui s’expriment, mais les appels viennent des familles de Naplouse, de Jénine, de Gaza, en direction des prisonniers.
Les enfants de la prisonnière Qahira Saadi, dans le camp de Jénine, par exemple, appellent souvent pour s’adresser à leur mère qui se trouve dans la prison de Telmond et à leur père emprisonné dans la prison du Naqab.
Les familles des prisonniers attendent impatiemment le moment où elles peuvent envoyer leurs messages.
Le principe est que les membres de la famille parlent eux-mêmes, en appelant le studio.
Mais la ligne est tellement saturée que beaucoup de familles doivent au préalable écrire, demandant à l’animateur de les appeler, et c’est ce qu’il fait, aux heures de l’émission.
20 familles par émission, soit 60 familles par semaine, utilisent la radio pour raconter leur vie mais aussi demander des nouvelles du prisonnier.
Du côté des prisonniers, selon les témoignages de ceux qui ont été libérés, les heures de l’émission sont sacrées : un silence total se fait dans les sections, et les prisonniers écoutent avec ferveur et émotion la voix des leurs, de leurs enfants, de leurs parents, sans pouvoir néanmoins leur répondre.
Au cours d’une émission récente, une mère demande à sa fille âgée de 4 ans de parler à son père. La fille s’exécute : "Papa, papa, comment vas-tu ?".
Elle se retourne soudain vers sa mère et sur l’antenne, et s’exclame : « il ne me répond pas ».
Radio al-Hurriya a été saccagée par les troupes de l’occupation israélienne en avril 2002.
Les soldats ont détruit tout le matériel, ont éventré les fauteuils, ont cassé le mobilier. Vengeance contre cette radio qui permet de contourner les interdits des autorités sionistes. En effet, les familles sont de plus en plus interdites de visite, on appelle cela les « interdits sécuritaires ».
Quant aux lettres pouvant être échangées entre le prisonnier et sa famille, elles mettent parfois trois à quatre mois pour arriver, aux prisonniers ou aux familles.
Récemment, cependant, les familles ont reçu des photos de leurs prisonniers, trois par prisonnier, une en portrait, une en position assise sur un tabouret et l’autre debout sur un fond de mur blanc glacial. Ces photos ont été remises par la Croix-Rouge.
La radio al-Hurriya permet malgré ces restrictions et interdictions la liaison entre les prisonniers et leurs familles, même s’il ne s’agit que dans un sens. Mais les prisonniers apprécient.
Dans les locaux de la radio al-Hurriya, des témoignages de remerciement des prisonniers sont nombreux : des travaux accomplis par les prisonniers et offerts à l’équipe animatrice, des lettres envoyées par des prisonniers de telle ou telle prison.
C’est la fierté de l’équipe.
Le directeur de la radio et l’animateur de cette émission sont d’anciens prisonniers. Ils savent ce que signifie une telle émission, pour les parents et pour les prisonniers.
L’animateur Wael est l’une des figures les plus populaires chez les familles de prisonniers à tel point qu’il dit, souriant : "Je pourrais me présenter aux élections ". Mais ce n’est pas son but.
Il introduit chaque émission par un court discours, reliant la situation politique à la question des prisonniers.
Il salue les prisonniers, souhaite l’anniversaire d’un tel ou d’un tel.
Il les connaît, presque un à un, soit par l’intermédiaire de leurs familles, soit personnellement.
Radio al-Hurriya est un des exemples de la résistance en Palestine contre l’occupation. Pour la radio, tous les prisonniers sont des combattants de la liberté, et l’animateur Wael n’oublie jamais de le rappeler.
Pour la radio, la question des prisonniers est une des principales questions de la cause nationale, elle doit être présente dans la rue, dans les médias, dans les discussions officielles, dans les négociations.
Aucun pas vers un règlement ne peut se faire sans que la question des prisonniers ne soit réglée, par la libération de tous les prisonniers de la liberté.
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