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Cisjordanie occupée - 19 mai 2020
Par Adnan Abu Amer
Les Palestiniens et les Israéliens ont été étonnés par la récente opération de guérilla qui a eu lieu dans la ville de Ya'bad, dans la banlieue de Jénine, au nord de la Cisjordanie. Au cours de l'opération, un soldat israélien de la brigade d'élite Golani a été tué lorsqu'un jeune Palestinien lui a jeté une grosse pierre, le tuant sur le coup.
Des Palestiniens jettent des pierres sur les soldats israéliens lors d’une manifestation contre les colonies israéliennes illégales, devant un checkpoint à Al-Khalil/Hébron, en Cisjordanie occupée, le 28 février 2020. [Mamoun Wazwaz - Agence Anadolu]
L'élément de surprise chez les Palestiniens et les Israéliens fut que l'arme utilisée dans l'opération qui a tué un soldat israélien était une pierre, et non un pistolet, un fusil, un engin explosif ou un cocktail Molotov. C'était une pierre, la plus ancienne arme connue des Palestiniens. Elle est facile à utiliser et ne peut être saisie ou confisquée face aux armes les plus avancées et les plus modernes qu'Israël possède au XXIe siècle.
Dans l'histoire récente, les pierres ont été l'arme principale des Palestiniens en Cisjordanie , symbolisant la ténacité irréversible à résister à l'occupation, indépendamment de la différence dans l'équilibre des forces.
Les pierres sont les premières armes des soulèvements successifs, les plus communes et les plus répandues parmi les Palestiniens, grâce à leur disponibilité sans restriction, ce qui en fait un problème militaire, politique et sécuritaire pour Israël.
Compte tenu de la politique sécuritaire arbitraire menée par l'occupation israélienne et l'Autorité palestinienne (AP) contre la résistance en Cisjordanie , et de la confiscation intrusive de tous les types d'armes, il n'y a plus d'autres moyens que les pierres pour les Palestiniens s’ils veulent empêcher l'armée israélienne de continuer à les réprimer, les tuer et confisquer leurs terres.
Les Palestiniens ont adopté l'utilisation des pierres tout au long de leurs années de résistance à l'occupation, au point qu'elles sont devenues une préoccupation centrale pour les responsables israéliens. Les pierres furent l’objet le plus connu utilisé par la Résistance, car on peut les ramasser et les préparer dans chaque quartier, rue, ruelle, maison et sur chaque toit.
L'utilisation des pierres a des objectifs considérables et c’est l’indication que le peuple palestinien s'est levé et a pris une fois de plus l'initiative, assimilant toutes les leçons des expériences de lutte précédentes armées de ce type d'arme primitive, et des méthodes de lutte innovantes. C'est une affirmation de leur capacité à continuer et à croître et un fait révolutionnaire sur le terrain, lui permettant d'imposer une nouvelle réalité sur l’évolution du conflit avec l'occupation israélienne.
Si l'on remonte trois décennies en arrière, lors du lancement de la première Intifada palestinienne, qui a été classée parmi les révolutions du monde moderne et connue sous le nom de "révolution des jets de pierres", aucun rebelle avant elle ne croyait que des pierres pouvaient affronter l'armée qui assiégeait les Palestiniens avec ses chars, ses canons et ses tirs.
Il était naturel et attendu que l'approche de la résistance palestinienne évolue au cours de ces trois décennies, et si la résistance à Gaza s'est transformée en ce qui semblait être une armée régulière, entraînée et équipée d'armes fabriquées localement, elle ne s'est pas développée de la même manière en Cisjordanie , en raison des mesures prises par Israël et l'AP contre toute action dans ce sens.
Tout cela a fait des pierres l'arme la plus célèbre de Cisjordanie avec ses multiples usages, notamment lors des affrontements pendant les manifestations tumultueuses contre l'occupation. Cela a donné aux pierres un avantage important et elles sont devenues des outils efficaces pour lancer des projectiles contre les forces armées et leurs machines militaires. Les pierres ont également été utilisées pour ériger des barrières, bloquer des routes et construire des monticules et des barricades.
La récente opération à Jénine n'était pas hors contexte en Cisjordanie . Il y a quelques années, les masses palestiniennes qui s'y trouvaient ont fait un usage intensif de pierres contre les convois et les mécanismes militaires, les patrouilles à pied et les centres de colons. Les opérations de grande envergure dans lesquelles les pierres étaient utilisées comme outil principal se sont multipliées, et les statistiques que le porte-parole militaire israélien publie habituellement font état d'une augmentation constante de l'utilisation des pierres lors des confrontations avec les forces armées.
L'utilisation des pierres ne nécessite pas de sessions de formation ou de sensibilisation, et la résistance palestinienne peut les lancer puis se retirer, assurant ainsi sa sécurité. Les pierres ne nécessitent pas une organisation centrale ou une direction forte. Lorsqu'elles sont utilisées de manière créative, elles empêchent les Israéliens de considérer ce qui se passe en Cisjordanie comme un état de guerre, ce qui autoriserait l'armée à adopter diverses formes de combat, au premier rang desquelles l'artillerie lourde.
La résistance palestinienne en Cisjordanie a réussi, en se servant des pierres, à faire perdre à l'occupation israélienne son avantage stratégique dans la guerre éclair, ce qui lui convient. L'idéologie militaire de l'occupation est basée sur une technologie avancée et une force militaire de frappe qui conduit à une victoire militaire qui lui donne un sentiment de sécurité pendant des années.
L'élément le plus important dans l'utilisation des pierres est que le peuple palestinien sous occupation souffre d'une faiblesse fondamentale, à savoir un déséquilibre de puissance. Cela peut avoir obligé la résistance à mener son combat contre l'occupation par une résistance populaire non armée. Il s'agit d'une combinaison de résistance quotidienne sous la forme d'une lutte positive, représentée par les attaques constantes et quotidiennes des insurgés et l'utilisation d'outils et de méthodes de combat primitifs, pour couper l’herbe sous les pieds de l'occupant.
L'utilisation des pierres en Cisjordanie a également pris plusieurs formes dans les camps et les quartiers peuplés, avec des ruelles étroites et tortueuses, en particulier dans les camps de réfugiés de Cisjordanie . Ces formes comprennent l'utilisation de pierres par la population, tirées directement à la main contre les soldats et les colons et leurs moyens de transport, les camps et les bâtiments, et le lancement de grosses pierres depuis les toits pour tuer un commandant ou un soldat important de l'armée d'occupation ou des colons, comme ce fut le cas lors de la récente opération Ya'bad.
La résistance en Cisjordanie a réalisé que le char israélien n'était pas conçu pour combattre un gamin ou un adolescent palestinien qui lui jette une pierre, et qu'elle tirait sa force et son courage sans limite de la population, armée d'une volonté nationale forte et ferme et d'armes morales. Cela a privé l'occupation de l’efficacité possible de ses moyens matériels supérieurs. Les pierres ont joué un rôle important pour choquer le monde qui voyait les Palestiniens affronter les soldats de l'occupation et leurs jeeps militaires avec leurs pierres.
Ainsi, les Palestiniens, en particulier en Cisjordanie , qui souffrent d'une grave pénurie d'armes à feu, ont conclu que les pierres en tant qu'armes ne nécessitent aucun approvisionnement, aucun marché de munitions, aucune ligne d'approvisionnement, aucun soutien extérieur, ni aucune relation internationale. Les routes et les collines sont pleines de pierres en Cisjordanie , les résistants n'ont qu'à tendre la main pour les ramasser et les jeter sur leurs occupants. Ce type de guerre spontanée ne peut être ni contrôlée, ni arrêtée, ni intensifiée, ce qui lui a donné des ailes pour voler haut, loin et librement, malgré le fait que l'occupation possède un arsenal mortel comprenant des armes nucléaires, des avions et des missiles. Cependant, ils sont tous impuissants face aux jeunes Palestiniens qui jettent des pierres sur les convois israéliens et leurs soldats.
Une pierre est une pierre, mais dans les mains des résistants de Cisjordanie , elles se sont transformées en projectiles puissants. Quiconque observe l'état des soldats de l'occupation peut certainement voir la peur et la terreur qu'ils ressentent lorsqu'elles les frappent. Ceci est un exemple des leçons tirées de la récente opération Ya'bad, qui peut inspirer les futures opérations.
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM
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