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Palestine -

Des révolutionnaires palestiniennes à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme

Par

> sukant.chandan@gmail.com

Entretien réalisé par Sukant Chandan avec les révolutionnaires palestiniennes Leila Khaled et Shiren Said, de Gaza, à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme 2010. Sukant Chandan est un analyste politique et réalisateur de films basé à Londres. Il administre deux sites : O.U.R.A.I.M et Sons of Malcom.

L'oppression du peuple palestinien se poursuit principalement en raison du soutien financier, diplomatique et militaire que l'Etat sioniste reçoit des USA, et ensuite en raison de l'acquiescement des États pro-occidentaux dans la région. Après la chute des sionistes de l'État frère perdu depuis longtemps - le régime d'apartheid d'Afrique du Sud - la lutte du peuple palestinien reste peut-être la lutte anti-impérialiste de pointe et la plus puissante du monde. Il n’est donc pas surprenant que les Palestiniennes soient un exemple central du rôle que peuvent jouer les femmes dans la lutte pour se libérer elles-mêmes, leurs familles, leurs communautés et leur pays contre l'impérialisme et le sionisme.

Des révolutionnaires palestiniennes à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme


Shireen Said, co-organisatrice du rassemblement pour le 42ème anniversaire du FPLP à Gaza, Palestine, 12 décembre 2009.

Leila Khaled a attiré l’attention du monde sur la lutte palestinienne au moyen de deux détournements d’avion spectaculaires en 1969 et 1970, au cours desquels personne n’a été tué, sauf un de ses propres camarades, l’américo-nicaraguayen Patrick Arguello. Khaled raconte ces détournements dans son autobiographie : « Mon peuple vivra » (1973) dans lequel elle écrit : « Patrick Arguello, 27 ans, père de trois enfants, citoyen nicaraguayen du monde, né à San Francisco, EU, a été déclaré mort. Qu’est-ce qui a poussé quelqu’un à traverser la moitié de la terre jusqu’en Palestine pour entreprendre cette dangereuse mission ? Patrick était un communiste révolutionnaire. Son action courageuse fut un geste de solidarité internationale. Une flamme de vie s’est éteinte ; elle a éclairé le monde pendant un moment ; elle a éclairé le chemin sur la route du retour en Palestine. Arguello vit, ainsi que mon peuple, ainsi que la révolution ! »

Khaled demeure l’une des femmes de la gauche anti-impérialiste les plus inspirantes et influentes de la période post Deuxième guerre mondiale. Leila Khaled est toujours active aujourd’hui à la direction de la révolution palestinienne en tant que membre du comité central du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), ainsi que représentante du Conseil National Palestinien.

La montée des islamistes du Hamas dans la révolution palestinienne depuis la moitié des années 1990 a fait que beaucoup de gens ont associé la lutte palestinienne avec l’islamisme du Hamas plutôt qu’à celui de Leila Khaled ou d’autres révolutionnaires palestiniens et arabes, comme le combattant de la résistance communiste libanais Souha Bechara.

Mais le récent rassemblement pour le 42ème anniversaire du FPLP à Gaza, qui a attiré quelques 70.000 personnes, a relevé le profil de la gauche révolutionnaire palestinienne et aussi le rôle des femmes, lorsqu’une jeune femme nommée Shireen Said, du FPLP, s’est tenue sur l’estrade en treillis, faisant le salut militaire, en tant que co-organisatrice du rassemblement aux côtés de son homologue masculin.

Dans un entretien avec l’auteur de ces lignes, Saïd a donné quelques détails sur ses origines, disant qu’elle est née en 1985 dans le camp de réfugiés de Jabalya, d’où les « enfants des pierres » ont lancé la première Intifada. « Mes souvenirs d’enfance sont principalement ceux de la première Intifada, » explique-t-elle. Elle s’est impliquée dans un des mouvements étudiants associés au FPLP à l’adolescence.

Saïd en dit plus sur elle-même : « J’ai préparé une licence en Sports à l’université Al-Aqsa. Je travaillais au Progressive Student Labour Front avec beaucoup de camarades avant de devenir secrétaire du syndicat étudiant. J’étais la première jeune femme de Gaza à parvenir à ce poste par des élections démocratiques à l’université. Après mon diplôme, j’ai travaillé dans les comités du Syndicat des Femmes Palestiniennes, qui fait partie d’une lutte féminine progressiste pour la libération des femmes et promouvoir leur présence aux côtés des hommes, sur un pied d’égalité, dans tous les domaines de la réforme nationale et démocratique. En même temps que mon travail professionnel dans nombre d’ONG en tant que militante sur les questions liées aux jeunes, je fais maintenant partie du Conseil d’Administration du Syndicat de la jeunesse progressiste palestinienne et je prépare un Master en éducation à l’Université Al-Azhar. »

Comme beaucoup d’autres jeunes femmes de par le monde, Shireen Said a été inspirée par l’exemple de Leila Khaled. « Bien sûr, la camarade Leila Khaled, en tant que combattante nationale et internationale, inspire toutes les femmes éprises de liberté, de justice sociale et qui veulent une patrie indépendante et prospère pour elles-mêmes et pour les générations à venir. »

Lui demandant ses réactions à ce que Said dit d’elle, Khaled m’a expliqué : « Je suis fière qu’on me considère comme un symbole de la résistance ; cela me donne plus de force pour la lutte. Voir une femme, n’importe où, lutter pour une cause juste me donne de l’espoir et du courage pour mon peuple. Les femmes donnent leur vie pour la lutte en Palestine et ailleurs. »

Leila Khaled est un symbole, pour beaucoup de jeunes palestiniennes comme Said, d’engagement et de sacrifice pour la lutte de leur peuple : « Mon histoire avec la camarade Leila a commencé au jardin d’enfants, lorsque nous apprenions les chants nationaux de l’Intifada, des martyrs et de nos héros comme Leila, Ghassan Kanafani et Wadi Haddad. En grandissant, mon intérêt et mon amour pour Leila ont grandi en moi, je voulais tout savoir sur elle. Bien que je n’aie pas eu la chance de la rencontrer, elle m’a inspiré et je suis fière d’elle. En tant que femme, elle affirmait que personne ne pouvait l’empêcher de participer, avec les hommes, aux aspects les plus durs de la lutte, la camarade Leila est donc un exemple pour moi et pour beaucoup d’autres femmes. »

Dans le moment historique que vivent les Palestiniens aujourd’hui, beaucoup des principes et des fondements moraux de la gauche révolutionnaire palestinienne sont considérés par beaucoup, dans cette société musulmane et arabe plutôt traditionnelle, comme étrangère ou une inutile importation des idéaux et des standards occidentaux et la participation de Said ne font donc pas un choix facile : « Etant donné notre société conservatrice et traditionnaliste, j’avais peur de faire face à un public aussi nombreux, mais aussi parce que c’était la première fois qu’une jeune Palestinienne portait un treillis militaire lors d’un tel rassemblement, mais néanmoins j’ai insisté pour vivre cette expérience. »

Said explique comment sa décision a été largement déterminée par le défi et la ténacité des masses à Gaza pendant l’attaque sioniste barbare de l’an dernier : « Les massacres sionistes à Gaza en janvier 2009 sont toujours dans les mémoires, les cœurs et les esprits de la population, alors je voulais porter le message qu’en dépit des tueries, des destructions et de la terreur de la guerre sioniste, nous affirmons que nos hommes et femmes se tiendront, côte à côte, dans la résistance qui est notre voie vers la libération et la liberté. Lors du rassemblement lui-même, j’étais heureuse de transmettre ces messages à des millions de personnes par la télévision et Internet partout dans le monde. Ma famille aussi était très fière de moi. »

Khaled souligne l’importance de défendre les centaines de prisonnières palestiniennes : « Je pense en particulier aux femmes dans les geôles israéliennes, des femmes dont nous avons les preuves qu’elles ont été torturées par l’occupation, et qui sont en même temps des exemples de courage et de force. »

Interrogée sur le message qu’elle voudrait transmettre aux femmes du monde entier pour la Journée Internationale de la Femme, Said répond : « D’abord, je voudrais saluer toutes les femmes qui portent le flambeau de la lutte contre le capitalisme et l’impérialisme, et leur dire que notre chemin est très long, très dur, et qu’il requiert de stratégies bien pensées. Nous ne devons pas oublier que le système capitaliste opprime et exploite les femmes, et leur vole leur dignité humaine. Nous devons donc adhérer aux valeurs de l’humanité et de la politique progressiste, tout en restant unis et forts au sein de la gauche révolutionnaire parce que c’est le meilleur moyen d’atteindre nos objectifs. C’est la seule voie pour parvenir à la liberté, à l’égalité et la justice sociale pour nous, pour nos familles et pour nos enfants. »

Enfin, le message de Khaled s’adresse aux femmes de Palestine, en particulier en Cisjordanie et à Gaza, pour leur rôle dans l’unification des factions, en particulier le Hamas et le Fatah, un processus de réconciliation et d’unité dans lequel le FPLP a joué un rôle central : « Dans le contexte politique actuel, la question la plus importante est d’unir notre peuple pour faire face au terrorisme de l’occupation, et la base principale de l’unité doit être le combat contre l’occupation, qui exige que les factions palestiniennes soient unis. Il est important de comprendre le rôle des masses palestiniennes dans la réalisation de cette unité en faisant pression, par des moyens démocratiques et civiques, sur les factions palestiniennes, en particulier le Hamas et le Fatah. Les Palestiniennes sont particulièrement affectées par ces divisions parce que beaucoup de familles sont divisées ; c’est pourquoi je tiens particulièrement à ce que les Palestiniennes reconnaissent l’importance de l’unité dans la lutte palestinienne et leur rôle dans la réalisation de cette unité. »


Source : Sons of Malcolm

Traduction : MR pour ISM

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